Water Lily : la floraison.

By RosalineOscar

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- Maman, murmurai-je. - Bonjour ma chérie, sourit-elle en m'ouvrant ses bras. Je m'y ruais aussitôt, enfoui... More

J'ai retrouvée ma place.
J'ai retrouvée ma place - scène 2.
Rebondissement. Cela m'avait presque manquée.
Bianca. Gareth. Les présentations sont faite, au revoir ?
D'émotions en émotions. Dieux des céréales, soyez clément.
F.A.Q : Réponse a vos questions.
Allié. Enfin, on va essayer.
Ma famille. Où plutôt un puzzle de ma famille.
Tiens-toi prête.
On règle nos problèmes. Non, j'ai pas dit qu'on s'entre-tuait.
Retournons en enfance. Vingt ans ou cinq, c'est pareil après tout.
Catastrophe, bonjour. Tu m'avais presque manquée.
Entre souffrance et joie, il n'y a qu'un seul pas.
Pardon.
Avoir ou ne pas avoir la tête sur les épaules telle est la question.
Normal.
Je ne suis pas folle. Enfin si peut-être. Mais non. Bon d'accord.
Je vais péter un plomb.
Cacophonie, je vais devoir devenir chef d'orchestre.
Le calme avant la tempête ? Non non, juste la bourrasque.
Le nénuphar prend l'eau. Mais parviendra à fleurir.
Un, deux, trois nous irons tous au bois. Quatre, cinq, six avec des explosifs.
Telle fille, telle mère. Aussi gourde l'une que l'autre
Tout ira bien. Enfin. Normalement.
Premier round. Un, zéro.
F.A.Q : la chanson qui...
Je vous emmerde. Bien cordialement, Keyli.
Aucune pitié.
Pikachu ! A l'attaque ! Pardon. Je confonds.
Un dragon. Où comment botter les fesses d'un ennemi en quelques secondes.
Trahison. Un partout. La balle au centre.
Je t'aimais. Je t'aime. J'aurai voulus dire je t'aimerai.
Tu m'as sauvé.
Le début d'une fin. Ou le commencement d'un début.
Vers l'infini et l'au-delà. Buzz l'éclair, sors de ce corps.
Épilogue Kenan.
Épilogue Maël.
Bonus I : Ma reine de cœur.
Bonus II : de diapositive en diapositive.
Bonus III : Qui suis-je ? Entre mort et renaissance.

Un dernier soir

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By RosalineOscar



- Tout ce remue ménage pour ça, maugréa Tamara. Je déteste ce type et ses grands airs.

- On a remarqué, sourit Andrew en enlaçant ses doigts entre ceux de la vampire. Ce qui vient de se passer est une chose incroyable. Et c'est vraiment positif.

- Tu as raison, approuvai-je en triturant mon médaillon alors que nous marchions en direction de l'hôtel. Une guerre va bientôt éclater, je suis heureuse de savoir que nous avons plus d'allié que je ne le pensais.

Daichi m'avait prêté allégeance. C'était une situation étrange que j'avais encore du mal a considérer, mais je savais que c'était une bonne chose. J'avançai négligemment, sans remarquer que tous c'étaient stoppés. Je m'arrêtai a mon tour, surprise de ne plus voir les ailes de Kenan dans mon champ de vision et en me tournant je grimaçai alors que tous me fixaient.

- Quoi ? Si j'ai encore un truc qui a changé, je vous promet pas de réussir a m'en remettre.

- Ce n'est pas ça, débuta Andrew. Mais... tu ne semblais pas réellement étonnée de l'entendre dire qu'il souhaitait te prêter allégeance, tu savais que cela arriverait, n'est-ce pas ?

- Ah ça, murmurai-je. Dana m'en avait vaguement parlé.

Je devais gagner la confiance des marqués, plus ceux-ci auraient confiances en moi, plus ma puissance augmenterait jusqu'à ce que je devienne une véritable déesse. Mais avant de réellement pouvoir prétendre être une déesse, une longue vie de marquée m'attendait. Et dans cette vie, il fallait que je sois entourée. Que je sois protégée. Mes capacités ne suffiraient pas toujours, je ne pouvais pas me tenir seule sur mon chemin. Dana m'avait donc avertit que des marqués décideraient, d'eux-même, de me faire un serment d'allégeance.

En somme c'était une simple promesse de veiller a ma protection. Il pouvait renoncer a tout moment et cela n'impliquait rien d'irrévocable. Cependant c'était le genre de promesse qu'on ne défaisait pas si on tenait a l'affection des Dieux. Et je n'aimais pas ça. Je n'aimais pas l'idée de mêler tant de gens a ma propre vie. Combien allaient mourir dans la guerre qui allait venir ? Je détournai le regard, reprenant simplement mon chemin. Daichi avait fait le serment de lui-même, sans que je n'ai besoin de lui apprendre qu'elle rite suivre. Ainsi, je supposai aisément que Dana en personne c'était entretenue avec lui. Où peut-être Ogme. Les Dieux agissaient dans l'ombre, j'en étais persuadée. J'avais réveillés leurs convictions, leurs combativités. 

Je n'étais pas une dirigeante. Pas a ce point. Pourtant j'allais devoir diriger une armée. Mon armée. Et j'avais aussi conscience qu'il fallait que j'en grossisse les rangs, Daichi et son groupe représentait un total d'une vingtaine de personne, majoritairement des guerriers mais ce n'était pas suffisant. Geoffrey levait sa propre armada et elle était déjà conséquente, je le savais plus que quiconque puisque j'en avais déjà vu l'étendue. Et elle avait encore dû grossir depuis tout ce temps. Daichi m'avait appris que non seulement il avait promis une somme d'argent astronomique pour ma mort, mais avait aussi trouvé de nouveaux alliés. Tous le monde n'aimaient pas l'idée qu'une élue de Dana vienne se mêler de leurs affaires.

Daichi ne s'était jamais impliqué dans les guerres, Akina l'avait affirmée elle-même et il était connu pour ne jamais prendre parti. Pourtant il l'avait fait aujourd'hui. Pourquoi ? Parce qu'il avait vu mes yeux. Parce qu'il avait encore fois en Dana. Mais ce ne serait le cas de tout le monde, comment convaincre d'autres marqués de ce joindre à nous ? Comment pouvais-je impliquer quelqu'un dans une guerre dont je n'étais pas certaine de sortir victorieuse ? Bien sûr j'avais fois en moi et en ceux qui m'entouraient, mais je savais aussi que Geoffrey était puissant. Peut-être plus que moi. Je connaissais assez mal les dons des Fomhoires et ne pouvait donc rien affirmer avec certitude.

- Keylinda, tu m'écoutes ?

- Non, avouai-je a Andréa qui marchait à nouveau à mes côtés. Tu veux bien répéter ?

- Je te demandais ce qui te tourmente.

- Je dois trouver d'autres alliés, murmurai-je. Et je n'aime pas l'idée. Sans parler que je n'ai aucune idée de comment faire.

- Pourquoi te faudrait-il des alliés ? Tu nous a nous, affirma Devon boudeur en me faisant sourire.

- J'ai confiance en vous, mais cela n'a rien a voir, rétorquai-je en fixant un point devant moi. Tu as entendu ce que Daichi nous a dit : Geoffrey lève une armée sans précédent, des créatures, des marqués, des loups-garous ... même si nous avons tous progressé, nous ne sommes pas des Dieux. Nous ne pourrons pas faire face seuls.

- Alors nous trouverons de l'aide, assura Andrew. Le monde marqué est plus vaste que tu ne le pense. Et n'oublie pas que nous avons déjà des soutiens précieux comme le groupe d'Absalon, maintenant celui de Daichi mais aussi les professeurs de Dacer.

- J'ai aussi quelques suggestions, ajouta Mikaël avec indifférence. Pas forcément le gratin des marqués, mais quelques personnes me doivent pas mal de service.

- Ne force personnes, rétorquai-je vivement. C'est déjà assez difficile pour moi de mettre des vies en jeu alors s'ils ne sont pas consentant, je m'en remettrai jamais.

Mikaël haussa les épaules et je ne su pas l'interpréter, allait-il obéir ou n'en faire qu'a sa tête ? Je soupirai en continuant de marcher a un rythme anodin alors que nous entrions dans la ville. Nous faisions toujours attention a ne pas attirer le regard des passants mais c'était en réalité assez difficile. Un groupe d'étranger qui déambulait attirait déjà l'attention, mais il ne fallait pas non plus négliger le fait que j'étais entourés de garçon aux charmes certains. Plusieurs groupes de filles gloussèrent en passant à côté de Devon qui ne réagissait pas pour autant, restant étrangement amorphe. Andréa, pour sa part, recula avec dédain quand une fille fit mine de vouloir lui adresser la parole.

- On attire trop l'attention, souligna Kenan mollement.

- Vous attirez trop l'attention, rectifiai-je nonchalamment dans un sourire en coin.

- Tu es blessée, tu attire l'attention, rétorqua-t-il. Ta lèvre saigne encore.

- Le poison est plutôt puissant, murmurai-je en glissant mes doigts sur ma lèvre pour l'essuyer légèrement. Cela risque de prendre un moment avant que la plaie ne se referme.

- Mais tu n'en ressens aucun effet ? Questionna Andrew.

- Aucun, approuvai-je.

- Comment est-ce possible ? Grimaça Devon. Je veux bien concevoir que tu es une déesse en devenir, mais pour l'instant tu as plus la tête d'une simple nana qui s'est levée du pied gauche.

- Merci pour le compliment, raillai-je en soupirant. Diancecht a veillé à ce que mon corps puisse subir ce genre de chose.

- Pardon ? Siffla Tamara. Qu'est-ce que tu veux dire ?

Rien d'agréable. Je massai ma nuque soudainement douloureuse alors que Kenan laissait ses yeux noirs nuit poser dans mon dos. Quoi ? Pensaient-ils tous que cette année avait été un pur délice ? Qu'on m'avait traité avec soin et affection ? Ils se mettaient le doigt dans l'œil et ils étaient les mieux placés pour le savoir, ils avaient eu le plaisir de subir les formations de leurs Dieux. Je n'avais pas forcément envie de revenir sur chacune des étapes que j'avais dû subir.

- Tu comptes répondre ? Insista Kenan.

- Diancecht est le dieu médecin, murmurai-je sobrement. Il m'a montrer comment guérir toute les blessures possibles et imaginable, il m'a enseigné tout ce qu'il savait sur la médecine. Il a veillé a ce que je sois capable de me soigner moi-même dans n'importe quelle circonstance. Cependant, il ne pouvait pallié au danger que représente les poisons. Il en existe des millions dans le monde, plus ou moins efficace. Certains tues, d'autres paralyses ou affaiblisses. Un guérisseur incapable d'utiliser ses dons, devient alors inutile même pour lui-même.

- Nous savons déjà tout ça, affirma Andréa soudainement en harmonie parfaite avec Kenan. Viens-en au fait.

- Il m'a alors proposé l'idée de m'administrer plusieurs types de poisons, repris-je en me crispant. Il pensait que mon corps était capable de se souvenir de chacun d'eux et de me soigner plus rapidement si j'en connaissais déjà les contenues et les effets.

- I-il t'a injecté des poisons mortelle ? Murmura Andrew en écarquillant les yeux.

- Certains l'étaient, approuvai-je. Mais Diancecht veillait toujours à ma survie, me soignant quand il constatait que mon corps et mes dons ne suffisaient pas a me maintenir en vie.

Leur incrédulité me mit mal à l'aise. Oui. Cela avait été douloureux. Les poisons avaient des effets très différents, certains étaient indolore, on ne ressentait les effets que lorsqu'on remarquait enfin la faiblesse de notre corps et il était déjà trop tard. D'autres étaient rapides, trop pour qu'on se rende compte de quoi que ce soit. Mais les pires étaient ceux fait pour nous laisser survivre durant de longues heures, où plutôt nous laisser souffrir durant de longues heures. Diancecht n'était pas cruel, il avait toujours prit un grand soin à ce que je n'éprouve que des douleurs supportables, mais cela n'avait pas été un moment de plaisir intense pour autant. J'avais eu des hallucinations, j'avais été paralysée pendant plusieurs jours, j'avais eu l'impression de mourir une dizaine de fois et ainsi de suite. Et cela n'avait rien d'agréable. Rien du tout.

Néanmoins, j'avais la preuve que cela avait été utile. Aujourd'hui, l'effet du poison choisi par Daichi me semblait si insignifiant que je parvenais à ne plus y penser. Bien sûr, cela restait du poison et je n'étais pas infaillible. Si une plus grosse quantité était rentrée dans mon organisme, je n'aurais probablement rien pu faire. La lenteur de la cicatrisation approuvant ma pensée. Cependant cela me permettait de commettre des erreurs et de pouvoir prendre le risque de me faire blesser, dans l'unique but de vérifier des théories.

- Après tout ça... comment fais-tu pour ne pas être brisée ? Articula Andrew. Quand je vois ta réaction devant Gareth, je ne comprends pas comment tu peux sembler si détachée face à ce que tu as vécu dans l'Autre Monde.

- Cela n'a rien à voir, affirmai-je calmement. Les Dieux ont été dur, ils m'ont fait du mal c'est vrai. Mais c'était dans l'unique but de me faire progresser, de me permettre de devenir suffisamment solide pour que je n'ai, justement, plus a subir la souffrance. De plus, j'avais le choix. Je pouvais abandonner, je pouvais dire a Diancecht que je n'avais pas envie d'essayer sa théorie. C'était mes décisions tandis que Gareth ne m'a laissé aucun choix, il n'y avait rien de positif dans ses actions. C'était la douleur et uniquement la douleur.

Ma voix se cassait, ma gorge se serrant trop pour que je continue de parler. Gênée, je me détournai un peu, n'ayant aucune envie qu'on s'apitoie sur mon sort. Andrew avait bien plus souffert que moi, bien que d'une autre façon. J'imaginai assez mal ce que l'on pouvait ressentir face à la mort d'un être chère, pire face à la mort de son enfant. Il avait tout perdu. Pire encore, ce que j'avais vécu n'était rien comparé a la vie de Devon. Il avait été heureux, réellement heureux. Il avait une famille qui l'avait accepté, un avenir tout tracé en tant que chef de tribu et probablement aurait-il pu s'épanouir pleinement loin du monde marqué. Mais il avait vu tout s'écrouler. La mort de son frère le hantait encore, revenant dans des cauchemars dont il ne parlait pas. Je ne l'avais appris qu'il y a peu, son esprit étant de moins en moins fermés au mien. Délibérément ? J'espérai que oui.

Je n'étais pas en droit de me plaindre, j'étais en vie, mes amies l'étaient aussi. Ma mère et mon père se portaient bien. Tout n'était pas parfait et je ne voulais pas amoindrir ce que j'avais vécu, mais je ne me sentais pas en droit de geindre. Plus maintenant.

- Arrêtez de tirer ces têtes d'enterrements, lançai-je en soupirant. Je vais bien.

- Bûcheron, lança Devon en coin. Je savais bien que le côté princesse gnian-gnian c'était juste pour nous amadouer.

- Tu as été le premier a tomber dans le panneau, souris-je espiègle. Mon premier chevalier servant, j'ai été déçue en découvrant qu'en réalité tu étais plutôt le bouffon du roi.

- Hoy, tu vas voir toi.

Devon attrapa mon cou et appuya son bras pour me faire pencher en avant, je ris négligemment alors qu'il frottait sa main dans mes cheveux. Mais plus question de le laisser faire. Je saisissais son poignet avec aisance et d'un geste agile, me glissait sous son bras pour me défaire de son emprise. Il me regarda surpris avant de rire et de passer son bras autour de mes épaules en m'attirant contre lui, sous le regard médusé des passants Japonais probablement outrée par notre proximité.

- Je peux vous posez un question, madame ?

Aller. Dans tes dents, Keylinda. Le retour du madame. Je grimaçai alors que Nathan me fixait avidement, ses yeux brillants d'excitation. Je massai ma nuque un peu plus gênée. Alors non seulement j'avais pris vingt ans dans la figure, mais en plus l'admiration que je lisais dans son regard me rappelait a quelle point je n'étais plus une gamine. Je n'avais pas peur de vieillir, mais cela ne faisait jamais plaisir de se dire que certains me considéraient déjà comme suffisamment âgée pour que l'on m'appelle « madame ».

- Et moi, pourquoi j'ai pas le droit au monsieur ? S'indigna Devon en se pointant ostensiblement du doigt. Je suis plus vieux qu'elle et tu m'as jamais appelé comme ça !

- Tu as aucune crédibilité en tant qu'adulte, assena Andréa avec désinvolture.

- Il t'a pas appelé monsieur non plus, je te signale, rétorqua Devon.

- Et je n'ai jamais souhaité qu'il le fasse, approuva Andréa.

- Arrêtez, soupirai-je. Vous faites vraiment des histoires pour rien. Pose ta question, Nathan, avant qu'ils ne recommencent.

- Est-ce que je peux devenir votre disciple ?

- Pardon ?

Je n'avais même pas eu le temps d'être étonnée que la voix de Tamara avait raisonnée. Je la regardai en coin alors qu'elle bégayait, visiblement très surprise de sa propre réaction. Je souriais. Elle n'aimait pas beaucoup l'idée que ce soit à moi que l'on demande une telle chose, c'était elle la guerrière. Elle a qui on avait envie de demander d'être son élève. Elle qui rétamait les loups-garous a tour de bras. Pas moi. Du moins, avant.

Tamara passa sa main dans ses boucles rousses, visiblement très mal à l'aise. Elle n'avait pas voulu me blesser et je savais pertinemment qu'elle avait confiance en moi, qu'elle savait que je pouvais aisément rivaliser avec elle désormais. Cependant on ne chassait pas les bonnes habitudes, elle détestait la rivalité. Elle était là meilleure combattante ou rien. Et ce qui pouvait ressembler à un défaut était au contraire une de ses plus grandes qualités, elle ne cesserait jamais de progresser avec une telle mentalité.

- Je suis pas la mieux placée pour t'apprendre quoi que ce soit, soufflai-je donc sobrement. Tamara sera une meilleure enseignante.

- C'est pas moi qu'il veux, maugréa l'intéressée. C'est toi. Et je peux comprendre. J'ai même pas eu le temps de réagir, tout à l'heure, que tu étais déjà devant ce type.

- Je n'ai pas dit que tu étais plus douée que moi, souris-je en coin.

Elle marmonna en me fusillant du regard, me promettant silencieusement une séance d'entraînement rigoureuses dès que l'occasion se présenterait. Et je ne doutais pas une seule seconde que j'aurai dû mal a lui faire face. Elle avait subit l'entraînement de Morrigan et elle restait une guerrière redoutable, il aurait fallut être stupide pour ne pas savoir qu'elle pourrait me casser en deux si elle le souhaitait. Mais je lui opposerai plus de résistance que durant tout nos précédents entraînements.

Peu amusé par l'échange, Nathan me contemplait toujours avec sérieux, ne démordant pas malgré mon conseil de se diriger vers Tamara. Il me fixait intensément, campé sur ses positions et marchant à mon rythme pour pouvoir continuer à s'opposer ainsi à moi. Je posai mes doigts sur mon médaillon que je faisais tourner entre mon pouce et mon index, jouant sur la pierre rugueuse avec habitude.

- Pourquoi vouloir être mon « élève » ? Demandai-je calmement. Je ne suis pas une louve et je ne connais que mal les différentes espèces. Vous avez vos atouts, j'en ai d'autre. Je ne pense sincèrement pas être d'une quelconque aide pour toi.

- Je sais me défendre sous ma forme animal, murmura-t-il en détournant un peu le regard, les poings serrés. Mais j'ai encore beaucoup de mal a agir quand je suis juste humain. Je suis lent. Je manque de force. Mes réactions sont a retardement, sans parler du fait que je manque d'expérience et que je suis incapable de prévoir de réelle action d'un adversaire.

- Tu es jeune, trancha platement Mikaël. A-t-on âge je savais à peine comment tenir un couteau, mais c'est mon arme fétiche. Tout s'apprend.

- Mais pour ça j'ai besoin d'un maître, affirma Nathan avec conviction. Et vous êtes la mieux placés pour me comprendre ! Vous aussi vous avez eu du mal a devenir puissante !

Je ne savais pas si ce garçon avait un don particulier pour les compliments, mais j'avais du mal a saisir si je devais être flattée ou vexée. Bien sûr il soulignait que j'étais puissante aujourd'hui, néanmoins il soulignait aussi, extrêmement bien, le temps que j'avais mis a le devenir. Je soupirai, extrêmement indécise. Je n'avais pas envie de devenir son maître, comme il le disait. Je ne jugeais pas non plus que c'était mon rôle, il aurait été plus à l'aise avec Devon ou Andréa qui était des loups-garous eux-mêmes. Mais sa conviction à vouloir que ce soit moi qui endosse se rôle me faisait douter. Il avait raison sur le fait que j'étais probablement celle qui pouvait le comprendre et que niveau physique fétiche, je lui correspondait mieux que Devon et Andréa qui étaient tout en musculature. Malgré tout, je ne parvenais pas à donner une réponse positive.

- Elle a d'autre chose a faire que de s'occuper d'un enfant, assena Andréa. Je comprends ta volonté Nathan, mais ce n'est pas le moment. Tu pourras le lui demander plus tard, quand tout cela sera terminée. En attendant, je me chargerai de te renforcer.

Je ne rétorquai rien, approuvant la décision. Nathan se décomposa un peu mais il ne prit pas la peine de s'opposer aux paroles d'Andréa, se détournant en hochant la tête. J'avais conscience de le décevoir et même si les paroles d'Andréa n'était pas entièrement juste, c'était l'excuse la plus logique possible. Du bout des lèvres, je remerciai discrètement Andréa, qui hocha vaguement la tête alors que son esprit commençait petit a petit à revenir s'encrer dans le mien. Je le maintenais toujours a une certaine distance, mais elle s'amenuiserait avec le temps et j'espérai sincèrement que nous pourrions redevenir proche.

Détournant mon attention, Kenan glissa sa main sur ma taille et je la chassai sobrement, d'un geste lent et calme. Ses yeux virèrent au noir à la seconde même où sa main se retrouvait éloignée et il me fusilla de ses iris sombres. Je remarquai aisément la large grimace de Devon qui ralentit soudainement le pas, conscient qu'il fallait mieux s'écarter si on ne voulait pas se retrouver impliquer dans la dispute du siècle.

- C'est quoi ton problème ? Questionna Kenan avec sa douceur et son calme légendaire. Tu as bien laissé Devon t'enlacer et tu ne me laisse pas poser ma main sur ta taille ?

- Tu pourras poser ta main sur ma taille, le jour où je ne serais plus une gamine, lançai-je dans un sourire crispée. Pour l'instant, il semblerait que je sois beaucoup trop jeune et immature pour ce genre de chose. Désolée.

S'ils avaient pu les yeux de Kenan seraient devenu bien plus sombres encore alors que ma provocation ne lui plaisait clairement pas. Mais j'en avais assez. Je n'étais pas une gamine. Où du moins je n'en étais plus une. S'il voulait jouer les chevaliers en armure, soit. Cela ne me dérangeait pas outre mesure. Mais il fallait qu'il se mette dans la tête que je n'avais aucune intention de jouer les princesses en détresse incapable de faire autre chose que gindre en haut d'une tour. J'avais déjà fait, maintenant je voulais être traitée d'égal a égal.

Je le devançai aisément alors qu'il restait en arrière, bouillonnant d'une colère que je ne pouvais que percevoir quand notre lien c'était grandement renforcé. Il était pour autant hors de question que je me laisse impressionner par cette colère sans fondement. Il voulait jouer aux adultes et me traiter de gamine ? Très bien, mais qu'il assume. Je serais une gamine sur tout les plans. Et ceux même dans mes actions. Avec aisance, il me rattrapa et saisit violemment mon poignet pour me retourner face a lui. Andréa gronda aussitôt, menaçant mais je hochai négativement la tête. Ce n'était pas nécessaire. Me surprenant un peu plus, la main de Mikaël se posa lourdement sur l'épaule de Kenan, celui-ci dirigeant aussitôt sa colère vers lui.

- Je me permets de vous interrompre pour vous signaler que nous sommes au milieu de la rue, articula-t-il platement. L'hôtel est a deux minutes, si vous pouviez attendre d'être là-bas pour votre petite scène de ménage, cela m'arrangerait. Je préférerai ne pas y assister.

- Désolée, murmurai-je alors que mes joues s'empourprèrent.

Je me sentis ridicule. Il avait raison, je faisais une scène devant tout le monde. Depuis quand je manquai autant d'éducation ? Je supposai que Kenan avait déteint sur moi. Pire encore, les Dieux avaient déteins sur moi. J'avais eu le plaisir de constater que tous ne s'entendaient pas à merveille et à côté des disputes de Dana et Ogme, nos disputes avec Kenan n'étaient rien du tout. Nous étions la brise légère face aux tourbillons. Et ils se disputaient tous sans aucune gêne même si un public était présent.

Il fallait réellement que je me réhabitue a une vie en société. Rapidement. Kenan se détourna de Mikaël comme si personne ne lui avait jamais adressé la parole et me tourna le dos en s'avançant en direction de l'hôtel. Je passai ma main dans ma nuque dans un long soupir. Devon tapa sa main dans mon dos, son regard se faisant compatissant. Je grimaçai un peu plus. S'il faisait une tête pareille, je devais m'attendre a un vrai bain de sang.

- Il est furax, pas vrai ?

- En même temps, c'est un peu ce que tu as cherchée, sourit Devon. C'est une bonne chose. Tu as bien fait de lui remettre les idées en place.

- Totalement, approuva Tamara alors que son sourire se faisait carnassier. Si tu veux, je me joins a vous avec grand plaisir.

- Ça devrait aller, grimaçai-je. Et j'ai pas envie qu'on en vienne au main.

- Tu sais pas t'amuser, rétorqua-t-elle en haussant les épaules.

- Pauvre Andrew, marmonna Devon a mon oreille.

- Qu'est-ce que tu as dit ? Gronda aussitôt Tamara en le fusillant du regard.

- Gaufre, dit-il avec un naturel déconcertant. Je disais que j'ai envie de gaufre.

Je pouffai. Tellement peu crédible. Devon me donna un coup de coude en me faisant les gros yeux et je hochai vaguement la tête en étouffant un fou rire alors que Tamara plissaient ses yeux de façon soupçonneuse. Elle jura tout bas et se détourna, marmonnant une slave d'injure. Andrew souriait derrière nous, levant les yeux au ciel devant le comportement impulsif de la belle rouquine. Il la rattrapa dans un vague signe d'encouragement a mon attention et attrapa sa main sans qu'elle ne la retire. Leur relation avançait réellement bien.

- Keyli.

- Hmm ?

- Keyli.

- Quoi ? Fis-je en me tournant vaguement.

Andréa me fit signe de regarder devant moi et délaissant le couple que formait Andrew et Tamara, je relevai le visage vers l'entrée de l'hôtel que nous commencions a apercevoir. Mais ce n'était pas ce qui m'intéressait. Mes yeux s'écarquillèrent et mon cœur se serra vivement. Je me mordis la lèvre, j'inspirai longuement, j'expirai lentement. Elles étaient vraiment là. Devant moi. Vivantes. Pleines de vies.

La blondeur de Saphira me frappa de plein fouet, comme si tout ce temps sans la voir m'avait fait atténuée les traits étincelants de ses longs cheveux parsemée de légères ondulations. Ses yeux saphirs étaient embués de larme, prête a s'écouler sur ses joues devenue mâte. Elle semblait plus musclée mais aussi, étrangement, plus femme. Vêtu d'une robe beige, elle voletait avec élégance jusqu'à tomber a hauteur de ses genoux. Son sourire éclatait, laissant apparaître toute la douceur dont elle avait toujours fait preuve.

Mais le plus gros changement ne venait pas d'elle. Epona. Les cheveux courts. Probablement plus encore que les miens avant mon départ. Ils avaient tous eu une lubie a ce couper les cheveux ? Entre elle et Andréa, j'étais assez déstabilisée, me sentant responsable de ce changement volontaire. Mais je supposais que cela allait lui bien. Contrairement à moi, son carré plongeant plein de volume lui allait comme un gans. Les mèches les plus longues effleuraient son menton, cadrant son visage féminin. Sa peau était devenu plus foncée, tout comme celle de Saphira. Je retrouvai cependant ses grands yeux qui me fixaient avec une certaine incertitude.

Avant que je n'ai le temps de réagir, Saphira fonça dans ma direction et j'eus à peine le temps d'ouvrir les bras, qu'elle se jetait sur moi, riant aux éclats alors que ses larmes dévalaient ses joues. Je ne pu m'empêcher de rire à mon tour, la serrant dans mes bras. Mais elle s'écarta brusquement, me surprenant avant que je ne comprenne. Sa marqué avait juste demandée à ce qu'elle le fasse. Je me retrouvai enlacée par Epona, ses bras passant autour de mes épaules pour me serrer fermement. Sa tête s'enfouit dans ma nuque alors que ses épaules tremblaient.

Elle pleurait. Et pas qu'un peu. Epona, la femme qui m'avait ridiculisée et maltraité, pleurait contre mon épaule jusqu'à faire tressauter son corps. Totalement surprise, je bégayai ne sachant pas réellement quoi faire. Les bras ballant, je finissais par les poser dans son dos, sans trop oser parler. Je regardai Saphira, démunit et elle haussa les épaules dans un sourire amusée. Géniale, merci du secours.

- T-tu vas bien ? Demandai-je finalement après une mince hésitation.

- Oui, pardon, murmura-t-elle en se redressant pour frotter ses mains sur ses joues humides. Je pensais pas réagir comme ça.

- Et moi ? Gronda Tamara. Je suis invisible ?

- Oh pardon, rit Epona doucement. Tu veux aussi un câlin et que je pleur sur ton épaule ?

- Non, souffla Tamara en s'éloignant vivement avec une grimace de dégoût. Mais tu pourrais au moins avoir l'air heureuse de me revoir ! Tu ne m'as donnée aucune nouvelle depuis des mois, je me faisais un sang d'encre !

- Je veillai sur elle, affirma Saphira en s'avançant. Tu n'avais pas a t'en faire.

- Ouai.

La froideur de Tamara témoignait que la relation de la louve lié a Epona et la sulfureuse vampire, n'était pas au beau fixe. Cependant Epona était sereine. Doucement, elle glissa sa main dans celle de Saphira, tâchant d'apaiser la tension naissante. Puis, vint attraper celle de Tamara qu'elle serra sans feindre son enthousiasme. Je souris, mon cœur battant a tout rompre dans ma poitrine. J'étais tellement heureuse. J'avais la sensation que tout venait de s'écarter, ma dispute avec Kenan, mes angoisses face à l'idée de devoir trouver de nouveaux alliés. Tout venait de disparaître comme un insecte qu'on écartait du pare-brise d'un coup d'essuie glace.

Plus calme, Epona se tourna dans ma direction et je souris sincèrement avant de grimacer en voyant ses yeux s'embuer à nouveau. Je bégayai en m'avançant, murmurant des excuses sans réellement savoir pourquoi je le faisais. Je me sentais responsable de sa tristesse. Et au fond mon sentiment était juste.

- Elle a beaucoup souffert de ton départ, avoua Saphira alors que Epona lui lançait un regard noir. Plus que nous l'avions tous imaginés. On a tous mal vécu que tu disparaisse comme ça, aussi soudainement. On se sentait impuissant mais Epo...

- Mais je l'ai encore plus mal vécu car je me sentais tellement nulle. Tu as toujours fait tout les sacrifices possibles et moi... moi je t'ai blessée quand tu es arrivée a Dacer. Moi je t'ai traitée comme de la nourriture alors que tu venais de sauver Tamara. Moi... je n'ai jamais pu te dire a quel point je t'apprécie. A quel point tu étais incroyable. A quel point grâce a toi, je me sentais mieux. A quel point... j'aurai voulu que tu me considère comme ton amie.

- Je te considérai déjà comme mon amie enfin, rétorquai-je en secouant la tête, les larmes aux yeux. Tu es idiote.

- Sans doute, admit-elle en souriant essuyant encore des larmes récalcitrantes. Mais j'ai cru jamais pouvoir te dire tout ce que je voulais et ça a été vraiment dur. Je me sentais vraiment la pire amie au monde quand j'arrivais a me dire que tu devais me considérée comme telle.

- Alors elle s'est coupée les cheveux, comme toi, va comprendre pourquoi, soupira Saphira. Et elle a enchaînée les actes irréfléchis. Tu sais que cette folle furieuse s'est mise a dos la tribu des Amazones ? Pire, elle voulait toute les affronter en même temps !

- Elle m'a sauvée la mise plus d'une fois, concéda Epona en tripotant ses cheveux courts. J'ai un peu déraillé, c'est vrai. Mais maintenant, tout va bien. Pas vrai ?

Je hochai la tête, trop émue pour pouvoir formuler une quelconque phrase. Je n'avais pas pensée une seule seconde que mon départ précipitée impliquerait de telle chose. Jamais je n'aurai pensée faire souffrir Epona, ou du moins pas à ce point là. Son regard timide tranchait avec l'habituelle assurance que je lui connaissais et le regard doux qu'elle lançait à Saphira me faisait aussi avoir une boule dans la gorge. J'aurai voulu pouvoir assister à l'évolution de leurs relations, je n'avais aucune idée de tout ce qu'elles avaient traversés pour en arriver là et j'avais l'impression de devoir les découvrir à nouveau. Totalement.

- Kenan nous est passé devant comme une flèche, souffla Epona. Il y a eu un problème ?

- C'est ma faute, grimaçai-je en levant la main pour plaider coupable.

- Tu devrais y aller alors, affirma Epona en attrapant mes deux mains pour les serrer dans les siennes. Mais après, je veux ta soirée. On arrangera tes cheveux et j'ai plein de chose a te raconter.

- Oh non, grimaça aussitôt Tamara.

- On se fera une soirée entre fille ! Aboya Saphira avec enthousiasme.

Epona approuva joyeusement, son bonheur semblant total. Mais j'avais un autre chat a fouetter. Au plutôt, un autre démon. J'eus du mal a quitter le cocon doux et rassurant qui s'établissaient déjà alors que Andrew s'avançait à son tour pour serrer Epona dans ses bras. Cependant Devon appuya légèrement sur mon dos, me poussant a m'écarter alors que je faisais la moue aussitôt. Mécontente.

- Désolé, affirma-t-il. Mais il va exploser si tu n'y va pas.

- Quel encouragement, murmurai-je.

- Je suis désolé, répéta-t-il dans un mince sourire. Mais je préfère t'avertir. Il est vraiment furax.

- Je me doute, avouai-je mollement. C'était un peu le but, dans un sens. Il est temps que les choses évolues.

- Il finira par comprendre, approuva Devon alors que nous entrions dans la cour de l'hôtel. Je te laisse là. Hurle si besoin, je rappliquerai pour lui mettre une correction.

- Devon, soufflai-je en l'interrompant dans son geste de s'éloigner.

- Oui ? Questionna-t-il soucieux en fronçant les sourcils.

- Je t'ai jamais remerciée, murmurai-je. Alors, merci. Pour tout.

- Princesse, sourit-il aussitôt. Je serais toujours ton chevalier servant le plus fidèle.

Je souris incroyablement fort. Merci. Merci. Merci mille fois. Tu m'as protégé, tu m'as défendu, et ceux même contre ton lié. Tu m'as toujours soutenue, tu m'as toujours encouragée. Jamais, au grand jamais, je ne parviendrai a te faire comprendre la reconnaissance que j'éprouvai envers toi. Devon hocha simplement la tête, pressant sa main sur la mienne comme pour m'affirmer que je pourrais le remercier plus tard. Dans de nombreuses années quand il aurait fait encore plus. Il se courba en avant, imitant nonchalamment une courbette cérémonieuse et rit aux éclats en s'écartant.

Je le regardai disparaître, le cœur tellement plus léger. Leurs simples présences me suffisait. Leurs simples présences changeaient la moindre de mes émotions. Ils me rendaient heureuse. Tous. Epona. Saphira. Devon. Je devais tous les remercier. Sauf peut-être un. Mon effervescence fut coupée, et je soupirai lourdement dès que sa voix résonna a mes oreilles, dans sa subtile mélodie doucereuse :

- Tu comptes m'expliquer ta petite crise ?

- Écoute, soupirai-je. Epona et Saphira viennent de rentrer, on pourrait éviter de s'entre-tuer maintenant, non ? Tu aurais pu au moins les saluer.

- Je le ferai après. Dès que tu auras répondu a ma question. Tes crises me tapent sur les nerfs.

- Et tu sais ce qui me tape sur les nerfs ? Ton comportement, grondai-je en le fusillant du regard. Je ne suis plus une enfant Kenan. Non, en faite, je m'en balance. Traite moi comme une môme, répète moi cent fois que je suis une gamine si cela te fait plaisir. Mais je t'interdis de nous mettre en danger en refusant d'écouter ce que je dis.

- Tu n'as aucun ordre a me donner, souffla-t-il froidement.

- C'est vrai, admis-je sans me démonter. Mais si tu es incapable de me faire confiance, alors on va avoir un problème Kenan car je ne te ferai plus confiance non plus.

- Et en quel honneur ? Tu n'es qu'une gamine devenue très prétentieuse. Parce que une nana ta balancée que tu seras déesse tu veux faire croire que tu n'es plus une tâche ? Redescends sur terre. Tu n'es qu'une putain de gamine qui veux attirer l'attention.

Je le contemplai avec un calme qui n'était qu'apparent. La colère bouillonnait furieusement en moi, tambourinant dans ma poitrine avec rage. Comment pouvait-il encore dire ce genre de chose ? Comment pouvait-il se comporter comme un abruti fini ? Encore. Combien de temps comptait-il me traiter de cette façon ?

- En Autre Monde, pendant deux semaines, j'ai eu l'espoir de croire que tu me regardai enfin comme ton égale, assenai-je dans un murmure, mes yeux ne cessant de le dévisager. J'ai sincèrement cru que enfin je pourrais me tenir fièrement devant toi. Mais j'avais visiblement tort. Si c'est vraiment ce que tu pense, Kenan, alors je pense que tu devrais partir.

- Qu'est-ce que tu raconte, encore ? Demanda-t-il indifférent.

- Je te suggère de t'en aller, répétai-je. D'aller voir ailleurs si la gamine prétentieuse ne s'y trouve pas. Car moi, je suis bien décidée a ne plus être une enfant. Si tu n'es pas apte a le voir, pas apte a l'accepter alors va chercher ailleurs cette gamine que tu veux tant que je sois.

- Elle est devant moi, y a pas besoin d'aller la chercher ailleurs, assura-t-il. Je ne m'en irais certainement pas, surtout à cause d'un de tes caprices.

- Je ne peux pas te donner d'ordre, mais je peux choisir qui je veux à mes côtés. Et je ne veux pas de quelqu'un dont je devrai m'occuper sans cesse car il ne m'écoutera d'aucune façon. Je ne veux pas de quelqu'un qui doute de moi. Je suis déjà assez peu confiante, je n'ai pas besoin d'une personne qui me dévalorise de cette manière.

Kenan se crispa un peu plus, ses yeux exprimant toute sa colère et sa froideur. Il n'admettait pas que je puisse refuser qu'il se tienne a mes côtés, mais il était claire que je ne voulais plus devoir me justifier sans cesse. Qu'il ne m'accepte pas comme une adulte était une chose, mettre en danger sa vie et celles des autres, en était une autre. Je ne pourrais pas toujours veiller à ce qu'il obéisse a mes directives. Je n'agissais plus comme une enfant qui voulait éviter le conflit et si je pouvais comprendre ses réticences a me faire confiance, je ne comprenais pas qu'il ne m'accorde aucune chance de prouver que j'avais grandis.

Il le refusait tout simplement. Il m'avait vu changé, tout comme les autres. J'avais au moins prouvée que je pouvais me défendre mais c'était comme s'il n'avait rien vu. Comme s'il avait fermé les yeux, ou comme si notre séjour commun en Autre Monde n'avait rien changé. Mais cela avait tout changé. Je le regardai plus doucement, la tristesse prenant le pas sur la colère. Je ne voulais pas qu'il parte, c'était évident. J'avais besoin de lui. Et j'avais aussi besoin de sa confiance, besoin de savoir qu'il me traiterait comme celle que j'étais aujourd'hui et non comme celle que j'avais été un jour.

- En réalité, murmurai-je. C'est toi le gamin. Tu refuse que je grandisse, et j'aimerai réellement comprendre pourquoi.

Un instant, je cru percevoir de la surprise dans ses grands yeux sombres et il ne répondit pas immédiatement, semblant réfléchir à mes paroles plus sérieusement. Il finit par se détourner, se laissant tomber lourdement sur un banc en fixant le sol. Ses mains se nouèrent devant lui alors qu'il cherchait visiblement a se calmer. Pour la première fois, Kenan semblait faire un effort. Je m'avançai dans sa direction et m'installai à côté de lui, laissant nos épaules se frôler dans un geste plus doux.

- Tu as raison, murmura-t-il. J'ai pas envie que tu grandisse.

- Mais pourquoi ? Questionnai-je sans le fixer.

- Parce que plus tu grandiras, plus tu t'exposera. Plus tu t'exposera, plus j'aurai de chance de te perdre.

Ce fut a mon tour d'écarquiller les yeux, surprisse. Kenan ne réagit pas, restant immobile, les yeux rivés devant lui. Je soupirai rapidement et le calme m'envahit avec plus de certitude. Il était vraiment un imbécile de démon, incapable d'exprimer réellement ce qu'il ressentait. Plus doucement, ma tête tomba sur son épaule et je glissai une de mes mains entre les siennes. Il sembla hésitant, mais noua nos doigts sans trop se faire prier.

Je comprenais mieux. Son propre esprit devint plus claire au mien. Sa peur de me perdre me sautant à la figure avec une telle précision que je ne pus que me demander comment j'avais pu passer à côté. Au fond, nous étions aussi nulle l'un que l'autre. Nous ne parvenions pas toujours a nous comprendre, encore moins a communiquer. Je souris vaguement en coin en jouant avec ses doigts distraitement. Il était jaloux. Plus que de me perdre au sens physique, il y avait aussi la crainte que dans mes futurs rencontres, je trouve quelqu'un qui le remplacerait. Comme si c'était possible. Personne ne pouvait m'agacer autant que lui et personne n'avait su me faire passer par autant d'émotion à la seconde, que lui. Pire encore, il craignait que je change. Que je change au point de ne plus le trouver à mon goût. Mon sourire s'accentua encore. Il était adorable. Réellement adorable.

Il me fusilla du regard a mon sourire et je me contentai de hausser les épaules avec négligence. C'était peut-être un peu idiot de sourire parce qu'il était jaloux, mais d'une certaine façon c'était une manière de montrer qu'il tenait énormément à moi, non ? Il détourna aussitôt les yeux, refusant totalement d'admettre ce genre de chose à haute voix.

- Tu sais, c'est pas parce que je deviens adulte que tu vas me perdre, lançai-je au bout d'un moment. Je suis devenue plus forte et je peux me tenir fièrement a vos côtés. Mais cela ne veux pas dire que je vais changer, je serais toujours la gamine qui t'appelait Polochon.

- Remet pas ça sur le tapis, je suis sérieux, assena-t-il en me fusillant à nouveau du regard.

- Et moi aussi, désapprouvai-je en me redressant pour laisser mon visage face au sien. C'est pas parce que je suis une adulte et que je veux que tu me respecte, que cela signifie que je vais cesser d'être maladroite, où d'aimer les peluche, où de faire toute ses choses qui me caractérise. Le fait que... que je sois amoureuse de toi, ne changera pas.

Sa main se serra plus fortement sur la mienne, ses yeux cherchèrent les miens et je ne m'enfuyais pas lorsque son visage se releva devant le mien. Les rougeurs sur mes joues, les battements fou de mon cœur. Oui. J'aimais Kenan et je le savais depuis longtemps. Et Maël avait fait un choix a ma place, je n'avais plus a réfléchir. Je me crispai malgré tout en pensant à ce dernier, mais Kenan le chassa rapidement. Son front se glissa contre les miens, laissant s'écraser avec sensualité sa respiration sur mes lèvres. Il ferma les yeux en glissant sa main libre sur ma taille pour m'attirer fermement contre lui.

- Je suppose que je dois te présenter des excuses, grimaça-t-il vaguement.

- Tu supposes bien, affirmai-je sévère avant de sourire en glissant mes doigts dans ses cheveux noir. Mais disons que je te pardonne si tu me promet de me faire confiance dorénavant.

- Je ne peux pas, affirma-t-il en me faisant aussitôt soupirer et tenter de m'écarter mais il attrapa simplement mon poignet quand je fis mine de m'éloigner un peu plus encore. Sache que parfois j'ai le besoin impérieux de te protéger, pas forcément parce que tu n'es qu'u... n'étais qu'une gamine, se rattrapa-t-il devant mon regard furieux. Mais parce que c'est un besoin primaire qui n'a aucune logique. J'ai juste besoin de savoir que tu es en sécurité et c'est avec moi que tu l'es le plus.

Vantard. Je levai les yeux au ciel dans un maigre sourire mais finissait par hocher la tête avec plus de sérieux. Il faisait des efforts alors je pouvais en faire aussi. Je pouvais comprendre son sentiment. Moi aussi j'avais le besoin de tous les protéger, le besoin de m'assurer qu'ils ne risquaient rien. Tous. Alors j'aurai été mal placé pour lui formuler un quelconque reproche sur ce sujet. Je me réinstallai donc, préférant malgré tout conserver une légère distance.

- Mais je ferai désormais attention, soupira-t-il visiblement a contre-coeur malgré tout. Je te garantis rien, mais je tâcherai de te montrer que j'ai confiance en toi. J'ai toujours eu confiance en toi, Keylinda.

Sa main glissa dans ma nuque, me forçant un peu a me replacer de façon a ce que nos yeux se rencontrent. Ils étaient toujours aussi sombre que la nuit mais la douceur qui s'y lisait faisait battre mon cœur a tout rompre. Quand il me regardait ainsi, j'avais la sensation que rien d'autre n'avait d'importance, rien d'autre ne comptait. C'était juste sa peau effleurant la mienne, son esprit s'imbriquant dans le mien, son souffle sur mes lèvres.

Il esquissa le mouvement de se pencher vers moi et mes mains vinrent naturellement se serrer sur son haut. Une certaine appréhension me serra brutalement le cœur, m'oppressant. Si je le laissais faire, j'admettrai que c'était terminé avec Maël. Il n'y aurait plus que Kenan. Il avait pris la décision, mais c'était à moi de m'y faire. Et je pensais sincèrement que tout irait bien. Kenan me rendrait heureuse, du moins de temps en temps entre ses crises de colère. M'étonnant, Kenan grogna légèrement, ses dents venant tirer sur ma lèvre inférieur sensuellement en me faisant un peu plus rougir.

- Es-tu réellement obligée de penser à lui pile au moment où je vais t'embrasser ?

- Désolée, murmurai-je gênée.

- C'est bon pour cette fois, affirma-t-il sobrement. Mais je t'interdis de recommencer quand je te tiens ainsi dans mes bras. Laisse-toi aller et arrête de te prendre la tête.

- Oui chef, souris-je en venant passer mes bras autour de son cou.

Un sourire en coin orna, quelques secondes, ses lèvres avant qu'il ne rompe définitivement la maigre distance entre nos lèvres. Je me détendis au rythme doux de son baiser, ses lèvres jouant avec les miennes avec tendresse et sans brusquerie. Ses mains se faufilèrent naturellement sur ma taille, amenant mon corps contre le sien. Chaud. Doux. Rassurant. Je voulais bien me disputer avec lui autant de fois qu'il le souhaitait si j'étais certaine que cela se finirait toujours ainsi.

Rapidement, Kenan s'écarta, me laissant un peu dubitative qu'il s'éloigne aussi rapidement. Ce n'était pas agréable ? Un sourire espiègle éclaira son visage habituellement si froid. Sa main glissa dans mes cheveux, ramenant une mèche en arrière. Mon cœur ne semblait pas pouvoir battre plus rapidement et j'avais presque peur de le voir bondir hors de ma poitrine. Cela faisait désormais un moment que je connaissais Kenan, un moment qu'il me touchait de cette façon mais je ne m'y faisais pas. Mon cœur se soulevait toujours, mon corps frissonnait de la même manière que la première fois. Peut-être que c'était ça, aimée quelqu'un. Ne jamais pouvoir se lasser. Ne jamais pouvoir s'éloigner. Ne jamais pouvoir se passer de sa présence.

- Je continuerai bien, sourit-il. Mais non seulement te déshabiller ici me paraît un peu indécent, mais en plus il semblerait que je t'ai volée assez longtemps. On t'attends.

- Toi tu te montre généreux ? Rétorquai-je septique.

- Je sais juste que tu n'aura pas l'occasion d'encore profiter longtemps de ce calme. La guerre va éclater. 

Je me crispai aussitôt. Il avait raison. Beaucoup trop raison

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