Water Lily : l'éclosion.

By RosalineOscar

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Qui suis-je ? Depuis bien longtemps cette question me tourmentait. La réponse qui me venait le plus souvent é... More

Présent. Passé. Futur.
Le pouvoir de la Lune.
Libérée, délivrée. Non, je ne suis pas la reine des neiges.
Tout le monde va bien. Enfin. Presque.
Trahison. Disgrâce. Les musiques Disney me poursuivraient-elles ?
Une solution ? Mortelle, mais oui, une solution.
Invitation. Pitié. Pas de talons.
Je lui pardonnerai. Quand je serai de bonne humeur. J'y réfléchirai, quoi.
Un tout petit dérapage. Minuscule. Rien de rien.
De catastrophe en catastrophe.
La mort ou la vie. Un jeu dangereux.
Dompter un lion ? Trop facile. Voler un loup-garou ? Beaucoup plus drôle.
Séance de torture. Les talons sont obligatoires ? Pitié ?
Rentre dans ma danse.
On arrête de danser ? Oui, s'entre-tuer c'est plus sympa, voyons.
Solitude.
Une famille compliquée ? Hérésie. Un vrai bordel, oui.
Un puzzle ? 500 pièce c'était bien, mais 1000 c'est vachement mieux.
Plus qu'un pot de fleur, je suis un simple vase.
Ne m'abandonne pas.
Minuscule, petit problème : je vole.
Je te donne tout.
Un monde. Leur monde. Mon monde ?
Pas à pas je découvrirai qui vous êtes.
Tuatha de Dannan. Je te frôle du bout des doigts.
De vase, je deviens nénuphar. Avec un ph. Pas un f.
Futur déesse ou futur catastrophe. Au choix.
Finalement, être un vase c'est sympa.
Je reviendrai. Attendez moi.
Épilogue. Andrew.
Épilogue. Tamara.
Épilogue. Cyriel.
Épilogue Kenan.
Épilogue. Keylinda.
Épilogue. Geoffrey.
Tome 3

Épilogue. Andréa.

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By RosalineOscar


- C'est bon, soufflai-je. On s'arrête là pour aujourd'hui.

- Enfin, gémit Josh en se penchant en avant, le souffle court. Tu vas nous tuer.

- Vous devez vous renforcer, vous manquez clairement d'endurance, rétorquai-je platement. Keylinda ne va pas tarder à revenir. On reprend demain à la première heure.

De vague gémissement se firent entendre mais rapidement, un oui sonore retentit quand je les fusillai du regard. Il ne fallait mieux pas m'énerver en ce moment et ils le savaient tous parfaitement. J'étais instable émotionnellement et pour un loup-garou c'était probablement signe d'un danger constant. Le moindre imprévu, la moindre contrariété, le moindre petit détail me faisait sortir de mes gonds. J'avais déjà agressé plus d'un des loups de l'ancienne meute d'Isabelle mais heureusement je n'avais blessé personne. Du moins, pas gravement.

Épuisé, je me laissai tomber sur le sol, la gorge sèche et de la sueur recouvrant ma peau, abondamment. Je fermai les yeux en cherchant à reprendre mon souffle alors que la meute s'installait autour de moi avec familiarité. En presque un an, ils avaient eu le temps de s'habituer. Et moi aussi. Au début, furieux d'être laissé en arrière j'avais refusé tout contact avec cette meute, cependant, fini par accepter l'idée que je devais me rendre utile ici. Comme tous les autres je devais choisir le chemin le plus propice afin de l'aider. Afin de la protéger. Je ne pouvais pas rester indéfiniment amorphe, pas plus que je ne pouvais pas être le seul à ne rien faire pendant son absence. Même cet abruti de Kenan allait probablement parvenir en Autre Monde, alors je devais me bouger. Je ne perdrai pas face à lui. Bien que au fond, j'avais probablement déjà perdu.

Dès que je fermai les yeux, son visage éclatait dans mes pensées. Mais pas son visage habituel. Pas son visage souriant. Pas ses yeux immenses qui me contemplaient avec douceur. Non. Je ne parvenais à me remémorer que son visage à ce moment là : ses yeux me fixant avec douleur, avec incompréhension, avec peur. Je l'avais terrifiée. Je l'avais blessée. J'avais tout brisé. Et je n'avais même pas pu lui dire à quel point j'étais désolé, à quel point je regrettai ce qui c'était passé.

Jamais je n'avais voulu la faire souffrir, jamais je n'avais voulu la terrifier. J'avais juste perdu les pédales. Tout avait dérapé à partir de la seconde où j'avais compris une chose qui m'avait pourtant toujours parut évident jusque là : elle ne me regarderait jamais comme elle regardait Maël ou Kenan. J'étais proche d'elle, j'étais probablement un futur meilleur ami ou quelque chose dans le genre. Mais c'était tout. Il n'y aurait jamais rien de plus. Elle ne m'aimait pas. Peu importe la force de notre lien, peu importe l'attirance physique. Elle ne m'aimait pas. Peu importait ce que moi j'éprouvai. Je me mordis durement la lèvre alors que la douleur dans ma poitrine ne s'était pas amenuisé malgré tout ces mois passé loin d'elle. Au contraire, elle s'était renforcée dans l'angoisse qu'elle ne me pardonne jamais mon geste.

Pendant tout ce temps j'avais eu le temps de ressasser ce qu'il c'était passé, de me sentir monstrueux mais aussi de voir la vérité en face. Même s'il elle ne m'aimait pas, j'étais incapable de cesser de l'aimer en retour. Pas pour le moment, en tout cas. Il me faudrait peut-être du temps. Je n'en savais rien et je ne voulais pas savoir. J'étais incapable de me projeter dans un quelconque avenir, j'étais condamné dans un passé qui me brisait. Me pardonnerait-elle ? Accepterait-elle de me parler en revenant ? Voudrait-elle ne serais-ce que croiser mon regard ? Je soupirai. Probablement pas.

- Tu veux en parler ?

- Mêle-toi de ce qui te regarde, lançai-je platement sans rouvrir les yeux alors que Josh était devenu un ami plutôt proche, j'imagine. Tu devrais dormir, les entraînements vont s'intensifier et tu es un de ceux qui a le moins de résistance.

- Il ne reste que quelques mois avant son retour, souffla une voix féminine avec enthousiasme. J'ai hâte de la voir. Tu penses qu'elle aura beaucoup changée, Andréa ?

- Probablement, murmurai-je.

Je me refermai sur moi-même, ignorant la gaieté qui semblait naître parmi les rangs de la meute. Je partageai leur enthousiasme mais seulement en partie. Une infime partie qui ne dominait pas l'appréhension que j'éprouvais. Ils n'avaient pas conscience que le changement, qu'ils attendaient avec impatience, serait aussi synonyme d'un bouleversement dont ils seraient le cœur. Dont nous serions le cœur.

Son retour allait engendrer des changements. Changements qui ne plairaient pas à tous et les partisans de Borvo ne seront plus notre seul problème, ils allaient s'accumuler. Où plutôt se ruer sur nous. Ainsi, elle serait en danger et cette meute allait être son principal rempart. Je ne pouvais pas compter sur les autres marqués, je n'avais sinistrement aucune idée de ce qu'ils devenaient, s'ils étaient parvenu entre Autre Monde et, si c'était le cas, qu'est-ce que cela signifiait concrètement ? Je n'en savais rien et je m'en tamponnais profondément. Tout ce que je savais c'était qu'il fallait assurer à Keylinda une protection rapprochée et que les meilleurs gardes du corps possible étaient les loups-garous.

J'avais donc fait en sorte qu'elle soit prête. Sa meute devait être préparée à une guerre sanglante où les seules règles allait se limiter à mourir ou tuer. Je passai ma main dans ma nuque alors que le picotement léger de son esprit, effleurait parfois le mien. Pour autant, pas une seule fois je n'avais pu accéder à ses pensées. Pas une seule fois je n'avais pu entendre sa voix. Et je commençai à ne plus m'en souvenir. Était-ce ma punition ? Si j'avais accepté le lien plus tôt parviendrai-je à me rappeler le son de sa voix ? Si j'avais su mieux gérer mes sentiments, est-ce que je pourrais me rappeler avec précision l'odeur de sa peau ? Je n'en savais rien et ça, cela me rendait d'autant plus dingue.

- Vous pensez qu'elle sera revenu avant noël ? Siffla Lubia en me faisant vaguement tourner mes yeux dans sa direction, bien qu'elle ne m'adresse pas particulièrement la parole.

- Elle n'aime pas ce genre de festivité, lançai-je platement. Elle a une sorte de phobie des cadeaux. Et puis, elle va avoir d'autre chose à faire que ce préoccuper de ce genre de truc.

- Je pense que tu as tort, rétorqua Josh en me faisant aussitôt le fusiller du regard. Au contraire même c'est justement parce que les événements risque de ne pas être très drôle pour elle, qu'on devrait le fêter dignement. Elle va avoir passé plus d'un an toute seule, tu ne pense vraiment pas qu'une telle fête pourrait lui permettre de retrouver ses amis dans des conditions plus... joyeuse ? Je pense que cela ferait du bien à tout le monde, en réalité.

- Et vous comptez organiser ça comment ? Nous ne sommes même pas sûr qu'elle sera là pour le fêter, soufflai-je en détournant le regard.

- Peu importe la date, non ? On pourrait simplement rattraper l'an perdu ? Suggéra Nathan, le plus jeune de la meute. Fêter son anniversaire, noël, le nouvel an...

- Une sorte de fête gigantesque pour célébrer tout ce qu'elle a loupé ? C'est ça votre idée ? Demandai-je stoïque avant de sourire largement. Elle va s'arracher les cheveux, mais je suis sur que l'attention la touchera beaucoup. C'est une bonne idée.

Le regard de Nathan s'illumina aussitôt à ma simple approbation, je haussai les épaules alors qu'ils se mirent à s'agiter en tout sens, débordant d'une nouvelle énergie. Je grondai sourdement mais tous m'ignorèrent royalement en me rappelant que je n'étais aucunement leur alpha. Je souriais vaguement, un peu calmé. Un an. Nous avions tous perdu un an. Mais ce n'était que des jours, des mois. Pour nous ce n'était rien face à l'éternité qui s'offrait à nous et surtout cela se rattrapait. J'aurai le temps de me rattraper. J'aurai le temps de m'excuser. J'aurai peut-être même le temps de la faire tomber amoureuse de moi. Je serais les doigts. Non. Peu importe si elle m'aimait ou non, je ne ferai plus les mêmes erreurs. Désormais, elle serait ma priorité. Désormais, je ferai tout ce que je peux pour son sourire. Juste son sourire. Je m'endormis plus sereinement pour la première fois depuis son départ.

- Qu'est-ce qu'on fiche ici ? Demandai-je les mains enfoncées dans les poches de mon pantalon.

- Aller, arrête de faire ton rabat-joie, lança Devon en glissant son bras autour de ma nuque, me faisant maugrée aussitôt. L'idée de Nathan est super cool ! On va s'amuser !

- Vous faites bien ce que vous voulez, rétorquai-je en me dégageant de son étreinte. Mais pourquoi vous m'avez emmenez avec vous ?

- Parce qu'on a tous besoin de ce détendre, affirma Devon sobrement. Et cela fait des jours qu'on tente d'organiser cette fête, mais sans cadeaux, cela ne peut pas être un vrai anniversaire ou un vrai noël. 

Je regardai Devon avec indifférence alors qu'il débordait de la même joie que celle qui habitait la meute depuis que j'avais eu la folie de dire que l'idée d'une fête était une bonne idée. Je soupirai alors que Devon se ruait dans une boutique quelconque. Lorsque je mettais réveillé ce matin, ils m'avaient annoncés, très posément, qu'ils avaient décidés que l'entraînement était annulé. Saint Graal, ils avaient même osés me traîner dans un centre commercial. Moi. Le mec qui passait son temps à courir, se battre et râler. Je jurai tout bas et avançait alors que, de toute manière, je n'avais pas mon mot à dire.

Ils paillaient tous, courant dans tout les sens sans que je ne fixe mon regard sur qui que ce soit. Quoi que. Mes yeux tombèrent sur le dos de Devon qui discutait avidement avec Nathan. Il semblait que ces deux là ce soit bien trouvés, débordant tous deux d'une joie de vivre inconsciente. Mais ce n'était pas ce qui m'intéressait quand je le contemplai. Arrivé quelques jours seulement, Devon nous avait appris que Kenan avait enfin réussis à atteindre l'Autre Monde. Il l'avait vraiment fait et peut-être qu'il était avec elle. Peut-être qu'en ce moment même il pouvait la toucher, la voir, lui parler. Et moi ? Moi, j'étais obligé de me coltiner une séance de shopping. J'allais devenir fou. Littéralement barge. 

Machinalement, je continuai d'avancer, regardant distraitement autour de moi. Tout type de magasin était présent dans cet immense centre commercial. Nous avions déjà passé une bonne heure au supermarché alors que la civilisation semblait manquer à la plus part des autres loups-garous. Mais ce n'était pas mon cas. J'aimais vivre en retrait du monde moderne, loin de sa pollution, de son brouhaha incessant, de sa violence, de sa culture du superficielle. J'étais plus à l'aise dans la forêt. Plus à l'aise loin de la foule.

Mais, pour quelques minutes ce n'était plus mon obsession incessante. Son anniversaire. Je n'avais même pas pu lui offrir quelque chose, même pas pu lui souhaiter. Or ce n'était pas ce qui me tourmentait le plus, c'était de savoir si elle accepterait que je lui souhaite. Peut-être que ce serait un bon moyen de lui dire que j'étais désolé ? Peut-être que si, moi aussi, je trouvai un cadeau, elle accepterait au moins de me parler ? Je souriais tristement. Qu'elle cadeau pourrait compenser ce que j'avais fait ? Qu'elle cadeau pourrait faire qu'elle ne me regarderait plus avec cette terreur que j'avais lu dans ses yeux ce soir là ? Il fallait se rendre à l'évidence. Aucun. Je me stoppai face a une vitrine, mornement. Je ne me sentais même pas le droit de prétendre lui offrir le moindre présent. 

- Tu tire une tête d'enfer, me souligna une voix masculine en me faisant me détourner. Tu ne devrais pas te prendre autant la tête, elle te pardonnera.

- Tu devrais t'occuper de ce qui te regarde, Devon, soufflai-je en m'écartant, agacé que tout le monde semble vouloir se mêler de mes affaires.

- Cela me regarde, tu es mon meilleur ami et elle est ma meilleure amie, rétorqua-t-il. Aller mon vieux, il est tant de te ressaisir. Tu veux te faire pardonner ? Alors fait-le.

- Comme si c'était aussi simple, me braquai-je aussitôt en plantant mes yeux dans les siens. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que je me pointe comme une fleure en lui disant pardon ? Cela ne suffira jamais.

- Ce serait une première étape, oui, répondit-il en haussant les épaules. Peu importe que cela suffise ou non. Fait ce qui te semble juste. Gâte-là, demande lui cent fois pardon, a genoux-toi, supplie-la. Peu importe mais fait-le.

- Cela ne suffirait pas, murmurai-je en serrant les poings. Rien ne compensera ce que j'ai fait.

- Et ne rien tenter serait mieux ? Balança-t-il un peu plus froidement. Tu as raison, peut-être qu'elle ne te pardonnera jamais mais si tu ne fais rien, c'est certain même que ne le fera pas. Tu es libre de faire ce que tu souhaite mais le mec avec qui j'ai été pote avait plus de cran que ça.

Devon m'offrit déjà son dos, se dirigeant vers un petit groupe de deux autres loups dont Nathan faisait partit, mais avant même qu'il ne songe à les rejoindre réellement ma main saisit son poignet. Je grondai sourdement alors qu'il dirigeait à nouveau son visage vers le mien, un large sourire satisfaisait s'étalant sur ses lèvres. Il avait joué habillement. Devon était bien plus malin qu'il ne le laissait croire, je l'avais appris à mes dépends à de nombreuse reprise et je venais à nouveau d'en faire les frais. Il avait l'apparence d'un gamin enfantin, joueur et écervelé mais ce n'était qu'une maigre facette de sa personnalité. Devon était quelqu'un de fière, de droit et surtout d'intelligent. Bien plus que la moyenne.

- Aide-moi, balançai-je vivement, trop gêné de demander de l'aide à quelqu'un même si ce n'était que cet abruti de loup. Aide-moi à lui trouver un cadeau.

- Tu es son lié, non ? N'es-tu pas le plus apte à trouver une idée ? Siffla-t-il aussitôt surpris. Tu es celui qui a accès à la moindre de ses pensées et tu me demande de l'aide à moi ?

- Je la connais mieux que quiconque, approuvai-je. Mais tu es celui qui la comprend le mieux...celui en qui elle a le plus confiance.

Il écarquilla aussitôt les yeux et je fus surpris de les voir s'embuer avant qu'il n'éclate d'un rire sonore et franc. Des yeux intrigués se braquèrent dans notre direction, me mettant un peu plus mal à l'aise alors que Devon, se fichant royalement d'attirer l'attention, glissait son bras autour de mon coup en m'entraînant derrière lui. Je finis par sourire légèrement malgré tout. 

Devon non plus n'avait pas le moral. Séparé de son marqué et mort d'inquiétude pour Keylinda, il tâchait de camoufler ses sentiments derrière son habituel bonne humeur mais il ne m'avait pas trompé. Il doutait de lui-même. Il avait peur. Et surtout Kenan et Keylinda lui manquait bien plus qu'il ne se l'avouait à lui-même. Alors je suppose que j'avais voulu le rassurer sur sa qualité de meilleur ami, statut que Keylinda lui avait assuré bien avant mon arrivé. Il avait gagné sa confiance. Gagné son affection. Il avait réussis la où moi je m'étais rétamé. Il la comprenait, il l'acceptait pour ce qu'elle était. Il l'encourageait, la soutenait. Coûte que coûte, quoi qu'il arrive il était derrière elle, prêt à bondir sur la moindre contrariété. C'était un ami plus que précieux et qu'elle chérissait.

Au fil de la journée, je ne pu que me détendre avec la présence de ce type bruyant et agité. J'avais presque oublié ce qu'était ce sentiment. S'amuser. Rire. Se détendre. Pendant une brève journée j'allais prétendre à retrouver une vie normal, une vie où ma seule préoccupation serait de fêter dignement l'anniversaire de ma petite-amie. Même si celle-ci n'était pas vraiment au courant qu'elle l'était. Enfin, peu importe, personne ne m'interdisait de rêver. Devon m'aidait dans mes choix alors que j'avais clairement décidé de me faire pardonner à tout prix. Je ferai le nécessaire, quoi que cela me coûte. Et la première étape serait de me répandre en excuse à son retour, mais c'était à la deuxième que je me consacrai aujourd'hui : la gâter.

Mais c'était une tâche plus difficile que je ne le pensais. Keylinda était une femme. Il avait donc été évident pour moi de me diriger vers une bijouterie. Devon avait aussitôt grimacé à mon idée. Keylinda était une femme en apparence, c'était tout. Les bijoux avaient été éliminés. Et de toute manière mon instinct de combattant se refusait à lui offrir quelque chose qui pourrait devenir un danger. Un bijou pouvait s'agripper à n'importe quoi. Pire : quelqu'un pouvait s'y agripper. C'était donc hors de question.

Et au bout de deux heures nous avions du admettre que trouver un véritable cadeau digne de ce nom, à cette nana, était une véritable épreuve. Rien ne convenait parfaitement. Terrassé par nos recherches, nous nous effondrions tout deux à la table d'une terrasse, éclatant d'un rire sonore devant notre désarrois le plus totale.

- Il va falloir qu'on y réfléchisse plus sérieusement, finissais-je par lâcher après le passage d'une serveuse. Peut-être que l'on pourrait demander l'avis des filles ? Je n'ai pas eu de nouvelle de Saphira depuis un moment mais on devrait pouvoir la contacter.

- Je sais que Tamara est rentrée de l'Autre Monde il y a peu, elle pourra nous aider, affirma Devon alors que son visage se fermait brutalement.

J'hésitai une brève seconde. Je savais pertinemment pourquoi il perdait son sourire, très peu de personne était capable de le faire sombrer dans des sentiments négatifs. Kenan et Keyli en faisait partit mais ce n'était pas d'eux dont il était question. Jena. C'était plus que évident qu'il pensait toujours à elle tandis qu'elle avait disparu dans la nature très peu de temps après le départ de Keyli, ne laissant aucune indication, aucun message pour nous faire part de ses intentions. Je soupirai avant de me lancer :

- Tu l'as cherché, n'est-ce pas ?

- Je vois pas de quoi tu parle, lâcha-t-il alors que sa main trembla légèrement sur la tasse que déposait la serveuse devant nous.

- Te fiche pas de moi, rétorquai-je après avoir remercié brièvement l'employée dont les larges sourire m'exaspérait. Tu sais pertinemment de qui je parle.

- Qu'est-ce que cela peut te faire ?

- La même chose que toi quand je me ronge les sangs à propos de Keyli. Déballe ton sac.

- Y a pas grand-chose a dire, finit-il par soupirer. J'ai cherché, j'ai pas trouvé. Voilà tout.

- Pas la moindre trace ? Elle a forcément dû laisser des pistes, affirmai-je en fronçant les sourcils, n'appréciant pas du tout la nouvelle.

- Pas la moindre, répéta-t-il en fixant sa tasse de café noir. Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle n'a rien laissée au hasard. Elle a complètement disparu.

- Tu pense qu'elle pourrait avoir rejoins Geoffrey ? Finis-je par demander après quelques minutes d'un silence lourd.

- Non.

Réponse brève. Concise. Mais emprunt d'un doute plus que flagrant. Je passai ma main dans ma nuque relativement mal à l'aise dans cette situation. Il fallait envisager qu'elle ait pu nous trahir définitivement, après tout elle avait été prête à tuer Keylinda pour retrouver ses souvenirs. Peut-être avait elle renoncée à ce projet, cependant cela ne signifiait pas qu'elle avait renoncée à aider les partisans de Borvo. En réalité, ce qui m'inquiétait le plus était la réaction de Devon si tel était le cas. Il l'aimait. Le sentiment n'était qu'un bourgeon mais un rien le ferait éclore et l'espoir lui permettait de le faire grandir jour après jour. 

- Pourquoi encore la défendre ? Qu'as-tu vu en elle qui te fait ainsi croire en elle quand elle nous a déjà trahi une fois ?

- Je ne sais pas, avoua-t-il crispé et son dos largement voûté. Mais je refuse de croire qu'elle nous ait réellement trahi. Je ne peux pas, tout simplement.

- Et je te remercie de ta confiance.

Nous sursautions tout les deux et, d'un même mouvement brusque, nous étions debout prêt à faire face à n'importe quel assaillant. Néanmoins, ni Devon ni moi n'osions bouger alors que ce tenait devant nous un visage familier. Le cœur de Devon devait lui jouer des tours alors que je grondai en signe de menace en constatant qu'elle était accompagnée d'un homme que je ne connaissais pas. Un ange. Geoffrey ? Si c'était le cas, nous étions mort. Sans aucun doute possible. Mes jambes se voûtèrent alors que j'étais prêt à bondir, tâchant de réfléchir, dans un même temps, à la moindre petite chance de nous échapper.

- Du calme, entama aussitôt Jena en levant ses mains devant elle. Nous ne sommes pas vos ennemis. S'il te plaît Andréa, laisse-moi une chance.

- Pourquoi le devrais-je ? Assenai-je en grondant plus lourdement, me fichant bien des murmures qui commençaient à se répandre autour de nous avec inquiétude.

- Parce que celui qui se tient devant toi peut devenir notre meilleur atout, souffla Devon en attirant mon attention. Uriel.

Incrédule, je posai à nouveau mes yeux sur l'homme inconnu. Un visage pâle, des traits presque trop fin pour un homme. Des cheveux mi long d'un noir corbeau. Les joues légèrement creusées et de larges cernes encadraient ses yeux d'un gris pâle. Il semblait presque mort et pourtant quelque chose en lui débordait d'une vitalité envoûtante. Le fixer était plutôt désagréable, un léger sentiment de malaise gênant ma poitrine comme pour intensifier cette sensation. Je comprenais alors que Devon visait juste. Devant nous ce tenait une légende, devant nous ce tenait l'unique marqué ayant jamais pu influer sur la vie et la mort. Et si ça présence devant nous m'impressionnait, je ne savais pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

Par contre, je sus avec précision que le bourgeon avait été arraché. Déraciné. Écrabouillé sans la moindre douceur. La main de Jena étroitement nouée à celle de Uriel ne trompait pas. Ils étaient liés. Plus encore, ils étaient visiblement amant. Et je ne pu que comprendre la douleur qui envahit l'esprit de Devon, elle faisait écho à la mienne. Mais je n'avais pas le temps de lui dire que j'étais désolé, ni même le temps de tenir, à mon tour, mon rôle d'ami. Je le ferai plus tard, pour le moment nous avions une toute autre préoccupation : étaient-ils des alliés ou des ennemis ? Je plantai mes yeux dans ceux de Jena qui les affronta sereinement. Mais malgré toute la colère que je ressentais à son encontre, je du faire face à l'inévitable. Elle était une alliée. Une alliée plus que précieuse

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