Le pouvoir de la Lune.

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- Que fabriques-tu, petite ?

- Il me faut plus de lumière, murmurai-je, sans réellement répondre au centaure tant ma voix était inaudible.

- Sois prudente. Ils ne vont pas tarder à revenir.

Je ne répondis pas. J'en avais parfaitement conscience. Je devais me dépêcher. Je le présentais. Je savais que, bientôt, le grand moment allait arriver. Cela faisait déjà plus de deux semaines que Dan m'était apparu. Deux semaines que j'avais passées entre torture et espoir. La torture, plus violente et régulière que jamais tandis que le démon semblait à bout de patience. L'attaque psychique n'avait visiblement pas eu assez d'efficacité à son goût, il revenait donc à la torture plus physique. Ma peau était couverte de petites plaques rouges, résidus de brûlure que mes dons résorbaient péniblement.

Mais, malgré la douleur, je n'avais plus sombré dans le même désarroi, dans le même abandon, dans le même vide. Mon esprit parvenait à rester à la surface de l'eau. Il nageait tant bien que mal. Pas pour moi. Mais pour eux. Pour ce que je représentais. Car, aujourd'hui, je prenais conscience que Dana n'était pas la seule à attendre quelque chose de moi. D'autre l'avait fait. Nana, en me confiant ce médaillon, m'avait légué son bien le précieux. Parce qu'elle était persuadée que j'en aurai l'utilité. Le besoin. Et si Dan avait choisi de me confier ce souvenir, cela devait signifier plus encore que je ne le supposais. J'étais née dans un but particulier

Mon corps se détendit alors que la pierre, que je tentai de manipuler depuis des heures, se décida enfin à bouger. Elle laissa passer un rayon plus épais, plus net. J'eus un frisson de délice. Le soleil tapait haut dans le ciel, aujourd'hui. Je brûlai d'envie de le voir, de sentir sa chaleur sur ma peau, d'admirer le paysage. Depuis ces derniers jours, je retrouvai l'envie de vivre. L'envie de sentir les odeurs que j'avais toujours aimé : le pain sortit du four à la boulangerie, celle des sapins en forêt, l'odeur de ma mère, celle de la lavande que ma grand-mère cultivait dans son jardin. Je voulais aussi passer mes doigts dans la fourrure d'Isidora. Retrouver le délice du goût des cerises, des choux à la crème ou encore des épices dont ma mère abusait souvent dans ses plats.

Mes doigts se glissèrent dans la petite fente qui s'élargissait petit à petit au fil des jours. Il avait été compliqué de l'agrandir, la crevasse plus que minime à l'origine. Mais je sentais mes dons devenir de plus en plus fort chaque soir, me motivant à persévérer dans ma laborieuse tâche. Car ce n'était pas le soleil qui me manquait le plus. Ou, plutôt, qui manquait à mon corps et mon énergie. C'était la lune. Dan m'avait appris un fait que tous les marqués connaissaient, mais qu'aucun n'avait prit le temps de me donner. Ou, simplement, eut le temps de me donner.

Un marqué pouvait perdre ses pouvoirs. Entièrement. Dans un cas unique et précis. Il suffisait de le priver des rayons de la lune durant plusieurs jours. La sphère argentée étant le symbole de Dana mais aussi de l'espoir, de la pureté et, surtout, de la fertilité. Elle inondait les marqués, leur conférant force et pouvoir.

Je soupirai avant de me laisser retomber sur mon lit, terrassée par la fatigue. Je fixai le plafond délabré de ma cellule alors que l'une de mes mains remontait déjà, machinalement, jusque dans mon cou. Elle voulut se refermer sur quelque chose mais ne trouva que du vide. Je me mordis la lèvre. Je n'avais plus mon médaillon. Et il fallait, définitivement, que je le retrouve au plus vite. Il était étrange de découvrir l'importance d'une personne ou d'un objet lorsqu'il disparaissait. J'avais toujours porté ce médaillon, je le chérissais sincèrement mais j'avais toujours cru que si, par malheur, je le perdais un jour je m'en remettrais. J'avais eu tort. Réellement tort. Ce bijou représentait trop de chose et ceux même bien avant que je ne découvre les secrets qu'il renfermait. C'était Nana qui me l'avait offert. Quand je portais mes doigts sur le K calligraphié, c'était comme si elle était là, avec moi. Je parvenais presque à entendre sa voix grave, à voir ses yeux se plissés alors qu'elle cherchait à mieux me regarder tandis que sa vue baissaient d'année en année.

Water Lily : l'éclosion.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant