Géniteurs

By DansLesYeux

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Aurore vit dans une société où une pandémie a éradiqué presque toute l'humanité. Depuis cet événement, les pa... More

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Bonus 2 - Edan
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Bonus 3 - Edan
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Bonus 4 - Jude
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Bla bla bla ...
F.A.Q
Explications ...
Surprise !

Épilogue

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By DansLesYeux

Des pleurs me tirent de mon sommeil pourtant lourd. Je couvre mes oreilles de mon coussin.

- Lève toi c'est à ton tour, me dit Louise en me tapant le dos.

- C'est ton gosse, je réponds à travers le tissus de l'oreiller.

J'attends un peu, mais Louise n'est pas décidée à bouger. C'est à contre coeur que je me lève donc pour aller voir son petit garçon. En passant, je regarde l'horloge qui affiche quatre heures du matin.
Je pousse un profond soupire avant de me pencher par dessus son berceau.

- Alors petit mec, chuchoté-je. Comme ça on est pas content ?

Je le prends délicatement dans mes bras. Il bave un peu et sa couche est lourde.

- Caca ? Demande Louise.

- Caca.

Je vais ensuite dans la salle de bain pour lui changer sa couche.

- Vivement le jour où tu pourras faire tes besoins dans les toilettes, comme tout le monde. Hein, petit truc.

Je ne sais pas pourquoi, mais depuis qu'il est né, j'ajoute "petit" partout.
Petit mec, petit truc, petit garçon, petit koala, petit petit.
Petit Nolan.

C'est Louise qui a choisi ce prénom. Et je l'ai su que le jour de sa naissance. Je pense que c'est la ressemblance avec "Nhoa" qui a permis à Louise de se décider.
Mais Nolan me fait penser aussi à Nélo. Peut-être que Louise à fait exprès de regrouper ces deux prénoms pour former Nolan. Peut-être que je suis parano.
Mais j'aime Nolan, j'aime son prénom.

- Allez, au dodo maintenant.

Je le prends délicatement et je vais le reposer dans le berceau. Il s'endort presque instantanément.
Je me recouche péniblement, fatiguée de devoir faire ça toutes les nuits.

- C'est bientôt fini, me dit Louise. J'aurai mon appartement la semaine prochaine.

Je me retourne vers elle pour la regarder.

- Je suis bien avec toi. Je vais me sentir seule après ...

- Tu ne seras pas seule, je serai juste en face ! Et puis il y a Edan et Jude.

Je ferme les yeux.

- Ce n'est pas aussi simple ... Les choses ont changé ...

- Ne prends pas cette excuse. Ils seront tous les deux toujours là pour toi ...

Je repense à Jude.
Cela fait depuis plusieurs longs mois que nous nous croisons, que nous nous sourions, mais que nous ne nous parlons pas. Je suis redevenue timide, comme si je devais tout recommencer, en partant des présentations.

Je n'ai pas eu ce problème là avec Edan. Nous nous sommes quittés en bons termes et même si faire face à cette réalité était dure, nous sommes passés au dessus. Je suis entourée de gens que j'aime et qui m'aiment, c'est tout ce qui compte.

- Vous avez besoin l'un de l'autre, c'est évident. Bouge toi le cul pour faire avancer les choses ...

J'ouvre les yeux et je tourne la tête pour regarder Louise.

- Et toi ? Comment vas-tu ?

Un immense sourire étire ses lèvres même si une lueur de tristesse empli ses yeux.
Elle est heureuse, mais Nhoa n'a pas quitté son coeur.

- Je suis comblée. Mon fils est tout ce dont je rêvais et je ne demande rien d'autre. Or, je sais que tu veux Jude. Ardemment.

Je lâche un rire discret pour ne pas réveiller petit Nolan.

- Tu n'as pas de secrets pour moi Aurore, dit-elle en me faisant un clin d'oeil.

Nous rigolons ensemble puis je repars dans les abysses du sommeil.

À sept heures, la symphonie de réveils ont raison de mon rêve. Je n'ai pas le temps d'y repenser que je me précipite dans la salle de bain.
L'inconvénient de partager son appartement avec une autre fille (et qui est en plus sa meilleure amie) est de partager aussi la salle de bain. Et cela nécessite une organisation hors du commun.

Maintenant que j'ai enfin mon boulot en tant que Directrice, je dois être au Conseil de la Paix à huit heures trente. Ce qui me laisse le temps. Louise doit quand à elle assister à des cours à partir de huit heures jusqu'à midi. C'est donc Anouk qui vient garder Nolan le matin.

- N'oublies pas, c'est ce soir ! Me lance Louise quand elle sort de l'appartement.

J'hoche la tête, l'esprit ailleurs.

Je pars à huit heures quinze de l'appartement et je retrouve Katherine au Conseil.

- Alors, trois réunions ce matin. Il faut organiser les Conseils de Rarya, entamer une rénovation de la ville mais surtout consulter les habitants.

J'hoche la tête.
Mon boulot me comble. Certes, mon appareil photo de manque, mais mes ambitions ont changé, alors je ne regrette rien. Depuis dix mois que j'ai commencé les cours à Utopia, j'ai appris plus de choses qu'en dix-huit ans d'existence.
Je passe mes journées dans ce centre, mais je m'y sens bien car je m'y sens utile.
L'un de mes objectifs est de voyager pour rencontrer les autres Hommes présents sur la Terre. Canada, Japon. Je sais que ça risque d'être extrêmement compliqué de mettre au point une nouvelle technologie capable de traverser un océan, surtout grâce aux ressources d'Utopia. Mais j'y crois, et je fais confiance à tous les chercheurs pour ça.
J'ai eu la chance d'assister à une réunion avec des Canadiens par écrans interposés. Maintenant que je suis libre, je compte en profiter pour exploiter cette richesse trop souvent malmenée.

À Rarya, les habitants ont été très récalcitrants au début, mais l'hiver glacial les a convaincu qu'ils avaient besoin de nous. Depuis fin Janvier, les gens deviennent moins hostiles et comprennent de mieux en mieux le monde. Certains continuent de se rebeller mais dans l'ensemble, la paix règne.
Je ne sais pas si Rarya à un avenir, elle semble beaucoup trop petite, mais mon passé influence sûrement mon jugement. Je veux aider les habitants de Rarya plutôt que la ville car cette dernière représentera toujours la cage dorée dans laquelle j'étais enfermée.

Notre Conseil oeuvre beaucoup avec le Conseil du Monde et celui de la Protection. C'est d'ailleurs lors d'une réunion que j'ai découvert que Jude était Directeur au Conseil de la Protection.
Quand à Edan, il travaille en tant que chercheur au Centre de soin, tout comme il travaillait au laboratoire à Rarya.

Les réunions de ce matin se passent bien même si j'ai la tête ailleurs.
J'aime énormément Nolan, mais depuis qu'il est né, mes nuits se résument à parfois moins de cinq heures quand il est vraiment pas content.

- Aurore ? Me demande Théo. Tu comptes partir avec l'équipe a Rarya ?

Il me tire presque de mon sommeil. Théo travaille aussi avec moi en tant que Directeur.

- Non, je réponds. Non. Et toi ?

Il hoche la tête avec détermination.

- Je dois y aller.

Je souris. Retourner à Rarya fait renaître en moi des souvenirs trop douloureux pour l'instant. Il y a tant de monde que j'aimerais revoir ... Utopia réunit le plus de monde possible pour les envoyer à Rarya dans le but de créer une nouvelle ville comme la nôtre. Il s'agit de parler aux gens et d'organiser des cours ouverts à tout le monde. Pour l'instant, l'anarchie règne presque. Disons que cela ressemble à une dictature des forces de l'ordre même si peu de violences sont faites.
Je préfère donc agir ici que là-bas. Rien que de penser à ce qu'on inflige à Samuel et Judith me fait mal au coeur, et je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable.
Ils ont été retrouvé peu après l'assaut des soldats à Rarya et depuis, ils sont gardés enfermés jusqu'à ce qu'on décide de leur sort. Pour être honnête, je suis toujours mal à l'aise lorsque l'on me parle de ce que j'ai fait. Je n'ai rien fait, j'ai juste écouté mon coeur, mais pour quelques personnes, je représente la libération de Rarya.
On me demande comment je me sens, on me dit que je devrais être fière, mais je suis surtout gênée et parfois honteuse, parce que la seule chose que je retiens, c'est ce que j'ai laissé derrière moi et ce que j'ai perdu.

Mais je me ressaisi vite car je réalise que j'ai gagné la liberté.

Il me suffit de penser à cette notion pour éclaircir mon ciel sombre de tristesse.
Instantanément je souris, je redeviens optimiste.
Car la seule chose que je regrette vraiment, c'est ma joie de vivre innée que j'ai toujours plus ou moins eu.

***

Je quitte le Centre de la Paix à seize heures, comme tous les jours pour rejoindre le musée où je suis encore des cours. Ce sont ceux que je préfère car ils expliquent en détail tout ce qu'il s'est passé avant la Pandémie. Jusqu'à maintenant, je devais savoir le plus important et donc la période de la Pandémie à nos jours.
Mais l'histoire me fascinera toujours autant par sa complexité. Comprendre le passé pour comprendre le présent et anticiper le futur.

Dans ma salle de cours, une immense frise chronologique recouvre le mur.
Il y a cela une semaine, j'ai vu la révolution française. Ça reste quelque chose de flou pour moi. M'imaginer toutes ces personnes sur le globe, divisées en population et reparties dans des pays me donne le tournis. Mais cela n'en reste pas moins suffisant.
J'ai appris que tout le long de l'humanité, nous nous sommes battus pour la liberté et qu'à partir d'un stade, là où presque toutes les libertés sont données, l'humain s'auto-détruit en supprimant presque tout ce qu'il a construit.

Je suis convaincu que l'homme fonctionne ainsi : arrivée à son apogée, il régresse inévitablement. Parce qu'une fois en haut de la montagne, on ne peut que redescendre.

- Il y a des gens qui se sont battus pour être reconnus et avoir des droits, me dit mon professeur. Et au final, je ne sais pas si la Pandémie était nécessaire.

Monsieur Charrier recentre presque chaque sujet sur la Pandémie et son origine. Je sens en lui une terrible réflexion qui doit surement l'empêcher de dormir.

- Tu vois, les gens se sont battus pour compter pour quelque chose au sein dune société. Certains se sont battus pour supprimer la peine de mort, à leurs risques et périls. Et voilà qu'un jour, tout le monde meurt. Le droit de vie à été abolis.

Je le laisse parler et je l'interrompt très peu de fois car il prononce des paroles que je ne peux ni corroborer, ni réfuter.
Mais aujourd'hui, je lui pose la question à laquelle il ne veut pas répondre :

- Selon vous Monsieur, la Pandémie était-elle nécessaire ?

Il lève les yeux de son crayon pour me regarder. Ses sourcils blancs froncés et ses cheveux tout aussi blancs lui donnent un peu l'aspect d'un fou, mais ce n'est pas une mauvaise personne.
Il enlève ses lunettes pour se frotter les yeux.

- Je pense, oui.

Cette question me torture presque autant que lui. Je ne peux pas dire que cela ait été bénéfique, mais que serait devenu la Terre sans ça.

- Mais, je pense aussi que nous n'en avions pas besoin. Je suis sûr que nous avons juste repoussé l'échéance, car quoi qu'il arrive, nous allons disparaître.

J'hoche la tête.

- Il ne faut sûrement pas se poser cette question, dis-je.

- C'est vrai, lâche-t-il en soupirant. Parfois l'ignorance vaut mieux que tout le reste.

Interloquée par ses paroles, je me penche sur la table.

- Je ne suis pas d'accord. La vérité vaut mieux que tout. Vivre dans le mensonge ne signifie pas vivre. Cela signifie être manipulé.

Il lève les mains devant lui et les laisse tomber mollement.

- Je sais que ce que vous avez enduré n'est pas facile Mademoiselle. Je suis désolé si je vous ai offensé. Sur ce, je pense que nous devrions nous quitter.

Je me lève rapidement, un peu en colère.

- À demain, dis-je en sortant de la pièce.

Je marche rapidement quand je me rends compte qu'il est plus de dix-huit heures. Louise arrive à dix-huit heures pile et elle ne supporte pas arriver avant moi.
Le batram est bondé, ce qui accentue ma nervosité.

Finalement, je pousse la porte d'entrée de mon appartement avec une immense joie, mais ce n'est pas seulement Louise qui m'accueille, mais une dizaine de personnes. Elles sont toutes en admiration devant Nolan, puis ils me regardent interloqués par mon entrée soudaine.

- Ah bah c'est pas trop tôt ! Hurle presque Louise qui sort du tas de personnes. Je t'avais dit que c'était ce soir !

Je secoue la tête et fronce les sourcils.

- Quoi ? Demandé-je en la regardant s'approcher.

- Je t'ai dit que je faisais un petit truc pour fêter mon déménagement et les deux mois de Nolan.

J'accroche ma veste au porte manteau tout en parcourant la pièce du regard.
Et je me stoppe sur une tête blonde que je redoutais secrètement de voir.

Jude est là.

Mon coeur s'emporte et je vais vite dans la salle de bain pour me cacher du regard des invités.
Jude.

Je comprends mieux pourquoi elle m'a parlé de lui ce matin.
Je sors dans le salon pour rejoindre Louise, je la prends par le poignet tout en glissant avec un sourire mielleux :

- Je vous l'emprunte deux minutes.

Et je la tire dans la chambre.

- Tu pouvais pas me dire que Jude serait là ?!

Elle sourit immédiatement.

- Je ne savais pas que tu avais besoin de te préparer à le voir ...

Je roule des yeux.

- J'ai passé une journée bizarre ...

- Monsieur Charrier ? Me coupe-t-elle.

J'hoche la tête en soupirant.

- Bref, je n'étais pas prête psychologiquement !

- Mais justement ! Il va te donner des vacances ... Ce n'est pas toi qui m'avait dit qu'il te faisait tout oublier ?

Je rougis en tournant la tête et Louise rigole.
Bien sûr que c'est moi, mais cela fait trop longtemps, même s'il m'est impossible d'oublier la sensation de ses lèvres contre les miennes et du calme que ça m'avait procuré.

- C'est ce soir ou jamais, ajoute-t-elle en sortant de la chambre.

Je tourne vite les talons et je la suis dans le salon avec toutes ces personnes que je ne connais presque pas.
Il me semble apercevoir Edan dans un coin et dès que nos regards se croisent il vient à ma rencontre.

- Tu te sens bien ? Me demande-t-il d'emblée.

Je fais un sourire faux.

- Oui, je suis juste fatiguée ...

Je ne saurais pas vraiment décrire ma relation avec lui. Nous sommes ... amis ?
Mais peu importe finalement.
Je sens qu'il s'est reconstruit peu à peu. Il reste malgré tout quelqu'un de très sensible et j'ai compris que si nous avions rompu, c'est qu'il n'avait plus d'espoir, ni en lui, ni en personne d'autre.

Notre conversation tourne autour du boulot principalement et il s'éclipse pour retrouver quelqu'un qui l'appelle.

Je me sens presque libérée quand je le sens près de moi.

- Hey ! Dit-il.

Je me retourne pour lui faire face.

- Salut Jude, dis-je de façon crispée. Tu vas bien ?

- Très bien ! Et toi ?

Il sourit.

- Parfaitement bien.

- Super ! Alors comme ça tu travailles au Centre de la Paix ?

- Oui, tout à fait, et j'ai cru comprendre que tu travaillais au Centre de la protection c'est ça ?

Il me fait un clin d'œil puis dévoile de nouveau ses dents.

- C'est ça.

C'est en le regardant plus profondément que je me rends compte à quel point il m'a manqué. Ses cheveux blonds en bataille, ses yeux captivants et profonds. Ses fossettes d'ange.
Sa voix, son odeur.

Je veux lui dire. Mais je reste bouche-bée. Nous nous toisons simplement.

- Je peux t'emmener quelque part ? Chuchote-t-il soudain en se penchant vers moi.

Son souffle s'abat sur mon visage. Ma respiration se bloque imperceptiblement.
Je ne quitte pas ses yeux du regard quand j'hoche la tête.
Il me prend ensuite la main délicatement et nous sortons ensemble de mon appartement.

Je ne sais pas pourquoi je pensais qu'il allait m'emmener dans un endroit incroyable, et pour être honnête, je suis un peu déçue lorsque nous arrivons devant la porte de son appartement.

- Vas-y, entre ...

Il me laisse passer et j'entre donc dans son appartement.
Des flash qui apparaissent dans ma tête, je me revois ici, avec lui lorsque nous nous sommes embrassés pour la première fois.

- Tu m'as manqué, remarque-t-il.

Je me retourne pour le voir face à moi.

- Tu m'as manqué aussi, dis-je en souriant.

Cette fois-ci, mon sourire est franc.

- Je préfère ce sourire là que celui que tu m'as servi tout à l'heure. Il est plus ... heureux.

Je rigole légèrement.

- Les gens me rendent nerveuse, et ma journée a été longue.

- Je comprends, dit-il en se rapprochant. Tu es nerveuse maintenant.

- Non, je réponds un peu trop vite.

Il rigole et je tourne la tête.

- Tu voulais me montrer quelque chose ? Je demande pour changer de sujet.

- Non, avoue-t-il. Mais les gens me rendent nerveux aussi.

- Je vois, dis-je en plissant les yeux.

Il s'avance vers le salon et me montre un canapé du doigts.

- Assis-toi je t'en prie.

Je m'exécute calmement et il s'assoit dans l'autre canapé.
Je n'arrive pas à le quitter des yeux, ce qu'il remarque rapidement.

- Oui ?

Je secoue la tête.
Puis j'hésite à lui dire à quel point il m'a manqué. J'hésite à me lever pour le retrouver et le serrer dans mes bras.
Mais il me devance en me transperçant du regard et en me disant sans ciller :

- Personne ne m'a jamais autant manqué que toi, Aurore. C'était dur, putain, j'en ai bavé. Mais ça fait du bien. J'ai réalisé beaucoup de choses. Et la plus importante est que je t'aime.

Je détourne les yeux pour fixer la table basse.

- Tu m'as énormément manqué aussi ... Je m'en rends compte maintenant, mais ... j'ai besoin de toi.

Jude sourit. Je le vois dans ma vision périphérique. Puis, il éclate de rire.

- Nous sommes des enfants, dit-il quand il se reprend. Regarde nous, incapable de faire ce que nous désirons le plus à l'instant présent.

Je souris à mon tour, mais tente de reprendre rapidement un visage impassible.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, déclaré-je le plus sérieusement possible.

Je fixe de nouveau mon regard sur lui, et je le vois hausser les sourcils et faire un rond avec sa bouche.

- Oh, lâche-t-il. Et bien je vais te montrer.

Et dans un même élan, nous nous levons ensemble pour nous retrouver l'un l'autre. Je passe mes brains autour de son cou et l'apaisement est instantané. Mais c'est quand ses lèvres touchent les miennes que je me sens définitivement flotter.

J'oublie tout.

Et c'est exquis.

Mais c'est un baiser chaste qui ne dure qu'un instant. Alors comme pour me demander la permission de continuer, Jude s'éloigne et me regarde.
Je souris et c'est avec joie que je vois ses fossettes apparaître aussi.
Des papillons volent dans mon ventres et c'est avec plus de passion que je l'embrasse encore.

Il passe sa main sous mon tee-shirt pour toucher la peau nue de mon dos, et mes mains se baladent dans ses cheveux. Des frissons traversent ma peau.
Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas ressenti une telle sensation que je me laisse submerger par celle-ci. Je ne contrôle rien, pas même mon souffle anarchique.
Mes sens sont en exaltation, et mon coeur tambourine dans ma poitrine.
Je suis à la fois excitée, apaisée, nerveuse et calme.
J'ai chaud et froid en même temps.
Je suis un paradoxe vivant.

Nos bouchent se mouvent dans un même rythme chaotique qui traduit notre impatience et notre amour que nous ne pouvons plus retenir.
Je me colle tellement à Jude que j'ai presque l'impression de le pousser, mais je suis avide de lui.
Je retrouve l'odeur du bois, des arbres, de la nature. Je retrouve cette fraîcheur perdue.
Sa poigne chaude dans mon dos qui m'attire contre lui me fait sentir en sécurité, dans une bulle qui n'explosera jamais.

Et puis il pose ses mains sous mes fesses et il me soulève pour que j'enroule mes jambes autour de son bassin de telle sorte à ce que nous soyons toujours plus proches l'un de l'autre.
Je me sens tellement bouleversée et délivrée que j'ai peur de pleurer. Ma joie et mon amour surpassent ensemble tous les autres sentiments.
Mon ventre contre le sien et ma poitrine contre la sienne, nous ne formons qu'un.

Je ne peux m'empêcher de sourire sur ses lèvres quand je repense à tout mon chemin parcouru, de Rarya a maintenant. Une sorte d'invincibilité coule dans mes veines. Je me sens vivante et forte. Je sens Jude sourire aussi puis se détacher et me regarder intensément.

- Je préfère t'embrasser quand tu souris plutôt que quand tu pleures, dit-il.

Je rigole et il rigole aussi. Ayant ses joues creusées offertes à moi, je dépose un baiser sur chacune de ses fossettes consciente que j'en ai terriblement envie depuis trop longtemps.
Il relève ensuite mon menton et se penche d'une lenteur insoutenable pour m'embrasser encore.
Nos langues dansent sensuellement et avec volupté. Je prends une grande inspiration et j'empoigne avec force ses cheveux d'or.

Mon cerveau s'arrête presque et mes pensées se stoppent.
Presque.

Car c'est alors que je la ressens : l'innocence.
Je ne suis que moi, j'embrasse l'homme que j'aime. L'ignorance à remplacé la vérité.

C'est une sensation étrange, un laissé aller particulier, mais je pense enfin avoir découvert pourquoi Nolan me regarde avec ses grands yeux innocents et ignorants. C'est parce qu'il aime ardemment.

L'amour est synonyme d'ignorance.

Et je suis maintenant convaincue que Monsieur Charrier a raison : l'ignorance vaut parfois mieux que tout le reste car l'amour vaut souvent mieux que tout le reste.

C'est ce que je dois retenir : la vérité fait mal, la vérité blesse et elle peut empoisonner n'importe qui. Mais il est important de garder en soi une note d'ignorance, une note d'amour qui sera toujours là. Car sans ignorance, il n'y a pas d'amour. Et cela permet à quiconque de voir les limites de l'humanité. Un Homme construit seulement de vérité n'est pas un Homme.

Et je peux dès à présent dire que je suis convaincue que si l'Homme avait gardé un peu d'ignorance et d'innocence, il n'aurait jamais décidé d'amorcer la Pandémie. Il aurait laissé les gens vivre heureux et ignorants.

Mais Monsieur Charrier m'a aussi enseigné que tout fait historique laisse derrière lui une morale, et c'est pendant que j'embrasse Jude que je trouve ma morale : jamais l'amour ne devrait se laisser ronger par l'horrible vérité.

____________________________________________________________________________________

WHAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!
Je suis folle et triste et j'ai envie de pleurer et j'ai peur.
J'ai trop peur bordel !!!

Alors ? ...

C'est bien ?

C'est pas bien ?

C'est vraiment pas bien ?

*Jette son portable contre un mur et va prendre l'air tellement c'est de la merde* ?

Je veux tout savoir !
Je sais que cet épilogue est assez vague car on est seulement quelques mois après, donc il y a tout un pan de la vie d'Aurore qui nous est inconnue.

Personnellement, j'adore cet épilogue, j'adore la fin, j'adore Nolan, et je veux savoir ce que vous en pensez. C'est exactement la fin que je m'imaginais et jusqu'à son écriture c'était assez flou, mais tout s'est fait de façon hyper fluide et parfois il ne faut pas réfléchir, et laisser son coeur écrire pour soi.

Une autre partie arrive juste après, il y a tous mes remerciements et les informations pour la FAQ ;)

J'espère que mon histoire vous a plu, que je vous ai fait voyager et que vous avez aimé lire Géniteurs.
J'ai clairement eu des hauts et des bas, avec une inspiration capricieuse, mais le résultat général me plaît. Il y aura une réécriture, c'est sur et certain, mais dans plusieurs mois, le temps de prendre suffisamment de recul :)

Je sais pas quoi dire, de toute façon je vais me répéter (et je suis sûre qu'au moins 40% d'entre vous sont déjà passés au chapitre suivant).

Bref à tout de suite ! :D

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