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Après être rentrée à la maison avec Edan hier soir, Nélo est venu. L'ambiance était plus qu'étrange et je n'ai échangé presque aucuns regards avec Edan. Je ne sais pas si j'en veux a Nélo d'avoir été dire que j'étais avec Jude, je suis trop confuse pour pouvoir diriger mon attention sur quelqu'un d'autre qu'Edan.

Toujours est-il qu'Alphonse veut me voir ce matin.

Je n'ai pas dormi de la nuit et même si mes paupières sont lourdes et que je sens que mes muscles sont ankylosés, le sommeil ne veut pas venir à moi. C'est surement parce que je réfléchis trop.

Notre dispute d'hier avec Edan me pèse sur la conscience. Je me sens coupable de tout ce que je lui ai fait subir d'autant plus que je n'ai jamais soupçonné le fait qu'il puisse souffrir à cause de moi.

Mais il a raison : j'ai été égoïste. Très égoïste, et j'avais une vision fausse de l'amour. Il me l'a très bien fait comprendre hier : l'amour n'est pas un pays merveilleux, il fait appelle à des sacrifices plus ou moins radicaux et douloureux.

Finalement, je ne sais même pas ce que je dois faire ou non. "Faire attention" m'a dit Edan.

J'aimerais savoir quels ont été ses sacrifices à lui, j'aimerais savoir ce qu'il a fait pour moi que je ne soupçonne pas.

Mais je suis perdue. Nous n'avons jamais été aussi distants lui et moi, et je ne sais pas du tout comment réagir à cette situation. J'ai besoin de conseils ; j'ai besoin de Louise.

Louise.

Bon Dieu qu'est-ce qu'elle me manque ! J'ai tellement besoin d'elle et des ses paroles réconfortantes ! C'est la seule à qui je peux confier ce genre de choses, je ne peux pas garder ça pour moi.

La pièce devient de plus en plus lumineuse au fil des minutes et je décide enfin de me lever. Edan est parti depuis un moment et je commence à ressentir la fraicheur du matin sans son corps qui chauffe les couvertures.

Il me manque.

C'est peut-être ridicule, mais lorsqu'il part chasser le matin, il a l'habitude de m'embrasser délicatement sur le front, croyant que cela ne me réveille pas. Mais il ne l'a pas fait aujourd'hui. Il a préféré s'en aller silencieusement sans me souhaiter une bonne journée.

J'ai la sensation de ne pas avoir profité de son affection et j'ai peur que rien ne redevienne comme avant. J'ai peur de ne plus ressentir ces frissons si agréables et cette chaleur sensationnelle.

Mais je crois que j'ai tout aussi peur de me rendre compte que mes sentiments ne sont plus partagés.

J'enfile mes vêtements que j'utilise pour la journée et je vais me servir un verre d'eau. Comme les autres repas, le petit-déjeuner est servi dans le réfectoire et je mange généralement avec Judith et Samuel le matin. Je pense que j'irai voir Alphonse directement après.

J'ai l'horrible sensation que cette journée s'annonce assez mal, mais après tout, tout est ma faute non ?

***

Après avoir englouti mes œufs et bu ce qui ressemblait vaguement à du café, je me dirige vers la maison d'Alphonse. Il me semble que je n'ai rien dit depuis que je me suis levée si ce n'est quelques onomatopées d'usage.

En arrivant devant les gardes, je remarque qu'ils ne me laissent pas passer comme ils ont l'habitude de le faire quand ils me voient, au contraire, ils me barrent la route et je ne peux plus avancer.

- Alphonse n'autorise la visite d'aucuns membres du village, dit l'un d'entre eux.

Je suis plutôt confuse et je cherche mes mots.

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