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Le lendemain, je me réveille dans les draps blancs. Le lit est entièrement défait. Je suis encore nue la couverture recouvre ma poitrine et mes fesses, mes pieds sont découverts. Hier était la meilleure journée de ma vie et les souvenirs d'hier soir me laissent une délicieuse sensation de bonheur. Edan est allongé à ma gauche et la couverture laisse apparaître son torse parfaitement musclé. Son visage est paisible et ses cheveux sont ébouriffés, je me revoie encore passer ma main dedans. Je ne regrette absolument rien, je suis comblée, je l'aime de tout mon cœur et de toutes mes tripes. Ses cils battent légèrement et il ouvre les yeux. Il semble un peu déboussolé puis il me regarde en fronçant les sourcils. Il baisse son regard pour découvrir ma poitrine qui s'est légèrement dévoilée, il se rallonge soudain et dit :

- J'ai cru un instant que c'était un rêve, j'ai eu peur.

Je me rapproche et je me penche au-dessus de lui.

- Non c'était bien réel.

Je l'embrasse sur les lèvres et il répond ardemment à mon baiser. Je me décolle et je pose mes lèvres sur son cou découvert pendant que sa main fait des allers-retours sur mon dos nu. Ma pudeur s'est envolé et je ne crains pas les regards gourmands d'Edan.

- Louise aimerais te voir, dis-je en arrêtant mes baisers.

Il semble un peu frustré et répond :

- J'aimerais aussi connaître la meilleure amie de ma partenaire.

Je lui souris de façon séductrice.

- Aurore ! Arrête de faire ça, tu sais maintenant qu'on a ... "officialisé les choses" ça va être dur de ne pas te sauter dessus tout le temps.

Je rougis et je pose ma tête sur sa poitrine, je dessine avec mes doigts le contour de ses abdominaux. Je réponds dans un souffle :

- Oui moi aussi.

Nous restons dans cette position plusieurs minutes puis nous décidons de nous lever, à contrecœur.
Le petit-déjeuner est joyeux et je ne cesse de faire l'éloge de Louise et de ses qualités. Nous rigolons à plusieurs reprises. La journée se passe dans la même bonne humeur.

Aujourd'hui je dois me lever pour aller travailler, mais depuis quelques jours, mon enthousiasme décroît de plus en plus. Je vois plus loin que cette petite boutique. J'aimerais faire de la "vraie" photographie, avec mon propre studio. J'aimerais faire de beaux shooting avec des mannequins ou tout simplement des personnes lambdas. Mais peut-être que je suis trop ambitieuse. Dans notre nouvelle société, nous ne sommes pas obligés de travailler, l'objectif premier est d'avoir "de beaux et intelligents enfants". La notion de marché et d'argent à disparue, je sais que nos ancêtres vivaient dans un monde dicté par l'argent et les possessions. Un monde où l'argent était synonyme de puissance. Dans un sens je suis bien heureuse que tout cela appartienne au passé, mais je ne saurais pas dire si notre société est mieux. Tous nos achats sont contrôlés par les banquiers, ils approuvent ou non ce que nous voulons et cela est régit par des règles très strictes comme l'âge, le besoin ou encore le nombre d'enfants. On revient toujours au même point. Nous ne pouvons donc pas acquérir tout ce que l'on veut, en même temps, je comprends parfaitement. La pandémie à fait d'énormes ravages et beaucoup d'animaux ont aussi succombé à cette maladie, de ce fait notre consommation de viande et de poisson est assez limitée même si notre ville a réussi à s'adapter, nous sommes un peu moins de dix milles habitants. Des champs de bœufs sont réapparus et nous arrivons à élever des poissons tel que le saumon dans des milieux artificiels. Or, depuis la pandémie, il n'y a pas que la nourriture qui a fait défaut, beaucoup d'autres domaines ont souffert. La technologie par exemple, nous n'utilisons plus de téléphones portables, et tout ce qui nécessite une connexion "internet" à disparue, il est donc impossible d'utiliser ce qu'ils appelaient les "ordinateurs". Il n'y a plus d'avions, mais cela n'est pas gênant car nous ne pouvons pas voyager, nos communautés sont trop petites et ce serait une perte de temps. Nous devons aussi marcher le plus possible, seuls les taxis sont autorisés, autrement nous nous déplaçont en vélo tout simplement.
Je ne peux pas mettre un jugement sur notre société car je n'ai pas d'élément de comparaison, je ne connais que ça. Mais maintenant que ma vie semble toute tracée, je me pose plus de questions. Je suis consciente qu'il faut repeupler la terre mais notre technique n'est-elle pas trop radicale ? La population ne cesse d'augmenter et un jour, il n'y aura pas assez de nourriture pour tout le monde ou pas assez de place. Et je me dis aussi qu'avec ce système, je devrai quitter Edan dans moins de deux ans. Edan. Je me demande si tout ça n'est pas allé trop vite. Je le connais depuis seulement un mois et nous avons déjà traversé les principales étapes dans un couple. Et puis nous sommes avant tout des Géniteurs. Notre rôle est d'avoir des enfants et notre patrimoine génétique à tous les deux semble être important à transmettre. Mais ce qui me gêne dans le système, c'est la façon d'élever les enfants. Tous les nourrissons vont à l'orphelinat, tout d'abord mixte jusqu'à nos 5 ans. Et à partir de cet âge, on nous sépare selon notre sexe dans deux orphelinats différents : celui dans le secteur des garçons, ou celui dans le secteur des filles.
J'arrive finalement. Je sors de mes pensées et je rentre dans la boutique où je travaille.

GéniteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant