GINNY
– Viens là toi !
Je prends ma meilleure amie par son épaisse chevelure et la tire vers la salle des délégués. Je ne suis pas habituée à y entrer mais exceptionnellement, j'estime qu'aujourd'hui, j'ai totalement le droit de réquisitionner cette salle pour ma séance d'interrogatoire.
Je fais s'asseoir Octavia sur une chaise et me poste devant elle, les bras croisés. Elle grimace en se massant le crâne et je reprends :
– Depuis quand ?
– Gi', je vois pas de quoi tu-
– Depuis quand tu lèches les amygdales de ton délégué en cachette ?
Elle grimace et répond :
– Cette expression est immonde.
– Répond à la question Octavia.
– Pas longtemps, répond-t-elle en haussant les épaules. Quelques jours...
– O'...
– Deux semaines.
– DEUX SEMAINES ? je répète, scandalisée. Tu me caches ça depuis deux semaines ?!
– J'avais peur, ok ? réplique-t-elle en se redressant. C'est tout nouveau, c'est perturbant et... Et je suis terrifiée à l'idée de faire foirer comme toujours !
– Mais justement ! je m'énerve. Je suis ta meilleure amie, je sais quand t'es sur le point de faire un truc stupide, quand tu commences à douter de tout et comment te remettre les idées en place alors pourquoi tu m'as rien dit ?!
– Parce que...
Elle marque une pause et je la soupçonne de ne pas savoir elle-même pourquoi elle a osé me cacher qu'elle avait finalement réussi à pécho son crush.
Elle finit par trouver sa réponse et se laisse retomber sur la chaise :
– Je crois que t'en parler rendait les choses plus réelles et...
– ... Et tu flippes grave, je complète.
Elle ne répond pas, me faisant comprendre que c'est la bonne réponse.
– T'es pas obligée de le crier sur tous les toits O', mais à moi ?
– Je sais... soupire-t-elle.
C'est ce moment que choisit la porte pour s'ouvrir sur Blondie. Je tire une deuxième chaise que je place à côté d'Octavia et ordonne :
– Assit.
Il essaie de protester mais se ravise en lançant un coup d'œil à Octavia. Lorsqu'il pose son postérieur sur sa maudite chaise, je leur lance un regard noir.
– Bon, comment c'est arrivé ? je demande avant de pointer du doigt Octavia et d'ajouter : Et ne me dit pas que c'est un accident, je n'y croirait pas.
– Je crois que ça a commencé le jour où Vi' m'a accompagné à l'animalerie, comme Nathaniel, suffisamment intelligent pour savoir qu'il vaut mieux coopérer. On discutait et à un moment, elle m'a demandé ce qu'on était l'un pour l'autre et...
– Et tu as enfin compris que votre relation d'amitié était un mensonge ? je complète sèchement.
– Oui... il répond dans un murmure avant de baisser les yeux.
– Pathétique ! je soupire avant d'enchainer : Ensuite ?
– Melody m'a fait une crise de jalousie parce que j'étais trop proche de Nate et que c'était pas cool de ma part parce que je savais qu'elle avait des sentiments pour lui et...
– Et t'as commencé à culpabiliser et c'est à ce moment qu'il est entré dans la salle pour défendre ton honneur, c'est ça ?
Silence.
– Non mais je rêve ! je marmonne. Bon, comment vous en êtes venus à vous dire que vous devriez cacher votre relation aux yeux du monde entier, y compris des miens ?
– Je crois que je devrais vous laisser... commence Blondie en commençant à se redresser.
Je lui lance un regard noir et il se rassoit.
– C'est juste que... commence Octavia.
– On voulait éviter ce genre de réactions, complète Blondie.
Elle lui lance un regard effrayé et il comprend qu'il a dit quelque chose qui ne fallait pas.
– Croyez-moi, je reprends, les bras croisés. Si vous voulez cacher aux autres ce qu'il se passe autrement, vous allez devoir vous y prendre autrement parce que vos échanges de regards mielleux en cours, c'est pas ce qu'il y a de plus crédible.
Je soupire avant de lancer un regard à Blondie :
– Casse-toi, faut qu'on parle.
– Tu sais que cette salle est...
– Fais ce qu'elle te dit, le coupe Octavia.
Nathaniel soupire avant d'obéir à l'ordre de sa belle. Il passe devant moi sans un mot et je le stoppe en posant une main sur son épaule.
– Tu sais ce que je vais te dire ? je demande.
– Si je lui fais du mal, je suis mort ? propose-t-il.
– Non ! je m'exclame. Si tu lui fais du mal, la mort sera une récompense après ce que je t'aurai infligé.
– Je n'en attends pas moins de toi, réplique-t-il.
Nous nous lançons un regard entendu et une fois certaine que nous nous sommes compris, je relâche ma prise et il disparaît. Je me tourne vers Octavia et me mets à sourire :
– Je veux tout savoir !
***
– Peggy abandonne le journal du lycée, affirme Alexy d'un air contrarié.
– Mince alors, je marmonne, me fichant bien de ce que Peggy peut bien faire.
– On devrait faire quelque chose...
– Ou alors on pourrait la laisser se remettre en question.
Non, je n'ai pas pardonné les nombreuses rumeurs qu'elle a lancées, et encore moins les articles sur Débrah.
– Avec Armin et Rosa on pensait l'aider à se remettre d'aplomb en lui trouvant un scoop du tonnerre, continue Alexy. T'en es ?
– Même pas en rêve.
– Allez ! insiste-t-il. Ginny ! On a besoin d'aide !
– J'ai pas envie d'aider cette fille ! je m'exclame. En plus j'ai pas le temps.
– Tu devrais lâcher un peu tes cours, t'en fais trop.
Et c'est reparti...
Je reporte mon attention sur mon devoir de maths en ignorant les supplications d'Alexy.
La cloche sonne bien trop vite, me forçant à abandonner mon devoir pour me diriger sans aucune motivation vers le cours de sciences. Ce cours va être une véritable catastrophe !
– Bonjour à tous, nous accueille froidement le dragon. Avant de commencer ce deuxième cours, j'aimerais que tout le monde enfile sa tenue réglementaire. Et en silence ! Merci.
Nous obéissons tous en silence et je lance un regard intrigué à ma meilleure amie qui hausse les épaules et me répond d'un :
– Tu croyais quand même pas que j'allais acheter une blouse alors que mon père en a dix dans son armoire ?
– Je doute que le dragon apprécie de voir la mention "Docteur" sur ta blouse, je réponds.
– Elle est réglementaire cette blouse, c'est tout ce que Madame la prof de-l'année verra.
Oh là, elle commence à chercher un peu trop les problèmes là.
– Bien, reprend le dragon. Maintenant que tout le monde est prêt, je vais vous donner les résultats du test.
Elle commence à lister les noms des binômes et j'échange un regard avec Rosa et O'.
– Rosalya, avec Octavia.
La première pousse une exclamation de joie, et je m'attends au pire...
– Kentin, avec Castiel.
Oh là, il va y avoir un meurtre.
– Lysandre, avec Ginny.
QUOI ???
Je peux d'ici entendre les deux pestes qui me servent d'amies s'extasier et préparer leurs petits plans machiavéliques à propos de Lysandre et moi. La loose vraiment !
Lysandre me lance un sourire timide quand je m'installe à côté de lui et le dragon reprend :
– Bien, aujourd'hui nous allons travailler sur la synthèse de l'aspirine. Je vais noter toutes les consignes au tableau et je passerai dans les rangs pour voir comment vous vous en sortez. En attendant, je vous invite à venir chercher le matériel nécessaire.
Nous obéissons et je tape la main d'Octavia lorsqu'elle saisit le mauvais flacon. Quelle idée peut avoir Rosalya de la laisser s'occuper du shopping de produits chimiques alors qu'elle est dyslexique !? L'année dernière, elle a bien failli faire exploser la salle avec ses bêtises.
Je reviens à ma place et nous commençons à lister les étapes avec Lysandre. Et pour ma part, j'essaie de retenir l'idée d'être dans un mauvais remake du cours de chimie de Twilight. S'il commence à se cacher le nez, je commencerai à me poser des questions !
– Il s'agira donc de réaliser une synthèse organique en suivant un protocole expérimental, affirme le dragon, comme si cela avait du sens.
Etonnamment, nous faisons une bonne équipe avec Lysandre. Une équipe silencieuse, certes, mais une équipe consciencieuse.
La porte s'ouvre sur un employé de l'administration et interpelle notre merveilleux dragon, une histoire de contrat je crois, je suis bien trop concentrée sur mon expérience pour y faire attention.
– N'est-ce pas un peu irresponsable de laisser une classe sans surveillance en plein milieu d'une expérience ? demande pensivement Lysandre.
– Surement, je réponds en suivant l'étape numéro 2 avec soin. Tu peux me passer l'anhydride éthanoïque s'il-te-plait ?
– Attends, je vais m'en occuper, répond Lysandre en prenant le flacon. Je ne sais pas de quoi est composé ce truc et je voudrais pas que... enfin je préfère m'en occuper si tu veux bien.
Je vais caner.
C'est officiel : je vais caner.
Ce garçon est beaucoup trop adorable, il va me tuer.
– N'empêche, reprend Lysandre en regardant autour de nous. Ce cours est beaucoup plus agréable sans cette enseignante.
– M'en parle pas, je souffle. Je fais encore des cauchemars de son cours de dissection.
– Je n'ai pas apprécié la manière dont elle vous a parlé la dernière fois, ajoute Lysandre. C'était mesquin, et déplacé. Et une enseignante ne devrait pas afficher ainsi des élèves.
– C'est pas grave, je réponds en haussant les épaules -n'en pensant pas le moindre du monde. On a l'habitude.
– Ne dis pas ça, répond Lysandre. Tu as le droit de le dire quand quelque chose ne va pas.
Je lève les yeux vers lui et ne peux m'empêcher de lui répondre par un sourire.
– Qu'est-ce que c'est que ce chantier ?! s'exclame le dragon en revenant. Retournez-tous à vos places ! MAINTENANT !! Je suis très déçue de votre classe, je vous croyais plus matures à votre âge. Remettez-vous au travail !
Blondie lève la main.
– Vous êtes le délégué principal, n'est-ce pas ? répond le dragon. Je vous avais demandé de surveiller les autres mais ce n'est visiblement pas votre fort.
Je peux d'ici visualiser Rosalya essayer d'empêcher Octavia de jeter le contenu de leur ballon sur le dragon. Néanmoins, le nouveau Nathaniel qui s'est acheté un caractère ne se laisse pas démonter :
– Excusez-moi Madame, mais la plupart des élèves ont eu du mal à comprendre les différentes étapes de l'expérience, ce qui explique un peu le chahut... Pourriez-vous nous réexpliquer s'il-vous-plaît.
Le dragon regarde Blondie comme s'il était le plus grand des imbéciles avant de reprendre ses explications exactement de la même manière qu'elle les avait formulé quelques minutes plus tard.
Et comme c'était prévisible, le drame se produit :
– Lâche ça ! s'exclame Ambre. Tu fais n'importe quoi !
– Espèce de... commence Armin avant d'être coupé.
BRAOUUUMM !