NATHANIEL
Cette nuit j'ai rêvé d'elle.
Je la rencontre dans tous mes rêves. C'est là qu'elle soigne chacune de mes plaies, visibles ou invisibles. Je la sens poser ses lèvres sur mes bleus et ils disparaissent comme par magie. Ma peau frissonne au contact de son souffle dans mon cou, à celui de ses cheveux sur mon épaule. Son parfum m'envoute un peu plus chaque nuit et je tombe un peu plus sous son charme.
Mais à chacun de mes réveils, son parfum continue de me hanter mais l'étreinte de ses bras disparaît.
Cette nuit j'ai rêvé d'elle.
Et pour la première fois, je la rencontre à mon réveil.
Sa respiration est lente et régulière, signe qu'elle dort toujours. Nous n'avons pratiquement pas bougé dans notre sommeil, à quelques détails près. Mes doigts sont désormais liés aux siens, nos jambes également et ses cheveux chatouillent mon oreille alors que son visage s'est calé contre mon épaule.
Je bouge doucement pour me mettre sur le dos, craignant de la réveiller. Seul un léger soupir s'échappe de ses lèvres et elle bouge légèrement pour mieux se caler contre moi. Je ferme les yeux un instant, essayant de faire redescendre la pression mais mon corps ne semble pas vouloir coopérer. L'odeur de noix de coco de ses cheveux et sa main posée sur mon ventre sont une véritable torture mais je n'aimerais qu'elle cesse pour rien au monde.
Et pourtant...
Le soleil se lève, ou comme le dirait Shakespeare : "Les bougies de la nuit sont éteintes et le joyeux matin avance à petits pas sur les crêtes vaporeuses. Je dois partir et vivre, ou rester et mourir."
Si ce n'était pas ma chambre, je prendrais ce risque. Mais je ne suis pas à la place de Roméo, je suis ici à ma place. Et même si j'ai l'impression qu'elle aussi y est, je ne peux pas me permettre de lui faire prendre ce risque. Elle en sait déjà beaucoup trop.
Et pourtant, elle paraît si paisible...
Je ne peux m'empêcher de me demander si j'hante ses rêves comme elle hante les miens, si ses pensées s'égarent parfois vers moi comme les miennes s'égarent vers elle.
Mes doigts effleurent son visage, dégageant les quelques mèches frisées qui s'y sont réfugiées et je la vois froncer des sourcils. Je continue mon manège, préférant la réveiller en douceur, et un léger grognement s'échappe de sa gorge alors replace son visage contre mon cou, son nez frottant à plusieurs reprises contre celui-ci. Cela s'avère plus compliqué que prévu...
Mon esprit me presse de la réveiller pour la faire partir mais mon cœur m'implore de ne rien en faire. Je pourrais rester là quelques minutes de plus et fermer les yeux en imaginant un monde différent dans lequel nous ne serions pas des âmes brisées par nos familles respectives. Mais un bruit à l'étage me rappelle à l'ordre. Nous ne sommes pas dans ce monde imaginaire. Ici, la réalité est toute autre.
Alors je me contenterai de continuer à rêver d'elle la nuit prochaine, puis la suivante...
***
NDA : confession nocturne, j'adore écrire les chapitres du pdv de Nathaniel...