GAME - Charles Leclerc/Max Ve...

By RedBoulette

15.4K 845 4.6K

« Le premier de nous deux qui embrasse l'autre a perdu. » Il n'était un secret pour personne que les tensions... More

GAME
1 - MONTREAL
2 - ABOUT LAST NIGHT...
4 - SPIELBERG
5 - SILVERSTONE
6 - BUDAPEST
7 - SPA FRANCORCHAMPS
8 - ZANDVOORT
9 - KELLY
10 - ANOTHER TIME

3 - BARCELONA

1.3K 74 310
By RedBoulette



- CHAPITRE 3 -

BARCELONA

_________________________________

♪ : Do I Wanna Know – Arctic Monkeys

_________________________________

Barcelone. 10ème manche de l'année.

Après une semaine de pause, Charles était plus qu'heureux de fouler les pistes à nouveau. Malgré ce qu'il considérerait avoir été un fiasco de la part de son équipe au Grand-Prix du Canada, il ne perdait pas espoir : il était encore largement en lice pour le championnat, Max ayant tout juste quelques points d'avance sur lui. Ainsi, il était plus déterminé que jamais, intimement convaincu que cette année serait enfin la sienne.

La chaleur était intense en ce mois de juin et le pilote, à peine entré dans le paddock, transpirait déjà légèrement. Il réajusta ses lunettes de soleil tout en discutant du week-end à venir avec Carlos, son coéquipier. Celui-ci était totalement dans son élément : après tout, c'était son home Grand-Prix. Pour autant, le monégasque ne comptait pas lui laisser une seule chance d'entrevoir la victoire.

Ils se dirigeaient tous deux vers l'espace média lorsqu'au détour d'un couloir, un rire retentit, que Charles identifia immédiatement comme étant celui du champion du monde en titre. Il se tendit, appréhendant soudainement leur rencontre alors qu'il y avait pensé toute la semaine et qu'il avait minutieusement élaboré un plan d'attaque dans sa tête.

Lorsque le visage souriant de Max apparut au bout du couloir et qu'il croisa son regard, tout ce qu'il avait préparé s'évapora instantanément. Gêné, il ne put que détourner les yeux. En cet instant, il aurait préféré se retrouver face à une armée de serpents plutôt que face à Max Verstappen. Et pourtant, dieu sait qu'il haïssait ces bestioles.

- Hey, Charles ! Il le salua.

Le pilote Ferrari accéléra le pas, lui rendit brièvement son signe de la main, marmonna un « Salut » à peine audible et traça à toute vitesse. Max se retourna sur son passage, étonné. Se disant qu'il devait sûrement être en retard pour la prochaine conférence de presse, il haussa les épaules vers Daniel qui l'interrogeait du regard et poursuivit son chemin.

Le monégasque prit le premier embranchement à sa portée et soupira de soulagement une fois hors du champ de vision de son rival. Il se maudit intérieurement. Pour quelqu'un qui comptait faire comme si de rien n'était et récolter des informations discrètement, il était plutôt mal parti !

Il sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule. Carlos le regardait d'un air intrigué.

- Tout va bien avec Max ?

Il sentait que le week-end allait être long.

_________________________________

Le vendredi, Charles peinait à maintenir sa concentration : il avait tout fait pour éviter le néerlandais la veille et, malgré tout, il ne cessait de penser à lui. Max était partout dans sa tête, c'en était aberrant. Heureusement, il avait été très occupé ce jour-là, ne lui laissant que peu d'opportunités de le croiser.

Les essais libres de la journée ne se passèrent pas très bien pour lui. Ses temps n'étaient pas terribles, il avait dépassé plusieurs fois la délimitation de la piste et il luttait contre sa voiture à chaque virage : habituellement, il ne faisait qu'un avec elle mais cette fois-ci, il avait plutôt la sensation de devoir apprivoiser une bête sauvage.

Bref, cela annonçait la couleur du week-end.

En descendant de la voiture, Max avait le sourire aux lèvres : il était très content de ses performances du jour et des sensations qu'il avait eu en piste ; son ingénieur de course lui avait appris un peu plus tôt à la radio qu'il avait décoché le meilleur temps.

Il retira son casque et sa cagoule, enfila une casquette et se dirigea vers les écrans affichant les temps de tous les pilotes. Il fut surpris de constater qu'il était talonné de près par Lando et George. Plus surprenant encore, l'acronyme LEC n'apparaissait qu'à la huitième position. Il n'osa pas demander à ses équipes ce qu'il s'était passé du côté du monégasque, cela paraitrait un peu suspect. Au lieu de ça, il décida d'aller parler directement à son rival plus tard dans la journée.

Mine de rien, il était un peu inquiet. Charles l'avait complètement évité la veille et ils n'avaient même pas échangé trois mots depuis leur arrivée à Barcelone, ce qui était très inhabituel, eux qui passaient beaucoup de temps ensemble lors des week-ends de Grand-Prix. Il se demanda un instant si cela avait un rapport avec leur soirée deux semaines auparavant ou si son ami avait un quelconque problème personnel à gérer.

L'occasion parfaite d'y voir plus clair se présenta à lui lorsqu'en se dirigeant vers l'espace dédié aux interviews, il croisa le pilote Ferrari marchant en sens inverse.

- Charles ! Il l'interpella.

Celui-ci poursuivit sa route sans faire attention à lui, ce qui agaça légèrement Max. Lorsqu'il parvint à son niveau, il se saisit gentiment de son bras gauche.

- Hé Charles, ça va ? Il questionna doucement.

Le monégasque releva brusquement la tête vers lui, surpris. Peut-être qu'il ne l'avait simplement pas entendu, perdu dans ses pensées.

- Max ? Salut. Il marqua une pause, gêné. Ouais, ça va, c'est juste pas la journée que j'espérais.

- Un problème avec la voiture ?

Charles rit doucement.

- Si tu crois que c'est à toi que je ferais ce genre de révélations, il sourit malicieusement, tu te trompes.

- Je suis inquiet pour toi, c'est tout. T'as pas l'air dans ton assiette ce week-end.

Max avait répondu le plus sérieusement du monde, surprenant à nouveau son ami. Il était touché, mais ne savait pas trop comment réagir, embarrassé par le fait que le champion du monde s'inquiète pour lui, alors qu'il était la raison même pour laquelle Charles se comportait étrangement.

- T'as raison, je suis un peu fatigué, il sourit simplement. Mais ça ne m'empêchera pas de te botter les fesses demain !

- Ah, Max rit, soulagé de constater que le monégasque n'avait pas perdu son esprit de compétition comme par magie. Alors tu n'as pas oublié notre pari ?

Charles se figea instantanément.

Alors comme ça, Max se souvenait de leur... écart ? Putain. Que faire ? Deux possibilités s'offraient à lui : jouer la provocation jusqu'au bout ou feindre l'oubli. Assez lâchement, il devait l'admettre, il opta pour la deuxième option.

- Notre pari ?

- Mais oui ! Le néerlandais s'exclama comme si c'était évident. Celui qui perd dimanche doit une bouteille de champagne à l'autre !

Oh.

Ce pari-là ! Il expira bruyamment, n'ayant même pas conscience d'avoir retenu son souffle jusque là.

- Carrément, ça tient toujours !

Max lui sourit, et leurs regards s'accrochèrent. Trois secondes ou dix secondes, ou même une minute, Charles n'en avait aucune idée : pour lui, cet instant fila au ralenti. Il crut se perdre dans les iris bleutées du néerlandais, et l'image de ses lèvres contre les siennes s'imposa soudainement à son esprit.

Mortifié par ses propres pensées, il salua brièvement son ami et reprit la direction des stands. Alors qu'il marchait à toute vitesse, une observation le frappa de plein fouet, le stoppant net dans sa course.

Ce pari, celui du champagne. Ils avaient fait ce pari le soir suivant le Grand-Prix de Montréal. Le soir où il avait été invité dans la chambre de Max. Le soir où ils s'étaient embrassés. Donc, logiquement, si Max se souvenait du pari du champagne...

Il se souvenait du reste.

Et merde.

_________________________________

Lors des qualifications, Max prit la pole position.

Ce jour-là, il était en feu. Il avait un tel rythme sur la piste que rien ni personne ne semblait pouvoir l'arrêter. Ses équipes célébraient presque comme s'il avait déjà gagné. Après tout, il avait beaucoup plus de concurrence cette saison et chaque avancée, chaque petite victoire avait une saveur particulière. Selon lui, le sport était beaucoup plus intéressant de cette manière et il songea que cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas ressenti autant d'adrénaline sur les week-ends de Grand-Prix.

En apercevant Charles, qui était arrivé troisième malgré ses essais peu concluants du vendredi et qui l'attentait près de la zone média, il sourit. Durant leur échange de la veille, il avait bien compris que le monégasque se souvenait parfaitement de leur moment partagé à Montréal, ce qui expliquait son comportement étrange des derniers jours. Voyant bien que cela le mettait mal à l'aise, il avait donc décidé de jouer l'innocence en faisant comme s'il n'en avait lui-même aucun souvenir.

Toutefois, il n'avait aucunement conscience de la bourde monumentale qu'il avait fait la veille, et était loin de se douter que son rival avait compris la supercherie. C'est donc totalement en confiance qu'il le rejoignit, lui donnant une légère accolade comme souvent auparavant. Il sentit le pilote Ferrari se tendre légèrement à ce contact, mais ne fit aucune remarque.

- Charles, Max ! Pierre s'exclama, un peu plus loin. Venez faire la photo !

Ils s'approchèrent donc du pilote Alpine, étonnement arrivé en deuxième position après un coup d'éclat lors de la session, et se placèrent à ses côtés, Max au centre.

Charles sentit un frisson lui remonter la colonne vertébrale alors que le néerlandais plaçait sa main dans le bas de son dos, juste au creux des reins. Ridicule, il songea. C'était déjà arrivé des dizaines de fois sans pour autant qu'il n'y prête particulièrement attention. Il jeta un coup d'œil en biais à son ami qui, se sentant soudainement observé, lui rendit. Une nouvelle fois, leurs regards s'accrochèrent et le reste du monde s'effaça doucement.

Charles déglutit.

Il luttait contre un désir soudain, inattendu et impérieux de rapprocher son corps de celui de Max. Dieu merci, les photographes ne tardèrent pas à les rappeler à l'ordre, et le pilote Ferrari put s'éclipser rapidement afin de répondre aux questions des journalistes avides de buzz et d'informations croustillantes.

Cependant, il ne put s'empêcher d'observer Max de temps à autre ; c'était plus fort que lui et il se détestait d'agir ainsi.

_________________________________

S'il y avait bien un moment que Max préférait lors d'un Grand-Prix, c'était le départ. Alors que tous les pilotes prenaient place sur la grille, lui en tête, sa concentration atteignait son maximum, et l'adrénaline commençait à parcourir l'intégralité de son être, prenant la forme d'une sensation inexplicable, agréable et piquante à la fois, qui se propageait dans tout son corps.

Comme à son habitude, alors que les feux s'allumèrent un par un, il prit de lentes inspirations, et tous ses muscles se tendirent, prêts à agir au moment venu, conditionnés par toutes ses années de carrière. L'importance de ce moment était cruciale : il ne pouvait se permettre de prendre un faux départ sous peine de lourde pénalité mais il avait dans l'obligation d'avoir le plus faible temps de réaction possible, afin de distancer ses adversaires dès la première ligne droite.

Les feux s'éteignirent, et il enfonça la pédale d'accélération.

Les spectateurs venus du monde entier, notamment ceux présents dans les gradins longeant la ligne de départ, en eurent pour leur argent : le pilote Redbull leur livra un spectacle magnifique, prenant une envolée encore plus stupéfiante qu'à l'accoutumée. On devinait sa détermination sans failles rien qu'à la manière dont il plongea agressivement dans le premier virage, ne laissant aucun espoir à l'Alpine de Pierre Gasly de prendre la tête du peloton.

Bien que Max conservât la première place tout du long, il n'avait pas pris une avance colossale sur ses adversaires, qui se défendaient plutôt bien. Environ trois secondes derrière lui se tenait Pierre, talonné de très près par Charles. Toutefois, le néerlandais ne les craignait pas : ils étaient trop occupés à se battre en eux depuis plusieurs dizaines de tours maintenant, alternant régulièrement leurs positions et, par la même occasion, bousillant leurs pneus. Un combat qui étonna d'ailleurs Max car, selon lui, la Ferrari aurait dû être beaucoup plus rapide.

Au tour cinquante-trois, le trio de tête était identique. Le reste du peloton avait décroché, le quatrième au classement étant maintenant plus de quinze secondes derrière Charles. Le Grand-Prix approchait à sa fin, et si la victoire semblait déjà acquise pour Redbull, nul n'était capable de dire qui du numéro seize ou du numéro dix allait monter sur la deuxième marche du podium.

En freinant à l'approche de l'épingle du virage quatorze, Max jeta un rapide coup d'œil à son rétroviseur et assista, malgré lui, à un carnage : les deux pilotes francophones, semblant s'être touchés, traçaient tout droit dans les graviers en sortant du virage précédent.

En se reconcentrant sur ce qu'il se passait devant lui, le pilote Redbull perçut immédiatement dans son champ de vision l'écran de son volant se teinter de jaune. Sa radio grésilla dans ses oreilles, puis la voix de son ingénieur lui parvint.

- Drapeau jaune Max, drapeau jaune.

- Reçu. Leclerc va bien ?

Sa question était sortie toute seule. Il se maudit intérieurement, puis se rattrapa :

- Et Gasly ? Je les ai vus sortir de la piste.

- Je vérifie.

L'attente, de quelques secondes seulement, lui parut durer une éternité.

- Tout va bien, ils repartent tous les deux. Ils vont devoir s'arrêter au stand. Dès la fin du drapeau jaune, tu as champ libre.

- Reçu.

Il soupira de soulagement. Aucune Safety Car n'était à l'horizon, cela signifiait donc qu'il n'y avait pas de débris sur la piste et que ses deux concurrents ne s'étaient pas percutés trop violemment. Il eut cependant un pincement au cœur pour son rival monégasque : sa course était fichue. Avec un pit stop supplémentaire, il n'avait aucune chance de monter sur le podium. Toutefois, il pourrait peut-être marquer quelques points pour son équipe.

Cet événement aurait dû lui faire plaisir, car cela signifiait qu'il allait pouvoir commencer à creuser un petit écart de points dans le championnat des pilotes ; cependant, sans qu'il ne comprenne tout à fait pourquoi, ses pensées étaient uniquement tournées vers le pilote Ferrari et la déception qu'il devait ressentir.

Finalement, il se dit que la victoire était plus intéressante lorsque la bataille était serrée.

En franchissant la ligne d'arrivée, il salua avec fierté les membres de son équipe, agrippés aux grillages le long de la ligne droite, agitant des drapeaux dans tous les sens et l'acclamant tel un Dieu. Ces célébrations avaient le don de lui réchauffer le cœur en toutes circonstances : il s'agissait vraiment d'une sensation unique, et malgré toutes les victoires qu'il possédait déjà à son compteur, le bonheur qu'elle lui procurait ne faiblissait pas. Il n'y avait qu'un pilote de Formule 1 pour comprendre l'étendue du sentiment d'accomplissement qui saisissait les centaines de collaborateurs d'une écurie lorsqu'un tel événement se produisait.

Il stoppa sa monoplace devant le panneau numéro un, décrocha son volant et s'extirpa rapidement de l'habitacle, avant de courir vers ses collègues agglutinés derrière les barrières de sécurité. Des dizaines de mains le touchèrent de toutes parts, il prit le temps de distribuer quelques checks à la volée puis se rendit à la pesée. D'autres pilotes commençaient à arriver au compte-goutte, et il réalisa qu'il ne savait même pas avec qui il partagerait le podium. Un coup d'œil en arrière lui apprit qu'il s'agissait de Lando Norris et Oscar Piastri. Un doublé orange. Il sourit, content pour son ami anglais. Il prendrait le temps de le féliciter comme il se doit un peu plus tard ; en espérant que, cette fois-ci, son trophée survive à la célébration.

Alors qu'il descendait de la balance, un éclair noir et rose traversa son champ de vision à toute vitesse, se dirigeant vers le couloir parallèle à l'entrée de la Cool Room, où lui-même se rendait. Au bout de ce couloir, il aperçut Charles, de dos. Il comprit immédiatement ce qui allait se produire, et emboîta le pas au pilote Alpine.

- Charles ! Le français cria, tout en lui attrapant le bras violemment.

Le monégasque se retourna, bouche bée.

- Pierre, que...

- C'était quoi ce bordel ? Le regard mauvais, il resserra la prise sur son bras. Pourquoi t'as plongé comme ça à l'intérieur du virage ?

Max, qui approchait rapidement d'eux, perçut aisément la fureur dans ses paroles, malgré le fait qu'il ne comprenait pas tout, les deux s'exprimant dans leur langue natale.

- Je, hésita Charles. Pierre, je suis désolé, c'était un accident ! Tu as fermé la porte au moment où je ne m'y attendais pas, c'était déjà trop tard !

- Tu déconnes, Charles ? Il haussa le ton. T'avais pas à t'engager, j'étais devant à l'approche du virage !

- Je...

- T'es qu'un putain d'enfoiré, tu le sais ça ? Il l'interrompit. J'avais enfin une chance de faire un podium avec Alpine cette année, et tu l'as ruinée !

Le monégasque était abasourdi. Jamais son meilleur ami ne s'était adressé à lui de cette manière.

- Pierre, je suis désolé. Tu sais que ce n'était pas intentionnel. C'était un accident, ça arrive !

Le normand l'attrapa soudainement par le col. Visiblement, il n'avait pas apprécié ses explications. Charles crut sérieusement qu'il allait le frapper lorsqu'une main s'interposa, saisissant fermement le poignet du normand, qui lâcha immédiatement prise. Le visage de Max lui apparut avec un immense soulagement.

- Mais ça va pas ? Le néerlandais s'exclama. Il se passe quoi, ici ?

Pierre lui lança un regard mauvais.

- Dégage Max, c'est pas tes affaires.

- Ce sera bientôt les affaires de tout le paddock car je vous rappelle que ça grouille de monde, ici ! Il s'agaça. Heureusement que tout le monde est occupé aux interviews, vous imaginez le carnage sinon ? Pierre, t'es inconscient ou quoi ?

- Il a niqué ma course, et je devrais rester sans rien dire ? Il cria presque.

- Ce sont des faits de course, ça arrive, tu vas t'en remettre !

Le français esquissa de nouveau un mouvement agressif vers le pilote Ferrari, et Max vit rouge. Il s'interposa immédiatement, un bras tendu vers l'arrière comme pour écarter le monégasque et plongea son regard froid dans celui de Pierre. Il lâcha d'un ton sans appel :

- Tu lui fous la paix.

Charles, stupéfait et complètement remué par les évènements, ne put empêcher sa petite voix intérieure de lui murmurer qu'un Max en colère et prenant sa défense ainsi était plutôt séduisant. Il culpabilisa instantanément d'avoir cette pensée, ce n'était clairement pas le moment.

Un rire faux, désagréable, s'échappa alors des lèvres du pilote Alpine.

- Alors quoi, t'es son chien de garde maintenant ?

- Pierre, arrête. Charles murmura. T'es ridicule.

- Va-t'en, Max renchérit immédiatement. Maintenant. Vous réglerez ça à tête reposée.

Excédé, le pilote Alpine opéra un demi-tour et partit sans même prendre la peine de leur répondre.

Le néerlandais soupira longuement, dépité, puis se tourna vers le monégasque. Il posa gentiment une main sur son épaule.

- Ça va ? Il chuchota presque.

- Oui... Désolé pour ça.

- T'excuse pas, c'est ton pote qui a pété un câble. Qu'est-ce qu'il lui prend d'ailleurs ?

- J'en sais rien, Charles soupira, tête baissée. Je crois que j'ai juste merdé.

Max, avec la légèreté d'une plume, vint placer sa main sous son menton, lui redressant doucement la tête, afin que leurs visages se fassent face. Il chercha son regard. Lorsque leurs yeux se rencontrèrent de nouveau, il lui sourit doucement.

- Peut-être. Mais ce sont des choses qui arrivent. Il n'avait pas à réagir comme ça.

Il entendit quelqu'un l'appeler au loin, et s'écarta dans la foulée.

- Désolé, je dois y aller.

- Pardon, vas-y, t'as une victoire à fêter !

Max lui sourit à nouveau, puis fit demi-tour. À peine eut-il fait quelques pas qu'il entendit de nouveau la voix du monégasque l'appeler.

- Max !

Il se retourna. Charles lui souriait.

- Merci.

Il lui fit un rapide clin d'œil, puis poursuivit sa route vers le podium. En chemin, il eut une pensée pour le pari qu'ils avaient fait deux semaines auparavant. Techniquement, Charles lui devait une bouteille de champagne, puisqu'il avait perdu. Habituellement, Max aurait déjà fanfaronné pour embêter son rival mais, cette fois-ci, au vu des circonstances, il décida de ne pas réclamer son dû.

C'est qu'il commençait à devenir sentimental, bon sang.

_________________________________

Durant la soirée, Charles était descendu au bar de l'hôtel, seul, en quête d'un remède – alcoolisé, cela va de soi – à ses pensées intrusives. Il savait que c'était tout à fait ridicule comme réaction, mais il avait grandement besoin de se vider la tête. Sa mauvaise performance en course et son altercation avec son meilleur ami l'accablaient ; il ne pouvait s'empêcher de ressasser les événements de la journée, encore et encore, jusqu'à épuisement de son esprit.

Et puis il y avait Max. Max avec qui il avait d'abord été mal à l'aise, puis Max avec qui il avait plaisanté, Max qu'il avait envie d'embrasser à nouveau, Max qui l'avait défendu et qui s'était soucié de lui ; Max par-ci, Max par-là. Incessamment. Son prénom était, par moments, la seule chose que son cerveau était capable de formuler. Le pilote Redbull envahissait chaque minute, chaque seconde un peu plus ses pensées, en explorant les profondeurs d'une manière totalement insoupçonnée.

Si bien que Charles ne remarqua même pas la barmaid, une jolie blonde aux yeux bleus et au corps élancé, lui faire de l'œil depuis plusieurs dizaines de minutes maintenant. La seule tête blonde qui lui importait, pour le moment, était celle du néerlandais.

Après son deuxième verre, il se décida enfin à partir, réalisant brusquement qu'il ne souhaitait pas continuer à ressembler à un cinquantenaire alcoolique en mal d'amour. Il irait ressasser dans sa chambre, c'était tout aussi bien.

Mauvais raisonnement, Charles.

Il traina mollement les pieds jusqu'à l'ascenseur de l'hôtel, non loin de la sortie du bar, et patienta un court moment qui lui parut pourtant une éternité. Lorsque les portes métalliques s'ouvrirent enfin devant lui, il s'y engouffra sans se retourner. Alors que les portes se refermaient, trop lentement selon lui, il entendit un bruit sourd. S'il était prisonnier du flot de ses pensées jusqu'à présent, cela eut le mérite de le ramener sur Terre.

L'action sembla se passer au ralenti.

Il sursauta, releva la tête et aperçut dans le miroir lui faisant face une main, puis un bras, bloquer les portes de l'ascenseur. Celles-ci s'ouvrirent à nouveau ; tellement, tellement lentement. Elles laissèrent apparaître une jambe couverte d'un jean, des sneakers blanches, puis la manche d'un polo bleu marine et, enfin, deux taureaux. Un logo que Charles identifia immédiatement comme étant celui de Redbull. Il retint son souffle.

Derrière lui, Max le fixait à travers le miroir.

Décidément.

Le néerlandais se faufila rapidement dans l'ascenseur, sans un bruit et sans jamais le lâcher du regard. S'il était aussi étonné que son ami, il n'en montra pas le moindre signe. Charles, incapable d'esquisser le moindre mouvement, ne rompit pas le contact visuel. Il était totalement captivé par le changement s'opérant dans les iris de Max, qui s'assombrirent subtilement, mais suffisamment pour qu'il le remarque. Comme le premier soir à Montréal.

La tension monta d'un cran. Tout à coup, il mourrait de chaud. La faute à l'alcool ou à l'effet que le pilote Redbull produisait sur lui, il n'aurait su le dire. Et pourtant, la réponse était plus qu'évidente.

Lorsqu'ils démarrèrent leur ascension, un constat s'imposa à lui.

Il voulait que le temps s'arrête.

- Max, il murmura d'une voix légèrement éraillée.

Ce dernier frissonna violemment à l'entente de son prénom prononcé ainsi, ce qui n'échappa pas au pilote Ferrari. Il devait agir, maintenant. Pris d'une impulsion soudaine, il pressa le bouton d'arrêt d'urgence de l'ascenseur, qui trembla légèrement avant de se stopper. Il se retourna brusquement, s'approcha du néerlandais sans le lâcher des yeux ne serait-ce qu'un court instant et s'immobilisa à quelques centimètres de son visage. Il chuchota :

- Le premier de nous deux qui embrasse l'autre a perdu.

Il n'en fallut pas plus à Max pour perdre une partie de son self control. Lui qui s'était obligé à feindre l'indifférence tout le week-end, il n'en était plus capable. Pas quand Charles, qui n'avait même pas conscience de son propre charme et du feu qu'il allumait en lui, le provoquait ainsi. Il le poussa hâtivement contre le mur opposé, le maintenant par les hanches. Le monégasque eut un hoquet de surprise qui fit sourire le pilote Redbull.

Il voulait jouer ? Clairement, il n'était pas prêt pour la suite.

Il rapprocha précautionneusement leurs visages jusqu'à ce que leurs nez, puis leurs fronts, se touchèrent. Il pressa fortement son corps contre celui du brun afin de le maintenir immobile, tout en libérant ses mains, qui vinrent lentement descendre la fermeture éclair de sa veste. Charles respirait fortement, créant ainsi une agréable mélodie aux oreilles de Max, qui caressait désormais la peau fine et musclée de ses abdominaux sous son tee-shirt.

Lorsque que le néerlandais se pencha vers son cou, qu'il frôla légèrement du bout du nez du haut vers le bas, Charles crut mourir d'anticipation. Un frisson scandaleux traversa l'entièreté de son nerf vague, le laissant presque pantelant. Mais s'il croyait que son rival s'arrêterait là, il se trompait : de douces lèvres prirent soudainement la relève, et explorèrent sa peau avec délicatesse, se baladant librement sans jamais vraiment se poser.

Il se mordit fortement les joues, s'empêchant de justesse de lâcher un gémissement. Hors de question de donner une si grande satisfaction à l'autre pour si peu. Et puis vint le moment où Max chuchota quelque chose à son oreille, probablement en néerlandais puisqu'il n'en comprit pas un mot. Peut-être même en chinois, en albanais ou en polonais, cela n'aurait fait aucune différence.

Il craqua.

Il agrippa vivement les cheveux du pilote Redbull afin de lui redresser la tête puis plongea sur ses lèvres, les embrassant avec une passion et une urgence à peine dissimulées. Il inversa leurs positions, plaquant Max contre le mur, une main contre sa gorge, la serrant à peine. Il n'avait, d'aussi loin qu'il se souvienne, jamais embrassé quelqu'un d'une telle manière, avec autant d'intensité. Ses sens étaient en alerte maximale, le moindre de ses muscles tendu à l'extrême, comme avant le départ d'une course ; une pluie d'adrénaline s'abattait sur toutes les cellules de son corps.

Max prit son visage en coupe et, tout en caressant fortement ses joues, approfondit le baiser. Les deux pilotes n'étaient plus capables de penser à autre chose qu'à ce qu'ils vivaient à l'instant T, complètement submergés par l'autre et leur désir naissant.

Toutefois, toutes les bonnes choses ont une fin ; et cette fin serait, à leur goût, bien trop prématurée.

L'ascenseur se remit en marche, et ils s'écartèrent l'un de l'autre à contrecœur. On ne remerciera pas les hôtels de luxe pour leur réactivité exemplaire.

Le souffle erratique, les joues rougies, ils se contemplèrent quelques instants, avec une grande attention, comme l'on contemplerait la plus belle œuvre d'art contemporaine que l'on ait vu de notre vie.

Un ding retentit, et avant que Max n'ait eu la chance de dire ou faire quoi que ce soit, Charles disparut entre les portes de l'ascenseur.

- Bordel de merde, Charles, il souffla pour lui-même.

Les portes se refermèrent sous les yeux éberlués du pilote Redbull. Et voilà, juste comme ça, c'était fini. Il hésita un instant à se pincer pour se prouver qu'il n'avait pas rêvé ; mais au vu de ce qu'il se passait actuellement du côté de son entrejambe, il n'y avait aucun doute possible, si vous voyez ce que je veux dire.

Un sourire presque rêveur s'afficha sur son visage alors qu'il caressait distraitement ses lèvres du bout des doigts, n'en revenant toujours pas. Cette nouvelle facette de Charles qu'il découvrait peu à peu ne le laissait clairement pas indifférent. Ce petit jeu de séduction qui semblait s'installer entre eux, peu importe où il les mènerait, l'excitait au plus haut point.

Alors qu'il se dirigeait vers sa chambre, perdu dans ses pensées, il percuta violemment quelqu'un à l'embranchement du couloir. Il redressa vivement la tête en s'excusant pour tomber nez-à-nez avec son ancien coéquipier, Daniel Ricciardo.

- Maxy ! L'australien s'exclama joyeusement. Notre héros du jour !

Ils se sourirent.

- Daniel, félicitations pour ta cinquième place. Comment ça va ?

Son ami ne lui répondit pas, le fixant étrangement, comme s'il tentait de percer un mystère.

- Quoi ? Max finit par demander un peu abruptement.

Daniel lui éclata de rire à la figure.

- Mais quoi ? Il insista, presque agressivement. Pourquoi tu rigoles ?

- Maxy, il peinait à répondre tellement il riait, t'as vu ta tête ? Tu viens de t'envoyer en l'air ou quoi ?

Effectivement, il avait les cheveux complètement en bataille, le souffle court et les vêtements froissés. Il pria intérieurement pour que l'autre pilote n'ait pas remarqué son problème d'ordre... Physiologique, dira-t-on. Si le visage du néerlandais était rouge pivoine jusqu'à présent, il n'en fallut pas davantage pour qu'il perde ses couleurs. L'australien renchérit :

- Je croyais que Kelly n'était pas là ce week-end ?

Max serra les dents à l'entente du prénom de sa compagne. Il n'avait pas du tout pensé à elle depuis qu'il avait rejoint Charles dans ce putain d'ascenseur. Une boule de culpabilité lui enserra soudainement la gorge, et il eut l'impression de manquer d'air. Il renchérit, avec difficulté :

- Kelly n'est pas là. Dis pas n'importe quoi.

Voyant l'air grave qu'il arborait, le pilote Racing Bulls s'arrêta instantanément de rire.

- Je plaisantais, Max.

Le néerlandais soupira longuement tout en se passant une main sur le visage.

- Je sais, désolé. Il enchaîna, souhaitant couper court à la conversation. Je suis un peu à cran tu sais, je suis crevé. Je vais aller me coucher. À plus Danny.

Il lui fit un bref signe de la main puis s'éloigna sans demander son reste. Vraiment, il n'était pas d'humeur à affronter ça maintenant.

Daniel, resté planté sur place, ne lâcha pas son ami du regard tandis qu'il s'éloignait. Il connaissait extrêmement bien Max, et n'avait pas manqué son changement d'expression lorsqu'il avait parlé de Kelly.

Quelque chose clochait.

En reprenant sa marche, il se promit intérieurement de découvrir quoi.

_________________________________

Mesdames et Messieurs, le chapitre 3 de Game !

Un chapitre beaucoup plus long que le précédent, pour votre plus grand bonheur j'espère.

Alors, les retrouvailles étaient à la hauteur de vos espérances ?

J'introduis d'autres pilotes pour la première fois dans l'histoire, n'hésitez pas à me dire s'il y en a d'autres que vous aimeriez voir par la suite !

Les plus fréquents au programme seront Lando, Daniel et Pierre, les amis les plus proches de Max ou Charles finalement.

Dans le prochain chapitre, on s'envole pour l'Autriche ! Le jeu continue, Daniel observe et Charles fait beaucoup de clins d'œil ;)

PS : très contente d'avoir eu un podium Lestappen ce week-end ♥

À lundi !

Continue Reading

You'll Also Like

2.1K 166 8
Je me sens pas encore de me lancer dans une fanfiction donc je vais commencer par des OS et peut-être même en plusieurs parties. On ne parlera pas de...
350K 11.5K 60
« Plus personne n'aura la capacité de me blesser, plus personne n'en aura le pouvoir. » Vivre seule, être indépendante et ne jamais baisser sa garde...
3.7K 383 13
Dans laquelle Nyck de Vries choisit un gagnant pour son concours du plus beau casque et y gagne aussi beaucoup de choses. WATTPRIDE 2023 🏳️‍🌈 (PART...
30.4K 1.4K 40
La Star Academy est de retour en cette année 2023 pour une 11ème saison. 13 élèves vont ainsi intégrer le château mythique de Dammarie-les-Lys. Parmi...