GINNY
– Hé ! lance Castiel. Frotte bien, et pars pas trop tard si tu veux pas rester coincée ici pour la nuit.
– Mais ferme ta gueule putain ! s'énerve Octavia.
Je les regarde s'éloigner en se jetant des piques et commence à sérieusement envisager d'avoir une conversation avec ma meilleure amie pour en savoir plus sur ses relations avec les garçons de cette école.
– Eh ! m'accoste à son tour Nathaniel. Bon courage, j'espère que tu rentreras pas trop tard chez toi.
Des éclats de voix retentissent un peu plus loin.
– Tu devrais aller lui venir en aide, j'affirme en désignant le couloir.
– J-je doute que... commence le garçon en passant une main dans ses cheveux. Enfin je doute que ça lui plaise.
– Son film préféré c'est La belle au bois dormant, je le contredis. Crois-moi, tu ne devrais pas te fier à son image de fille forte et indépendante. Ce type est une plaie avec elle, profites-en pour... peu importe.
Le délégué décide de fuir la conversation en vitesse et je me demande ce qu'il se passe dans sa tête de petit intello coincé.
Je soupire et m'avance vers la cage d'escalier où se trouve Li qui m'accueille avec un merveilleux :
– Dis donc mais qu'est-ce que tu fais ?! Je t'attends dans la cage d'escalier depuis tout à l'heure. Tu pensais partir peut-être ?
– Je... Non mais...
– Bon, me coupe-t-elle. Tu as de quoi nettoyer ? Suis-moi, c'est tout au fond du couloir. Compte pas sur moi pour nettoyer hein, je te laisse faire...
Oui, j'avais compris connasse.
Une heure plus tard, la nuit est tombée et le lycée est vide mais je suis enfin venue à bout de ces maudits tags. Je pars ranger le sceau de nettoyage dans la salle des délégués et me laver les mains plusieurs fois avant de revenir vers la cage d'escaliers où Li m'attend.
– Mais qu'est-ce que tu fiches ? s'exclame-t-elle. Je pars cinq minutes et tu disparais ! Bon, t'as fini c'est bon ? On peut ENFIN rentrer chez nous ?
Dis pas merci surtout.
C'est alors qu'un bruit étrange se fait entendre, une espèce de rire en écho absolument terrifiant.
– J-Je sais pas ce que c'est... murmure Li. C'est flippant !
– Il doit bien y avoir une explication, je tente de nous convaincre.
– T'essaies de me faire une blague, c'est ça ?!
J'aimerais bien.
– Tu crois vraiment que...
– AAAHH UN FANTOOME !!!
Une ombre apparaît et cette fois, nous détallons ensemble à la vitesse de la lumière.
– Du sel ? me demande Octavia, sceptique. Sérieusement ? Tu t'es ramené au lycée avec un sachet de sel ?
– Ça va, c'est qu'un sachet et pas un pot, je réponds.
– Mais du sel ??? insiste Octavia. De la sauge, j'aurais compris, mais du sel !!
– C'est ce que Dean utilise en cas d'urgence.
Elle me juge du regard avant d'ajouter :
– Et, tu ne t'ais pas dit que ça pourrait être un squatteur ?
Tiens, j'y ai pas pensé.
– Alors comme ça on a peur des fantômes ? se moque Ambre en passant devant nous. Ahahah ! Li nous a raconté que vous avez entendu un bruit et t'es partie en courant comme une fillette ? La honte !
– Li, t'as flippé autant que moi je te rappelle.
– À d'autres, trouillard ! Comme si le lycée était hanté, n'importe quoi...
– Statistiquement parlant, les établissements scolaires sont les lieux les plus hantés, en compagnie des hôtels et des hôpitaux, intervient Octavia.
– Qu'est-ce que tu racontes toi ? lance Ambre.
– Plus un lieu est chargé énergétiquement parlant, plus il a de chance d'être hanté, répète ma meilleure amie. Et à cause des gens comme toi qui traumatisent des personnes lambda, cela créer un mélange d'énergies négatives qui attirent les défunts... Et s'il y a eu un ou plusieurs suicide dans le coin, tu peux être sûre qu'ils sont toujours coincé ici.
Vous voyez l'expression du désespoir de Nathaniel ? Je suis à deux doigts d'adopter la même posture. Je sais qu'Octavia ne cherche qu'à m'aider, mais elle a un don pour sortir les connaissances stockées dans son cerveau au mauvais moment... comme par exemple devant cette pouffiasse.
– Waouh, t'es encore plus barge que je pensais ! s'exclame Ambre.
– C'est pour ça qu'il faut pas me chercher, répond Octavia avec un sourire inquiétant.
Ambre disparaît enfin de notre vue et je me tourne vers elle :
– Mais pourquoi t'as dit ça ?
– Bah quoi ? demande Octavia. J'ai apporté des informations utiles à sa connaissance.
– MAIS O' ! je m'exclame. Elle va en profiter pour se moquer de toi !
– Et alors ? Je m'en moque comme de l'an mille. Enfin non, l'an mille c'est l'année de conversion au christianisme des scandinaves alors je m'en fous pas donc on va plutôt dire... je m'en fous comme de l'an 1492 !
Malgré moi, je souris. Quand j'ai rencontré Octavia, elle passait son temps à me raconter des anecdotes dont tout le monde se fichait et a joué un grand rôle dans ma culture générale. Après l'événement, elle a totalement cessé de raconter ce genre de choses, elle s'est totalement renfermée. L'idée qu'elle retrouve ce trait de caractère est plaisante, cela signifie qu'elle commence enfin à remonter la pente. Et il était temps.
– Moi je trouve cette information très pertinente, intervient une fille derrière moi.
Je me tourne et découvre une fille aux cheveux blancs. Le regard de ma meilleure amie s'illumine et je la déteste immédiatement.
– Salut Rosalya ! s'exclame Octavia avec enthousiasme. Ta proposition de cours de maquillage fonctionne toujours ?
PARDON ?
Le regard de la dénommée Rosalya s'illumine et je me demande très sérieusement qui a ouvert le multivers. Et dans quel univers ma meilleure amie aussi féminine d'un cactus voudrait prendre des cours de maquillage avec une espèce de déesse miniature.
– T'as du temps là ? demande Rosalya.
– Carrément !
Ma traîtresse d'ex meilleure-amie se tourne vers moi et me lance :
– Casiers. 18h. Sois pas en retard.
Et elle entraîne sa nouvelle amie vers les toilettes.
J'ai passé la journée dans un flot de désespoir à me demander si ma meilleure amie n'essayait pas de me remplacer avec une autre, si je n'avais pas fait quelque chose de mal ou si elle en avait marre de moi. Après tout, elle était là dans mes pires moments et moi aussi. Et si en réalité, notre amitié ne fonctionnait que dans ces moments ?
Les yeux rivés sur mon téléphone, je ne vois pas Octavia débouler. Elle saisit mon poignet et m'entraîne avec elle vers les toilettes les plus proches.
– Qu'est-ce qu'il se passe ? je demande en retirant mes écouteurs.
– J'ai fait ma petite enquête, répond Octavia. D'après le blaireau, il y a une rumeur qui tourne comme quoi il y a quelques années un prof est mort en glissant dans les escaliers. Et si c'était lui qui hantait les lieux ?
– Sérieusement O' ? je réplique, un sourcil arqué.
– Je te propose de te la jouer Dean Winchester là, répond ma meilleure amie de son meilleur ton passif-agressif.
– Oh... je réalise. Mais comment on va faire ? L'école ferme dans quelques minutes ?
– A ton avis, pourquoi je t'ai emmené ici ? On va se cacher dans les cabines jusqu'à ce qu'ils ferment le lycée et on enquête.
– Tu veux traîner dans le lycée en pleine nuit ? je répète. Comme dans les films d'horreurs ?
Elle me lance un regard qui en dit long et je comprends que c'est exactement ce qu'elle espère.
Un jour, cette fille me tuera, et le pire c'est qu'elle le fera même pas exprès.
– Eh regarde !
Octavia se penche et ramasse un objet par terre avant de me le montrer : un médiator. Je lui prends des mains et la première pensée qui me vient à l'esprit est qu'il appartient à Castiel. À ma connaissance, c'est le seul musicien du lycée (mais je ne connais surement pas tout le monde).
– Tu crois qu'il est SDF ? demande Octavia. Comme le gars dans Pretty Little Liars ?
Octavia et ses références...
– T'as entendu ? lance-t-elle d'un coup.
Je tends l'oreille et entends un bruit à mon tour.
– Sors le sel !
Ce que je fais.
C'est alors qu'à ma grande surprise, elle sort un bâton de sauge de son sac et l'allume.
– T'as pas peur que ça allume l'alarme incendie ?
– Bien sûr que non, je l'ai déjà fait dans notre ancien lycée, j'ai jamais eu de sou-
Un bruit strident la coupe et nous nous regardons en chien de faillance. Octavia lève les yeux vers le plafond, j'en fais de même et découvre un détecteur de fumée juste au-dessus de nous.
– Oops, souffle Octavia.
– Oops ? je répète. O' putain ! On va se faire virer pour ça !
– Mais non ! Cesse de paniquer ! s'exclame ma folle de meilleure amie. On va juste partir discrètement comme si de rien était.
– Qu'est-ce que...
Nous hurlons et je jette mon sachet de sel à la figure de l'intru. Octavia tend son bâton de sauge devant elle, prête à le brûler avant de perdre toutes ses couleurs.
– NATHANIEL ? s'exclame-t-elle.
Comment a-t-elle reconnu ce type dans l'obscurité presque totale ?
D'ailleurs, il disparaît aussi vite et quelques secondes plus tard, l'alarme s'arrête.
– Mais qu'est-ce que tu fais là ? s'exclame Octavia. C'est toi le fantôme ?
– Pas vraiment non, répond le garçon. Je t'ai vu en parler avec Rosalya dans le couloir. Je me doutais que tu n'en démordrais pas et que tu viendrais encore ce soir alors je vais tout t'expliquer.
Génial, me voilà encore une fois à jouer la plante verte pour eux.
– Il y a une salle sous les escaliers, un peu comme une cave. Castiel et un ami à lui s'en servent pour répéter leur musique après les cours. C'est eux que tu as entendus le soir.
Ah ouais, le gars m'a vraiment pas vu. Je sais qu'on est dans le noir et que j'ai un total look noir, mais quand même !
– Attends, Castiel a des amis ?
– Un, confirme Nathaniel en riant.
– Attends, il y a pas un club de musique au lycée ?
– Si, mais ils ne sont pas libres de faire ce qu'ils veulent, penses-tu.
– Et.. tu fais de la musique avec eux ?
– Non, moi je me suis retrouvé impliqué là-dedans quand Castiel a volé les clés. Si on se fait prendre, on risque de gros ennuis tous les deux. C'est pour ça qu'on veut absolument garder ça secret. Vu que tu n'arrêtais pas de fouiner, on se demandait si on ne devait pas simplement te mettre au courant. C'est de ça dont on parlait dans le couloir. Tu ne diras rien, hein ?
– Bien sûr que non !
– Génial, viens, je vais te présenter à Lysandre.
Octavia semble enfin se rappeler de moi et m'entraîne avec elle vers les escaliers où nous attendons que Nathaniel revienne avec le fameux ami de Castiel.
La porte du sous-sol s'ouvre et j'en reste bouche-bée.
– Waouh, traduit Octavia. J'en connais un qui voue ses nuits à l'assasymphonie.
Dites-moi qu'elle a pas dit ça ? Pitié, dites-moi qu'elle ne vient pas de le dire ?!
– Bonjour, ravi de vous rencontrer.
Ce garçon a un look incroyable. Il semble tout droit sorti d'un livre de l'époque victorienne (ou un truc du genre, je suis nulle en histoire) et a des cheveux argentés absolument magnifiques !
Attendez...
C'est moi où il a les yeux vairons ?
Et sa voix... Elle est si douce... Rien à voir avec celle grave de Castiel ou celle monotone de Nathaniel.
– Euh salut... répond O'. Moi c'est Octavia, et elle c'est Ginny.
– Toutes mes excuses aussi, je crois bien que c'est moi qui vous ai fait peur avec ton amie, l'autre soir.
– C'est... je commence, ayant perdu toutes mes capacités à communiquer. C'est pas mon amie.
– Lys ! s'exclame une voix reconnaissable entre toutes. Qu'est-ce que tu fous ?
Castiel apparaît à son tour.
– Mais qu'est-ce qu'elles foutent là ces deux-là ?
– On était à la recherche d'un fantôme, répond Octavia.
– T'es sérieuse là ? C'est à cause de vous qu'on a été interrompu avec l'alarme ?
Il baisse les yeux sur le bâton de sauge fumant que tient Octavia en main.
– T'es absolument ridicule ma parole !
– Oh ça va ! réplique ma meilleure amie. Ça aurait pû être pire : on aurait pû venir avec un pot de sel !
– T'espère rencontrer Dean Winchester ?
– Non, ça c'est elle, répond Octavia en me désignant. De toute façon, on sait tous que Sam c'est le meilleur.
– Ça te va bien de dire ça vu que t'es suicidaire, ses copines durent jamais longtemps.
Tout le monde se tourne vers moi, sous le choc, et je réalise enfin ce que je viens de dire. Je plaque ma main sur ma bouche alors que les sourcils de Troy Bolton se froncent.
– Je t'ai déjà dit d'arrêter avec cette blague, enchaîne Octavia avec un naturel troublant.
Elle se tourne vers les garçons et ajoute :
– Elle dit parce que j'ai menacé de rejoindre mon personnage préféré dans la mort après avoir lu son suicide.
– Quel personnage ? demande Lysandre.
– Henry, dans Le maître des illusions de Donna Tartt.
– Excellent roman, note le garçon.
Génial, elle a réussi à attirer l'attention de Nathaniel (que je lui laisse volontiers), de Castiel, qui ressemble trait pour trait à l'homme de mes rêves, et maintenant de Lysandre, qui semble tout droit sorti d'un rêve. COMMENT FAIT-ELLE ?
– Vous avez des blagues bizarres entre potes, la juge Castiel.
– T'as pas idée, réplique Octavia avec un sourire narquois.
– Je crois qu'on devrait abandonner les répétitions pour ce soir, note Lysandre.
– Très bonne idée, répond Octavia. Il fait nuit et on habite pas du tout dans le même coin, Lysandre, tu crois que tu pourrais raccompagner mon vampire de compagnie ?
Elle vient pas vraiment de faire ça ?
– Oui bien sûr, pas de problèmes, répond le garçon aux cheveux argentés.
JE VAIS LA SUICIDER !