OCTAVIA
Je veux mourir.
La journée a très mal commencé à cause de la jumelle maléfique du beau Nathaniel. Puis ce sale petit stalkeur de Ken est apparu et mon moral a chuté de cinq points. Et comme si cela n'était pas suffisant, il fallait que je me retrouve dans cet espèce de club basket de m****. C'est pourquoi je traverse la cour en bougonnant, cherchant désespérément l'entrée du gymnase.
Foutue dyspraxie.
– Eh la nouvelle !
Je fais volte-face et me retrouve face à une espèce de copie de Joe Jonas aux cheveux rouges et au look de rockeur crasseux que Ginny aime tant, assis sur un banc à fumer une clope.
– T'es au courant qu'il y a une photo de toi qui traine ?
– T'es qui toi ? je réplique. Et t'as vu cette maudite photo ?
– Bien sûr, comme la moitié de l'école.
Il saute de son perchoir et fait quelques pas vers moi.
– Je suis Castiel.
– Cool, je m'en tape.
Je lui tourne le dos mais il continue :
– Tu sais qui a fait le coup ?
– Ouais, ces trois filles stupides ! je marmonne en croisant les bras, continuant d'avancer.
– Il y en a pas mal des filles stupides dans cette école !
– Waouh, je réplique en faisant volte-face vers lui. Quel feministe !
Il se met à rire avant d'ajouter :
– Tu parles de la sœur de Nathaniel et ses copines ? C'est vrai que question pimbêches elles tiennent un bon palmarès...
– Merci pour ton avis mais je t'ai rien demandé, je réplique. Faut juste leur apprendre la vie.
– Et tu vas faire quoi ? Les taper ?
– T'as jamais vu Mean Girl toi, je réponds. Franchement, les lycées de bourgeois comme ça, c'est désespérant. Vous êtes là à vous donner un genre de gros dur alors que vous seriez incapable de vous en sortir sans papa/maman.
Je mets fin à la discussion et me retourne vers le gymnase.
– Eh bon sang ! Elle est où l'entrée de ce foutu terrain de basket !
– Je sais où c'est moi !
Je me stoppe et me tourne lentement vers Castiel.
– Tu vas m'aider ?
– Rêve.
– J'aurais dû m'en douter, je marmonne avant de continuer ma route.
Quelques instants plus tard, l'imbécile en rouge marche à côté de moi, sous prétextant que "de tout façon je dois y aller aussi".
– Tu sais ce que tu dois faire au moins ?
– Nope.
– Fff, ils aident pas à l'administration. Ils te demandent de venir aider dans un club sans te donner plus d'infos...
N'ayant bien évidemment pas prévu de faire sport aujourd'hui (ni jamais d'ailleurs), je n'ai absolument aucune affaire. Dajan, le directeur du club m'apporte une cagette remplie de vêtements pour que "je pioche ce dont j'ai besoin".
– Je préfère encore passer une heure enfermée avec un malade de peste que d'enfiler cette... chose... je commente en prenant entre deux doigts l'un des maillots bleus.
– C'est ça où garder ton jean, affirme-t-il.
– De toute façon, je suis juste là pour faire acte de présence, j'affirme.
Et effectivement, je passe les 45 à 60 minutes suivantes à attendre que leur match se passe. Debout dans mon coin, les bras croisés, j'observe les joueurs se démener sans jamais réellement identifier les règles du jeu. Lorsque par malheur, le ballon arrive dans ma direction, je l'attrape et l'observe avec de grands yeux, ne sachant quoi faire de cet objet puant la sueur.
– OCTAVIA ! s'exclament les gens de mon équipe. LANCE LE !
Ils me désignent le panier à ma droite et je jette le ballon vers celui-ci comme s'il s'agissait d'un objet radioactif échappé tout droit de Tchernobyl. Le ballon rebondit sur le panier et s'éloigne, allant directement frapper le nez de Castiel.
Cette action met fin au match et mon équipe me remercie puisque grâce à l'abandon de l'adversaire, nous avons gagné.
C'est donc d'un pas léger que je quitte le gymnase. Sans m'arrêter à mon casier, je me dirige vers la bibliothèque, bien décidée à continuer cette journée sous les meilleures auspices.
Et c'est effectivement le cas puisque je croise très bientôt Nathaniel. Il me fait discrètement signe de le suivre, ce que je fais après avoir fait un tour auprès de la documentaliste pour emprunter un livre.
– Tu as pris quoi ? demande-t-il.
Je lui montre la couverture de mon livre et il acquiesce, pensif.
– Dis, tu pourrais me rendre un service ?
Je cligne plusieurs fois des paupières avant d'accepter. Ses épaules se détendent d'un coup et je commence à regretter d'avoir accepté.
– Merci beaucoup. Alors voilà, j'ai un mot d'absence à faire signer à Castiel, et franchement, moins je le vois et mieux je me porte. Tu voudrais bien lui faire signer et me ramener le papier s'il te plait ?
– C'est pas le rôle des surveillants ça ?
– Normalement si, mais le rectorat a supprimé trois postes à la rentrée alors ils me demandent de l'aide de temps en temps.
– Je vois.
– Tu vois qui est Castiel ?
– On parle bien du type aux cheveux rouges qui passe son temps à jouer les gros durs dans la cour ?
– Celui-là même, confirme Nathaniel.
– ... Celui que j'ai quasiment assommé en lui jetant un ballon dessus..
Cette fois, c'est à Nathaniel de prendre quelques secondes pour intégrer mes paroles. Je vois à l'instant même où il le fait puisque son visage s'illumine, comme s'il imaginait parfaitement la scène et que cela le réjouissait particulièrement.
– Octavia, tu es ma nouvelle personne préférée !
– Alors tu vas aller demander à Castiel toi-même pour ses absences ? je demande avec un grand sourire.
– Pitié, me forces pas à faire ça.
– C'était une blague.
Je lui pique le papier rose des mains et il reprend :
– C'est sympa d'y aller à ma place, merci.
Visiblement, ce lycée me transforme en bisounours.
– Mais attends, pourquoi c'est lui qui doit signer son mot d'absence ? C'est pas à ses parents de faire ça, plutôt ?
– En temps normal si, mais Castiel est émancipé, comme ses parents voyagent énormément pour leur travail, il doit se débrouiller tout seul au quotidien. Même pour tout ce qui concerne l'école.
– Je vois.
À mon grand malheur, le relou aux cheveux rouges est dans la cour et me fixe d'un air mauvais.
– Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-il immédiatement.
– T'as-t-on déjà dit que sécher les cours, c'était mal ? je demande.
– C'est pas toi qui a été te plaindre à la directrice après m'avoir presque cassé le nez.
– Tu devrais être content, ça veut dire que tu auras plus à me supporter, je réplique.
– C'est vrai, note Castiel avant de baisser les yeux sur le papier rose que je tiens en main : Par contre tu peux ramener ça à Nath, je compte pas le signer.
– Oh si tu vas le faire.
– J'en doute.
J'hausse les épaules et je me laisse tomber à côté de lui sur le banc. Les yeux rivés sur les nuages, je sens le vent s'engouffrer dans mes cheveux qui partent directement frapper le visage du blaireau rouge.
Il soupire et se décale.
– Tu sais, il y a un moyen très simple de se débarrasser de moi, je lance innocemment.
– Je vais rien signer du tout, je t'ai dit ! Et si c'est un vrai mec, qu'il vienne me demander lui-même plutôt que d'envoyer une petite minette comme toi !
Je me tourne vers lui et le fusille du regard.
– Traite-moi encore une fois de "petite minette" et c'est pas un ballon que je t'enverrai dans la gueule.
– Que j'ai peur...
– Bon allez, j'insiste. J'ai pas que ça à foutre à faire signer des mots à des relous comme toi.
– Alors dégage de ma place la planche à pain.
– D'expérience, les hommes qui rabaissent les femmes le font parce qu'ils ont peur d'être émasculés, je réponds avant de me pencher vers lui : Alors dis-moi, comment s'est terminée ta dernière relation ?
– T'es vraiment aussi chiante que lui ! s'exclame Castiel avant de me piquer le papier des mains : Tiens, ton papier est signé maintenant, contente ? Dégage !
– Merci pour ta coopération, je réponds avec un sourire triomphal.
Je retrouve Nathaniel dans la salle des délégués, le papier levé au-dessus de ma tête, victorieuse.
– Wow, tu m'impressionnes ! s'exclame le blondinet. Et tu m'enlèves vraiment une sacrée épine du pied. Merci beaucoup.
– Si tu as besoin d'autre chose vis à vis de lui, n'hésites-pas, je réponds. Il m'a suffisamment énervé pour me donner envie de l'ennuyer jusqu'à la fin de l'année !
– Avec plaisir ! répond Nathaniel avec un petit sourire bien trop adorable pour exister.
– Alors, le club de jardinage ? je demande à Ginny.
– Un enfer ! s'écrie ma meilleure amie. Et toi, le club basket ?
– J'ai réussi à me faire dispenser.
– Comment ? Je savais que j'aurais dû choisir le basket aussi.
– J'ai assommé un type, je réponds en ricanant. Un espèce de relou aux cheveux rouges qui, si tu veux mon avis, l'a bien mérité.
– Castiel ? demande Ginny. Je l'ai croisé hier en fuyant Ken.
– Ah ouais ? Tiens d'ailleurs faut que tu m'explique l'histoire avec lui parce qu-
Des bruits dans le couloirs attirent notre attention. Nous nous tournons vers le fond du couloir d'où l'on peut identifier deux garçons près à se taper dessus :
– Assume tes actes, espèce de...
– Ouais je vais assumer de te montrer ce que ça donne quand on me cherche, tu vas voir !
Je fais un pas vers le fond du couloir avant que Ginny ne me sorte :
– Alors là tu te débrouille, je m'en mêle pas.
J'hausse les épaules avant de me mêler de l'histoire comme je sais si bien le faire (mais si, vous savez, les risques de renvoi dans mon ancienne école !). Sans grande surprise, je découvre Nathaniel et Castiel à deux doigts de se taper dessus (ou de s'embrasser comme un bon vieil ennemies to lovers).
Mais ce à quoi je ne m'attends pas, c'est de voir Nathaniel répliquer face à Castiel et même réussir à dominer leur petite dispute. Cela ne dure pas bien longtemps, le blondinet n'est pas violent et cela se voit, il recule presque aussitôt en s'excusant, ce qui permet à Castiel de se reprendre.
Alors qu'il est à deux doigts de se jeter sur lui, je m'interpose.
– Dégage de là toi, me lance Castiel avec tout l'amour dont il est capable de faire preuve.
– Lui parles pas comme ça ! réplique aussitôt Nathaniel.
– Bon, là ça suffit ! je m'exclame en me mettant entre les deux. Vous êtes ridicules !
– Dégage avant de prendre un coup par mégarde, me préviens Castiel.
Il se jette de nouveau sur Nathaniel mais j'abat ma Doc Martens sur la sienne et le coupe dans son élan.
– La prochaine fois, c'est mon genou que j'envoie ailleurs, je le préviens.
Cette menace semble avoir de l'effet puisque Castiel fait un pas en arrière. C'est cette fois au tour de Nathaniel de se jeter sur lui.
Et moi qui l'avais pris pour un intello sans problèmes, je me suis visiblement fourvoyée.
– Nathaniel arrête ! Ça ne sert à rien de toute façon, c'est une tête de mule !
Le blondinet semble enfin revenir à la raison puisqu'il s'éloigne à son tour. J'en profite pour poser ma main sur son bras et l'entraîner à l'écart.
– Je peux savoir ce qu'il y a entre vous ? je demande en lissant sa chemise froissée.
– De vieilles histoires...
***
NDA : alors, un avis sur ces six premiers chapitres ? Que pensez-vous de nos héroïnes ? Et de leurs premiers échanges avec certains garçons forts charmants.