Le deuxième cours était celui de divination. J'ai grimacé en voyant les Gryffondor sortir du cours dépités : cela n'augurait rien de bon pour nous.
Le professeur Trelawney était exactement comme je l'imaginais : elle était mince, de grands yeux, encore plus agrandis par ses grosses lunettes et portant un châle orné de paillettes.
– Bienvenue ! Je suis heureuse de vous voir enfin dans le monde
Je me suis assise à côté de Daphné, légèrement anxieuse à l'idée de commencer ce cours. Pendant longtemps, je n'ai pas cru en ces théories new-age, mais depuis mon petit dodo, je devais admettre que je commençais à sérieusement remettre en question mes propres croyances. J'avais même acheté un jeu de tarot et un pendule
– J'espère qu'elle ne va pas nous prédire une apocalypse, la chambre des secrets l'année dernière, ça m'a suffi, a commenté Daphné.
– Bienvenue au cours de Divination, a continué le professeur Trelawney qui avait elle-même pris place dans un grand fauteuil auprès du feu. Je suis le professeur Trelawney. Il se peut que vous ne m'ayez encore jamais vue, car je descends rarement dans les autres parties du château. L'agitation qui y règne trouble mon Troisième Œil. Vous avez donc choisi d'étudier la Divination, le plus difficile des arts magiques. Je dois vous avertir dès le début que si vous n'avez pas le don de double vue, il y a peu de chance que je puisse vous enseigner quoi que ce soit. Les livres ne permettent pas d'aller bien loin dans ce domaine...
Nous avons échangé un regard inquiet avec Daphné : les livres, c'était bien notre domaine.
– De nombreux sorciers et sorcières, par ailleurs très doués pour provoquer des explosions, répandre des odeurs bizarres ou disparaître soudainement, se révèlent incapables de pénétrer les voiles mystérieux de l'avenir, a poursuivit le professeur Trelawney, ses gros yeux brillants fixant l'un après l'autre les visages anxieux de ses élèves. C'est un don qui n'est accordé qu'à un petit nombre.
Elle s'est tournée vers un élève de Serdaigle :
– Vous, mon garçon. Est-ce que votre frère va bien ?
– Oui, je crois, a répondu le garçon d'une voix tremblante.
– Si j'étais vous, je n'en serais pas si sûre, l'a contredit le professeur Trelawney.
Nous avons échangé un nouveau regard avec Daphné.
– Cette année, nous verrons les méthodes de base de la Divination. Nous consacrerons le premier trimestre à la lecture des feuilles de thé. Le trimestre suivant, nous étudierons les lignes de la main. Ah, au fait, ma chérie, ajouta-t-elle en se tournant soudain vers Padma Patil, il faudra vous méfier d'un homme aux cheveux blonds. Au troisième trimestre nous en viendrons aux boules de cristal, si nous en avons fini avec les signes du feu. Malheureusement, les classes seront interrompues en février à cause d'une épidémie de grippe. Je deviendrai moi-même aphone. Et Miss Black, pensez à bien fermer la porte de la salle de classe si vous voulez éviter qu'un de vos secrets ne soit révélé.
Waouh, mystique la prof.
– Maintenant je veux que vous fassiez équipe deux par deux. Prenez une tasse à thé sur l'étagère, venez me l'apporter et je la remplirai. Ensuite, vous vous assiérez et vous boirez le thé jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les feuilles au fond de la tasse. Vous ferez tourner ces feuilles trois fois dans la tasse avec votre main gauche, puis vous retournerez la tasse au-dessus de la soucoupe. Vous attendrez que la dernière goutte de thé soit tombée, et enfin vous donnerez la tasse à votre partenaire pour qu'il la lise. Vous interpréterez les formes obtenues en vous référant aux pages 5 et 6 de votre livre Lever le voile du futur. Je passerai parmi vous pour vous aider.
Une fois leurs tasses pleines de thé, nous en avons profité pour discuter en buvant leur thé brûlant.
– Elle a l'air complètement perchée, a constaté Daphné.
– Au moins on va bien s'amuser, ai-je répondu en tournant les feuilles au fond de sa tasse comme l'avait indiqué le professeur.
Une fois tout en ordre, nous avons échangé nos tasses pour analyser leur contenu.
– Alors... ai-je commencé en me concentrant. Ça me rappelle un peu les tests de psychologie, tu sais, ceux où on doit dire à quoi ressemble la tâche.
– C'est ça, ce qui fait de cette matière une matière totalement nébuleuse puisque personne ne va voir la même chose.
– Ouvrez votre esprit, mes chéris, laissez vos yeux voir ce qu'il y a au-delà des apparences ! s'est écrié le professeur Trelawney dans la pénombre avant de s'approcher de notre table. Que voyez-vous mademoiselle... Black, c'est ça ?
– C'est ça, ai-je confirmé. Alors, ici, on dirait... Un arbre, et ici, dans le coin, je dirais... Peut-être un fer à cheval ?
J'ai marqué une pause pour regarder la signification dans mon livre.
– L'arbre signifie le calme et le fer à cheval la bonne chance, donc je suppose que Daphné s'apprête à vivre une année paisible.
– Puis-je voir ? a demandé le professeur Trelawney. Très bien, très bien Miss Black. A vous maintenant.
Daphné échangea un regard entendu avec moi avant de regarder dans sa tasse.
– J'ai l'impression de voir... Un chien peut-être ?
Pour une raison inconnue, j'ai frissonné en entendant la réponse de mon amie.
– Montrez-moi ça, a dit le professeur avant de pousser un cri. Le sinistros ! Ma pauvre chérie, vous avez le sinistros !
– Et ? ai-je demandé perplexe.
– Le gigantesque chien fantôme qui hante les cimetières ! C'est le pire des présages, celui de mort !
Des murmures retentirent tout autour de moi tandis que l'image d'un gros chien noir apparaissait dans mon esprit.
– Oui et bien, j'en suis pas à un coup d'essai. Après les trolls et les basilics, c'est pas un chien qui va me faire peur, ai-je menti.
– Vous devriez, c'est une menace très sérieuse. Votre camarade de Gryffondor, lui, a compris à quel point c'était grave.
– Notre camarade de Gryffondor ? a demandé Draco.
– Oui, une autre personne a eu le même présage, un garçon...
– Laissez-moi deviner : Harry Potter ? l'ai-je coupé.
Comme par hasard.
Mais si vous pensiez que cela s'arrêtait là, vous vous êtes trompé. Puisque d'un coup, le professeur Trewlawney eut un mouvement de recul. Ses yeux se mirent à rouler dans leurs orbites. Elle semblait sur le point d'avoir une crise de quelque chose. Nous avons tous échangé un regard, inquiets. Puis le professeur a reprit la parole de cette même voix dure, si différente de celle qu'on lui connaissait :
" Par le feu et le sang l'année obscure prendra fin,
Une famille sera vengée, une autre périra,
Par trois fois celle sur qui la mort n'a pas de prise perdra ce qui lui est cher, par trois fois le monde tremblera,
Elle perdra un amour à pire fin que la mort."
La tête du professeur Trelawney tomba sur sa poitrine. Elle laissa échapper une sorte de grognement, puis, brusquement, elle se redressa.
– Je suis désolée, dit-elle, comme perdue dans un rêve. La chaleur, sans doute... Je me suis assoupie pendant un instant...
Les autres ont échangé un regard entendu.
Moi, j'étais livide.
***
– Eh, ça va ? s'est inquiété Hermione en nous voyant arriver avec Daphné et Tracy.
Nous nous sommes installés à la table des Gryffondors sans un mot.
– Alors, vous avez pensé quoi de la divination ? a demandé Hermione. Ça a confirmé ce que je pensais, ce ne sont que des balivernes.
– Elle vous a fait ce truc bizarre à vous aussi ? a demandé Tracy.
– Tu parles sinistros ? a demandé Ron, n'en menant pas large lui non plus. Oui.
– Non, je parle de la prophétie.
Harry et Ron ont échangé un regard avant que Daphné ne leur raconte toute la scène avec bien plus de détails que je n'aurais aimé en avoir.
– C'était juste un numéro de charme ! a lancé Hermione la rationnelle. Vous croyez vraiment qu'elle est capable de donner une véritable prophétie ? D'ailleurs, vous pensez vraiment que les prophéties se réalisent ? C'est ridicule !
– Non ça ne l'est pas, l'ai-je contredit.
Les regards se sont tournés vers moi. C'était la première phrase que je prononçais depuis l'annonce de cette malédiction.
– Comment tu peux en être sûre ? a commencé à s'énerver Hermione. Je croyais que tu avais pris divination juste pour voir si c'était aussi ridicule qu'on ne le pensait !
– Sauf que j'ai déjà entendu la première partie de la prophétie qu'elle a énoncé, ai-je avoué.
– Quoi ? se sont exclamés en chœur mes amis.
Je n'ai pas répondu.
A la place, j'ai quitté la grande salle pour me diriger vers la bibliothèque, en quête de réponse. Avant de faire demi-tour et de dévier ma route pour me rendre vers la salle de défense contre les forces du mal.
– Miss Black ! s'est exclamé le nouveau professeur. Je suis surpris de déjà vous voir ici.
– J'ai besoin d'une autorisation pour faire des recherches dans la réserve, ai-je répondu sans détour.
– Et pourquoi me le demander à moi ?
– Vous avez dit que si j'avais quelque chose à vous demander, je pouvais le faire, non ? ai-je répondu. Et je doute que le professeur Rogue accepte ma requête.
Le professeur Lupin a haussé un sourcil.
– J'ignorais que vous aviez besoin d'une quelconque autorisation pour entrer dans la réserve, s'est-il moqué.
– En général non, mais j'ai besoin de faire des recherches en plein jour.
– A propos de quoi ?
Je suis restée silencieuse.
– Je veux bien vous donner cette autorisation mais il me faut un minimum d'informations.
J'ai soupiré, hésitant à repartir, avant d'abdiquer :
– Le professeur Trelawney a dit des trucs bizarres pendant le cours de divination, j'ai besoin de voir ce qu'il y a dans la réserve pour savoir à quoi m'attendre.
– Vous savez que ce ne sont que des élucubrations ?
– Vraiment ? ai-je demandé. Parce que sa prophétie me paraissait tout saut être une élucubration.
Le professeur Lupin s'est redressé, tendu.
– Une prophétie ? a-t-il répété. Vous en êtes sûr ?
– Oui, ai-je répondu. Et je ne vous donnerai pas plus d'infos tant que je n'en saurais moi-même pas plus alors donnez-moi cette maudite autorisation... S'il-vous-plait.
Pour être honnête, les deux premiers vers de la prophétie ne m'inquiétaient guère. En revanche, il n'en était pas de même pour la suite...
Si je n'avais pas entendu ce premier vers, j'aurais pensé comme Hermione : que ce n'étaient que des bêtises. Et pourtant... j'étais sûre à 89% que cette prophétie me concernait.
La question était de savoir si j'étais la digne héritière de la famille qui serait vengée ou de celle qui périrait.
Ou de savoir pourquoi est-ce qu'on parlait de "celle sur qui la mort n'a pas de prise" parce qu'à ma connaissance, j'étais une humaine des plus banales.
Oh et aussi de savoir ce qui m'était le plus cher, histoire que je l'enferme dans une boite et le range dans un bunker pour m'assurer qu'il serait en sécurité... Trois fois de suite.
Bon, je ne parlerai pas du dernier vers, celui-ci me provoquait des frissons rien que d'y penser.
Ce que je ne savais pas à l'époque, c'est que ces vers n'étaient en réalité qu'un fragment d'une prophétie qui allait me pourrir la vie pour les 25 prochaines années !