PDV de Ascian
Elle n'était pas dans sa chambre putain! Elle était partie, j'aurais dû m'en douter qu'elle ne me laisserait aucune chance de m'expliquer.
Je m'étais laissé emporter par ma colère quand je l'ai vu discuter avec Élias durant l'après-midi, il l'avait touché ! Il avait posé sa main autour de la taille de mon ange! Rien que d'y penser j'avais envie de le tuer une seconde fois... Il lui avait avoué ses sentiments et Heidna ne les avait pas refusé, ni accepté à vrai dire, elle c'était enfuie en prétextant que je l'avais appelé...
Elle était si maladroite et innocente dans sa façon d'agir et ça me rendait fou, je me sentais toujours obligé de la surveiller pour lui éviter qu'il lui arrive le pire à chaque fois, elle ne se rendait pas compte du danger constant qui l'entourait, elle était sans cesse dans son petit monde.
Après ça, j'avais bu, bien assez pour tuer un homme et tout juste assez pour que moi j'oublie un peu le présent, le problème c'est que mon corps récupère plutôt vite et au bout de quelques heures à peine, je me sentis revenir à moi-même et je compris rapidement l'ampleur des désastres que j'avais causé, mais il était trop tard, une rousse me déshabillait et deux brunes étaient déjà vidées de leur sang sur mon lit.
J'avais juste voulu qu'elle souffre comme j'ai souffert quand je l'ai vu rire aux éclats, donner ses magnifiques sourires à un domestique insignifiant alors que moi elle ne m'offrait que ses larmes.
Pourquoi elle ne voulait pas sourire avec moi ?
Pourtant je lui offrais des choses, les femmes aiment les bijoux et les robes n'est-ce pas ? Je l'ai vu porter la pince en or que j'avais posé sur son lit à son anniversaire, chaque année je lui déposai un cadeau dans sa chambre, pourquoi elle ne m'offrait pas un de ses beaux sourires en échange ?
Je ne comprenais pas ce que lui faisait de si bien pour qu'elle soit si heureuse à ses côtés, même le domestique c'était moi qui lui avais offert... Je pourrais lui acheter tout ce qu'elle désire, je crois bien que je ne recevrai jamais un de ses délicat sourire, qu'attendait-elle de moi finalement ?
Mon cœur se sera un instant, elle était parti me rappelais-je d'un coup... Je l'avais fait fuir.
Pourquoi mon demi frère avait fait une telle chose ? Lui montrer qui j'étais ? Elle n'était pas prête encore. C'était à moi de décider quand et comment je lui expliquerais. Ce connard venait de me voler ma seule chance de lui expliquer les choses convenablement. Mon sang bouillonnait dans mes veines, j'étais tellement en colère contre lui, contre elle, contre la terre entière en réalité.
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Je dévalais les escaliers en direction du garage, jamais je ne la laisserai m'échapper. Elle était à moi et elle devait rester à mes côtés, c'était impossible autrement. Peu importe qu'elle choisisse de ne plus me regarder ou de me parler pendant des mois, elle allait devoir rentrer à la maison avant le levé du soleil...
En arrivant près de la grille je mémorisais les visages des gardes qui l'avaient laissé s'échapper. À mon retour ils seraient mort.
La seule route menant au village était sombre, aucun réverbère n'était installé. Nous étions sur une propriété privée et jusqu'à présent personne n'utilisait cette voie puisque je n'étais pas là et les domestiques habitaient dans les extensions autour du manoir alors jamais je n'avais installé un éclairage quelconque.
L'hiver, quand il venait à neiger, la route devenait impraticable sous plusieurs mètres de neige amoncelée et personne ne pouvait monter ou descendre de la colline pour aller en ville pendant plusieurs mois. Heureusement nous avions tout ce dont nous pouvions avoir besoin dans le manoir. Cependant, jamais je n'étais resté enfermé plusieurs mois dans la vieille demeure comme le faisait sans le savoir Heidna depuis des années à chaque période hivernale.
Mais cette année je comptais bien y rester bloqué avec elle pour seule compagnie, ainsi que quelques domestiques...
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"Elle était partie" ... cette phrase tournait en boucle dans mon esprit comme pour me le rappeler chaque seconde qui s'écoulait, pour une fois, trop lentement.
Cette pensée me raviva et j'appuyais sur l'accélérateur puis je jetai ma colère sur l'embrayage pour passer une vitesse supplémentaire. Moi, je n'avais pas peur d'avoir un accident contrairement à elle, et c'est grâce à ça que je comptais la rattraper avant qu'elle ne s'enfuit hors de ma ville, là où je contrôlais moins de personnes.
Au bout de plusieurs virages serrés et panneaux stop grillés, j'arrivai enfin derrière ma voiture que Heidna avait volé, c'était devenu une habitude pour elle décidément...
Je supposais qu'elle m'avait repéré dans son rétroviseur puisque son moteur vrombit et elle commença à accélérer dangereusement. Elle coupait ses virages, roulant complètement sur la route à notre gauche, à contre sens...
Mon cœur battait si fort que ma respiration en devenait saccadée. Elle était complètement inconsciente!
Mon sang bouillonnait dans mes veines dû à un mélange toxique de colère et de peur. J'étais prêt à n'importe quoi pour qu'elle me revienne.
Elle appuya sur l'accélérateur une nouvelle fois. Nous devions être à plus de 180 sur une route de campagne, à slalomer d'une voix à l'autre dans une mélodie faite de bruits de pneus crissant sur la route, de dérapage, d'accélération et de klaxon.
L'air frais de la nuit de novembre claquait contre le pare-brise de la voiture, rendant nos trajectoires d'autant plus aléatoires.
À un moment je fis mine de vouloir la dépasser par la droite alors qu'elle roulait toujours à contre sens à gauche, alors elle tenta de me couper le chemin et fit en ce sens ce que j'attendais d'elle.
Je tournai brusquement mon volant à gauche et commençai à la doubler par la gauche.
Elle accéléra aussi vite que sa voiture lui permettait et je la suivis dans son initiative.
Nous étions désormais côté à côté, roulant à la même vitesse sur les deux routes.
Je la vis alors à travers sa fenêtre, son regard était noyé dans la haine débordante qui émanait d'elle, ses yeux ne pétillaient plus de joie, ils avaient perdu cette lueur étrangement réconfortante que j'aimais tellement et qui était la raison pour laquelle j'aimais tant me perdre dans son regard...
Ses mains étaient crispées sur son volant et elle mordait sa lèvre inférieure comme pour se retenir de s'écrouler en pleurs et en cris.
J'avais si mal de la voir ainsi par ma faute mais mon naturel remontait toujours à la surface et je laissai ma colere m'envahir, j'étais vexé et blessé qu'elle me quitte aussi facilement.
Alors sans plus réfléchir je tournai brusquement le volant à droite pour lui rentrer dedans, à cette vitesse là, je savais que ça allait lui être fatal.
Elle perdit le contrôle de son véhicule malgré ses tentatives de freinage. Quelques secondes plus tard elle était rentrée dans un pin à droite de sa route, laissant des traces de pneus sur la route et la voiture immobilisée mais sûrement pas réutilisable.
Je me garai et me précipitai vers le siège conducteur pour y vérifier sa passagère.
Heureusement elle n'avait rien, elle était juste inconsciente dû au choc qu'elle avait dû recevoir à la tête avec les airbags.
Je glissai deux de mes doigts sous son nez pour y vérifier sa respiration, elle était bien régulière mais très peu perceptible. Elle avait dû recevoir un choc beaucoup trop fort pour qu'elle reprenne connaissance rapidement.
Je rentrais légèrement dans l'habitacle pour y passer ma main gauche autour de sa taille jusqu'à sa ceinture, j'effleurais le bouton de la ceinture de sécurité puis je la détachais enfin.
Je me stoppais un moment pour l'admirer un instant.
J'étais à quelques centimètres de son visage, seul ma main droite posée sur le cadrant de la portière me maintenait à cette distance.
Ses yeux étaient clos et ses lèvres pulpeuses juste assez entre ouvertes pour laisser passer la vie. De plus ses joues étaient encore rougies par la colère qu'elle ressentait il y a encore quelques minutes. Elle était divinement belle. Aussi douce et pure qu'un ange mais aussi manipulatrice et impulsive que l'ange déchu qu'est le diable.
Elle était mon petit ange et je venais de risquer sa vie pour un caprice, je voulais la garder pour moi tel l'égoïste que je suis.
Après quelques minutes passées à l'admirer endormie par ma faute, je ne pouvais plus résister à mon envie irrépressible de l'embrasser alors je déposai mes lèvres sur son front en un doux baiser qui voulait dire " je suis désolé de t'avoir choisi toi, comme premier amour, et que tu souffres par ma faute..."
J'avais tant de peine pour elle, je savais que j'étais beaucoup trop égoïste pour la laisser partir un jour...
Je glissai un bras dans son dos et l'autre sous ses jambes afin de la soulever et la sortir se l'habitacle.
Sa tête tomba contre mon épaule et je sentis des frissons parcourir mon corps. C'était dingue l'effet qu'elle pouvait me faire, jamais je n'aurai crû qu'un si petit être pouvait me faire ressentir autant d'émotions rien qu'en se donnant la peine de respirer...
Je la déposai sur la place de devant juste à côté de la mienne et lui remis sa ceinture.
Je fis demi-tour, près à rebrousser chemin jusqu'à revenir au manoir. Le trajet allait sûrement durer un moment vu la distance que nous avions traverser à toute vitesse depuis tout à l'heure.
Au bout d'une demie heure, j'étais à mi-chemin quand j'entendis son cœur battre étrangement trop fort, j'avais mémorisé le rythme de ses battements de cœur et ça, se n'était vraiment pas normal...