Si je ne me trompais pas, Ascian n'était pas de sortie aujourd'hui. Après les derniers événements d'hier matin, je m'étais préparée à tenter une ultime provocation mais si "Monsieur" mordait à l'hameçon ce matin, alors ce ne serait pas la dernière provocation finalement mais plutôt la première d'une longue série.
Avec ce que je m'apprêtais à faire, il n'allait plus pouvoir me croire si docile que ça. Mais j'espérais que ça en vaudrait justement la peine.
Le jour commençait à baigner mon balcon d'une douce lumière qui parvenait à se frayer un chemin entre les grandes vitres de mes fenêtres de chambre jusqu'au parquet en face de mon lit. Il devait être 8h tout au plus, normalement je devrais être prête pour mes cours dans une pièce de la bibliothèque.
C'est exactement ce que je voulais, créer la panique chez les domestiques jusqu'à ce que Ascian soit assez agacé pour me chercher lui même. Mon but était simple: m'échapper discrètement tendis que tout le monde s'affairera à me retrouver. Jamais ils me chercheront là où je serais.
PDV de Ascian
-Monsieur, excusez-moi. M'interpella discrètement le jeune domestique que j'avais offert à Heidna pour lui tenir compagnie.
- qu'y a-t-il Élias ?
Disais-je agacé avant même de l'entendre poursuivre.
- Mademoiselle n'est pas venue prendre le petit déjeuner ce matin et je ne pense pas qu'elle viendra.
Cette nouvelle me déplaisait mais après les récents évènements je pouvais comprendre qu'elle voulait m'éviter. Si c'était ainsi que les choses devaient se passer, j'allais sauter le petit déjeuner et lui laisser le champ libre pour pouvoir s'installer à cette table. Il était hors de question qu'elle loupe un repas, je ne voulais plus qu'elle refasse ça à cause de moi, d'autant plus que maintenant j'étais à ses côtés.
L'idée quelle ne souhaitait pas me voir me fit contracter la mâchoire. Je décidais finalement de refermer mon journal et de me lever pour partir avant de me tourner vers le gamin derrière moi :
- Dis lui de descendre immédiatement ou sinon j'irais la chercher moi-même.
M'exprimai-je sèchement. Puis d'une voix plus douce j'ajoutais
- dis lui que je suis parti pour un certain temps.
Ce n'était pas vraiment prévu mais elle était mieux sans moi. Même si elle peinait jusqu'à présent à le comprendre, maintenant elle devait l'avoir compris, ce constat me mit plus en colère que ça ne le devrait.
Il fallait que je parte un temps en ville jusqu'à ce qu'elle aille mieux et que les choses se tassent entre nous. J'en profiterais pour traquer mon demi frère et lui faire cracher le morceau concernant sa petite visite surprise dans ma propriété. Le connaissant il ne faisait rien par hasard, il voulait quelque chose c'était sûr et si cette chose était mon ange, je serais obligé de le tuer et de ramener sa tête tranchée à son père, le réel commanditaire de toute cette mascarade.
-non monsieur vous m'avez mal compris, elle n'est pas non plus dans sa chambre...
Rétorqua avec prudence Élias, me coupant de mes réflexions.
- Comment ça elle n'est pas dans sa chambre ? Où est-elle ? Criais-je sur le gamin en face de moi que je venais de soulever du sol par le col de son uniforme noir de cuisiner, sans réellement m'en rendre compte. Elle avait le don de faire ressortir en moi des sentiments bien trop primaires à mon goût.
Un bruit de moteur se fit entendre dans la cours et des bruits de pneus s'écrasant sur les graviers me firent lâcher le frêle garçon qui tomba brutalement sur le sol en un bruit sourd.
Mes yeux se posèrent sur les baies vitrées de la salle à manger puis sur les longues boucles blondes qui s'enfonçaient dans l'obscurité de l'habitacle de ma Aston Martin db5 noire évidemment, garée dans la cour, l'une de mes plus belle pièce que je venais d'acquérir il y a tout juste 5 mois et que je n'avais que très peu essayé, étant souvent absent. Un véritable bijou que je ne laissais personne approcher.
-j'ai ma réponse...
Murmurais-je à moi même dans un souffle d'amusement.
La voir tenter de conduire allait sûrement être très divertissent et je ne comptais pas en louper une miette. Mais mon sourire disparu presque instantanément quand le moteur se mit à vrombir de plus belle et que la voiture se mit à reculer dans l'allée avant de s'arrêter, le tout avec une telle aisance que ça en devenait stupéfiant, puis elle avança à nouveau en marche avant pour entrer dans l'allée qui menait aux grilles d'entrée et de sortie de la propriété. Évidemment elles s'ouvriront en voyant arriver MA voiture. Le temps que les gardes comprennent leur erreur ils giseront déjà dans leur propre sang. Je n'allais pas laisser ces abrutis protèger ma douce Heidna si ils ne sont même pas capable de la reconnaître...
Mon sang ne fit qu'un tour et je criais :
-Elias allez chercher mon chauffeur !
Mais aucun bruit ne résonnait dans le silence laissé derrière la fuite de Heidna. Je me retournais et admirais le corps inerte du gamin au sol. Ce con avait tourné de l'oeil.
- Merde !
M'exclamais-je.
Je pris mon long manteau de laine noir des mains d'une domestique posait près de la porte et le déposais sur mes épaules au dessus de mon costume trois pièces. Puis j'ouvris la porte principale du manoir avant de sauter dans la première voiture que je trouvais de garer dans l'allée. C'était celle de mon chauffeur qui laissait toujours les clés sur le contact au cas où je sois appelé d'urgence quelque part, mais je n'avais pas le temps de l'attendre, je conduirais moi même.
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Un dérapage plus tard et quelques excès de vitesse passés et je me trouvais en ville.
Heidna était forcément là, il n'y avait qu'une voix possible. Le manoir avait été créé en haut de la coline où se trouvait, au pied, la ville de Sheirbroc et surtout qu'une seule route pour descendre avait était construite. Il ne me restait plus qu'à retrouver ma voiture. Ça n'allait pas être difficile étant donné que personne n'avait ce modèle dans cette petite ville.
De plus je connaissais tout le monde ici enfin tout le monde me connaissait plutôt. J'avais de nombreux contacts et je contrôlais le chef de police donc autant dire que j'étais la police ici. Un des nombreux avantages d'être riche depuis des centaines d'années... Je contrôlais tout et tout le monde dans la région. En un coup de fil ma voiture avait été localisée et Heidna retrouvée. Un vrai jeu d'enfant.
Mais elle me faisait de la peine à tenter de s'échapper comme ça, elle devait se croire libre là où elle se cachait, peut être devrais-je la laisser croire que c'était le cas tout en restant près d'elle au cas où un taré s'approcherait d'elle un peu trop près. Mais en réalité j'aimais surtout pouvoir la voir sans qu'elle, elle me voit, l'admirer sans restrictions.
Une fois arrivé au bar où elle c'était arrêtée selon les dires des policiers, je m'assis discrètement dans un coin peu éclairé à l'écart du bar, c'était là où je préférais m'installer pour choisir quelle personne j'allais vider de son sang, souvent je choisissais plutôt des femmes, se sont elles qui me dégoûtaient le plus donc je n'avais aucun regrets une fois qu'elles tombaient au sol, mortes. À vrai dire je n'en avais jamais... J'estimais que les regrets étaient pour ceux qui étaient incapables d'avancer, c'était pour les lâches.
-monsieur ! Ça faisait longtemps que nous vous avions pas vu ici. Remarqua le serveur en faisant glisser un verre de whisky sur le bois vernis mais usé de la table à mes côtés.
Je lui adressais un regard qui voulait dire "dégage de ma vue" ce qu'il fit sans plus attendre. C'est vrai que depuis quelques semaines je n'avais plus rien ramassé ici et je me contentais de ma réserve personnelle de sang au manoir. Une des nombreuses choses qu'apporte l'argent, c'est le pouvoir et c'est ce que j'avais sur tous les hôpitaux de la région, de quoi remplir mes réserves à ras bord pendant des siècles encore...
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-Mais où était-elle ?
Me demandais-je dans ma tête.
J'avais beau passer au peigne fin chaque recoins de la salle des yeux mais elle n'y était pas.
Je saisis mon verre et en bu une petite gorgée tandis que je fixais le fond du bar où j'entendis un clic de serrure qui se débloquait retentir entre les conversations des gens et les bruits de pas ou de respirations.
Elle sortit des toilettes et essuya ses mains mouillées sur son jeans bleu clair. Elle était si belle habillée comme ça, même les vêtements les plus simples la rendaient si merveilleuse.
Elle avança dans la pièce, observant chaque détail autour d'elle mais avant de faire le tour du bar, son regard se planta sur le serveur qui jonglait avec des bouteilles d'alcool tandis qu'il servait un cocktail à deux brunes assises au bar en face de lui. Comme hypnotisait par ses gestes elle s'avança vers lui.
L'adrénaline montait en moi et c'était comme être un chat qui jouait avec une souris alors qu'en un coup il pourrait la tuer. J'aimais avoir le contrôle sur tout et tout le monde mais d'autant plus sur ELLE... Et la voir jouer avec le feu en s'approchant de cet homme me donnait envie de me lever, de la prendre sur mon épaule pour l'embarquer avec moi, mais je voulais voir jusqu'où elle irait,et jusqu'où j'étais capable de me canaliser avant de faire voler dans la pièce ce connard de barman qui faisait son show aux deux pétasses devant lui mais surtout qui s'apprêtait à poser les yeux sur ce qui m'appartenait et ça c'était hors de question.
Quand à elle, j'appréciais de la voir découvrir le monde comme si elle ne se rendait pas compte qu'elle marchait dans une cage aux lions et que tous les hommes de se bar la mataient et étaient près à lui sauter dessus.
Mais j'étais là, au moindre faux pas ils perdraient la vie, je m'en ferais un plaisir de la leur prendre...
PDV de Heidna
Je n'étais pas idiote, je l'avais vu avant même qu'il entre dans cette pièce. Je l'ai vu se garer devant la baie vitrée du bar et sortir en colère pour changer. Depuis le début je l'attendais, il avait mis plus de temps que prévu à arriver mais il se rattrapait en tombant gentiment dans mon piège.
Et ce n'était que le début, je voulais draguer un mec et l'embrasser, m'amuser pour voir sa réaction, je voulais le voir en colère, je voulais qu'il réagisse au lieu de me fixer tranquillement au loin. Je ne sais pas pourquoi je faisais ça mais j'en avais besoin, je ressentais cette forte envie de le voir ressentir n'importe quoi pour moi même de la haine.
Je m'approchais du bar quand un homme me bouscula:
-oh pardon mademoiselle, on vous a déjà dit que vous aviez des yeux magnifiques. S'empressa-t-il de me dire alors qu'il fixait mon décolleté que j'avais volontairement mis pour attirer l'attention.
Il était bourré mais tempis il ferait l'affaire.
Mon regard dévia doucement vers Ascian enfoncé dans le coin le plus sombre de la pièce,ce qui me donnait presque des frissons. Il restait calme, immobile sur son large fauteuil de cuir à m'observer sans relâche, attentif à chacun de mes gestes. Si son regard pouvait m'assassiner il le ferait mais son corps, lui , restait impassible.
Je ressentis une vague de frissons le long de ma colonne vertébrale descendre jusqu'en bas de mon dos, tout ce petit jeu me rendait dingue, des milliers de sensations s'emparèrent de moi quand je me rendis compte que j'étais entrain de manipuler et provoquer le mec qui avait passer son existence à me manipuler et m'enfermer comme bon lui semblait.
Une chaleur naquit dans ma poitrine et mes battements de cœur se firent plus rapides. J'étais complètement surexcitée par ce qui était entrain de se jouer entre lui et moi.
J'aimais vraiment le goût de la vengeance.
- tu m'offres un verre ! M'exclamai-je en adoucissant ma voix près de l'oreille de l'inconnu qui continuait à fixer mon corps comme si il n'avait jamais rien vu de tel.
Il n'était pourtant pas si moche avec ses yeux noisettes et ses cheveux mi-longs qui tombaient près de ses yeux, mais quand même rien à voir avec les 1m90 de Ascian et de son physique de dieu grec ...
Le mec m'attrapa le bras et me tira vers une chaise haute qui entourait le bar un petit sourire aux lèvres.
Quelques minutes plus tard un minuscule verre avec de l'eau se trouvait devant moi.
- à tes beaux yeux !
S'exclama le mec à mes côtés en levant son verre en un geste rapide dans ma direction avant d'en vider le contenu d'un coup sec.
Je suivis son geste et découvris avec stupeur que le liquide transparent n'était en rien similaire à de l'eau si ce n'était l'aspect... Je toussais plusieurs fois avant de reprendre ma respiration normale.
- t'as quel âge au fait ? Non enfaite je m'en fous les jeunes sont plus endurantes...
Chaque parole de cet homme était plus répugnante l'une que l'autre.
Quand je croyais qu'on ne pouvait pas faire pire, je sentis sa main se glisser sur ma cuisse jusqu'à forcer l'accès entre mes jambes à travers mon jeans.
Je me levais d'un coup et reculais d'un pas me heurtant à une paroi dure.
- ça va mon amour, je ne t'ai pas trop fait attendre ?
S'éleva une voix grave dans mon dos qui laissait transparaître une certaine touche de provocation et de haine, non pas pour moi, mais pour l'homme encore assis au bar en face de moi. À en notait par la chaleur qui se dégageait de cette paroi et des respirations que je sentais dans mon dos, cela devait être le torse d'un homme et non une partie de mur...
Mon cœur manqua un battement et mes jambes menacèrent de céder sous le poids de mon coeur et de ma honte.
Je me risquais à lever la tête vers cet homme derrière moi sachant pertinemment de qui il s'agissait, je pourrais reconnaître son parfum entre mille, cette odeur de tabac froid et de whisky ou scotch selon son humeur...
Là il était très en colère, le whisky était signe de rage chez lui.
- écoutes moi bien connard tu viens de faire une grave erreur en la touchant, je te laisse quelques minutes pour t'enfuir. Cours vite parceque je te tuerais si je te rattrape...
Tic tac...
S'enquit t'il de rajouter à son discours menaçant que l'homme pris très au sérieux puisqu'il s'enfuit aussi vite que son corps alcoolisé pouvait le supporter. Il était véritablement pathétique...
Je m'apprêtais à me retourner pour faire face à Ascian quand sa main saisi mon poignet brutalement, l'entourant de ses longs doigts. Je sentais le froid de sa chevalière se presser douloureusement contre l'os de mon poignet. Je serrais les dents et pris une grande inspiration, prête à me retourner et à lui faire face alors que tout le bar nous regardait fixement comme si cet endroit n'avait jamais vécu de dispute du genre...
Quand d'un coup je senti son corps se coller bien plus au mien et son torse s'appuyer contre mon dos avant de sentir un souffle chaud se reprendre contre mon cou.
-Je te préviens, en rentrant tu seras punie assez fort pour que tu ne veuilles plus jamais recommencer. Et que se soit bien clair Heidna, je veux être le seul à te toucher, à t'embrasser, à sentir ton parfum et à t'appeler mon amour.
Chuchota-t-il à mon oreille d'un ton à la fois menaçant et doux comme une promesse romantique.
Mon corps frémi à ses paroles, je ne comprenais pas ce qui lui prenait tout à coup. Il semblait pourtant si indifférent, si méchant avec moi... Vivre à ses côtés c'était comme passer dans des montagnes russes, un jour il me détestait, l'autre jour il disparaissait des années, et maintenant...
Il était possible qu'il m'appréçiait plus que ce qu'il laissait transparaître ?
Mes yeux continuèrent de le fixer complètement abasourdie par ses propos.
- maintenant, dans la voiture ! S'exclama-t-il en empoignant mon bras plus fermement et en me tirant hors du bar sans ménagement.
Quelques secondes plus tard j'étais assise sur le siège passager de la voiture que je conduisais quelques instants auparavant, avec pour chauffeur Ascian qui fixait sans aucune émotion la route qui se profilait devant nous jusqu'à rentrer au manoir. Dans cette voiture, dans ce silence et sur ce siège, j'avais bien eu le temps de ruminer ma haine et de me remémorer sans relâche ses mots " je veux être le seul à te toucher, à t'embrasser..."
Était-il sérieux ? Ou était-ce encore un de ses petits jeux ?