Mords-moi

By Mand1519

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Harry, populaire alpha, s'imprègne de Louis, oméga un peu rebelle. Le premier ne l'a pas fait exprès. Le seco... More

Avant-propos
1. Harry, quoi
2. Brûlerie
3. La photo 🍋
4. Comment tu t'appelles ?
5. Le t-shirt
6. Tes yeux
7. Orange incandescent
9. Face à la peur
10. Tourbillon, frisson, brûlure
11. Cœur crevé
12. Crépitements
13. Wow 🍋
14. Connectés
15. Climax
16. Jour 1
17. Jour 2
18. Jour 3
19. Jour 4
20. Jour 5
21. Soleil brûlant
22. Jour 6
23. Jour 7
24. Blouson en jean
25. Harrey
26. Mentir pour toi
27. N'y voir que du feu
28. Chacun sa part du marché
29. Tanakaï
30. Croissant (1/2)
31. Croissant (2/2)
32. Te sentir
33. Fier
34. Gage et dégage
35. Dick
36. Mondes parallèles
37. Phéromones
38. Chaleurs
39. Je t'aime plus encore (1/2)
40. Je t'aime plus encore (2/2)
41. Se confier
42. Le vrai toi
43. Cent mots
44. S'abandonner
45. Mordre ou ne pas mordre
46. N'oublie pas qui je suis
47. Persévérer
48. Conversation(s)
49. Ziam
50. Le poids du silence
51. Grégoire
52. Papouilles
53. Tirs au but
54. Cette putain de tendresse
55. Ruts (1/2)
56. Ruts (2/2)
57. Regrets
58. Sens-moi
59. Choisir
60. Bachata
61. Nouvelles perspectives
62. Safe place
63. Tomber pour Harry...
64... accepter l'alpha
65. Succomber
66. 3h03
67. Dans tes draps
68. Nid douillet
69. Badass
70. Moitié
71. Meute
72. Ophélie
73. Capitaine Tomlinson
74. Invincible
75. Carrière
76. Truc d'oméga
77. Et mai
78. Au commencement
79. L'alpha et l'oméga 🍋
80. Alpha sans oméga (1/2)
81. Alpha sans oméga (2/2)
Epilogue

8. Sabbath et Tanakaï

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By Mand1519

Je l'entends grogner avant même de l'apercevoir. Je devine qu'il se tient derrière Louis. Et qu'il n'est pas content. Sa silhouette se dessine peut à peu tandis qu'il contourne les jambes du châtain pour se poster à côté de lui.

L'alter-ego de Louis est magnifique. Il est plutôt grand pour un loup d'oméga. Assez fin, mais certainement agile et rapide.

Sa robe est noire. Non. En fait elle n'est pas si noire que cela. Je devine des reflets couleur fauve. Selon comment il bouge, on le voit que ses poils sont cuivrés. Comme les yeux de son maître en ce moment-même.

Il me fixe de ses yeux couleur rougeâtre et si ses babines n'étaient pas retroussées dans un signe d'énervement, je m'approcherai pour le caresser.

Mais là, de la bave blanche s'écoule de sa gueule tandis qu'il grogne et grogne encore contre moi. Son corps bouge légèrement, comme si son attaque était imminente mais qu'il se retenait de bondir sur moi.

La rage qui l'anime devrait m'inquiéter. Mais pour l'instant, je regarde Louis et c'est plutôt lui qui m'inquiète.

D'abord, parce que je ne sais pas pourquoi ses yeux ont pris cette couleur. Ensuite, si son loup est apparu, c'est qu'il est très, très en colère. Or, c'est lui qui contrôle son loup. Ce dernier ne m'attaquera pas si Louis ne lui en donne pas l'ordre.

Quand même, il ne va pas lui demander de m'attaquer, si ?

Dans le doute, j'essaie de calmer le maître pour éviter de me faire bouffer par la boule de poils qui semble plus affamée que jamais.

- Louis, je suis désolé, okay. Tu prenais soin de moi et c'était agréable, tu sentais très bon, puis ton mec m'a insulté et t'a ordonné de couper les ponts avec moi, et ça m'a fait vriller. Je te promets que je ne voulais pas te faire peur ni te faire mal...

- Tu ne m'as pas fait peur ni mal.

Il a répondu ça d'une voix énervée, ses yeux me lançant des regards mauvais.

Je sais que c'est faux, et que j'ai fait les deux : je lui ai fait mal et je lui ai fait peur. Si tel n'avait pas été le cas, jamais son alter-ego ne se serait manifesté. On ne les fait jamais apparaître en public.

Nos loups vivent en nous la plupart du temps, comme une partie de nous. Ils ne s'exposent jamais. Sauf quand on les convoque et qu'on souhaite les faire apparaître. Sauf quand on vit un trop-plein d'émotions et que c'est si fort qu'ils sont comme expulsés de notre cœur le temps de laisser cette émotion s'exprimer. Sauf quand on vit un trop grand danger et qu'on a besoin de se sentir protéger.

Louis a eu peur et c'est pour cela que la bête est là. Mais qu'il est trop fier pour l'admettre.

- Si je n'avais pas bougé, tu m'aurais mordu espèce d'abruti, il lâche d'un ton froid.

- Non ! Je te le promets !

La vérité c'est que j'ai lutté pour ne pas franchir cette ligne rouge et je luttais encore lorsque ses doigts m'ont effleuré, envoyant une vague de chaleur tout droit dans mon cœur.

J'ignore ce que j'aurais vraiment fait s'il n'avait pas touché mon bras. Mais je veux croire que j'aurais vaincu mes plus bas instincts. Je veux y croire parce que franchement, ça m'a fait flipper moi aussi d'être ainsi gouverné par ce qui fait de moi un alpha.

Jusqu'à présent, j'ai toujours été fier d'être un alpha. Mais là, je ne me suis pas reconnu. Utiliser la force physique et celle de mon aura pour parvenir à mes fins, vouloir à tout prix me lier alors que je suis super jeune et que j'aime ma liberté, tout ça, ça me ne ressemble pas.

Et puis, ça me choque de savoir que c'est Louis qui provoque cela en moi.

J'ai connu des tas de gars et des tas de filles. Pourquoi avec lui c'est si différent ? Pourquoi il provoque ce chaos en moi ?

C'est peut-être moi qui l'ai retenu de force mais c'est bel et bien lui qui a cette emprise sur moi.

Je ne sais pas comment il a fait pour bouger alors que mon aura l'écrasait mais la force qu'il a su puiser je ne sais où nous a sauvé tous les deux d'une situation catastrophique.

Quand j'ai senti ses doigts sur ma peau, c'est comme si ça m'avait réveillé de ma transe. Je me suis souvenu à quel point j'aimais sentir ses caresses sur moi durant la brûlerie et à quel point je ne voulais pas me lier à lui par la force, pendant qu'il ne pouvait ni bouger, ni parler. Je me suis rendu compte que je ne voulais pas que ça se passe comme ça.

Parce que je tiens à lui. J'y suis attaché. C'est drôle, ce mot, "attaché". C'est comme si le lien était déjà fait.

J'avance d'un pas et tends le bras vers Louis mais son loup s'interpose et grogne de plus belle. Il est prêt à me sauter à la gorge.

Okay, les loups n'attaquent que si on leur ordonne, sauf s'ils jugent que leur maître est en danger. Ce loup-là me considère clairement comme une menace et il fera tout pour m'empêcher d'approcher l'oméga.

Merde.

Pourquoi a-t-il fallu que Louis l'appelle ?

La plupart du temps, ils vivent à l'intérieur de nous. Enfant, on a tendance à les faire apparaître souvent. Moi, je jouais tout le temps avec Tanakaï, mon alter-ego, un loup gris et blanc moucheté aux yeux bleus. Un grand et gros nounours aux premiers abords, mais une bête féroce si on le cherche.

Puis à l'âge adulte, chacun apprend à se protéger et cela veut dire protéger son loup. On apprend alors à cohabiter avec eux.

Le connexion est puissante, complexe, intime. Elle se fait par l'esprit, la pensée mais aussi les sentiments, la biologie.

Je n'ai pas un loup qui vit, dort et court dans mon cerveau ou mon estomac. Dans mon corps, Tanakaï, c'est le sang qui coule dans mes veines, le cœur qui bat dans ma poitrine, c'est mes larmes et ma joie, c'est la rage qui m'anime, c'est la puissance dans mes muscles quand je donne un coup de poing ou quand je cours tout simplement.

Tanakaï, c'est moi, juste moi. Et quand il prend la forme d'un loup, il devient mon alter-ego, mon double, un moi en version loup.

Quand mon côté alpha prend le dessus, c'est que Tanakaï est plus fort qu'Harry. Ça n'était jamais arrivé en dehors des ruts avant ce soir.

Aujourd'hui, l'humanité a appris à dominer ces loups intimes. Seuls les ruts et les chaleurs ainsi que les rites de passage - la morsure, l'imprégnation -, sont là pour nous rappeler que fut un temps où c'étaient nos loups qui nous gouvernaient tous. À l'époque où le monde était encore sauvage.

Aujourd'hui, on les montre rarement. Comme si l'on craignait de se réensauvager.

Et puis, moins les gens connaissent notre alter-ego, moins ils risquent de s'en prendre à eux. Car notre loup est autant notre force que notre faiblesse. Ça, j'ai mis un moment à le comprendre.

Adolescent, je me battais avec Tanakaï à mes côtés. Nous menions des combats acharnés. On en a mis des raclées tous les deux à des petits cons du lycée. J'étais le plus respecté du bahut et je laissais mon loup se promener à sa guise à l'air libre.

Mais un jour, des élèves d'un autre lycée avec qui je m'étais battu s'en sont pris à lui. Ils l'ont blessé et ça m'a affaibli moi. Quand ils me sont tombés dessus, je n'ai rien pu faire. J'ai pris une dérouillée dans la foulée.

J'ai compris ce jour-là que lorsque l'un de nous est blessé, l'autre le ressent. Cela décuple notre rage certes, mais notre corps est, lui, plus fragile. Notre cœur aussi.

Depuis ce jour, je n'ai jamais arrêté de me battre, mais je n'ai plus jamais convoqué Tanakaï. Je ne veux pas qu'il soit blessé ou que mon esprit soit occupé par son sort.

Pas tout le monde n'y arrive mais moi, j'ai appris à me servir de sa force pour encaisser les coups et frapper plus fort mes adversaires. On fait équipe, d'une autre manière. De la seule manière que je puisse gérer.

À l'intérieur, Tanakaï me rend plus fort. Dehors, il me rend plus faible.

J'ai l'impression que pour Louis, c'est l'inverse. Il se dégage une telle force d'eux deux depuis que son loup est apparu. Ils sont tous les deux magnifiques avec leur air si déterminé.

Le visage de Louis est figé dans une expression de colère mais je ne sais pas si je l'ai déjà vu aussi beau qu'en cet instant. Ses yeux sont d'un cuivré intense qui me transperce l'âme. Ses lèvres sont pincées. Je peux sentir toute la haine et la colère qu'il ressent pour moi.

Elle est forte, palpable. Elle s'abat peu à peu sur moi. Mais à mesure qu'il s'énerve, son odeur gagne aussi en force. C'est puissant. C'est violent comme c'est puissant.

Il dégage un parfum de rage et de vengeance mais ça reste son parfum, ce parfum auquel je suis des plus sensibles.

Et je sens que la situation devient dangereuse.

Lui se tient debout face à moi tandis que la bête marche sans me quitter des yeux. Elle fait quelques pas et se positionne devant la porte des vestiaires.

Je sens peu à peu que mon corps a envie de se courber.

Je ferme les yeux quelques instants et j'inspire et expire doucement.

Il faut vraiment que Louis se calme.

- Louis, t'es-

- Ta gueule, je ne veux plus t'entendre. Barre-toi.

- Je-tu-

- Ta gueule j'ai dit ! Putain mais t'attends quoi pour te barrer ? Dégage de ma vue !

Putain arrête ça... S'il te plaît mon chat, arrête ça...

- Je-je peux pas.

Mon corps est incapable de bouger.
Le châtain sort de ses gonds.

- Putain mais qu'est-ce que tu me chies encore ? il s'exaspère.

Il ne s'en rend même pas compte ?

- Louis, t'es en train de m'imprégner, là, je lui explique en haussant un peu la voix. Tu m'entends ? T'es tellement en colère que t'es en train de me recouvrir de ton odeur et tu m'empêches de bouger.

Il me regarde d'un drôle d'air, comme s'il ne comprenait pas et comme si je racontais de la merde.

- Ton odeur, c'est comme mon aura. Elle me cloue au sol. Si je m'imprègne de toi, c'est presque comme si je te mordais, on va être en quelque sorte lié alors calme-toi.

- J'y arrive pas putain ! il gueule à présent et tandis qu'il fait de grands gestes dans les airs, une vague de parfum déferle sur moi.

Comme l'autre jour, j'ai l'impression que son odeur s'accroche à mon cou, à mes cheveux, à mes fringues. Comme des petites mains invisibles qui cherchent à m'attirer jusqu'à lui tout en me déshabillant.

- Okay, calme-toi, évite de bouger s'il te plaît. Je vais partir...

Je souffle un grand coup. Je peux le faire, je peux me barrer. Je peux fuir cette pièce et cette odeur entêtante.

Je ferme les yeux et essaie de me concentrer. Je fais le vide et je pense à mes pères, comme s'ils se tenaient dans le couloir et m'encourageaient pour sortir de là.

Okay, je peux le faire.

Je redresse un peu la nuque et au prix de gros efforts et d'un déchirement dans mon cœur, mon corps répond enfin à mes ordres. Je commence à avancer vers la porte.

- Dis à ton loup de me laisser passer...

- Sabbath, stop ! lâche Louis.

Mais le loup grogne de plus belle. Je regarde Louis et lui a les yeux rivés sur son loup. Il ne comprend visiblement pas pourquoi il ne lui obéit pas.

- Sabbath, viens là ! il répète en faisant un geste avec sa main pour le faire venir à ses pieds.

Le loup retrousse un peu plus ses babines. Il n'a malheureusement d'yeux que pour moi et ignore totalement Louis.

Il est super énervé et il est clair qu'il ne me laissera pas partir. Son regard est hypnotique. À la fois glaçant mais fascinant. Je le laisse sonder mon âme.

Allez le chien, tu vois bien que je ne suis pas un mauvais gars. Tu ferais mieux de grogner comme ça sur l'abruti qui lui sert de copain et qui lui parle mal.

Le loup finit par arrêter de grogner et se contente de me regarder, le corps toujours tendu, prêt à bondir.

Okay. La tension redescend d'un cran avec la bestiole. Ne reste que l'odeur de Louis, toujours hyper forte.

Il faut vraiment que je déguerpisse de là.

Allez, laisse-moi passer, joli toutou.

Je pense que le loup va s'écarter mais il se remet à grogner dès que je fais un pas de plus.

Bon... Là, ça devient plus que problématique.

Je l'ai compris et Louis aussi. La bestiole m'empêche de sortir et je vais bientôt m'imprégner de Louis.

- Convoque ton loup putain Harry !

Je le regarde l'oméga, l'air impuissant.

- Non, je ne peux pas.

- Convoque-le bordel !

Il s'énerve et perd patience. Il n'avait aucune envie de s'imprégner de mon odeur et il n'a maintenant aucune envie de m'imprégner de la sienne.

Si Tanakaï apparaît, les deux loups se battront entre eux. Ils se poursuivront dans le couloir et ça me permettra de partir. Une fois parti, je n'aurai qu'à rappeler mon loup.

C'est ce que veut Louis.

Mais Tanakaï est trop faible.

Je viens de passer trois jours à baiser sans presque rien manger, je me suis pris une dérouillée il y a à peine une heure et j'ai encore mal partout, j'ai ensuite mené un combat intérieur contre lui pour ne pas me faire dominer par mon loup.

Je suis affaibli. Très affaibli et si je le suis, Tanakaï le sera aussi.

Le loup de Louis est en parfaite santé. Et il est complètement enragé. Il va le tuer. Je refuse qu'on tue mon loup.

- Non Louis, c'est pas le bon moment.

Je dois trouver une autre solution. Et elle vient quelques secondes plus tard.

- Écoute, dis-lui d'attaquer et quand il me sautera dessus, barre-toi et une fois dans ta chambre, rappelle-le.

- T'es complètement malade ! il m'engueule. Je n'arrive pas à le faire obéir ici, si je me barre et que je n'arrive pas à le rappeler il ne va pas se contenter de te mordre. Il va te buter !

- Lou, c'est la seule solution. Je me sens faible. Tu me rends faible. Tu vas m'imprégner et je vais te laisser faire, je sens que c'est imminent.

Il passe ses mains sur son visage puis dans ses cheveux, les mettant en bordel.

- Putain... C'est un putain de cauchemar... il s'exaspère, parlant plus pour lui-même que pour moi. Sabbath, stop putain !

Il retente mais rien n'y fait. Le loup a toujours des envies de meurtre sur ma personne.

- Allez, lâche-le et on n'en parle plus ! je le pousse. Je te fais confiance, tu sauras le rappeler. Il aura à peine le temps de me mordre.

Je n'en suis pas si sûr et je m'attends à morfler et à protéger ma nuque au péril de ma vie mais je sais que Louis se sent piégé dans cette pièce. Il ne veut pas que son loup m'attaque, mais il ne veut pas non plus que je m'imprègne de son odeur. Il a peur et c'est sans doute pour cela que son loup est fou de rage et n'en fait qu'à sa tête.

Et tout ça c'est de ma faute. L'alpha est né pour protéger l'oméga. Et ça me tue que Lou ait en ce moment peur. Je veux qu'il se sente en sécurité. Je veux qu'il puisse quitter cette pièce et qu'il aille s'enfermer dans sa chambre, dans cette pièce familière où il pourra être tranquille, loin de moi.

Je ne veux plus qu'il ait peur. Alors si je dois me faire à moitié bouffer par un loup aussi magnifique que flippant, allons-y.

- Allez Lou, ne t'inquiète pas, je te fais confiance. Dis lui d'attaquer, barre-toi et rappelle-le une fois que tu es dans ta chambre. Ça va bien se passer, je souris.

Lui fait "non" de la tête mais il sait comme moi qu'on est bloqué.

- Fait chier, il murmure. Harry putain comment on en est arrivé là ? Ça devait juste être une brûlerie sans conséquence !

- Je sais Lou, je sais. Je-je ne pensais pas être aussi sensible à-à toi. Je l'ai pas fait exprès, je contrôle rien quand tu es là.

- Moi non plus visiblement, il répond en regardant son loup comme s'il lui envoyait cette reproche.

- Allez, vas-y, je répète.

- Mais il va te faire mal...

Je jurerai lire non plus de la colère mais de l'inquiétude dans ses yeux et je ne le supporte pas.

- Tu rigoles ? Tu oublies qui je suis. Je suis un putain d'alpha Louis ! Il va rien me faire, ton petit chien !

Il souffle un coup.

- Je suis désolé, il murmure.

- Pas autant que moi, je rétorque.

Je m'en veux tellement de lui faire vivre ça. De nous faire vivre ça.

Mes actes ont tout gâché avant même qu'il se passe quelque chose entre nous. Je sais très bien qu'après ce soir, il ne voudra plus jamais m'adresser la parole.

Je sais au plus profond de moi que Louis est mon oméga. Mais je sais aussi que je l'ai perdu. Je sais donc que jamais je ne connaîtrai le bonheur. Jamais je ne vivrai une histoire comme celle que mes parents ont connue.

Colère, tristesse et amour s'emparent de moi.

Ce soir, j'ai fait de la merde.

Ce soir, mon cœur et comme mon corps. Brisé.

- Sabbath ! sa voix tremble un peu. Attaque !

Je ferme les yeux et je me prépare à tomber au sol dans la seconde qui suit.

Mais un grognement familier me sort de ma torpeur. Je rouvre les yeux et panique en voyant que Tanakaï s'est interposé entre le loup noir et moi.

Sabbath s'est arrêté et se tient à quelques centimètres seulement de mon loup. Tous les deux se grognent dessus. Même si Tanakaï est plus grand et plus fort que Sabbath, lui ne se démonte pas. Il grogne même plus fort.

- N'attaque pas mon tout beau, je murmure à Tanakaï.

Mon loup fait quelques pas lents et Sabbath le suit en effet miroir. On dirait presque une chorégraphie. Ils tournent comme ça dans la pièce, sans se quitter des yeux. Sans arrêter de rager.

J'ignore ce que fait mon loup mais je finis par le comprendre quand il se retrouve face à Lou.

- Tanak ! Qu'est-ce que j'ai dit ? Tu ne le touche pas ! je répète d'une voix plus que ferme.

Il avance de quelques pas encore et Louis recule jusqu'à se retrouver plaqué contre le mur. Je m'apprête à intervenir quand Sabbath fait la même chose avec moi.

Il me grogne desssus d'un air si menaçant que je recule. Je recule et recule encore jusqu'à ce que mon corps cogne contre le mur en face de Louis.

On se retrouve face à face et nos loups dos à dos.

Ils nous menacent respectivement et nous immobilisent chacun contre un mur.

J'ai les yeux rivés sur Louis et lui a les yeux bloqués sur Tanakaï. C'est vrai qu'il peut être impressionnant.

Mais plus il a peur, plus ça excite le loup noir et plus son odeur est forte.

- Lou ! Lou regarde-moi ! je l'appelle et ses yeux se lèvent enfin sur moi. Il ne t'attaquera pas, okay ? Je te le promets, il ne t'attaquera pas.

Comme pour me faire mentir, Tanakaï montre encore un peu plus ses crocs acérés en grognant et les yeux de Louis s'écarquillent tandis qu'il se remet à regarder sa mâchoire puissante.

Putain mais pourquoi est-ce que ni mon loup ni le sien ne nous répondent ? Pourquoi sont-ils hors de contrôle ?

Je m'apprête à appeler une fois de plus mon alter-ego quand mon cœur commence à battre plus fort, je sens ma température corporelle monter en flèche. Mes oreilles bourdonnent et ma vue se brouille. Tous les compteurs semblent s'affoler. C'est le chaos dans mon organisme.

Je suis toujours conscient et pourtant, j'ai l'impression d'avoir perdu connaissance. Je ne suis plus dans ce vestiaire au carrelage blanc et froid.

Je suis sur un ponton et j'observe la mer démontée, dont les vagues s'abattent sur les récifs. L'une vient jusqu'à moi et elle est si haute qu'elle m'emporte au large. J'essaie de lutter mais plus je nage, plus j'ai l'impression de m'éloigner. Les vagues me recouvrent et de l'eau pénètre dans mes poumons.

L'instant d'après, je suis dans une forêt. Au-dessus de ma tête, de gros nuages noirs. Et tout à coup, un éclair qui déchire le ciel. Il s'abat sur un gigantesque pin, déclenchant un incendie. Les flammes gagnent vite en intensité. Les arbres secs s'embrasent comme des allumettes. Je cours pour échapper au brasier mais le rouge et le jaune des flammes gagnent du terrain.

Je cligne des yeux et me voilà dans le désert. Tout est calme et silencieux. Un léger vent se lève et fait bouger mes cheveux. J'apprécie la sensation jusqu'à ce que les bourrasques deviennent de plus en plus fortes. Le vent créé des tourbillons de sable qui se forment tout autour de moi. Les tourbillons s'agrègent pour ne devenir qu'une seule et même tornade qui me fonce dessus. Je cours, mais je sens son souffle dans ma nuque.

Je me promène chez moi, dans le lotissement de mon enfance, là où mes pères vivent toujours. Je fais du vélo tranquillement dans la même allée où j'ai passé tant d'heures à jouer enfant. Mais subitement, la terre se met à trembler et une fissure apparaît. Je pédale le plus vite possible pour rentrer chez moi et tenter de lui échapper mais j'entends le sol craquer derrière moi.

L'eau, le feu, l'air et la terre. Les quatre éléments se sont déchaînés contre moi. Ils cherchent à me mater et je résiste. Mais plus je résiste, plus j'ai l'impression qu'ils deviennent fous.

J'entends au loin la voix de Louis qui m'appelle mais il me paraît hors de portée. J'entends aussi les hurlements de Tanakaï et ceux de Sabbath qui se mêlent à lui. Ils hurlent à la lune d'une même voix mais là aussi ça me paraît loin de moi.

Je reste bloqué dans ma rêverie ou mon hallucination, j'ignore ce que c'est. J'essaie de fuir mais où que j'aille, les éléments sont là.

Où que j'aille, cette odeur est là.

Je nage mais la vague est déjà au-dessus de ma tête. Je cours, mais le feu m'encercle déjà. Je cours encore, mais la tornade se rapproche dangereusement. Je pédale, mais le sol se dérobe sous mes pieds.

Je mène une lutte acharnée, j'essaie vraiment d'échapper à ces catastrophes. Mais les éléments sont tellement plus forts que moi, plus rapides, plus sournois, plus violents.

Je m'épuise et je panique. Mon cœur sprinte dans ma cage thoracique, je l'entends battre jusque dans mes tempes, je sais que je transpire, j'ai chaud, j'ai froid, j'ai envie de vomir. Je ne me sens pas bien.

Je comprends qu'il est trop tard et qu'il ne sert à rien de lutter. J'ai perdu.

Je m'arrête alors de nager, de courir et de pédaler. Et je les laisse tout emporter. Leur force combinée est telle que je pose un genou à terre tandis que l'eau, le feu, l'air et la terre me recouvrent et m'avalent. J'ai l'impression de mourir quatre fois avant que les éléments ne me recrachent.

Et, tout redevient subitement calme.
Les vagues s'aplatissent pour laisser place à un léger clapotis et moi je fais la planche. Les arbres redeviennent verts et le chant des oiseaux remplace le crépitement lugubre du feu tandis que je me promène, une petite fleur entre les doigts. Les grains de sable se reposent sur le sol chaud et ne subsiste que la quiétude des étendues désertiques tandis que je roule le long d'une dune en riant. La terre cicatrise et mon quartier retrouve le visage que je lui ai toujours connu tandis que je pousse la porte de ma maison.

Il me faut quelques secondes pour réaliser que dans toutes ces scènes, Louis est là.

Mes doigts touchent les siens et je comprends qu'on fait la planche côte à côte.

Je tends la fleur que j'ai cueillie dans la forêt et il se retourne pour l'attraper en souriant.

Je sens un corps s'écraser contre le mien en bas des dunes de sable et c'est lui qui vient de rouler jusqu'à moi en riant.

Quand la porte de ma maison s'ouvre, mes pères m'enlacent et enlacent ensuite Louis, qui me donne la main.

Il est partout, toujours à côté de moi.

Je me sens lessivé. Et peu à peu je réalise les raisons d'un tel chaos dans ma tête et dans mon corps. Je réalise pourquoi les éléments en furie ont fini par se calmer. Parce qu'ils ont gagné et que moi j'ai perdu.

J'ai posé un genou à terre. J'ai plié devant les lois de la Nature.

J'ai plié devant l'odeur de Louis qui m'a totalement dominé. J'y ai succombé. Je m'y suis soumis.

Je me suis soumis à Louis.

J'avais 5 ans quand j'ai découvert que j'étais un alpha. J'avais 15 ans quand j'ai découvert que j'étais un alpha en rut. J'ai aujourd'hui 21 ans et, ce soir, au terme d'une soirée aussi stressante qu'épuisante, je découvre que je suis l'alpha de Louis.

Je n'ai finalement ni mordu, ni imprégné l'oméga avec mon odeur. Mais je me suis imprégné de la sienne.

Depuis que je le connais, je répète qu'il est mon oméga. Je réalise ce soir qu'en fait, c'est moi qui suis son alpha.
Je ne suis pas en train de le choisir pour qu'il m'appartienne. Je suis en train de lui montrer que je lui appartiens.

Quoi qu'il fasse, quoi qu'il décide, moi, je serai à lui.

Je mettrai ma vie au service de la sienne. Son bonheur et sa sécurité, c'est tout ce qui compte à partir d'aujourd'hui.

Parce qu'il est mon tout et que je ne suis rien sans lui.

Je reviens peu à moi et je suis encore sonné par ce qu'il vient de se passer. Je ne réalise que maintenant que Tanakaï et Sabbath ont disparu.

Depuis quand sont-ils partis ?

Louis se tient toujours contre le mur, immobile. Il me regarde sans expression tandis que je m'étais écroulé au sol. Ses yeux sont à nouveau bleus mais sa respiration est rapide. Son buste se lève et sa rabaisse rapidement. Il panique.

Car lui aussi a compris ce qu'il vient de se passer.

Je viens de me soumettre à Louis.

Il n'avait rien demandé.
Je n'avais rien demandé non plus.

Il va me tuer pour ça.

Car d'être imprégné, ça va changer beaucoup de choses.

Je vais ressentir tout ce qu'il ressent. Une manière de savoir comment il va pour pouvoir répondre à ses besoins sans qu'il n'ait besoin de les exprimer. Imprégné de l'odeur de Louis, je saurai s'il est heureux, triste ou en colère. Il n'aura plus de secret pour moi.

Pour moi aussi, ça va changer beaucoup de choses. Son parfum va me coller à la peau. Tout le monde saura que je lui appartiens.

Et je vais être encore plus dépendant de son odeur. Elle va devenir vitale pour moi.

Je vais souffrir.

Ça je le sais déjà.
Car il va certainement m'en priver.

Je pensais que cette soirée, c'était la merde mais c'est maintenant que les emmerdes commencent.

Car je suis un alpha libre et sans attache. Mais je viens de m'imprégner d'un oméga qui n'est pas à moi.

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La rencontre de Louis et Harry au bord d'une plage de Normandie... (Evidemment) Louis est coincé dans un centre de rééducation après avoir été victim...
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Harry à toujours était différent. Il le sait, il l'a comprit mais s'il ne sait pas pourquoi il l'est. On le lui répète. On le dénigre et on le rabais...
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"𝗟𝗮 𝗿𝗲́𝗰𝗼𝗺𝗽𝗲𝗻𝘀𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗼𝗻𝗳𝗼𝗿𝗺𝗶𝘁𝗲́, 𝗲𝘀𝘁 𝗾𝘂𝗲 𝘁𝗼𝘂𝘁 𝗹𝗲 𝗺𝗼𝗻𝗱𝗲 𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗮𝗶𝗺𝗲 𝗮̀ 𝗽𝗮𝗿𝘁 𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗺𝗲̂𝗺𝗲...
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A tous ce qui croient au grand amour, Cette hisoire est pour vous... Fanfiction sur inoxtag x tp