Mords-moi

By Mand1519

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Harry, populaire alpha, s'imprègne de Louis, oméga un peu rebelle. Le premier ne l'a pas fait exprès. Le seco... More

Avant-propos
1. Harry, quoi
3. La photo 🍋
4. Comment tu t'appelles ?
5. Le t-shirt
6. Tes yeux
7. Orange incandescent
8. Sabbath et Tanakaï
9. Face à la peur
10. Tourbillon, frisson, brûlure
11. Cœur crevé
12. Crépitements
13. Wow 🍋
14. Connectés
15. Climax
16. Jour 1
17. Jour 2
18. Jour 3
19. Jour 4
20. Jour 5
21. Soleil brûlant
22. Jour 6
23. Jour 7
24. Blouson en jean
25. Harrey
26. Mentir pour toi
27. N'y voir que du feu
28. Chacun sa part du marché
29. Tanakaï
30. Croissant (1/2)
31. Croissant (2/2)
32. Te sentir
33. Fier
34. Gage et dégage
35. Dick
36. Mondes parallèles
37. Phéromones
38. Chaleurs
39. Je t'aime plus encore (1/2)
40. Je t'aime plus encore (2/2)
41. Se confier
42. Le vrai toi
43. Cent mots
44. S'abandonner
45. Mordre ou ne pas mordre
46. N'oublie pas qui je suis
47. Persévérer
48. Conversation(s)
49. Ziam
50. Le poids du silence
51. Grégoire
52. Papouilles
53. Tirs au but
54. Cette putain de tendresse
55. Ruts (1/2)
56. Ruts (2/2)
57. Regrets
58. Sens-moi
59. Choisir
60. Bachata
61. Nouvelles perspectives
62. Safe place
63. Tomber pour Harry...
64... accepter l'alpha
65. Succomber
66. 3h03
67. Dans tes draps
68. Nid douillet
69. Badass
70. Moitié
71. Meute
72. Ophélie
73. Capitaine Tomlinson
74. Invincible
75. Carrière
76. Truc d'oméga
77. Et mai
78. Au commencement
79. L'alpha et l'oméga 🍋
80. Alpha sans oméga (1/2)
81. Alpha sans oméga (2/2)
Epilogue

2. Brûlerie

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By Mand1519

"Parce que les seuls qui m'intéressent sont les fous furieux, les fous de vivre, fous de parler, fous d'être sauvés, ceux qui veulent tout à la fois,
Ceux qui ne bâillent jamais, sont incapables de dire des banalités, mais qui brûlent, brûlent, brûlent comme un fabuleux feu d'artifice, et qui explosent comme des étoiles noires parmi les claires constellations [...]."

Jack Kerouac, Sur la route.

******

Septembre 2023.

C'est quoi cette odeur de dingue ?

20 minutes qu'elle vient me titiller les narines. 10 minutes qu'elle est venue paralyser mon cerveau et prendre en otage tous mes sens. 5 minutes que je ne pense plus qu'à ça.

Je n'arrive même plus à me concentrer sur le roman que je dois lire pour mon cours de littérature américaine.

Je fais frénétiquement tourner mon stylo sur mon doigt et tente de rester focus. C'est bien pour ça que je suis là, dans cette petite chambre universitaire sans vie : "rester focus".

J'ai perdu la bataille contre mes pères. Pour cette nouvelle rentrée scolaire, ils m'ont retiré de la fraternité et obligé à prendre une chambre individuelle.

J'avais réussi jusqu'à la mi-juin à faire illusion. Mais des photos postées sur les réseaux sociaux et me montrant en train de consommer de la drogue et de l'alcool, le tout en très bonne compagnie, ont causé ma perte.

Elles étaient restées relativement invisibles lorsqu'elles ont été publiées. Mais le jour où j'ai dit un mot de travers sur Ethan, le super mec de ma sœur, ma gentille frangine s'est empressée de montrer ces images à Paja.

Elle l'a fait exprès. Et elle a choisi sa cible. Avec Paji, j'aurais peut-être pu m'en sortir. Mais là, contre Paja, j'étais fais comme un rat.

Ce dernier a convaincu mon autre père et mes parents m'ont donc pris une chambre séparée de mes frères de cœur, dans un immeuble universitaire du campus. Heureusement, je suis toujours membre de la fraternité, mais je n'y dors plus.

- Comme ça, tu resteras concentréFocus ! a lancé mon père avant de clore les débats.

Il est marrant.

Moi je veux bien rester concentré. Mais là, franchement, je n'arrive plus à rien.

Cette odeur putain.

Je ne pense plus qu'à ça.

Pourtant ce roman est super. Indian Creek de Pete Fromm, c'est une ode à la liberté et un voyage dans l'ouest américain. C'est le genre de livres que je peux dévorer en une soirée. Mais pas ce soir.

Les effluves fleuries et sucrées qui parviennent jusqu'à mes narines ont pris possession de mon cerveau. Mes yeux lisent et relisent depuis 10 minutes la même phrase.

"Je m'apprêtais à rejoindre la civilisation, et pour la première fois ou presque, je ne portais pas d'arme".

C'est comme si mon cerveau refusait de l'imprimer et que je n'arrivais pas à passer à la phrase suivante.

Putain, c'est pas possible. Je suis en train de louper la plus grosse fête de rentrée sur le campus justement parce que je dois lire ce livre au risque d'avoir un zéro pointé à l'exam de demain matin, et voilà que je n'arrive plus à bosser.

J'étais censé bouquiner encore une heure puis rejoindre les gars à la fête. Et me voilà en train de faire du sur-place.

De rage, je recule ma chaise et me lève d'un bond. Je fais d'abord les cent pas dans ma piaule mais, au bout de quelques instants, je décide de sortir pour savoir ce qu'il se passe. J'ai besoin d'en avoir le cœur net.

Le couloir de la résidence est désert à cette heure-ci. Le jeudi soir, tous les étudiants sont dehors en train de faire la fête. Là où je devrais être. Là où je suis censé rejoindre mon pote Niall et mon pote Zayn lorsque j'aurai fini de bosser.

Les lieux sont vides mais l'odeur, elle, est bel et bien présente. Elle est encore plus forte que dans ma chambre.

Ça sent... Ça sent les fleurs je crois. Des roses peut-être ? Des fleurs qui me paraissent enrobées de miel ou de caramel, je n'en sais rien. En tout cas ce sont des notes très sucrées, très douces, chaudes et gourmandes.

La lumière s'est allumée automatiquement quand je suis sorti et je commence à remonter le couloir par la droite pour comprendre ce qui peut bien sentir si bon.

Tandis que je marche, je ressens un poids grandir doucement dans mon bas-ventre, sans comprendre ce qu'il se passe.

Mais je n'y prête pas vraiment attention, trop focalisé sur le parfum qui m'attire irrémédiablement. Je viens de parcourir quelques mètres seulement quand je le comprends.

Ça vient de là. L'odeur si alléchante émane de la chambre 28, qui se trouve quatre chambres après la mienne, de l'autre côté du couloir.

J'ai l'impression que ce parfum agit comme une force et qu'à partir de maintenant, mon cerveau ne contrôle plus mon corps, ni mes pensées. Plus rien.

Mais peut-être que j'ai perdu le contrôle bien avant. Avant même de sortir de ma chambre. Avant même de me lever. Quand, trop occupé à lire, je me suis fait prendre par surprise par ces senteurs inconnues.

Ces odeurs qui, je viens de le comprendre, vont définitivement gâcher ma soirée, me faire louper et la fête, et mon exam parce que je ne vais jamais arriver à decoller de ce couloir.

Eh merde.

Mes deux paumes de main sur le bois de la porte 28, je pose doucement mon front entre elles, mes longues boucles retombant en cascade devant mon visage. Je ferme les yeux, complètement enivré par ce parfum.

Je le sais. Je suis piégé.

Car j'en suis maintenant sûr et certain : derrière cette porte, il y a une oméga en chaleur.

Et ce dont je suis certain aussi, c'est qu'il faut à tout prix que je rentre dans cette chambre.

Je le désire ardemment.

Et j'ai l'habitude d'obtenir tout ce que je veux.

Là, maintenant, ce que je souhaite, c'est m'occuper d'elle, la couvrir de caresses et apaiser son désir. Il semble si fort, je peux le sentir de l'autre côté de cette cloison. Un désir si grand qu'il appelle les alphas. Qu'il m'appelle moi.

Tout bon alpha doit répondre à cet appel. On ne laisse pas une oméga souffrir dans son coin si elle n'arrive pas à s'apaiser seule.

Je ne pense plus à ce stupide bouquin, ni à cette stupide fête, ni à Niall et Zayn qui m'attendent sûrement.

Je ne pense qu'à ce qui se joue dans l'étroitesse de cette petite chambre d'étudiant.

Je ne pense qu'à nos lois de la nature : les omégas en chaleur ont besoin d'un alpha. Ils peuvent souffrir de ne pas être comblés. Ils ont besoin qu'on s'occupe d'eux.

Et, ça tombe bien, je suis un putain d'alpha.

Déjà occupé à imaginer ce que je vais bien pouvoir faire à cette petite créature, un bruit me tire de mes rêveries. Une autre chambre vient de s'ouvrir.

Je tourne vivement la tête vers la gauche et fronce les sourcils. Je crois savoir qui l'occupe.

Pas manqué.

Je reconnais tout de suite la silhouette de John, le capitaine de mon équipe de handball. Lui a choisi de son plein gré d'intégrer la résidence cette année après qu'il foiré son année scolaire l'an dernier. Comme moi, il est censé faire mieux cette année.

Quand je le vois apparaître au fond du couloir, cela m'étonne d'abord qu'il ne soit quand même pas à la fête de rentrée. Puis je me souviens que, le jeudi soir, il appelle toujours sa copine, Maddie, avant de nous rejoindre en cours de soirée. Il devait être au téléphone avec elle ce soir. Et, lui aussi, a dû être dérangé par cette douce odeur de fleur et de sucre.

- Toi aussi, tu l'as sentie ? il me demande en s'approchant.

John est un alpha comme moi. Et, comme moi, il ne peut résister quand une oméga déclenche ses chaleurs. Même s'il est en couple et qu'il aime sa copine de tout son cœur.

******

L'amour atténue les envies bestiales envers d'autres congénères, mais il ne les annihile pas, à moins d'être lié.

Tant que ce n'est pas le cas, on peut donc être en couple et heureux mais être irrémédiablement attiré par un autre partenaire, juste le temps des chaleurs et ruts.

Un oméga en chaleur peut se laisser prendre par un alpha qui n'est pas le sien. Un alpha en rut peut prendre un oméga qui n'est pas à lui.

On n'appelle pas ça "faire l'amour" qui est le terme réservé aux vrais couples qu'ils soient liés ou pas. Ni "coucher avec quelqu'un" qui correspond au sexe qu'on pratique en dehors des périodes de chaleur et rut.

Le sexe entre deux individus non couplés pendant ces périodes particulières, on appelle ça les "brûleries". Parce que le feu qui s'attise dans les corps à ce moment là dépasse toutes les convenances.

Les brûleries arrivent surtout aux jeunes alphas, bêtas et omégas qui n'ont pas encore formé officiellement leur paire. À ceux qui ne sont ni marqués, ni imprégnés et qui, non liés, ont plus de mal à contrôler leurs envies et leurs instincts.

Cela rend parfois l'atmosphère électrique.

Il n'est pas rare de voir, sur le campus, des couples officiels mais non liés se disputer après que l'un des deux a partagé une brûlerie avec un autre partenaire.

Il y a bien quelques cris, des portes qui claquent. J'ai même vu un alpha se faire gifler une fois par son bêta après avoir passé deux journées entières à combler un autre bêta.

Les amoureux ont tendance à pardonner plus facilement à leur compagnon ou à leur compagne si ces derniers étaient en chaleur ou en rut. Tout le monde sait que, dans ces moments là, l'envie de s'accoupler est si forte qu'elle nous gouverne et nous soumet tous.

Les amoureux se sentent d'ailleurs souvent coupables de ne pas avoir été là pour soulager ou prendre soin de leur amour. Ce dernier se retrouve alors à devoir s'occuper de lui tout seul et, parfois, il dérape avec un autre.

Les disputes ont surtout lieu lorsqu'un oméga ou un bêta apprend que son alpha a répondu aux chaleurs d'une tierce personne alors qu'il n'était pas lui-même en rut.

Tout comme les alphas, qui sont du genre possessifs, entrent souvent dans des colères noires lorsqu'ils apprennent que leur oméga ou leur bêta pas en chaleur est impliqué dans une brûlerie avec un alpha en rut.

On considère que celui qui est en chaleur ou en rut subit la brûlerie et ne peut finalement rien contrôler.

Tandis que l'autre aurait pu essayer de se tenir éloigné. Mais il a fait le choix de s'approcher trop près de la flamme, jusqu'à s'enflammer à son tour.

Car le désir appelle le désir et il est toujours dangereux de s'en approcher quand on n'a pas les épaules pour jouer.

Par exemple, moi, j'aurais pu faire le choix de rester sagement dans ma chambre ou de fuir le bâtiment dès que j'ai senti cette drôle d'odeur. Mais j'ai choisi de m'approcher et, maintenant, c'est foutu, j'ai envie d'entrer car, à mon tour, je brûle de désir.

Faut dire que je suis du genre joueur, et que je n'ai pas peur du danger.

S'il y a des engueulades, en règle générale, les jeunes couples finissent toujours par surmonter ces incartades. Car les brûleries, ce n'est finalement que du sexe. Du très, très bon sexe, mais du sexe sans sentiment.

Chez nous, la tromperie se situe ailleurs. Elle est, plus symbolique, plus intime et abstraite. Elle peut revêtir plusieurs formes.

C'est un oméga en couple qui présente son cou à un autre alpha.

Un alpha en couple qui se soumet à la volonté d'un autre oméga.

Un alpha ou un oméga en couple qui dépose son odeur sur une autre personne ou qui s'imprègne de l'odeur de celle-ci.

Pour nous, tout cela, c'est bien plus grave que de succomber à une brûlerie.

Enfin, je dis "nous" mais je parle des couples.

Les célibataires comme moi, on a plutôt tendance à ne pas craindre la force de ce désir ardent. On adore les brûleries : ça veut dire du sexe à gogo et un minimum d'emmerdes.

Car c'est différent des rapports sexuels normaux. Les ruts ou chaleurs n'engagent à rien. Pas la peine de rappeler celui ou celle qui a partagé cette période avec vous, pas la peine de se faire des films ou d'attendre qu'on vous rappelle.

Quand je couche avec quelqu'un de façon normale, il y a toujours la petite phase de séduction. Il faut bien s'habiller, être charmant ou tape-à-l'œil pour intéresser l'autre. Bref, il faut faire un petit numéro de charme.

Et il faut gérer aussi l'après. Il m'arrive par exemple de demander un numéro de téléphone pour revoir une personne ou, au contraire, si je ne veux pas que ça aille plus loin, je me retrouve à expliquer que je ne cherche pas à me mettre en couple.

Souvent arrive le moment délicat où je demande à la personne de s'en aller en espérant ne pas la froisser et puis des fois, quand je suis bien luné, il m'arrive de préparer le petit déj et de lancer un film avant de remettre le couvert. Alors il faut faire un minimum de conversation, histoire de passer pour un type charmant, si je veux parvenir à mes fins. 

Avec la brûlerie, c'est "bonjour-au revoir" et retour à la vie normale.

Bien-sûr, c'est différent pour les couples qui partagent ces périodes ensemble. Il paraît que l'acte devient alors une expérience incroyable mêlant désir et amour, faisant voyager aux confins du plaisir et des sentiments.

Il paraît que lorsque l'envie et l'amour s'emmêlent, l'alpha et l'oméga trouvent alors leur place sur cette planète. Comme une évidence.

Pour tous les autres, la brûlerie, ce n'est que du sexe. Deux brûleurs ne se draguent pas. Ni avant, ni pendant, ni après. C'est juste un corps-à-corps et ça ne dure que le temps des ruts ou des chaleurs.

Parfois, comme ce soir, ça perturbe notre emploi du temps. Ça a des conséquences sur nos vies. Là par exemple, je sais que si j'entre, je serai encore là demain, à l'heure où mon exam commencera. Mais à part ces petits contretemps, la brûlerie, c'est juste prendre son pied avec un minimum d'engagement.

Ensuite, chacun reprend le cours de sa vie. Les célibataires retournent à leur célibat. Les partenaires en couple retrouvent leur couple.

Et la vie continue.

******

J'observe John et je vois à sa tête qu'il est fébrile. Je n'ai pas besoin de regarder la bosse dans son pantalon pour confirmer ma théorie. L'odeur, qui s'est répandue jusque dans sa chambre, a éveillé son instinct.

Ça ne me plaît pas. C'est mon oméga dans cette pièce.

Alors je ne le laisse pas approcher plus.

- Arrête-toi là, Jo, elle est à moi, je grogne en le regardant méchamment.

John me toise d'abord. Il n'a pas envie d'abandonner la partie si facilement.

Il fait un pas de plus.

- John, je rigole pas, je dis sèchement, en sortant les crocs. N'y songes même pas. Éloigne-toi, retourne appeler ta copine, fais ce que tu veux, mais barre-toi de là.

John a beau être mon capitaine au hand, je suis plus grand et plus fort que lui donc il sait que j'aurais le dessus si on venait à se battre.

Je suis l'alpha le plus convoité du campus mais aussi le plus respecté. Si on faisait un dessin, je serais au sommet de cette putain de chaîne alimentaire.

Mon capitaine se stoppe donc, mais il grogne de frustration.

- Tu sais qui vit là ? je lui demande.

John fait un non de la tête mais décide, après quelques longues secondes, de rentrer dans sa piaule, non sans m'adresser d'abord un regard noir.

- Amuse-toi bien, t'as de la chance d'être arrivé en premier, il grommelle avant de refermer violemment sa porte.

Je reprends alors ma position, front et mains contre la porte de l'oméga avant d'inspirer un grand coup pour m'emplir de son parfum. Mon érection est maintenant massive dans mon pantalon.

Mais j'aime la sensation que cette odeur provoque chez moi. J'aime même un peu trop ça, et une partie de moi n'est pas franchement sereine.

Car je n'avais jamais ressenti ça auparavant. Quelque chose d'aussi fort.

C'est comme si un aimant m'attirait vers cette chambre 28 et le poids que je ressens dans mon bas-ventre n'a cessé de grossir depuis que je me suis approché.

Je ne sais pas combien de temps je reste planté là. Mais la lumière du couloir s'est maintenant éteinte et je sais que j'ai sûrement l'air d'un con à tenter de fusionner avec cette porte mais je ne sais pas ce qui me prend.

D'habitude, je suis plutôt du genre impatient, à tout vouloir tout de suite. Mais là, j'ai du mal à bouger. J'ai besoin d'un peu de temps pour analyser le désir que je ressens. Je crois que c'est plus que bestial.

Mais si c'est "plus", c'est quoi ? Y'a quoi après le bestial ?

Mon corps est immobile mais mon cerveau réfléchit à 100 à l'heure.

Qu'est-ce qui t'arrive Styles bordel ? En temps normal tu serais déjà à l'intérieur, qu'est-ce que tu fabriques ?

J'ai l'impression que ça va au-delà de l'envie. C'est plus que ça.

C'est pire que ça.

Il me faut encore quelques longues secondes pour enfin mettre le doigt dessus. Mais je finis par m'en rendre compte.

Je n'ai pas juste envie d'entrer. J'ai besoin d'entrer.

C'est effrayant comme j'ai besoin d'y aller.

******

Alors que le silence règne alentour, j'entends des bruits à l'intérieur de la petite chambre. Ce sont des bruits étouffés. Comme des... Comme des gémissements ?

Oh bordel. La petite oméga est en train de se donner du plaisir.

Cette pensée m'excite encore plus et je sens mon sexe durcir davantage dans mon boxer.

L'idée qu'elle ne soit peut-être pas seule ne traverse même pas mon esprit. Je l'imagine simplement seule, en chaleur, donc en détresse, nécessitant qu'un alpha vienne s'occuper d'elle.

De préférence moi. Que moi.

Ne tenant plus, je frappe à la porte, trois coups secs avec le plat de mon poing fermé.

J'entends que ça remue dans la chambre. L'oméga est en train de... jurer ? Visiblement, elle n'est pas contente que je la dérange.

Mais je ne m'en formalise pas, ce n'est pas mon style de regretter mes actions ou de me sentir gêné...

Je refrappe. J'entends alors le verrou se tourner et la porte s'ouvrir de quelques centimètres, retenue par une chaînette. Je suis toujours plongé dans le noir. La chambre, elle, est éclairée.

Assez pour laisser apparaître, en contre-jour, une créature qui, je l'ignore encore, va changer ma vie à jamais.

Contrairement à ce que j'imaginais, c'est un garçon qui m'ouvre. Un oméga mâle, quelque chose de rare et, à cette vue, je me mords directement la lèvre car cela m'excite encore plus.

J'aime beaucoup les garçons. Surtout les petits omégas.

Il a les cheveux en bataille et est torse nu. Son corps est fin et plutôt sec mais tonique. Il semble tatoué sur le torse.

- Ouais ? il demande étonné et visiblement inquiet.

Ses yeux tentent de deviner à travers la pénombre qui est venu troubler sa quiétude. Alors je me décale pour apparaître dans le rayon de lumière qui provient de sa chambre. Si moi je distingue mal son visage parce qu'il est à contre jour, lui voit à présent très bien le mien et je devine qu'il me scrute.

- Ton odeur... je murmure juste, incapable d'aligner une phrase en entier.

Car l'odeur est encore plus forte depuis qu'il a ouvert la porte. Elle embaume toute sa chambre et elle vient de se jeter sur moi tandis que je me suis présenté à la porte.

Elle s'est accrochée à mes fringues, à mon cou, à la ceinture de mon jean. Elle s'est emmelée dans mes boucles. Et elle m'attire maintenant à elle par ce fil invisible qui débute dans la chambre et qui termine partout sur moi.

À peine est-il entré dans mon corps par mes narines que ce parfum déclenche une vague de désir dans mon bas-ventre.

Je me sens frissonner. Et pourtant, je jurerais que mon sang est en train de bouillir.

Mon corps me joue des tours. Et, pour la première fois, je sens que mon cœur est mal accroché.

- Laisse-moi entrer, je dis, sans y aller par quatre chemins.

- Quoi ? s'étonne-t-il d'une voix cassée, portant sa main à son torse comme si l'idée le répugnait ou que j'étais fou.

Et moi je regarde comme un con cette main sur cette peau nue, rêvant de prendre sa place.

- Non ! Retourne dans ta chambre !

- Allez, laisse-moi entrer. Laisse-moi m'occuper de toi, j'insiste.

- Écoute, je sais pas qui t'es mais retourne dans ta chambre ou j'appelle la sécurité de l'imm-

Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il se penche en avant, la main cramponnée à la poignée de sa porte. Ses chaleurs sont si fortes qu'elles lui font mal. Et parler avec un alpha sans être comblé aggrave sa situation. Il reste comme ça quelques instants, en jurant contre le connard d'alpha qui a osé le déranger.

Hey, c'est moi ça !

J'étais déjà fébrile avec cette putain d'odeur. Mais depuis qu'il a grogné sous la douleur, mon instinct a pris le dessus.

L'oméga n'est pas bien, un alpha doit s'occuper de lui.

JE dois m'occuper de lui.

Alors maintenant, je n'ai qu'une envie, c'est de défoncer cette porte pour le soulager. Mais les chaînettes des chambres des omégas sont spécialement conçues pour éviter l'intrusion des dominants comme moi lors des périodes de ruts et de chaleurs.

S'il refuse de m'ouvrir, je ne peux rien faire.

Parcouru par un énorme sentiment de frustration, je tire sur mes cheveux longs et fais quelques pas dans le couloir, ce qui rallume la lumière. Je suis pieds nus mais je m'en fous.

Allez Harry, tu dois trouver un moyen d'entrer. Il faut que tu le fasses céder. Son corps te réclame.

Je tourne et vire et, pendant que je réfléchis, je tire l'élastique posé sur mon poignet et j'accroche rapidement mes cheveux au dessus de ma tête.

Pendant un instant, j'envisage de faire le tour de la résidence et de passer par la fenêtre mais pas certain que Paji et Paja apprécieraient de me récupérer au poste de police au beau milieu de la nuit pour tentative d'effraction.

Je leur dirais quoi ? "C'est lui qui a commencé en essayant de fracturer mon cerveau et mon cœur ?".

Je continue à tergiverser tout en jetant régulièrement des coups d'œil furtifs à l'oméga. Il se tient toujours devant sa porte entrebâillée mais il fait totalement abstraction de moi. Son regard est rivé au sol, comme perdu. Je comprends qu'il se concentre pour gérer sa douleur. Plus je reste près de lui sans le combler, plus il souffre.

La raison voudrait qu'il referme la porte. Après tout, jusqu'à présent, il gérait ses chaleurs seul et ne s'en sortait peut-être pas trop mal. Mais depuis qu'il m'a vu et senti, ce n'est plus une question d'être raisonnable ou pas. On a dépassé ce stade.

Son être entier désire l'alpha qui se tient devant sa porte. Il voudrait que l'alpha s'occupe de lui.

J'ai subitement le déclic quand il est à nouveau pris d'une énorme crampe abdominale. Tandis qu'il se penche en avant tout en continuant à me maudire de l'avoir dérangé et de foutre la merde dans son corps, je décide d'ôter mon t-shirt et je lui tends à travers l'embrasure de la porte.

Pourquoi je n'y ai pas pensé avant ? Cela devrait marcher.

L'oméga relève la tête l'air interrogatif et me toise de haut en bas maintenant qu'il me voit parfaitement dans la lumière crue du couloir éclairé. Ma carure et mes muscles sont désormais  bien visibles, et, instinctivement,  je les contracte pour les révéler davantage,  montrant à l'oméga la force qui se dégage de mon corps. Je sais que ce qu'il voit lui plaît.

Alors il prend l'étoffe de sa main libre et l'apporte instinctivement à son nez. Il ferme les yeux et inspire dans le tissu

Excité comme je suis, mon odeur est forcément encore plus forte que d'habitude.

Le garçon est à nouveau pris d'un violent spasme et gémit entre douleur et plaisir. Cette fois, c'est le signe qu'il me désire. Pas n'importe quel alpha, mais moi.

Des effluves plus fortes viennent subitement titiller mes narines. Me sentir stimule sa production de fluides corporels visant à préparer la pénétration. Le petit oméga mouille pour moi. Juste pour moi.

C'est le feu vert que j'attendais. J'en profite et fais un pas vers la porte.

- Laisse-moi m'occuper de toi, je lui dis avec ma voix d'alpha.

L'oméga se courbe à nouveau, soumis cette fois par l'intonation rauque que j'ai fait. Il émet un petit couinement plaintif qui me retourne le bide et me donne envie de casser la porte, le mur, un carreau de fenêtre ou pourquoi pas d'arriver en rappel par le toit. J'aime le voir réagir comme ça, tellement soumis pour moi.

Un parfait petit oméga.

Mais alors que ses épaules se baissent naturellement devant moi, je vois que ses yeux sont chargés de colère. Il n'aime pas m'entendre lui parler comme ça, il m'en veut d'avoir fait cela.

Mais il n'est pas dans une position de force. Je pourrais m'en foutre et le dominer comme je veux.

- Laisse-moi m'occuper de toi, je murmure finalement plus doucement, en m'approchant encore de la porte. S'il te plaît... Tu ne peux pas rester comme ça. Tu souffres et moi je peux te soulager.

Il doit désormais choisir entre m'ouvrir ou retourner à ses occupations solitaires. S'il choisi la 2e option, on sait tous les deux que sa douleur et la frustration ne s'effaceront pas. Ses doigts et les jouets ne suffiront plus en sachant que je suis tout près et que je pourrais lui donner tout ce qu'il veut en ce moment même.

Il se touchera en pensant à moi, en se rappelant de mon odeur, la tête enfouie dans mon t-shirt. Ça l'aidera, mais ça ne le comblera pas. Il jouira certainement au bout d'un moment, mais ce sera plus laborieux, moins agréable. Il ne sera ni comblé, ni rassasié. Des heures entières de plaisir douloureux.

Laisse-moi ôter la douleur pour qu'il ne reste que le plaisir.

Mon bras passe par la fente et je touche sa main. Il sursaute à mon geste mais il la laisse sur la poignée d'une porte qu'il pourrait pourtant très bien me claquer à la gueule dans deux secondes.

J'observe ma main sur la sienne. Je la recouvre entièrement et dès que j'ai touché sa peau, j'ai senti comme une décharge électrique.

L'as-tu toi aussi ressentie ? Vas-tu me repousser ?

Mais au lieu de ça, et alors qu'il est toujours penché en avant, sa main libre tâtonne à l'aveugle en remontant le mur. Elle tient toujours mon t-shirt et je la regarde commencer son ascension jusqu'à trouver la chaîne de métal. Lorsqu'il y arrive, l'oméga effleure les petits maillons froids de ses doigts pour chercher l'embout.

Alors, dans un soupir, il pousse la réglette, me libérant le passage.

C'est comme un appel d'air. Mon corps entier plonge de plein gré dans cet océan de senteurs que j'arrive désormais à identifier.

Une odeur entêtante de lys et de caramel chaud. La fleur et le sucre. Les doux parfums de ma perdition.

Mais tandis que je franchis le seuil de sa porte, me revient en mémoire la phrase que j'ai lue et tant relue avant de sortir de ma chambre :

"Je m'apprêtais à rejoindre la civilisation, et pour la première fois ou presque, je ne portais pas d'arme". 

Tous mes sens sont en alerte. Je pressens déjà la force de notre rencontre et, comme le héros de mon livre, je me sens en cet instant désarmé. Complètement mis à nu.

Mais est-ce que je pouvais savoir, moi, qu'en faisant un pas en avant je ne pourrais plus jamais retourner en arrière ?

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