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Douze ans en arrière...
Ses longs cheveux ébouriffés couleur caramel, coiffée d'une queue-de-cheval basse, dansait au gré du vent. Elle observait l'océan, perchée au bord de la falaise non loin de sa maison -fleurit des pissenlits aux pétales ambré typique de l'île-.
Rio, alors âgée de seulement onze ans, guettait chaque matin l'arrivée des bateaux sur l'île. Attendant la venue d'un bateau précis : celui de l'expédition de son père.
Une matinée comme une autre, où elle lisait le tome deux de "Sora, le guerrier des mers" ouvert sur ses genoux. Un cadeau rapporté par son père lors de son dernier voyage à North Blue.
Le son de pas familier qui crépitait sur le chemin de terre menant à la falaise, la fit se retourner. Son sourire d'enfant grandit à la vue de sa nourrice qui galérait à enlever les pétales qui se coinçaient dans sa chevelure frisée couleur pêche, le vent ne faisant qu'en apporter plus.
— Rio ! C'est l'heure de ton entraînement ! Lui rappela Marta.
— Attends, je finis mon chapitre ! ... Miom.
— Ce n'est pas toi qui disais vouloir devenir forte le plus rapidement possible pour rejoindre les expéditions de ton père, pas plus tard que... ce matin ? Qu'est-ce que tu manges, Rio ?
Rio réfléchie un instant avant de répondre d'un grand sourire enjoué, brandissant un champignon rose avec des rayures jaunes tout juste entamé.
— Celui-là, c'est une amanite panthère rose à rayures !
— Arg ! Encore un champignon toxique ! Donne-moi ça ! Et recrache ce que tu mastiques, imbécile ! Paniqua Marta.
— Je peux pas, je l'ai déjà avalée, ahah ! .... Bueerg-!
La vieille femme se précipita sur la jeune Rio, paniquée, mais malheureusement habituée à ce genre de scène. La gamine aux cheveux caramel se vidait de ses tripes sur son épaule, alors que la nourrice accourait sur le chemin du médecin pour la troisième fois cette semaine.
— J'te jure. Ton père, il va m'entendre quand il rentrera ! Quelle idée de refiler cette manie tordue à sa fille.
Et il en met du temps cette fois-ci, d'ailleurs...
Marta, officiellement, était une gouvernante engagée par le père de Rio, mais avant cela, elle avait été une redoutable mercenaire. Elle a voyagé aux côtés du grand-père Dandelion ainsi que d'Hayden pendant une vingtaine d'années jusqu'à la naissance de Rio.
C'est à ce moment précis que Marta prit sa retraite en tant que mercenaire, par son âge avancé et pour rendre service à son ami de longue date qu'elle avait également presque élevée, puisqu'elle le connaissait depuis qu'il avait dix ans.
Elle s'occupa d'élever et d'éduquer Rio durant toute son enfance. Hayden était bien trop occupé avec ses expéditions d'exploration, dont la durée pouvait varier de trois mois à plusieurs années ; et quand il revenait sur Weekly Ice, il restait rarement plus d'un ou deux mois.
Sept mois s'étaient déjà écoulés depuis le dernier départ du père de Rio, alors que celui-ci avait annoncé une expédition d'environ quatre mois avant de partir.
Rio observait à travers la fenêtre le ciel couvert, silencieuse.
Elle avait l'habitude d'attendre son père. C'était quelque chose qu'elle expérimentait depuis les premiers jours de sa vie et elle ne lui en voulait pas plus que cela, de la laisser derrière, ainsi.
Elle avait Marta, les gens du village et parfois, "Tonton crâne d'œuf" qui leur rendait visite. Elle ne sentait jamais seule. De plus, elle raffolait des aventures qu'il lui contait à chaque fois qu'il rentrait, en plus des souvenirs qu'il lui ramenait, éveillant un peu plus à chaque fois cette envie de voyage et de découvrir le monde comme elle aspirait.
— Dis Marta... Il en met du temps, papa...
Mais cette fois était différente. Il était anormalement en retard sur la date de retour promise et c'était la première fois que cela arrivait.
Marta se mordit silencieusement la lèvre inférieure avant de répondre à Rio.
— Avec la chance qu'il a, son bateau a dû se faire croquer par un monstre marin et maintenant, il doit être coincé sur une île avec son équipage. Cherchant bêtement un moyen de rentrer ici. Elle soupira exagérément. Tu connais ton père, Rio... Je suis sûre qu'il va très bien.
Marta lui ébouriffa les cheveux, arrachant un sourire à l'air morose de Rio.
Mais la vérité était qu'elle n'était pas aussi confiante dans ses propos. Tout comme Rio, elle s'inquiétait de ce retard anormal, mais elle le connaissait bien. Hayden, bien qu'intrépide à la limite de l'inconscience par moments, était un marin expérimenté en plus d'être un combattant de talent. Quoiqu'il lui fût arrivé, il devait être en vie quelque part sur le vaste océan qui arpentait ce monde.
Mais cette pensée changea le jour où Silvas frappa à la porte d'entrée, un soir de pluie battante.
— Bonsoir Marta, excellente soirée, n'est-ce pas ?
— Épargne-moi tes niaiseries, Silvas. Si tu cherches Hayden, il n'est pas encore rentré.
Alors que Marta lui ferma la porte au nez, il intercepta la tranche de la porte.
— À ce propos...
Rio ferma brusquement son livre d'exploration : "Les îles de West Blue partie IV", à l'entente des voix qui résonnaient à l'entrée. Elle avait reconnu le timbre éloquent de "Tonton Crâne d'œuf" comme elle aimait l'appeler. La jeune fille dévala les escaliers d'un air enjoué, en pensant qu'il ramenait des nouvelles de son père, ils étaient amis de longues dates après tout. Mais son air enjoué se réfréna quand elle vit le visage décomposé de Marta.
— Qu- Qu'est-ce que tu viens de dire ?!
— Hayden Dandelion... est mort. Répéta Silvas.
Quoi ?
Les traits de Rio pâlirent et se figèrent, son esprit devint blanc.
— Si c'est une blague, elle n'est pas drôle, Silvas !
Marta prise par les émotions, empoigna le grand chauve par le col, mais il dégagea rapidement sa main en lui claquant le poignet.
— Tss. Comme si j'avais le temps pour ces bêtises. Il claque sa langue en renouant sa cravate. Le bateau d'Hayden a été retrouvé à la dérive ce matin. Lui, ainsi que tout son équipage ont été retrouvés morts sur le pont, sûrement suite à une attaque de pirates.
— Comme si Hayden pouvait mourir d'une attaque de pirates ! C'est loin d'être la première fois qu'il est confronté aux pirates du nouveau monde !
Pendant que Marta et Silvas débattaient sur l'événement qui venait d'être annoncé, Rio continua de les observer, muette, abasourdie. Elle regardait les deux adultes hausser le ton l'un contre l'autre sans avoir remarqué qu'elle se tenait là, près d'eux.
Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas leur dispute. Pourquoi ils restaient tous les deux là, à se hurler dessus. Ne devraient-ils pas se ruer dehors peu importe le mauvais temps ? Être en chemin pour voir ce qu'il en était vraiment ? Non ?
Les images de son père passaient une à une dans son esprit, à travers les battements de son cœur et les mots de Silvas qui résonnaient dans ses tympans, alors qu'elle respirait de plus en plus bruyamment.
Papa... mort...
Impossible. Impossible. Cela ne pouvait pas arriver. Son père était bien trop fort pour mourir. Silvas trompait. Il avait sûrement mal vu.
Sa respiration devenait lourde et suffocante. Elle essayait de se rassurer, de se dire qu'elle avait mal entendu, que tout cela n'était qu'un mauvais cauchemar et qu'elle allait finir par se réveiller. Jusqu'au moment où ses prunelles indigo glissèrent sur le visage de Silvas.
Le sourire en coin qu'il arborait lui coupa le souffle.
Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il sourit ? Il vient de dire que Papa est mort. Son ami.
Silvas finit par sortir le journal en cuir rouge d'Hayden de sa veste pour faire taire Marta. Il était bizarrement en bon état, bien que des traces de sang fussent imbibées dans la couverture. La vieille femme regarda le bouquin, stupéfaite, et tenta de le récupérer d'un geste vif esquivé par Silvas.
— Désolé, mais c'est à moi que Hayden à cédé son journal de bord ! J'ai même pu... snif... recueillir les dernières paroles de ce cher Hayden avant... qu'il rende son dernier soupir... Annonça Silvas en feignant une larme, avant de reprendre son ton débloquant. Ne pouvant plus accomplir notre promesse, il voudrait que sa fille, Rosely-mmouaGr !!
— SALE MENTEUR !! TU MENS !! TU MENS !!
Rio s'était soudainement jeté sur lui, animé par une triste rage et d'incompréhension, en répétant en boucle qu'il n'était qu'un sale menteur. Elle déchaîna ses petits poings sur le visage de Silvas sans retenue, en tirant violemment sur sa barbe, lui arrachant quelques gémissements de douleur.
— Tu viens juste de dire que papa a été retrouvé mort ! Comment t'aurais pu prendre ses dernières paroles, menteur !! Hurla Rio.
— Rio, calme-toi ! Marta l'attrapa par la taille.
La vieille femme tenta de la défaire de Silvas, mais Rio ne daignait pas lui lâcher le visage. Et au final, c'était celui-ci qui lui fera lâcher prise.
— Sale petite- !!
Il lui assigna une violente gifle sur le visage, la faisant s'écraser contre le sol dans un fracas bruyant.
La jeune Rio se redressa sur ses mains, tremblantes, à en griffer le parquet. La douleur lui cinglait le visage, sa joue brûlait au point de lui arracher quelques larmes silencieuses. Le sang bouillant qui s'échappait de ses narines laissait une traînée jusqu'à son menton, avant que les gouttes pourpres s'écrasent contre le sol.
Sa respiration s'accéléra et devint saccadée. Elle se mordit violemment la lèvre inférieure pour ne pas céder à la peur.
— Rio !!
Marta se précipita sur la jeune fille pour la relever et examina avec soin ses blessures.
L'ombre de Silvas surplombait la jeune fille à travers l'encadrement de la porte, le temps sombre et la pluie ne rendant son aura que plus effrayante. Son regard froid était terrifiant et une pensée traversa l'esprit de Rio, alors, toujours abasourdi sur le sol.
— C'est toi... C'est toi, Tonton qui as... t-tu...tu...
Ses lèvres tremblaient et elle peinait à terminer ce mot qui changerait la vision qu'elle aurait de Silvas. Il se contenta de la toiser sans dire un mot, avant de laisser échapper un soupir amusé.
— Qu'est ce que tu racontes, ma petite Roselyne ? Se pourrait-il que je t'aie frappé un peu trop fort ? Excuse-moi, je me suis emporté.
Le regard de Rio s'assombrit d'une manière lugubre, elle ne l'avait vu qu'un court instant, mais il avait souri, une fois encore. Elle en resta muette de stupéfaction, plus que la peur à cet instant, la haine s'était emparé de cœur.
Rio s'en était persuadé, Silvas était celui qui avait tué son père.
— Ha ! Ça, tu peux le dire, Silvas ! S'emporta Marta, en interposant son imposant deux mètres trente face à Silvas, le menaçant sèchement. Sors d'ici avant que je ne te torde le cou et brise chacun de tes os. Je ne veux plus te voir dans cette maison.
— Pas besoin de monter sur tes grands chevaux, Marta. Je me suis déjà excusé auprès de la petite Roselyne.
Il soupira lassé, il n'avait pas envie d'affronter la vieille mercenaire et c'était bien le seul obstacle qui l'abstenait de prendre Rio de force.
— Mais tu as raison, reprit-il. On va en rester là pour aujourd'hui, je reviendrai plus tard.
— Es-tu sourd, Silvas ? Tu n'es plus le bienvenu. Lui asséna froidement Marta une dernière fois, avant de lui claquer la porte au visage à double tour, manquant de lui fracturer le nez.
Marta soupira exaspérée, avant d'être surprise par le ton lugubre de Rio.
— Non... Ne le laisse pas partir...
Rio accourait vers la porte fermée quand Marta l'attrapa dans ses bras pour réfréner sa course. La gamine se débattait comme un diable pour s'extirper, n'hésitant pas à frapper sa vieille nourrice pour réussir.
— Lâche-moi, Marta !! C'est lui ! C'est lui qui as- ! C'est lui qui as tué Papa !! Il ne faut pas le laisser s'échapper ! Il mérite le même sort ! Je vais le tuer ! Je vais le tuer-
— Reprends tes esprits, Rio !
La voix autoritaire de Marta immobilisa Rio. La vieille femme la reposa sur ses deux pieds, en posant ses mains sur les frêles épaules de l'enfant. Elle la regarda avec peine, alors que son grand pouce essuyant entièrement la joue de Rio dont les larmes déferlaient sans s'arrêter.
— M-Marta... C-C'est lui qui as... Papa... Pourquoi... Pourquoi... Hic... Papa... Il ne peut pas mourir, hein ? C'est un mensonge, hein ?
Rio s'agrippa à la robe noire de Marta de ses doigts crispés, la voix tremblante hoquetant de sanglots, un sourire affligé qui ne devrait pas orner son jeune visage.
— Je sais ce que tu ressens, Rio. Elle l'enlaça dans ses bras. J'ai bien l'intention de tirer tout cela au clair, crois-moi.
Marta effleura la joue enflée de Rio avec une certaine fureur dans les yeux. Elle ne manquerait pas d'exploser la tête de Silvas à mains nues la prochaine fois qu'elle le croiserait. La vieille femme avait d'ailleurs un mauvais pressentiment à l'encontre de celui-ci, mais l'état mental et physique de Rio était pour elle la première de ses priorités pour le moment.
— Mais d'abord, allons te soigner... On parlera de tout cela demain matin à tête reposée. Ajouta Marta en prenant Rio par la main.
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— Cette sale vieille bique. Il maugréa dans sa barbe.
Silvas grogna d'agacement, outré face à cette porte fermée. Il renoua sa cravate avec le nez froissé, alors que Mor arriva avec un parapluie pour l'escorter sous la pluie torrentielle.
— Va chercher les autres, on va prendre la gamine et cette maison de force cette nuit.
— Q-Quoi ? S'étonna Mor. M-Mais Chef, vous ne vouliez pas partir sur un plan plus discret à la base ? On a manqué de... se faire voir par les pêcheurs ce matin. Il ajouta à voix basse.
— La ferme. J'ai changé d'avis. La force est toujours le plus rapide pour obtenir ce que l'on veut. Ricanait-il.
— Mais... et la Marine ?
— On a un membre de la famille royale de notre côté, cela ne devrait pas être un problème, hinhin... Au pire, je ferais porter le chapeau à la vieille bique d'une manière ou d'une autre.
Mor déglutit face au sourire sinistre et grandissant de Silvas, alors qu'il construisait dans son esprit le plan qu'il allait exécuter dans peu de temps.
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Plus tard dans la nuit.
La pluie s'était calmée et Marta avait réussi à convaincre Rio d'aller se coucher d'une façon ou d'une autre, mais ne trouvant pas le sommeil elle-même, elle déambulait entre la bibliothèque et le bureau d'Hayden. Fouillant tiroirs, livres, paperasses et bibelots dans l'espoir de trouver un indice, un mémo, une lettre, quelque chose qu'aurait laissé Hayden.
— Hm ? Elle haussa un sourcil.
Dans le dernier tiroir du bureau, caché sous des croquis mal dessinés, des cartes tachés ou encore des feuilles de calculs raturées : un beau journal de bord en cuir bleu, vierge, avec une petite carte coincée à l'intérieur, ainsi qu'une vivre card où le nom de Rio y était inscrit.
"Joyeux Anniversaire Rio, Papa." Et il lui a même préparé un vivre card...
Marta grimaça de tristesse. L'anniversaire de Rio était il y a exactement trois mois, la période où Hayden aurait dû rentrer.
Alors qu'elle se perdait dans ses pensées, la porte d'entrée fut violemment tambourinée. Elle éteignit de suite les lumières à l'étage et regarda avec précaution par la fenêtre. Malgré la nuit sombre et sa vue vieillissante, elle pouvait apercevoir les Fedora typiques des sbires de Silvas et ils avaient l'air plutôt nombreux.
— Tch. Qu'est-ce qu'il m'envoie ses cafards en costard, l'autre vaurien.
Ils frappèrent à nouveau la porte violemment tout en appelant son nom. Elle ne serait pas étonnée de voir Rio sortir de sa chambre avec un tel boucan. Marta passa la tête à travers, l'encadrement de la porte pour jeter un œil sur Rio. Elle soupira de soulagement, quoiqu'un peu perplexe, de voir Rio dormir si profondément malgré le bruit.
Hmm, je devrais peut-être l'accompagner pendant ses premiers voyages...
La vieille femme ouvra la porte d'entrée sans crier gare et plaqua au sol le premier qui rencontra sa main.
– Vous êtes venue prendre une raclée à la place de votre chef. Grognait-elle, l'air mauvais.
– Urgh! ! N-Non, suffoqua Mor sous la poigne de Marta.
Les sourcils de Marta tiquèrent quand elle entendit le son métallique des armes à feu se pointer sur elle. Des jurons s'échappèrent d'entre ses dents, la nuit et ses mauvais yeux avaient eu le malheur de mal estimer le nombre de cafards armés qui l'attendaient devant sa porte. Si elle avait su que son déni l'amènerait dans cette situation, elle aurait acheté une paire de lunettes dès que le médecin lui en avait conseillé.
– A-Abandonne Marta... Hmf ! On encercle la maison. Continua Mor, en peinant d'enlever la poigne rigide de la vieille femme. Donne-nous Roselyne et il n'y aura pas d'effusion de sang... C'est la meilleure solution. Insista-t-il un air presque suppliant dans le regard.
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– Rio... Rio, réveille-toi.
Les secousses écourtèrent sa profonde torpeur. Rio ouvrait les yeux péniblement, un petit filet de bave coulant au coin de sa bouche constatant la profondeur de son sommeil tout juste interrompue.
– Mmm... C'est déjà le matin ? Demanda Rio à moitié endormie.
– Écoute-moi bien attentivement. On n'a pas beaucoup de temps et ce que je vais te dire... ne va pas te plaire.
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Mor regardait sa montre avec fébrilité. Il guettait chaque minute qui passait en attendant que Marta daigne sortir par la porte d'entrée avec Rio comme elle l'avait promis. Il se massa encore douloureusement le cou que Marta avait agrippé juste avant, pouvant sentir la marque de ses doigts brûler encore à la surface de sa peau.
Dix minutes s'étaient déjà écoulées depuis et il lâcha un lourd soupir, las. Il marmonna dans sa barbe avant de donner l'ordre à ses hommes.
— Enfoncez la porte ! Et ne tuez surtout pas la gamine !
À ces mots, ses hommes se précipitèrent bruyamment, arme à la main, dans l'entrée de la maison.
Un tonneau suspicieux était posé juste derrière la porte avec un petit mot où était écrit : "Dégagez." Chose bien sûr qu'ils n'exécutèrent pas.
– Je vous aurais prévenu... Murmura Marta, caché stratégiquement à l'entrée de la cuisine.
La vieille femme détonna une balle en plein dans le tonneau de poudre qu'elle avait posé et protégea instantanément Rio de tout son corps.
L'explosion était énorme, et le bruit assourdissant. Les hommes de Silvas volaient hors de la maison en même temps que la porte d'entrée, ainsi qu'une partie de la façade de la maison. Le souffle de l'explosion éclata toutes les fenêtres et les meubles les plus proches furent réduits en charpie.
Les flammes commençaient à consommer les murs de la maison.
Marta serra les dents quand elle reçut quelques projectiles lui trancher la peau, mais reprit rapidement ses esprits. Elle inspecta d'un rapide coup d'œil que Rio n'avait rien et l'installa sur son dos.
– Profitons-en tant qu'ils sont sonnés. Accroche-toi bien Rio !
Rio s'accrocha de toutes ses forces autour du cou de Marta qui cavala à grande vitesse dans les flammes pour sortir de la maison.
Elle chevaucha les hommes de Silvas ou leur marcha dessus sans s'excuser ou ralentir, son seul but étant, maintenant, d'atteindre le port.
Mor -qui avait également été soufflé par l'explosion- peinait à se relever sur ses coudes. Il voyait la poule aux œufs d'or de Silvas s'échapper et il ne pouvait rien y faire, jusqu'à ce qu'il entende un mouvement métallique à ses côtés. Un de ses hommes, paré à tiré sur la vieille femme et de la gamine en fuite.
– Ne tire pa- !!
Il tenta de dévier le tir, mais pas assez rapidement et il toucha Marta à la jambe qui ne défaillit pas et continua sa course.
– Tu veux risquer de tuer la gamine, sombre abrutie !! Il haussa sévèrement le ton en lui frappant brutalement la tête.
Il se releva en titubant.
– Éteignez-moi cette putain maison ! Il hurla paniqué à ses hommes -bien que la moitié était toujours dans les vapes-, tout en cherchant son foutu escargophone à pois rose dans sa foutue veste.
Qu'il finit par trouver, alors que le grognement familier de Riky l'accueillait quand il décrocha au bout du fil.
– On a un problème, voire plusieurs ! Marta et la gamine s'enfuient vers la ville !
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– Hmf !
Alors qu'elle avait fait de son mieux pour ignorer la douleur jusque-là, sa jambe la lâcha. Marta glissa le long d'une pente humide sur plusieurs mètres, veillant malgré tout à ce que Rio ne soit pas celle qui encaisse le choc de la chute.
Rio avait glissé de son dos quelques mètres plus haut. Elle accourut vers elle, sanglotante et couverte de boue, manquant de glisser à nouveau dans la précipitation.
– Marta ! Marta !! Elle s'agenouillait près d'elle en remuant son bras. T-Ta jambe ! Elle remarqua, horrifiée par sa blessure. Elle est pleine de sang !
– Arf ! C'est juste une petite blessure de rien du tout... Grognait-elle.
Marta se releva en reprenant Rio sous son bras malgré ses protestations.
Elle devait vite trouver une solution. Un moyen d'éloigner Rio de Silvas le plus rapidement possible.
Son vieux corps supportait bien plus mal les blessures que dans ses jeunes années et elle savait qu'elle ne pourrait pas naviguer avec sa jambe en lambeaux, en plus de protéger Rio.
Elle déambulait entre les entrepôts du port, le visage ridé par l'inquiétude. Jusqu'à ce qu'elle surprenne des marins -sûrement des marchands- s'affairer à ranger caisses et tonneaux sur leur bateau.
– Allez, on se dépêche la canaille ! On est déjà bien assez en retard comme ça à cause de cette foutue pluie !
Marta se hâta discrètement vers un de leur tonneau. Elle en arracha le couvercle et vida la moitié des mûres dont il était rempli.
– Tu as faim, Marta ? Lui chuchotait innocemment Rio, se remettant avec peine de ses émotions.
Elle sentit une énième fois son corps léviter. Marta l'avait installée dans le tonneau.
Rio la regardait d'un regard confus. Ses mains, d'instinct, s'agrippaient avec force à la robe de Marta, la voix tremblante.
– Me laisse pas toute seule, Marta !
La vieille soupira longuement, entourant ses mains autour des poings crispés de la jeune fille.
Les lèvres de Marta s'ouvraient et se fermaient, butant sur les mots qu'elle souhaitait dire, elle-même dépassée par la situation.
Elle sortit de son épaisse chevelure frisée, le journal en cuir bleu qu'elle avait trouvé plus tôt dans la soirée, dans le bureau d'Hayden.
Elle le déposa aux creux des mains de Rio et arrachant un morceau sa vivre card au passage.
– On se retrouvera, Rio... Elle appuya ses mots en montrant le petit carré de qui avançait de petits accoups en direction de la jeune fille. Alors garde précieusement ta vivre card.
Marta lui ébouriffait tendrement le dessus de la tête alors que Rio sanglotait, en se mordant la lèvre inférieure. Elle attrapa la grande main de Marta dans les siennes bien plus petites. L'étreinte de ses doigts se resserrait plus nettement autour de la main de sa nourrice.
Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas.
Déjà son père, dont elle n'était même pas sûre de sa mort, et maintenant Marta. Qu'allait-il lui rester si elle partait sans Marta ? Rien. Elle serait toute seule.
Marta avait, elle aussi, des difficultés à quitter Rio. Elle n'avait que onze ans, mais c'était une gamine intelligente. Bien plus débrouillarde que tous les gamins de son âge, et même certains adultes. Elle s'en sortirait, elle le savait et elle en était certaine.
Les échos des hommes de Silvas au loin réveillèrent Marta. C'est à contre-cœur qu'elle poussa précipitamment Rio dans le tonneau avant d'en bloquer l'ouverture avec le couvercle. Rio se débattait, et frappait poings et pieds contre la paroi du tonneau. Hurlant son désaccord.
– Rio.
La voix étrangement posée de Marta, calma l'agressivité de Rio.
– Quand je te rejoindrai, on ira explorer toutes les mers et les îles de ce monde. Qu'est-ce que tu en dis ?
La gamine resta muette, posant son front contre le bois du tonneau, près d'une petite interstice. Les larmes roulaient abondamment le long de ses joues, les lèvres pincées.
Explorer le monde, comme l'avait fait son père. C'était son rêve et elle voulait même aller au-delà de tout ce qu'il avait déjà accompli.
Elle frotta vigoureusement son visage à l'intérieur de robe, asséchant larmes et morves qui avait beaucoup plus coulé en une seule soirée que de toute son existence.
Rio acquiesça d'un petit "hm" tremblant, en reniflant.
– Te... Te fais pas avoir, Marta...
– Évidemment. Soufflait-elle, amusée.
Quand deux marins revinrent chercher les dernières marchandises, Marta porta le tonneau qui contenait Rio sur son épaule, assurée, presque colérique.
– Eh, vous ! Elle leur posa le tonneau dans les bras. Prenez vos dernières caisses et déguerpissez d'ici !
– M-Mai-... ! Essayèrent de riposter les marins, sans trop comprendre ce qui leur arrivaient.
– OUSTE ! Monta-t-elle le ton, d'une manière effrayante.
Les deux marins ne se firent pas prier et fuirent en direction de leur navire.
Rio regardait silencieusement, par une petite fêlure entre les planches de bois, Marta debout, qui se tenait là, observant en sa direction elle aussi. La taille de sa nourrice se réduisait au fur et à mesure que la distance entre elles s'agrandissait.
La voix du capitaine du navire résonna et les voiles se déployèrent. Le bateau quitta le port en fendant les vagues vers une destination inconnue.
Rio n'avait pas dévié le regard de l'interstice du tonneau.
La pénombre avait déjà dévoré Marta et elle n'arrivait plus à l'apercevoir.
En revanche, elle pouvait encore distinguer la fumée blanche ou grisâtre, s'élever dans le ciel. Relié au brasier qui continuait de consumer sa maison. Sa chambre. Le bureau de son père. Peut-être même, aussi, la salle secrète où Marta entreposait ses armes.
Un nœud gonflait dans sa gorge, un nœud présent depuis le début de la soirée.
Un mélange de tristesse et d'une sombre colère.
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NDA : Un petit peu d'humour après cette fin de chapitre un peu - voilà.
Est-ce que je fais des flashback à la Oda ? Oui.
Est-ce que j'aime les choses chaotique en général ? Oui également.
Plus les chapitres avancent plus ils sont long ! Comme le temps que je met à les à les poster. (C'est plutôt logique enfaite ! Non, je ne me trouve pas d'excuse *kofkof-*)
à la base le chapitre devait être moins violent d'une certaine manières et durer sur "plusieurs jours", mais comme je trouvais ça trop long et le manque d'action ennuyant, j'ai changé un peu mon texte puis d'autre idée on déferlé, comme la partie dans le bureau d'Hayden et le tonneau de poudre qui explose (ma partie préférée eheh-) !
Le prochain chapitre sera aussi dédié au passé de Rio et après retour au présent !
Je tease un peu, car j'ai hâte d'écrire sur un nouveau personnage qui a fait partie de la vie de Rio, mais j'ai déjà fais une très infime supposition sur son existence et si vous arriver à la trouver vous êtes trop fort-es !!
Mais ça sera surement plus évident au prochain chapitre ? (Quoique-)
Bref. Merci d'avoir lu jusqu'ici et j'espère que ce chapitre vous aura plu ! (the paved que j'ai écris en plus de le poster à 3H du mat'- hihi-)