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Roselyne Dandelion. C'était le nom sous lequel Rio s'était présenté le jour de son réveil.
Law pouvait aisément deviner que ces deux hommes étaient louches, ils ne dégageaient aucune sincérité et leur comportement nerveux ou encore leur tenue digne de mafieux ou d'agents secrets de la marine, ne faisaient qu'accroître cette idée.
"La nièce de leur chef" ? Quelle blague.
Il ne croyait pas un seul instant à ce mensonge pitoyable. Il en aurait presque ri tellement l'excuse du lien de parenté était d'un commun sans nom.
Le capitaine ne pouvait néanmoins contredire la véracité de cette vivre card. Elle pointait indéniablement en direction de Rio qui était toujours installée près du feu, à savourer des fruits aux côtés de Bepo et Shachi.
Il se plongea un bref instant dans la réflexion, tâtant son menton du doigt en toisant les deux hommes d'un œil méfiant. Law décida au bout du compte de les amener à Rio. Après tout, elle était la seule à pouvoir déterminer si ces deux personnes étaient ses alliés ou non. Et dans le pire des cas, il savait qu'il n'aurait aucun mal à les exterminer.
Le capitaine de l'équipage du Heart les invita à le suivre d'un mouvement de tête, le regard froid.
Les quelques Hearts qui avaient remarqué la présence des deux hommes en costume, les fixaient d'un œil soit mauvais, soit curieux. La grande perche et le petit rondouillard en costume sombre sentaient leur âme s'échapper peu à peu, sous le poids de cette atmosphère hostile qui leur était imposée.
— Hé Rio ! T'as de la visite. Annonça Law.
Rio se retourna à l'appel de son nom, les joues dodues de la pastèque qu'elle mangeait avec appétit.
Ses pupilles se posèrent d'abord sur Law, puis se décala dans la pénombre derrière lui.
Son regard se figea, ainsi que tout le reste de son corps. Son esprit était devenue blanc, seules les battements de son cœur résonnait dans ses tympans.
Dès que la lueur du feu révéla le faciès des deux hommes en costume, elle recracha tout ce qu'elle avait en bouche. La fourrure de Bepo prit malgré elle, des dommages collatéraux.
Rio avait été pris de court à un tel point qu'elle avala un pépin de travers. Ses genoux percutèrent le sol, elle frappa sa poitrine de toutes ses forces en toussant violemment pour dégager ce satané pépin de pastèque coincé dans son larynx. Après une quinte de toux éreintante, elle le recracha.
Elle reprit silencieusement sa respiration, inspirant et expirant à travers sa gorge endolorie et légèrement sifflante, des sueurs froides coulaient le long de son dos.
J'ai baissé ma garde.
Ils l'avaient retrouvée.
Ses poursuivants qui la cherchaient sans relâche depuis maintenant douze ans, étaient là, à quelques mètres derrière elle, alors qu'elle avait toujours su leur échapper même avant qu'ils ne se croisent.
Son instinct lui avait fait défaut, ou plus précisément, son fluide de l'observation, qu'elle ne contrôlait pas du tout et se déclenchait seulement si sa survie en dépendait.
Elle se releva calmement les genoux tremblant avec un sourire nerveux, sous les yeux inquiets des pirates autour d'elle, mais elle les rassura vite de son bien-être d'un signe de la main.
— Prend Bepo, je n'ai plus faim.
Elle ramassa sa pastèque entamée qui avait roulé sur le sable et la posa au creux des pattes de l'ours polaire.
— Eh ! Mais tu l'as fait tomber ta pastèque, elle est pleine de sable ! T'as craché dessus en plus ! Râla Bepo.
— Si tu n'en veux pas, je la prends. Jean Bart, qui était assis non loin de Bepo, goba d'une bouchée le fruit, après l'avoir légèrement dessablée. Faut pas gâcher la nourriture. Rajouta-t-il.
Le chapardage de Jean Bart surprit Bepo. Il se mit à houspiller, comme quoi il n'avait pas l'intention de gâcher quoique cela, sous le regard désintéressé du géant et les rires de l'équipage.
Un sourire pincé se dessina sur le visage de Rio. Elle aurait voulu en rire aussi, mais l'angoisse la prenait par le cou. Elle resserrait son étreinte de ses doigts inexistants, jusqu'à lui en couper le souffle.
Rio se détourna complètement de l'équipage pirate qui s'était occupé d'elle ces trois dernières semaines. Elle avança lentement en boitant, sans partager, ne serait-ce qu'un regard.
Sa concentration se focalisait seulement sur ces deux hommes en costumes, se perdant un peu plus dans ses pensées à chaque pas. Elle en oubliait même les tiraillements terribles de son abdomen dont elle dissimulait la douleur depuis cet après-midi.
Mor et Riky, tels étaient leur nom : une grande perche maigrichonne et bavarde pour le premier, et un petit rondouillard, peu causant pour le second.
Ils s'agitaient tous deux faussement joyeux en la voyant s'approcher. De pitoyables comédiens.
— M-Mademoiselle Roselyne, nous sommes si heureux de vous avoir retrouvé !
Le sentiment n'est pas réciproque.
— Nous vous avons cherché pendant si longtemps !
Plus la distance se réduisait entre eux, plus Rio avait du mal à conserver son sourire de façade. Sa respiration devenait saccadée, son pouls augmentait et un sombre sentiment de peur et de colère, longtemps enfoui, remontait peu à peu à la surface.
— Monsieur Silvas espérait votre retour avec tellement d'impatience. Ajouta Mor, dans un rictus discret.
Ses dents se crispèrent à l'entente de ce nom. Rio pensait qu'après tant d'années à refouler ces sentiments sinistres, ceux-là se seraient apaisés.
Mensonges.
La fillette de onze ans en elle, réclamait vengeance. Elle voulait lui faire payer, elle ne s'était jamais réellement remise de ce que cet homme lui avait volé. Cet homme du nom de Silvas.
Mais elle savait pertinemment que cette vengeance serait vaine. Il était impossible de récupérer ce qui était déjà perdu et cela n'engendrait que plus de haine, on le lui avait appris.
Rio se mordit la lèvre inférieure de frustration jusqu'à l'en faire saigner.
Sa tête se percuta soudainement contre le nodachi de Law. Elle était tellement obnubilée par ses pensées qu'elle ne l'avait pas vu avancer d'un pas pour lui barrer la route. Le léger choc lui permit de sortir de l'apnée dans laquelle elle s'était enfermée.
— ...
Law se contenta d'observer en silence la fine entaille sanguinolente sur la lèvre de Rio, perplexe. C'était bien la première fois qu'elle présentait un visage aussi morose, depuis qu'elle avait embarqué sur le Polar Tang. Il n'en fallait, en tout cas, pas plus à Law pour comprendre que la relation entre ces trois-là était loin d'être amicale.
— Alors on fait quoi ? S'adressa-t-il à Rio, d'une voix posée.
Rio leva la tête en sa direction, en massant la rougeur sensible qui était apparue sur son front. Elle fixait le brun au chapeau tacheté de ses grands yeux ronds, interloquée.
Un sourire menaçant grandissait sur le visage du capitaine en même temps qu'il dégainait Kikoku.
— On s'en débarrasse tout de suite, Rio ? Proposa Law, tout en pointant du menton les deux hommes en costume.
Les deux menacés tressautèrent de stupeur, face à l'aura menaçante de Law. Riky en tomba à la renverse, tellement ses genoux tremblaient.
Il fallait dire que même à eux deux, ils n'avaient strictement aucune chance de rivaliser avec le capitaine, voire même de l'égratigner. D'autant plus qu'ils avaient lu récemment dans le journal que Trafalgar Law, avec son allié Luffy au chapeau de paille, avaient défait le grand corsaire Doflamingo, un des plus impitoyables du lot. Ils déglutirent voyant leur chance de survie diminuer peu à peu.
Rio observait la scène, pantoise, presque honteuse.
Ces deux hommes, qui l'avaient suivi pendant tant d'années tels des chiens de chasse, tremblaient. Ils tremblaient de peur comme des enfants face à la simple présence d'un pirate plus fort qu'eux. Cette image de chasseur impitoyable qu'elle s'était faite d'eux pendant des années se détériora en quelques secondes.
Son regard faisait des allers-retours confus entre Law et les deux autres en costume.
Cela va être aussi simple ? Cette interminable course-poursuite va s'arrêter ? Juste comme ça ?
D'un seul coup, tout lui semblait beaucoup moins effrayant. Même sa colère s'était adoucie, face à leur image misérable.
Un ricanement pathétique s'échappa de ses lèvres, presque euphorique.
Il n'aura suffi que de la présence de Law et de son équipage, pour la délester de ce poids qu'elle avait portée seule sur ses épaules pendant des années.
Rio se redressa bien droitement avec une sensation de légèreté nouvelle. Elle inspira profondément et son sourire détendu revint orner son visage.
— Vas-y Law ! Découpe-moi ça en rondelles et balance-les à la mer ! S'exclama Rio revigoré.
— Ne me donne pas d'ordre. Pesta le capitaine, tout en retirant entièrement son nodachi de son fourreau.
Alors que Law commençait à déployer sa Room, Mor remua ses mains affolées pour calmer le jeu, balbutiant avec volume.
— A-Attendez !! Votre oncle Silvas souhaite uniquement vous parler par escargophone, il possède quelque chose qui devrait vous intéresser !
Rio lâcha un rictus condescendant à l'entente de "votre oncle". Il était vrai que par le passé, elle aurait pu être assez proche de cet homme pour l'appeler "oncle" de manière affective. Mais cette affection était définitivement morte depuis douze ans et les deux hommes face à elle le savaient pertinemment.
— Quoiqu'il possède, je n'en ai pas besoin et je n'en veux pas. Répondit instantanément Rio.
— J-j'insiste ! Je suis sûre que Monsieur Silvas saura vous convaincre !
Mor se racla la gorge avec nervosité, face à l'aura menaçante qui émanait du capitaine des Hearts et de son équipage qui les guettait d'un regard vif. Ils étaient parés à leur sauter dessus au moindre faux mouvement.
Les sourcils de Rio se froncèrent, leur entêtement avait éveillé sa curiosité. Que pouvait bien procéder Silvas, pour qu'il soit si sûr de lui. Elle savait pertinemment qu'elle n'avait rien à gagner auprès de lui.
Elle observa un bref instant les pirates derrière elle, dont certains lui faisaient signe de la main, puis son regard glissa dans celui de Law. Un regard qu'il lui rendit droitement, déterminé et confiant.
Elle voulait croire en eux. Croire qu'ils l'aideraient en cas de problème. Croire qu'il ne la laisserait pas tomber à cet instant.
Rio avança vers les hommes, sous le regard silencieux de Law et son équipage. Elle se risqua à écouter leur requête.
— Très bien, je vais écouter ce qu'il a à dire... Mais n'espérez pas plus. Affirma-t-elle d'un ton sec.
Rio et les deux hommes en costume s'éloignèrent assez de l'équipage pour que leur conversation ne puisse pas être entendue. Mor sortit de sa poche, un petit escargophone à pois rose et contacta son chef, le soi-disant oncle de Rio : Silvas.
La sonnerie retentit pendant de longues secondes interminables avant d'être arrêtée par un gatcha sonore.
— "Bonsoir, ma petite Roselyne."
Une voix sombre en sortie, accompagnée par ricanement d'un aplomb sinistre. Le simple fait que cet homme prononce son prénom, lui en donnait la nausée. Si elle ne se retenait pas, l'escargophone serait déjà dans les airs, à voler en direction de l'océan.
Rio inspira profondément par le nez, pour apaiser ses tremblements nerveux qui trahissaient l'apparence détendue qu'elle essayait de maintenir. Elle serra fermement les poings, décidée à l'affronter d'une manière ou d'une autre.
— Salut, Crâne d'œuf.
Silvas hoqueta de surprise à travers son interphone. Un instant de silence s'imposa, Mor et Riky suaient d'angoisse dans l'attente d'une réponse de leur chef dont ils connaissaient déjà la réaction.
— "Je ne- !? Je ne suis pas chauve, sale petite peste !! Juste... un peu dégarni !" Protesta violemment Silvas, dont la voix s'élevait dans les aiguë au fur et mesure qu'il montait en volume.
Toujours aussi sensible à son cuir chevelu. Elle soufflait discrètement, à peine amusée par ses railleries.
Même après douze années sans l'avoir vu, il fallait croire qu'il n'avait toujours pas accepté le fait d'être chauve.
— "Enfin, passons." Reprit Silvas d'une voix plus sérieuse qui déboucha sur un ton plus malicieux. "Tu nous as bien inquiété Roselyne. On a bien cru que t'allais y passer il y a quelques semaines, quand mes hommes m'ont rapporté que ta vivre card se consommait comme peau de chagrin, ahah."
— ... Ma vivre card ?
Les yeux de Rio s'agrandissaient de surprise. La seule vivre card qu'elle possédait, était celle cousue dans la couverture de son journal et ils leur étaient impossibles d'avoir pu s'en procurer une partie.
Mais quand Riky sortit de sa poche ledit morceau de vivre card, elle eut un déclic instantané. C'était le morceau qui complétait la partie arrachée à l'intérieur de son journal.
— ... Comment ?
Rio regarda avec stupeur la vivre card, anticipant tous les scénarios possibles qui avaient amené ce morceau de papier entre leurs mains, mais Silvas ne lui laissa pas le luxe de réfléchir.
— "Je ne vais pas perdre de temps avec les explications. Mor. Riky. Montrez-lui le colis que je vous ai envoyé."
Mor s'exécuta et sortit une petite boîte sombre de son costume, faisant la taille de la paume de sa main.
Sa respiration était palpable, des gouttes d'anxiété ruisselaient le long de sa nuque. Rio ne ressentait rien de bon venir de cette boîte, elle avait peur d'en découvrir le contenu et c'était forcément quelque chose de mauvais, contenu de son propriétaire.
— "Tu comprendras que ce n'est pas par plaisir que nous faisons cela."
La boîte s'ouvra et le visage de Rio pâli d'effroi.
— "Pas besoin de mots pour saisir la situation, n'est ce pas ma petite Roselyne ?" Gloussa Silvas.
Sa gorge se serrait de nouveau. Ses ongles se plantaient dans la chair de ses poings crispés, un sourire amer et résigné accompagnait son regard tourmenté.
Elle avait été prise dans un étau. Elle ne pouvait plus fuir et Silvas avait magnifiquement joué son coup.
J'ai été naïve.
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NDA : Bonjour, Bonsoir ! Voici un nouveau chapitre après de longue semaine d'absence ! *kofkof*
Mais vous n'aurez pas attendre aussi longtemps pour le prochain chapitre car celui-ci est en réalité la moitié du chapitre que j'avais initialement prévu de publier ahah
Vu que j'avais beaucoup de choses à dire et qu'il est devenu super je l'ai scindé en deux-
Bref prochain chapitre dans la semaine ! N'hésitez pas à me laisser des petits votes et vos réactions en commentaire, ça me fait toujours plaisir ! ✨