Cœur Obscur [Tome 2]

Por NyxMiller_

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~ L'Appel de La Lune ~ Du haut de son ciel étoilé, la Lune s'amuse aux dépens de Jasper. Mettre son âme sœur... Más

| Avant-Propos |
| Chapitre 1 |
| Chapitre 2 |
| Chapitre 3 |
| Chapitre 4 |
| Chapitre 5 |
| Chapitre 6 |
| Chapitre 7 |
| Chapitre 8 |
| Chapitre 9 |
| Chapitre 10 |
| Chapitre 11 |
| Chapitre 12 |
| Chapitre 13 |
| Chapitre 15 |
| Chapitre 16 |
| Chapitre 17 |
| Chapitre 18 |
| Chapitre 19 |
| Chapitre 20 |
| Chapitre 21 |

| Chapitre 14 |

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Por NyxMiller_

La fraîcheur de la nuit semble inefficace contre le feu incandescent où mon corps, mon âme, plonge de tout son être. Ma tête n'est plus que bourdonnement, mon souffle ne parvient plus à conserver un rythme régulier et mes jambes peinent à soutenir mon poids à mesure que je tente d'avancer. Il devient de plus en plus lourd, de plus en plus insoutenable. Mon loup, aussi sûrement que je le suis en cet instant, est perdu et rendu faible par les sensations nouvelles que nous éprouvons. Face à elles, nous ne pouvons rien faire d'autre qu'en être soumis. Elles ne sont pas ce que nous avons l'habitude de ressentir. Bordel...

Ma main me soutient plus que mes jambes, en appuie sur la bordure des portes d'entrées. Vagabond et sombre, mon regard aperçoit furtivement Carl dans un bref soulagement. Après son départ spectaculaire de la salle de réception, il a l'air de nous attendre dans l'ombre d'un arbre.

Ma bouche sèche s'ouvre dans l'espoir d'appeler son prénom et de me faire entendre.

J'ai encore besoin de toi...

Comme toujours.

— C-Carl...

Mais ma voix paraît inaudible, sans force.

Un élancement vif au niveau de ma gorge me lance et me vole un râle de souffrance et de frustration mêlés. Je trébuche sur les quelques marches restantes et tombe douloureusement à genoux. En sueur, je porte une main tremblante vers la morsure de McKenna et la survole de mon index et de mon majeur. Ce simple effleurement provoque une montée de plaisir brusque et parsème ma peau de tant de frissons que j'en reste bouche bée, me surprenant au passage et coupant toute respiration sur le coup. Sans attendre, j'abaisse le bras, presque honteux de cette réaction.

Fiévreux, je ferme les paupières et presse mon dos contre le mur de la bâtisse. Néanmoins, avant même que mon corps ne s'effondre sur cette courte étendue d'herbes, deux mains fermes me saisissent et me relèvent. Dans un réflexe stupide et inutile dans cet état, je tente mollement de me débattre.

La peur n'attend pas pour éclore au creux de mon ventre. Je suis incapable de crier. Incapable de me défendre. Incapable de faire le moindre geste réel. Impuissant comme autrefois.

Et mon loup n'est pas là pour prendre le relais.

Il ne le peut, lui aussi.

— Chut. Doucement, je suis là. Ce n'est que moi, s'amène une voix naturellement autoritaire.

À cette intonation, mon corps se fait plus mou qu'il ne l'est déjà et abandonne toute éventuelle défense. La peur, elle, est muselée par mon loup à son contact.

Je retombe contre lui, tout simplement.

Lincoln...

— C'est Lincoln, précise l'alpha de Neptune.

— Il n'est pas bien, grimace Carl, soucieux.

En douceur, mon dos retourne contre le mur de la bâtisse tout en restant bloqué contre Lincoln. L'un de ses genoux s'infiltre entre mes jambes afin de me maintenir dans cette position. Puis l'une de ses mains chaudes soulève mon menton pour m'observer.

Deux prunelles onyx appellent mon regard. Avec l'impression d'être dans une autre dimension que la leur, je le fixe sans rien dire. Sans chercher à réduire la proximité entre nous, à remettre de la distance comme je l'aurais fait habituellement. Mais pas cette fois. Au contraire, je me gorge de son odeur épicée et de ces maudits fruits rouges dont je raffole. Tout en espérant qu'il se rapproche un peu plus encore.

Son attention se baisse furtivement sur mon entrejambe que je sens active, bien malgré moi. Ses sourcils se froncent puis, la seconde suivante, il me pousse à ouvrir plus grand les yeux avant de dégager ma chemise d'un geste sec afin de voir la marque.

Je crains qu'il la touche autant que je souhaite qu'il le fasse, paradoxalement.

— On ne peut pas s'attarder ici, souligne Carl dans un ajout. Nous devons le mettre en sécurité.

— Je sais.

Lincoln me sonde, les lèvres pincées l'une contre l'autre. Il englobe au bout du compte mon visage entre ses mains et me force, sans contrainte, à le regarder.

En arrière-plan, la musique de la soirée continue de venir danser autour de nous. Autour de lui et moi. Comme si, finalement, nous n'avions jamais quitté la piste.

— Je vais te poser une question, Jasper. Et je veux que tu me répondes avec autant de sincérité que possible.

Il attend une seconde, le temps que ses mots me parviennent et fassent sens.

— Les effets secondaires vont être pénibles si tu ne te touches pas pour te soulager. Plus que tu ne le crois. Mckenna est une puissante vampire... et des créatures tout aussi puissantes étaient parmi nous ce soir. Leurs phéromones jouent un rôle crucial dans ton état.

Je prends une goulée d'air tremblante, perdu dans ses yeux noirs.

Bordel, ce connard est d'une beauté...

— La question...

Je me racle la gorge pour rendre ma voix plus claire.

— Quelle est la question... ?

L'hésitation passe un court moment dans l'abysse de ses iris.

— Si tu veux que je t'aide, il faut que tu me le demandes explicitement. Jasper, m'appelle-t-il. Je peux t'aider.

Sa mâchoire se contracte furtivement, son regard parcourt mon visage.

— Veux-tu de mon aide ?

Sciemment, mon esprit me renvoie le moment où Isaac nous a perçu, lui et moi, dans l'une de ses visions. Il n'a jamais voulu m'en reparler, me dire ce qu'il avait vu exactement. Et je ne peux que me demander si c'est cette situation précise qu'il a vu sans savoir de quoi elle en retournait.

Lui et moi, ça sonne si faux. Et pourtant, si vrai.

Le refus et le dégoût évident que j'ai affichés, comme je le fais toujours, me font défaut ce soir. Je me vois le désirer. Je me vois vouloir plus que ce j'aurais jamais imaginé, souhaité, entre nous jusqu'à maintenant.

Et je m'entends dire ce que je n'aurais jamais pensé demander un jour.

— S'il te plaît...

Son regard me transperce, attendant que je finisse ma phrase et cette honteuse demande que je retiens difficilement. Je m'efforce à ouvrir les yeux et de tâcher de conserver l'esprit clair au risque de commettre une erreur. Ça, ce n'est pas moi. Ô grand jamais, je ne demanderais et ne souhaiterais une telle chose avec Lincoln, avec ce que la Lune m'a donné et ce que je refuse avec tant de force.

Mais ce soir, avec toutes ces sensations accrochées à moi et cette fièvre insupportable, cette tension entre mes jambes, je l'aurais voulu. Cette morsure me pousse et m'oblige à vouloir Lincoln plus intimement que je ne l'ai jamais eu. Et c'est hors de question.

Bordel, ressaisis-toi !

Ce n'est pas toi...

— S'il te plaît ? répète-t-il en ne me voyant pas poursuivre.

Ma main tombe sur son torse et s'accroche à sa veste, en écho à ma panique de plus tôt. Péniblement, je me redresse et je ne m'appuie que davantage contre son corps plus que sur le mur. Mes yeux descendent sur ses lèvres sombres, mon front vient se presser contre le sien et ma main remonte sur son épaule.

Sa bouche s'entrouvre et m'envoie son souffle chaud, celui-ci flattant ma peau et y répandant, derrière lui, des milliers de picotements plaisants.

— Jasper.

— S'il te plaît...

Mes yeux se ferment et mon visage comble la distance. Pourtant, mes lèvres ne rencontrent pas ces semblables mais la barbe de quelques jours du métamorphe.

Un peu dans les nuages, je grogne et fronce les sourcils. Je me recule et je le vois : le visage détourné, l'expression crispée dans une concentration ferme. Je n'en vois pas plus puisque, peu de temps après, Lincoln est repoussé par Carl.

Et avant que je ne m'effondre sur le sol, ayant perdu mon équilibre, Carl le remplace.

— Ça suffit, proclame-t-il d'une voix sévère.

Ce n'est pas à Lincoln qu'il s'adresse mais à moi. Ses yeux noisette plantés dans les miens me le disent sans que je ne comprenne pourquoi. Ou encore ce que j'ai bien pu faire de mal.

Puis il pivote de moitié vers l'alpha.

— Je le prends avec moi.

Aussitôt, les iris noirs de Lincoln se tournent vers nous.

— Il n'est pas question que je le laisse. Encore moins dans cet état, coupe-t-il aussi sec.

— Tu peux être rassuré sur une chose : je ne le toucherai pas. Je saurais faire preuve de contrôle. Tu n'as aucune crainte à avoir là-dessus, rétorque Carl.

— Je peux le protéger.

— Je n'en doute pas une seule seconde.

Pendant que l'obscurité se dessine devant moi, de nouveau, je referme les paupières. En silence, je halète, le corps en feu.

— Il a besoin de moi.

La voix de l'alpha se fait plus ferme.

— Et de moi, également.

Ma tête roule et chute sur l'épaule du loup de la Nouvelle-Orléans.

— Emmène-moi en sécurité, s'il te plaît...

Seulement, j'ignore à qui je m'adresse réellement.

À Carl ou, en réalité, à Lincoln.

Je ne crains rien avec eux. Chacun pour une raison différente. Et cela, mon loup le sait. Alors il arrête de résister contre l'obscurité, contre ces sensations. Il m'emmène avec lui, et je sombre en confiance.


Allongé sur le dos, perdu parmi le confort d'un matelas divin, j'ondule brièvement dans une singerie. Les draps collent désagréablement à ma peau humide et la moiteur de mon corps m'est tout aussi insupportable. En vain, il m'appelle à sombrer dans les plus indécents et les plus noirs de mes fantasmes, de mes désirs. Mon sexe me tend douloureusement, irradiant d'une chaleur peu commune. Mes muscles sont pris de soubresauts, incapables de résister contre le besoin inarrêtable que j'éprouve de m'adonner au plaisir de la chair. Je suis affamé, affamé de chair et de cette sensation addictive de posséder le corps d'un autre le temps de quelques heures.

La noirceur de la chambre ne me dit pas où je me trouve, ma vue non plus. Elle n'est que brouillard, que trouble et se retrouve dans l'incapacité à se focaliser sur une seule chose. Maîtres d'eux-mêmes, mes yeux s'ouvrent et se ferment quand ma tête bascule sur l'oreiller, de son côté opposé. Mais je sais que je suis en sécurité, que je n'ai pas à avoir peur de quoi que ce soit. Tout, absolument tout me le dit. Mes sens harponnent tout ce qui provient de lui.

Tout ce dont j'ai conscience, c'est de lui. Des effluves de son parfum, au-delà de celui de Carl, de son aura et de sa proximité. S'il n'est pas dans la même pièce que moi, il est là, quelque part, présent dans cette maison. Tout cela possède les lieux et sature mes sens de seconde en seconde. Et ceux-là, perturbé par la morsure et la soirée passée, m'amènent à avoir des pensées sombres à chaque éveille irrégulier de ma part.

Sur lui, et seulement sur lui.

Je le perçois partout autour de moi. À côté, au-dessus, contre moi, sous moi...

Mon âme appelle la sienne avec tant de force que je m'entends prononcer son nom dans un murmure avec le désespoir de le voir apparaître pour y répondre. Le désespoir de sentir ses mains imposantes, et dominantes, courir sur mon corps nu avec le désir de faire de même sur sa peau noire. De me gorger de lui jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à être fou de lui au point d'avoir la sensation de ses paumes sur mon être même quand elles ne seront plus là. Être fou, je veux être fou de lui.

Mes griffes, ressorties, se plantent peu à peu dans le matelas. Mon esprit ne peut que me visualiser en train de le faire sur lui, y laissant de longues marques derrière elles à l'en faire gémir de plaisir et de douleur. À l'en marquer. Dans une respiration rauque, je me cambre. Ma main se lève et retombe au-dessus de ma tête. Elle se saisit du dossier du lit tandis que la seconde, elle, glisse pour la millième fois sur ma queue tendue qu'elle empoigne sans pitié.

J'ai perdu le compte du nombre de fois où j'ai joui sous mon propre contact. La sensibilité accrue de ma peau sensible, ici bas, ne l'est que plus encore après l'avoir frotté tant de fois. Si bien que lorsque je retrouve sa chaleur brûlante entre mes doigts, je siffle face à la légère brûlure et à l'inconfort que cela me provoque. En revanche, ça ne m'arrête pas et ne m'empêche pas non plus de débuter de rapides va-et-vient humides. Le muscle de mon bras levé se contracte, mon souffle se fait rapidement plus vif et des gémissements graves filent de la barrière de mes lèvres.

Ma joue se dépose contre mon bras, mes paupières papillonnent. Sur le coin de la chambre où se trouve un fauteuil, je redessine Lincoln assis là, à me regarder m'adonner au plaisir, à mes plus bas instincts. Mes mouvements de poignet s'accélèrent alors que je ne le lâche pas de mes pupilles dilatées. Néanmoins, la frustration rebondit violemment jusqu'à mon être et je grogne bruyamment, étalant l'aura de dominance de ma bête tout autour de moi. Dans une même action, je me redresse, repousse la couverture et me retourne.

Sèchement, l'âme empressée, j'attrape l'oreiller et le positionne sous mon bassin. Reprenant mon point d'accroche sur le dossier du lit, les veines de ma main étant plus que visibles, je me mets à me frotter contre le tissu doux, les yeux ouverts sur l'image de Lincoln que me renvoie mon esprit. Les draps ne sont plus blancs mais noirs de sa peau, de ses muscles forts et le coussin n'a rien de plus beau que ses fesses rondes où ma queue coulisse. Je prends mon plaisir sans pitié sur lui, dos à moi, offert comme le plus beau des métamorphes soumis.

Et le bien-être, lui, se fait plus grand, plus intense, plus douloureux encore. Ma gorge, ma verge et mon corps épuisé me font mal. Mal à m'en rendre dingue. Cependant, je ne peux m'arrêter. Je ne le veux pas.

Le bras tremblant, je tombe sur Lincoln et continue d'onduler du bassin contre son cul.

— Lincoln, Lincoln..., gémis-je comme une litanie.

Mes crocs poussent dans ma bouche et transforment mes râles de bien-être en des râles aux intonations animales. Lorsque le plaisir monte et me fauche, je referme violemment ma mâchoire sur sa nuque, sur les draps du lit, tandis que je me répands faiblement sur le coussin.

Sans force, je m'effondre. Au son de la porte qui s'ouvre, je tourne mollement la tête. Sous mes yeux verts, je me gave de l'apparition de Lincoln, incapable de savoir s'il est réel ou si, encore une fois, je me l'imagine.

Il esquisse à peine un pas dans la chambre qu'il s'arrête presque instantanément à ma vue. Lentement, son regard glisse sur mon corps à découvert avant de remonter à la recherche du mien. Ses yeux onyx se ferment, tout comme son expression.

Essoufflé, je me pousse à m'asseoir et lorgne son corps encore vêtu de ce putain de costume. Sans sa veste, sa musculature ne ressort que plus encore, autant que sa peau sombre à travers cette chemise blanche. Il le rend irrésistible.

Ça me gonfle.

Putain.

— Eh.

Un verre d'eau en main et un gant de toilette dans l'autre, il s'avance finalement dans la pièce. Il ne me regarde plus et ignore même le lit dans lequel je me trouve. Et je déteste ça.

— Déshabille-toi, ordonné-je.

La boisson déposée sur la table de chevet, il s'immobilise. Puis calmement, il se redresse et pivote vers moi. Ses yeux vont droit sur mon visage et ne dérivent pas un seul instant.

— Laisse-moi te baiser.

— Est-ce un ordre ? me questionne-t-il simplement en haussant les sourcils.

Je fais de même.

— Déshabille-toi, réitéré-je dans un grognement.

Cette fois, je ne lésine pas sur la démonstration de dominance. Je sature la chambre de mon aura, implacable et exigeant.

La réaction de Lincoln ne se fait pas attendre. En un quart de seconde, sa main encercle ma gorge. Ma tête est penchée férocement vers l'arrière et l'alpha me surplombe de moitié, un genou en appui sur le lit, non loin de ma cuisse nue.

— Non, claque-t-il.

Il n'en faut pas plus pour que mon épiderme se voit recouvert de chair de poule.

Ses yeux, sauvages, sont plantés dans les miens. Encore et toujours. Un grognement roule dans ma gorge, ses doigts se resserrent autour d'elle en écho.

— Ne joue pas à ce genre de jeu avec moi, Jasper, me conseille-t-il.

L'intonation de sa voix me fait frémir et ma queue spamme en réponse, devenant prête pour un nouveau tour. Mais avec lui, et non seul. Bordel, surtout pas sans lui.

Pourtant, mon loup, et moi-même, se raidit. À l'unisson, nous accentuons l'étalage de notre dominance, appréciant peu de ne pas le voir se soumettre et obéir. Pire, de riposter et d'essayer de prendre le dessus.

— Jasper, m'avertit-il sans se détacher de ce putain de calme apparent.

En dépit de son avertissement, il n'essaie pas de faire de même et à prendre le dessus. Au lieu de cela, il se contente de me fixer de son regard intransigeant et dévastateur. Nullement atteint par moi, nullement troublé par mon aura.

J'expire, tremblant. Puis j'humecte mes lèvres et inspire prudemment, mes sinus se noyant de son parfum.

— Retire.tes.vêtements, insisté-je.

Il me pousse davantage à me pencher vers l'arrière, si bien que je n'ai d'autres choix que de m'appuyer sur mes coudes si je ne veux pas perdre l'équilibre.

Il rapproche son visage du mien et passe d'un œil à l'autre, pas le moins du monde pressé.

— Non, articule-t-il distinctement.

Mes poumons se gonflent de frustration. Le grondement dans ma gorge se fait plus fort, plus dominateur. Néanmoins, là, et uniquement là, Lincoln me répond bruyamment. Aussitôt, le mien se meurt et mon souffle se coupe en même temps que mon instinct prend feu et m'oblige à rentrer les épaules.

Cependant, je me force à ne pas baisser les yeux. Par fierté. Parce que, putain, je ne suis pas un loup soumis.

— Lincoln, préviens-je, menaçant.

Brusquement, il me relâche. Mon appui cède et je m'effondre sur le dos. Avec lui, son aura de dominance s'estompe en un clin d'œil et me laisse plus pantelant que je ne l'étais déjà. La porte semble claquer.

Je me tourne sur le côté, grimaçant.

— Lincoln ! gueulé-je.

Mes paupières s'ouvrent et mes yeux rencontrent ceux de l'alpha, au seuil de la porte. Soulagé de le voir encore là, je prends une longue inspiration hésitante.

Mon poing se referme autour des draps, réfrénant au mieux ma frustration.

— Attends, s'il te plaît, reprends-je plus doucement.

Il me fixe et patiente, silencieux.

— Tu as dit... Tu as dit que tu m'aiderais si je venais à te le demander.

— Jasper.

— Alors je te le demande, chuchoté-je.

Il m'observe une longue seconde puis il abdique. Tranquillement, il vient ôter sa veste de costume et la dépose sur le fauteuil.

— Demande-le-moi plus clairement, Jasper. Sois plus explicite.

Je me mordille la lèvre inférieure. De son côté, il déboutonne les boutons de ses poignets afin de remonter sa chemise sur ses avant-bras.

— Touche-moi.

Il hausse un sourcil.

— Je t'ai dit de me le demander. Pas de me l'ordonner. Recommence.

Insatisfait, je grogne mais, impuissant, je finis par me résoudre à obéir. Je n'ai plus la force et l'envie de me battre. Pas alors que mon corps est en feu...

— S'il te plaît, Lincoln, touche-moi.

L'alpha de Neptune marque un temps d'arrêt, proche du lit. Au bout du compte, après quelques secondes d'observation, il prend place sur le matelas et presse son dos contre le dossier. D'une prise ferme sous mes épaules, une fois qu'il m'a remis sur le dos, il me soulève et me positionne contre lui. Torse contre dos, la chaleur de son être se transmet à moi de la plus divine des façons.

Il soupire, flattant mon cou douloureusement sensible de son souffle. D'une pression brève, il écarte ma cuisse de sa jumelle afin de se donner plus de terrain de jeu. Son bras, quant à lui, ceinture mon abdomen. De l'autre, il délaisse sa main sur le haut de ma cuisse.

Rien qu'à sa proximité, rien qu'à ce contact entre nous, je tremble de toute part. D'envie, de désir, d'impatience. Tout est déjà si bon...

— Dis-moi ce que tu veux, Jasper, susurre-t-il à mon oreille.

Mon sexe esquisse un soubresaut.

Je baisse les yeux sur sa main, encore sage.

— Caresse-moi.

— Hm hm, fait-il dans une négation.

Repoussant mon envie de le dominer, de le soumettre, je ferme temporairement les yeux. Un muscle saute au niveau de ma joue.

— S'il te plaît, caresse-moi.

— Où ?

— Lincoln, soufflé-je, presque dans une expiration désespérée.

— Montre-moi.

Je déglutis. Ma main glisse au-dessus de la sienne, épousant nos deux peaux ensemble. Je la prends et la guide sur mon sexe où je referme sciemment ses doigts autour de ma chair en feu.

Son toucher me fait, une fois de plus, gémir.

— C'est tout ?

Comprenant sans mal ce qu'il me demande, je me mords vivement l'intérieur de la joue puis je commence à le faire bouger de haut en bas. Ce début de friction m'électrise plus que tout ce que j'ai pu faire jusqu'à maintenant. Dans ses bras, je me laisse aller et j'exprime mon bien-être sans réserve. Son pouce titille vicieusement mon gland et la peau sensible autour avant qu'il ne reparte pour des allers-retours humides et renversants sous mes indications.

Sa mâchoire se colle contre ma tempe tandis que nos regards observent nos mains bougées. Je viens chercher celle autour de ma taille et la dirige sur mes bourses, dépourvu de la moindre gêne ou d'hésitation. Sous ma peau hâlée, je savoure la vision de la sienne, bien plus foncée, les englober, les tirer avec douceur et les malaxer entre ses doigts tatoués. Ce traitement divin m'inonde de satisfaction et éloigne au loin la frustration.

Mais bien plus bas, à un endroit que je refuse d'imaginer, la frustration persiste. Mes muscles intimes spamment, quémandeurs d'attention eux aussi. L'humidité que j'éprouve me trouble et m'excite à la fois, autant que je peux détester ça. Je continue de prendre éternellement feu. Avec lui, je m'embrase avec bien plus de puissance.

Fébrile, j'abandonne ma nuque contre l'épaule du ténébreux. Des baisers se mettent à pleuvoir sur ma gorge érogène. Et lorsque ses lèvres tièdes passent sur la morsure, mes râles de complaisance se font plus forts et je deviens tout bonnement incapable de ne pas me tortiller sous son contact.

Naturellement, en écho, je fais accélérer nos mains sur ma queue en ébullition.

— Lincoln, gémis-je.

L'alpha mordille mon lobe et retourne sur ma morsure pour la lécher de sa langue chaude.

— Bordel de... ! Ne t'arrête pas, ne t'arrête pas, supplié-je.

Bientôt, mon bassin se met à onduler et à se frotter autant contre lui que contre les draps. Les frictions nouvelles sur mon intimité me mortifient aussi sûrement que, paradoxalement, j'en redemande et viens les accentuer.

Sa main quitte mes bourses et remonte le long de mon buste pour venir entourer ma gorge. Cet élan de dominance me fait grogner et, en même temps, il envoie un pic d'excitation d'une puissance époustouflante. Dans un cri rauque, je me cambre et me répands généreusement sur mon torse sans que les mouvements de poignet ne disparaissent.

Mon plaisir est diluvien, dévastateur.

Mes yeux s'emplissent de multiples points noirs, ma tête bourdonne et mes muscles, eux, se relâchent complètement. Je m'effondre, purement et simplement.

Retombé sur le côté, je reviens peu à peu à moi quelques secondes à peine plus tard. Ne sentant plus la présence de Lincoln, je fronce les sourcils et tourne la tête.

— Lincoln... ?

Mais il n'est plus là. Ou du moins, il ne l'a jamais été. Si quelque part ce fait me soulage, une autre partie est frustrée à un point inimaginable.

Putain...


Lorsque mes yeux s'ouvrent plusieurs heures plus tard, sans doute, mon corps n'est plus fiévreux et plongé dans une frustration constante. À l'inverse, je me sens bien et pleinement maître de moi-même. Mes paupières papillonnent pour m'habituer à la luminosité de la pièce pendant que je réalise que je suis propre et couvert d'un survêtement tout chaud. La pièce, elle aussi, a changé. Et les odeurs environnantes me sont si familières que mes iris se retrouvent embrumés en un quart de seconde.

Contre moi, je sens remuer et une tête brune se dépose sur mon torse. Dans une profonde inspiration, avec le cœur serré, j'oriente la tête vers cet endroit et ce que je vois me fait fermer les yeux. Pourtant, tout en douceur, j'entoure les deux bouts de femmes de mes bras et hume à plein poumons le parfum d'Elena aussi bien que celui de Rebecca.

Sur le fauteuil moelleux de Reyes, j'ai le loisir de voir un Isaac tout endormi et d'où le son profond de sa respiration me parvient. Sa bouille ensommeillée sur des cheveux blonds ébouriffés me fait sourire.

Me revoilà, hein...

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