L'ÉVEIL DES DRAGONS

By SgHORIZONS

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Le monde est en ruine ou plus exactement en cendres. Les dragons dominent le monde et les hommes qui s'y terr... More

Prologue
1 - Je sais qu'il va me carboniser...
2 - Ne me tue pas
3 - C'est ainsi que nous prouvons notre amour
4 - Je sais qu'il va me carboniser...
5 - Un monde qui n'existe plus...
6 - ..qui me condamne à vivre ou à mourir.
8 - Le vide a remplacé l'angoisse.
9 - Le bruit de ces coups qui frappent le complexe...
10 - ... ce qui t'attends est une vie de rêve.
11 - Nous sommes importants.
12 - ...de quoi tu es capable !
13 - ...la décision d'être une nouvelle personne.
14 - Toujours être aux commandes...
15 - Je m'avance et ordonne...
16 - Ils n'hésiteront pas à te mettre en danger..
17 - Je suis happée et m'élève...
18 - Allez ! Vole.
19 - Encore quelques mètres...
20 - Le bruit de ces coups qui frappent...
21 - Si je dois mourir, autant le faire avec brio....
22 - ...anéantir un plus grand nombre de leur ennemi.
LIVRE 2 - KARL NORVÈGE - Au même moment (extrait)

7 - ...un véritable don du ciel.

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By SgHORIZONS

Mon corps cesse étrangement de trembler. Il se relâche. À présent, je ressens de légères crampes dans mes bras et jambes, mais ce n'est rien face à mes autres douleurs qui s'éveillent avec force. J'ai si peur de souffrir à nouveau lorsqu'il me brûlera, ce qu'il s'apprête à faire d'un instant à l'autre. Je m'aperçois qu'en fait, c'est cela qui m'inquiète le plus et non de mourir. Je me mets à réfléchir sur la raison de ce manque de peur face à une mort imminente.

Le visage des mes parents, de mon frère Marco défilent dans ma tête.Leur souvenir me fait réaliser que je suis si seule, que je ne suis aimée de personne et que je ne suis attachée à aucun de mes semblables. Tout ce qui m'attend est de vivre dans un trou avec d'autres rats pour ensuite être choisie pour faire tel ou tel métier afin de participer à la survie du groupe et cela durant le reste de ma vie. Pas très réjouissant. Je vais grandir, avoir peut-être des enfants si je survis jusque-là, pour qu'eux aussi vivent dans cette cité souterraine, loin de la lumière, de la vie. Ensuite, je veillerai et je mourrai de faim ou de fatigue. C'est cet avenir peu réjouissant qui m'attend.

Mon regard balaie le paysage qui m'entoure. La mort est partout. Aucune couleur, aucune preuve de vie, si ce n'est le fait que je me tiens encore debout devant ce monstre.

"Pourquoi vivre alors ? "

Giulia apparaît à moi et je la vois heureuse de simplement être une future pondeuse. C'est comme ça que j'appelle celles qui font le choix d'être mère. Elle arrive à être optimiste ainsi rien que par la pensée qu'elle offrira un nouvel être à la communauté. Je me mets à la jalouser et je comprends que je le fais depuis un bon moment. C'est pour cela que je ne la fréquente plus. Elle a le même âge que moi, elle aussi a également perdu toute sa famille et subit les mêmes conditions de vie que les miennes. Et pourtant, elle se projette dans l'avenir, elle éprouve encore de la joie pour si peu de choses. Elle possède encore ce que je n'ai plus : de l'espoir.

Mon frère était cela pour moi. C'est lui qui me poussait à croire en un avenir meilleur, de penser que cela s'arrangerait. Il m'avait sauvé la vie de toutes les manières possibles et imaginableset bien souvent en mettant en jeu sa propre vie. Il avait joué, parié que nous nous en sortirions toujours. Il avait perdu, pour moi. Alors, que me restait-il pour vouloir encore me battre, pour souhaiter encore survivre ? Sans m'en rendre compte, je viens de faire un pas vers le monstre, si proche à présent. Puis, un autre.

— Tu comptes m'écraser tel un insecte, c'est ça ? demandé-je dans un souffle.

Le dragon ne fait rien si ce n'est pencher la tête légèrement sur le côté. Je peux observer de près, l'une de ses pupilles qui me renvoie l'éclat de vie, si lumineuse, si mouvante, qui émane de l'intérieur de son être. Un éclat allant du rouge au jaune pur comme le soleil. Tout du moins d'après les souvenirs que j'ai encore de l'astre lumineux.

— Pourquoi, tu ne me tues pas ?

Ma voix s'affermit au fur et à mesure que la peur me libère. Pour la première fois depuis de nombreuses années, le poids qui oppresse ma poitrine disparaît peu à peu. Mon cœur s'allège. L'angoisse que je ressens à chaque jour, à chaque heure de ma vie s'estompe. J'ai cela en moi depuis cette journée, à l'école où Marco est venu me rejoindre dans la classe pour me chercher, pour me sauver du souffle qui a embrasé le monde, mon monde. Une froide colère remplace la peur.

— Pourquoi les avoir tués ?

Le monstre ne bouge pas, il m'observe simplement. Son inaction ne fait que décupler ma rage. Je m'avance encore.

— Pourquoi ?

Bien évidemment, il ne me répond pas.

"Comment le peut-il ? "

J'en ai assez qu'il m'observe ainsi, assez de le voir devant moi alors que je ne peux le tuer, l'abattre pour lui faire payer ce que lui et ses semblables on fait aux miens. Il ne bouge pas. Je serre les poings et me mets à lui crier dessus :

— Va-t'en ! Si tu ne me tues pas, alors va-t-en ! J'en ai assez d'avoir peur de toi, assez de te voir à chaque fois que je ferme les yeux, assez de cette vie que j'ai à cause de toi !

Le monstre est toujours là. Levant la tête, j'aperçois plusieurs autres tournants dans le ciel encore et encore me rendant folle de rage qu'ils soient si libres et puissants, et moi, obligée de vivre enfermée avec les autres sous terre.

" Va-t-en " répété-je rien que pour moi.

L'instant suivant. Le dragon se mit à reculer. Je ne savais même pas qu'il leur est possible de faire cela. Il le fait en déployant ses immenses ailes le rendant d'autant plus imposant si cela est possible. L'instant suivant, son regard se fixe vers le firmament puis il s'envole. Je l'observe faire en reculant et en mettant le bras devant le visage afin de ne pas être aveuglée par la couche de cendres que son envol a soulevé du sol. Il bat des ailes à plusieurs reprises puis finit par rejoindre ses semblables. Je les contemple encore alors qu'ils s'éloignent de notre position et que la porte derrière moi s'ouvre.


***


Ils sont encore dans ma tête alors que l'on me tire à l'intérieur. Je les revois, les imagine partir loin, planer au-dessus des nuages pendant qu'on m'oblige à suivre mon cerbère, encadré de ceux qui m'ont abandonnée à une mort certaine. Ce ne sont pourtant pas ces humains qui hantent mes pensées, mais ces créatures que je viens de croiser à nouveau. La tête basse, je m'oblige à avancer alors que tout ce que je souhaite est de m'asseoir dans un coin afin de n'être dérangée de personne. Est-ce trop demander que de vouloir s'isoler, oublier, ne devoir à rien à personne ? Après tout, si je devais vivre encore, c'est parce que le monstre a refusé de me tuer. Il a dû considérer que je ne valais rien, même pas un jet de flammes pour pouvoir me dévorer une fois qu'ils m'auront brûlé. Car c'est ainsi qu'ils se nourrissent, de chair carbonisée. Après tout, avec mon petit gabarit, je ne dois représenter qu'un en-cas pour ces bêtes si massives. Je m'arrête alors que je vois mon guide faire de même devant moi.

— Bonjour, Alessa.

Son amabilité complètement inattendue m'intrigue suffisamment pour me faire lever la tête. Une femme se trouve là, assise derrière un long bureau. Je fixe mon attention sur le seul meuble de la pièce en réalisant qu'il est fait en bois. Cela fait bien longtemps que je n'ai vu un objet pareil alors que tout dans le lieu où je vis n'est fait que de béton ou de métal. Le bois me semble tellement chaleureux, vivant bien loin de l'impression que je ressens lorsque j'observe ou touche le monde qui m'entoure.

— Alessa ?

Je relève un peu plus mon visage et fixe la femme qui en fait autant me concernant. Elle semble d'une apparence bien similaire à celles des autres avec son uniforme sombre, son chignon strict, et sa posture bien droite. En revanche, ce qui détone est le sourire qu'elle arbore. Je fronce les sourcils en l'observant. Personne ne sourit vraiment dans cette cité depuis plusieurs années. Trop de morts, trop de privation, de dangers nous empêchent d'éprouver ce sentiment de gaieté, de joie.

— Je t'en prie, prends place, me dit-elle en tendant une main vers la chaise faite du même bois que la table.

Une brusque poussée dans le dos m'indique que je tarde trop à obéir. Je soupire et m'avance avant de m'asseoir sur cette chaise. Je me tiens bien droite, les mains sur mes cuisses et essayant d'éloigner mon dos du contact avec le dossier. Pourtant, je me sens lasse et souhaite m'avachir, mais je m'abstiens car, je ne veux pas augmenter les douleurs que je ressens déjà si nombreuses.

— Alors Alessa, je peux lire ici que tu es parmi nous depuis six ans et huit mois. Est-ce exact ? demande-t-elle.

Je continue de fixer le sol avant de répondre d'un simple "oui".

— Et tu as vécu parmi nous avec ton frère, Marco Paoli qui a trouvé la mort lors de la précédente invasion de notre périmètre par les dragons, il a de cela vingt-huit jours.

— Oui.

— Que ses cendres se dispersent aux quatre vents et rejoignent les nôtres.

C'est la phrase d'usage lorsque l'on veut honorer la mémoire d'un mort qu'elle vient de citer alors qu'elle ne connaissait pas mon frère. Son expression triste se dissipe rapidement remplacée par son sourire qui me semble faux. Il m'est difficile de savoir comment je peux le savoir étant donné que je n'ai pas d'élément de comparaison auxquels me référer. Elle réajuste ses lunettes rondes sur son nez et tapote du bout des doigts la table entre nous, ce qui augmente ma nervosité.

— Alessa, je vais être honnête avec toi. Ta présence parmi nous est un véritable don du ciel. Ce que tu viens de faire à l'extérieur est tout simplement prodigieux. Beaucoup des nôtres, je veux dire ceux qui dirigent notre foyer ont douté de mon analyse, mais j'ai su les convaincre, se félicite-t-elle visiblement très satisfaite d'elle-même.

Je la regarde sans véritablement comprendre ce qu'elle raconte et encore moins la raison de ma présence face à elle. Elle vient de dire qu'elle fait partie des dirigeants, ceux qui vivent aux niveaux les plus près de la surface et que l'on ne voit jamais dans les quatorze étages plus bas, où s'entasse la majorité d'entre nous. Ce sont eux, ces personnes qui dictent notre quotidien en choisissant notre travail, en déterminant la ration d'eau, de nourriture qui nous sont données. Ce sont eux encore qui décident où nous devons vivre, ce que nous faisons de nos journées. Il m'est étrange de me retrouver face à une personne aussi importante et pourtant qui me parait d'une banalité affligeante si ce n'est le tissu qu'elle porte, moins abîmé que ceux auxquels nous avons droit habituellement, ou le fait qu'elle semble plus propre et mieux nourrie que la plupart de nos semblables.

— Alessa, tu m'écoutes ?

— Je ne comprends pas.

Je porte un regard circulaire sur tout ce qui m'entoure, me demandant quand ils vont me jeter hors de cette pièce en réalisant qu'ils ont fait erreur sur la personne.

— Par deux fois, tu as fait face à un dragon, par deux fois, celui-ci t'a épargné.

Je soulève les épaules négligemment ne sachant que répondre.

— Alessa, il faut que tu nous aides. Nous avons besoin de toi, de comprendre comment tu arrives à faire ça.

— Faire quoi ?

— En sorte qu'ils ne t'attaquent pas, voyons ! s'impatiente-t-elle. Peut-être qu'il y a quelque chose en toi, une maladie, une odeur qui les révulse.

La femme se lève et contourne le bureau avant de poser une main sur mon épaule. Mes mains se crispent en réaction. Je n'aime pas que l'on me touche et encore moins si c'est pour frôler la partie sensible de mon dos brûlé. Elle ne semble pas noter ma réaction ou fait simplement semblant de l'ignorer.

— Tu dois nous aider à comprendre afin de sauver un plus grand nombre des nôtres, mon enfant. Notre communauté compte sur toi, comprends-tu ?

En fait, non. Je ne comprends rien à toute cette histoire. Pourquoi les dragons ne m'ont-ils pas tuée ? Je pense simplement que c'est une question de chance. Après tout, si vraiment il y avait quelque chose en moi qui pourrait servir afin de protéger les autres, la grande marque sur mon dos prouve le contraire. Ils ne m'ont pas épargnée puisque j'ai réchappé de justesse à l'un de leurs jets de flammes et uniquement parce que Marco m'a secourue. Pour le reste, c'est une question de lieu et de moment. J'ai survécu, mais cela n'a rien avoir avec moi. De cela, j'en suis persuadée. Comment pourrait-il en être autrement ? Je vis comme les autres depuis de nombreuses années sous terre. Je mange, bois la même chose qu'eux. Comme la majorité des gens, je suis d'origine italienne. Il n'y a rien chez moi de spécial alors pourquoi cette femme pense-t-elle le contraire ? Je la laisse parler, m'expliquer que je ne vais plus vivre avec les autres, que je vais être étudiée. Visiblement, elle pense que quelque chose ne va pas chez moi. Je ne la contredis pas. Accepte tout ce qu'elle me suggère, car cela m'est égal. C'est remplacer un enfer par un autre, alors quelle importance ?

— Ta vie va changer, Alessa !

Ne le sait-elle pas ? Ma vie a déjà changé quand nous n'avons pas retrouvé nos parents, quand mon frère est mort sous mes yeux, quand les dragons se sont éveillés.

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