L'ÉVEIL DES DRAGONS

Prologue

Les humains, une espèce en voie de disparition.

C'est ce que ne cessent de nous répéter les adultes qui s'occupent tous les jours de ce qu'il reste des enfants encore en vie de notre refuge. La faim, les maladies, le froid font bien plus de ravages parmi nous que le danger qui guette dehors.

Pourquoi ? Comment en est-on arrivé là ?

Nous le savons tous. L'histoire est racontée aux plus jeunes d'entre nous dès qu'ils sont en âge de comprendre ou lorsqu'ils s'interrogent sur le fait que nous vivons sous terre. Les adultes ne cachent rien des atrocités qui ont été perpétrées, de ce que l'humanité a subi avec son lot de mort, de violence, de carnage. Rien n'est omis, car il en va de notre survie à tous. Le bien le plus précieux d'un enfant, son innocence, lui est arraché alors que ses parents ou les autres lui racontent ce à quoi ils ont survécu.

Ils n'ont pas eu besoin de me le raconter. Je le sais mieux que les autres enfants. Je l'ai vécu. Je n'avais que sept ans alors et pourtant, j'ai été témoin du brasier qui a enflammé la Terre.

Comme à chaque fois que ma journée est terminée, on me permet enfin de rejoindre ma couchette. Je m'allonge et tire le tissu qui me coupe du reste du monde, pour ne plus voir ce qu'est devenue ma vie. Mon frère bouge sur sa couchette au-dessus de la mienne. C'est rassurant pour moi d'observer le matelas qui s'affaisse sous son poids après que ma vision se soit adaptée à la pénombre. Bien souvent, il m'arrive de lever la main et de toucher la couchette pour m'assurer qu'il est bien présent, pour me rassurer comme je le fais en cet instant. L'obscurité emplit le petit espace dans lequel je me trouve, celui que je peux considérer comme mien dans cette cité souterraine. Les lumières dans le couloir de l'autre côté de ce rideau qui m'isole du reste de la communauté. s'éteignent une à une. L'angoisse me submerge à nouveau.

- Alessa, tu dors ?

- Non.

Je soupire. Je pense souvent qu'il me connaît mieux que moi. Il sait lorsque j'ai peur sans qu'il ait besoin de me regarder.

- Ferme les yeux.

Je fais ce qu'il me dit sans même réfléchir. J'ai une confiance totale en mon frère aîné. Lui seul est capable de chasser la peur qui emprisonne mon cœur.

- Regarde. Elle est là. Elle fait la cuisine devant nous.

- Le matin ou le soir ? demandé-je.

- Avant de partir à l'école. Elle chantonne comme toujours en préparant le goûter. Elle porte un jeans et son pull préféré, tu sais, celui...

- Qui est bleu et que grand-mère lui a offert. Oui, je sais.

Le silence s'installe entre nous alors que nous ne sommes plus allongés dans nos couchettes, mais que nous sommes assis à table, dans notre ancienne cuisine aux murs peints d'un jaune éclatant. Dans mes souvenirs, notre maison, les personnes que je retrouve, ma vie d'avant, tout me parait plus coloré, plus vivant que cette existence grise, sale et terne à laquelle je suis confrontée à chaque instant. Devant mes paupières closes, notre mère est bien là, à nous préparer un repas.

- Un chocolat chaud. Elle nous a préparé un chocolat chaud. Le sens-tu ? me guide Marco.

Là, pourtant allongée dans le noir, je souris. Oui, je sens la bonne odeur qui emplit mes sens et que je n'ai pourtant plus perçue depuis plusieurs années.

- C'est bon ?

- Oui. Merci Marco.

- Allez, dors bien.

Le silence s'installe à nouveau et je me laisse bercer par le souvenir de notre mère jusqu'à ce que je trouve le sommeil.

***NOTE DE L'AUTEURE***

N'hésitez pas à donner votre avis positif ou négatif, vos tendances sur les persos, le déroulement de l'histoire et cela, tout le long de la sortie des chapitres. Je modifierai au fur et à mesure en tenant compte de vos propos. Par avance, un énorme merci.