- Pilotes !
La voix de Cyclone fit se redresser le groupe qui se tint immédiatement au garde-à-vous.
- En guise d'entraînement, vous allez être envoyés survivre, seuls. Là-bas, la situation sera identique à celle d'un potentiel crash. Vous devrez donc apprendre à vivre en autonomie, ensemble.
Tous avaient déjà plus ou moins entendu parler de cet exercice qui arrivait, alors ils n'étaient pas surpris, mais un nœud se forma dans l'estomac de Rooster.
Il ne s'était pas encore complètement remis de la mission suicide et, honnêtement, il n'arrivait pas à se faire à l'idée qu'il allait se retrouver paumer entre deux montagnes.
Parce que oui, il avait fallu qu'ils soient envoyés dans une province paumée dont Rooster n'avait jamais entendu parler.
Une main se posa sur son épaule et le pilote sursauta en se retournant.
- Ça va Rooster ? lui demanda Fanboy. Tu es pas obligé de rester droit comme un piquet après le départ de Cyclone, tu sais ?
- Ah, ouais.
Rooster rit de façon un peu gênée avant de remettre en place le haut de son uniforme pour se redonner contenance.
- Effrayé, Rooster ? se moqua Hangman, faisant finalement sourire le pilote en question.
- T'aimerais bien, Hangman.
Le blond leva les yeux au ciel en souriant avant de retourner à sa conversation avec Coyote.
Quand Rooster se retourna vers Phoenix, elle parut désabusée.
- Quoi ?
- Rien... On va faire comme s'il n'y avait rien.
Bradley haussa des épaules avant de se mettre à écouter Fanboy et Payback qui discutaient avec animation.
Quelques heures plus tard, lorsqu'il se retrouva enfin seul dans sa chambre, le pilote poussa un soupir avant de se laisser tomber à la renverse sur son lit.
Après la mission suicide, leurs supérieurs en avaient déduit qu'ils formaient une bonne équipe, alors ils n'avaient pas été séparés. Rooster en était reconnaissant, il n'aurait vraiment pas pu s'en remettre.
Cet entraînement qui leur était imposé, c'était parce que tous savaient qu'ils ne pourraient pas repartir en mission de si tôt, ce qu'ils avaient vécu étant assez traumatisant.
Les supérieurs avaient donc décidé de faire en sorte qu'ils survivent s'ils avaient à rester en terrain inconnu après un crash, le temps qu'on vienne les chercher.
Un mois. Ils allaient rester là-bas un mois.
Quand Rooster apprit cette information, il crut qu'il allait faire une crise d'angoisse.
Il fit de son mieux pour prendre sur lui. Il allait y arriver, après tout il serait avec son équipe. Ils avaient surmonté pire.
La nouvelle qui avait fini de l'achever, ça avait été quand il avait appris qu'ils seraient sans Maverick. C'était évident et pourtant il n'y avait pas pensé un instant.
- Tu viens pas avec nous ? avait-il demandé d'une voix qu'il essayait de ne pas laisser trembler.
- Non, je suis votre capitaine et surtout bien plus âgé. Je risquerais de gâcher votre entraînement.
Le visage confus et au bord des larmes du plus jeune alarma immédiatement Maverick dont la voix se fit plus pressée.
- Rooster ? Bradley ? Qu'y a-t-il ?
Rooster cligna des yeux avec énergie en tentant de se contrôler. Ça n'empêcha pas sa respiration de se stopper et son regard paniqué se plongea dans celui de Maverick qui cherchait encore à comprendre ce qu'il se passait dans la tête de son presque fils.
Le plus jeune ouvrit la tête pour répondre sans y arriver et la larme coulant le long de sa joue acheva de convaincre le capitaine qui enlaça l'autre homme sans attendre.
- Ça va aller, Bradley, ça va aller, respire, d'accord ?
Malgré l'étreinte rassurante de Maverick, Rooster n'y arrivait pas, paniquant encore plus.
- Brad', regarde-moi, regarde-moi. Eh, tout va bien se passer, d'accord ? Tu auras encore Hangman et les autres.
Si le prénom du blond rassura Rooster, ça ne le fit que prendre plus conscience de ce qui arrivait et du fait qu'il allait se retrouver au milieu de nulle part, comme quand il avait fait exploser son avion et qu'il s'était retrouvé, avec Maverick, coincé dans un endroit ennemi.
- Bradley, inspire.
- Peux pas, fit difficilement Rooster alors qu'il tombait à genoux au sol, soutenu par Maverick.
- Écoute moi, ça va passer.
Rooster acquiesça en gardant son regard dans celui de Maverick.
- C'est que temporaire. D'accord, Bradley ? C'est que temporaire, ça ira.
Maverick resserra son emprise sur le plus jeune et ce dernier finit par réussir à respirer pour se mettre à pleurer.
- Voilà... C'est bien, mon grand, c'est bien...
Bercé par le câlin improvisé et les mots rassurants de son presque père, Rooster finit par s'endormir, là, au centre de la chambre de Maverick.
Quand il ouvrit les yeux, ils n'avaient pas bougé et en remuant un peu, il comprit que Maverick ne s'était pas endormi.
- Tu es réveillé ? murmura le brun au cas où Rooster dorme toujours.
- Mm... J'ai dormi longtemps ?
- Et bien je dirais que tu as pris bien trois heures.
- Oh. Désolé. Tu as rien fait ?
- Je suis là pour toi, Bradley, même quand il s'agit de rester des heures dans une position inconfortable pour te laisser dormir.
La déclaration fit trembler d'émotions la lèvre inférieure du plus jeune avant que Maverick ne frotte ses joues, le faisant râler.
- Maaav, qu'est-ce que tu fais ?
Le brun éclata d'un rire grave, faisant sourire Rooster contre sa poitrine.
Il se sentait étrangement en sécurité, là, dans les bras de celui qu'il considérait comme l'un de ses pères, et ce malgré le fait qu'il soit un adulte, et ce depuis un moment.
- J'ai un peu honte, murmura-t-il en tournant la tête contre le corps du brun qui le regarda avec affection en le voyant agir comme un enfant.
- Pourquoi ?
- Je viens de faire une crise d'angoisse et je suis là, dans tes bras, comme si j'avais encore cinq ans.
- Tu as le droit d'avoir besoin de réconfort de temps à autre, c'est normal...
Puis, Rooster partit dans un fou rire sous le regard étonné de Maverick que la bonne humeur du jeune pilote rendait plus qu'heureux.
- Quoi ?
- Désolé, c'est juste que je suis là sur tes genoux alors que je dois faire une quinzaine de centimètres de plus que toi, le spectacle doit être drôle à voir.
Maverick ouvrit la bouché, outré, sans pour autant se départager de son sourire de voir l'autre de meilleure humeur.
- Insolent, va.
Les deux hommes restèrent ainsi un moment, silencieux, avant que Rooster ne reprenne la parole.
- J'ai peur. Je sais pas comment je vais faire, je sais que je vais repaniquer, et pas qu'une seule fois. Je vais pas y arriver.
- Rooster... Dis pas n'importe quoi. Tu auras les autres, ils vont t'épauler et ils te comprennent. En cas de problème, vous pourrez toujours nous appeler. Ça ira.
Rooster hocha de la tête. Ouais. Ça irait. Peut-être difficilement et de manière un peu bancale mais il pouvait le faire.
Enfin il le croyait. Et il n'avait aucune confiance en ce qu'il croyait.
Il se retint de son mieux d'y penser, conscient de rechuter s'il le faisait.
Il allait le faire.