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By Vamtears

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Avoir de l'emprise sur quelque chose ou quelqu'un s'avรจre รชtre un pouvoir. Il se trouve que s'en emparer n'es... More

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By Vamtears

Retenir ses larmes est parfois plus douloureux que de pleurer.

Seul le bruit des couverts tranches le silence qui nous tasse dans la salle à manger. Cela fait bien cinq minutes que plus personne ne parle. Mes doigts se resserrent autour de mes couverts, tentant comme je le peux de retenir mes sanglots. De l'extérieur personne ne peut savoir l'état dans lequel mon esprit se trouve, bien que mon père doit le deviner. Il en a de toute façon que faire, malheureusement.

Le moindre bruit me devient insupportable. J'aimerais retirer mes appareils auditifs mais je me ferai probablement réprimander par père. Il ne prête jamais attention à moi, mais quand une occasion se présente, pour me faire une remarque, mon père ne la rate jamais. En plus de viser pile au bon ou mauvais endroit, cela dépend pour qui. Alors je subis, je continue de mâcher ce bout de viande que je mâche depuis bien trois minutes déjà.

Puis dans ce genre de moment, il y a toujours cette chose, la phrase de trop.

« Tu pourrais sourire un peu plus quand même. C'est un grand manque de respect de ta part. »

Je sens mon corps se crisper, mais pas que le mien. Père a mal jugé son coup, ce serait juste pour ça que je mettrais a esquissé un sourire, mais je me retiens. Sauf que, si je l'imaginais, ce serait un sourire nerveux, rempli de douleur et de haine. Absolument pas celui qu'attendrait mon paternel.

Cependant, d'habitude je ne dis rien. Je réponds pas à ce genre de remarque. Mais là, je suis tellement sur les nerfs depuis une semaine que je me dois de rétorquer quelque chose.

« Moi qui pensait que tu allais garder un peu plus longtemps que ça ta merveilleuse image de père, je t'ai surestimé sur ce seul point. »

Mon père sert les mâchoires, le regard de la personne à côté de lui tombe sur cette même scène. Je sais que je l'ai énervé, je ne fais que ça même quand je ne fais rien. Seul mon existence lui donne une colère qui m'est inexplicable. Sauf que justement, face à ma réponse, il ne renvoie aucun pique.

Ou du moins, en quelque sorte, si.

Il pose sa main, autour de la nuque de cette inconnue qui se trouve en face de moi. Puis lui embrasse la joue.

C'est à mon tour de serrer les dents. Cette femme, c'est la nouvelle compagne de mon cher et tendre père. Je l'ai su il y a une semaine, le même soir où Monsieur Lee est mort. C'était ça, ce que mon père avait à me dire. Qu'il a trouvé quelqu'un, une personne nommée Seo Hyuna. Et qu'il allait me la présenter lors d'un dîner. Dîner qui vient d'arriver.

Mais je ne peux pas. Je n'ai à peine posé le regard sur elle. Parce qu'avant, c'était ma maman qui était assise à cette table, à sa place. Je me sens mal et en colère, pour moi et pour elle. J'ai l'impression qu'il l'a remplacé. Ce même homme, qui pleurait corps et âme à son enterrement en disant que jamais plus il en aimerait une autre, se trouve donc être un menteur. Je sais que l'on ne sait pas de quoi est fait l'avenir et mon père à le droit malgré tout d'être heureux, mais la façon dont il le fait, me met en colère et m'irrite au plus haut point.

Après qu'il soit venu me chercher à la fin de mon interrogatoire au commissariat de police, dans la voiture la première chose qu'il m'avait dit, n'était autre que cette nouvelle. Le dîner avec cette femme, sa nouvelle petite amie. Il ne m'avait même pas demandé comment je pourrais me sentir, ni même si je pouvais gérer tout cela. Avoir découvert le corps de son professeur, mort et baignant dans son sang.

Cette image me hantera à vie.

Je me souviens bien de comment mon paternel est entré dans la salle dans laquelle je me trouvais. Dans son lieu de travail. Cette situation, le connaissant, avait dû probablement l'énerver vu qu'il avait déjà terminé sa journée de travail et de poste. Revenir à son travail parce que son fils s'y trouve... Je n'imagine même pas l'expression de son visage lorsqu'il l'a su. Soit il était resté neutre, n'en n'ayant que faire, soit il avait dû être pris dans fureur sans nom pour être dans l'obligation de retourner à son travail pour aller chercher son fils. Voire les deux.

Mon père avait bien profité ce soir-là de ma faiblesse et de mon état pour m'annoncer qu'il côtoyait de nouveau quelqu'un, pour que je ne puisse faire rien d'autre à part subir en acquiesçant simplement.

« Taehyung », me dit-il d'un ton menaçant.

Il est vrai que ce n'est pas l'une de mes habitudes de le confronter, j'ai toujours eu plutôt tendance à m'écraser lors de ce genre de moment. Parce que dans ces moments, ma voix ne fait que trembloter. Durant quelques petites secondes, la réflexion qui se promène dans mon esprit n'est autre que : ai-je bien fait de lui répondre ?

Mais pour une fois ma voix n'a pas tremblé, ni mon corps. Peut-être grâce à la présence de cette femme, le fait d'avoir un témoin. Elle qui n'a rien fait. Alors pour arrêter ce moment d'embarras à son égard, je me lève de ma chaise. De toute façon j'étais de trop, comme toujours.

« Je suppose qu'à présent, tu n'as plus besoin de moi. J'ai suffisamment mangé alors je me permets de quitter la table. »

Suite à ma prise de parole, je m'incline deux fois, pour mon père ainsi que pour cette fameuse Hyuna. Puis je ne me dirige pas vers ma chambre. Non. Mes pieds sont attirés par la porte d'entrée, suivant le pas, mon cerveau trouve la bonne idée d'aller à la mer.

C'est une chance d'habiter à Busan.

La main sur la poignée, je sens quelque chose se frotter contre le tissu de mon jean. C'est Polochon, mon chien, un Coton de Tuléar. Je vois que lui aussi, il a besoin d'une promenade. Alors je prends sa laisse qui se trouve sur la commode se situant à côté de la porte, la porte à son cou, ainsi nous partons jusqu'à la plage. La chance d'avoir un petit chien veut dire que je peux le prendre dans mes bras et l'emmener avec moi dans le bus de nuit. Après une quinzaine de minutes de trajet nous arrivons à l'arrêt d'une des plages où j'aime me promener, sur la côte de Haeundae.

Polochon s'amuse dans le sable, tandis que moi, venant de poser ma veste sur les fins grains de minéraux, je m'assoie. Je contemple la vue, les vagues s'échouent sur la plage avec un bruit relaxant. Plus les minutes passent, plus la lune monte haut dans le ciel. C'est la pleine lune et elle est si blanche qu'elle fait de l'ombre aux étoiles autour d'elle.

Il n'y a personne sur la plage, si ce n'est seulement les deux personnes bien plus loin, sûrement un couple. Polochon se met à sautiller, il a l'air si heureux que sa joie déteint sur mon visage. Un sourire étire mes lèvres. Mes jambes sont pliées et mes deux bras sont enroulées autour, les entourant.

Sous l'emprise de mes pensées, je ne remarque pas tout de suite que mon corps réagit à mon désespoir et mon mal-être. Des larmes dévalent mes joues, silencieusement. C'est pratiquement toujours comme ça en fait. Je pleure sans faire un bruit, pas parce que j'en ai honte ou que je ne veux pas qu'on m'entende, enfin... C'est plutôt que les autres ne veulent pas m'entendre. Et puisque je ne pleure jamais en dehors de chez moi, à mon habitude, les autres, c'est mon père. Mon père et toutes ses horribles facettes.

Mais là, je me sens submergé. Des voix dans ma tête me répète que je suis faible, que je ne suis même pas capable de garder un minimum de contrôle sur ma personne. Que me laisser aller, que je m'écoute trop... Ces phrases ne m'aide pas à cesser mes pleures. Je plaque une main contre ma bouche pour essayer d'étouffer mes sanglots mais bien évidement, sans succès. Il est déjà bien trop tard.

Tout garder pour soit, l'accumulation d'événements, au bout d'un moment il faut bien que tout cela sorte. Le manque de ma maman, l'assassinat de mon professeur, mon père, la peur qui est devenue une habitude pour notre corps vis-à-vis des vampires. Sans compter l'insécurité de l'université.

Je m'en veux de pleurer, mais mon cœur s'apaise, devient moins lourd. Je sais que ça lui fait du bien, de moins porter. Pourtant la douleur est toujours là, elle ne me quitte pas et je crains qu'elle reste en moi à jamais.

Polochon revient vers moi, plaque sa petite tête contre mon bras, demandant des câlins. Je me mets à sourire naturellement. Il est le seul à pouvoir m'apaiser dans ce genre de moment. Lui et aussi Jimin. D'ailleurs ce dernier me manque. Cela fait une semaine que je ne l'ai pas vu, une semaine que je ne vais plus en cours. J'ai reçu plusieurs messages de la part de mon meilleur ami, mais je n'ai pas toujours eu le courage de lui répondre. Je l'ai seulement informé que je revenais lundi, ou mardi.

Parce que j'ai peur de revenir à cette réalité, d'avoir la boule au ventre en allant à l'université. D'aller en cours en me méfiant de tout le monde, retourner dans cette rue... De ne plus croiser Monsieur Lee au détour d'un couloir ou de le voir faire son cours. La vie est cruelle, nous sommes sous son emprise chaque seconde de notre vie.

Et parfois il faut accepter notre sort.

Alors je lève la tête tout en continuant de caresser Polochon, observe le ciel en passant une main sous mes yeux pour sécher mes larmes. Puis profite du calme qui s'offre à moi parce qu'il se fait de plus en plus rare.

Surtout dans ma tête.

***

« Vous voulez dire quoi par on ne va pas continuer les recherches ? », m'offusqué-je.

Le policier est debout devant moi, derrière le bureau d'accueil où se trouve un autre policier occupé sur un ordinateur.

Je suis venu au centre de police au lieu de retourner en cours. Ça a été plus fort que moi, j'ai besoin de savoir où en est l'enquête ainsi que son avancée. Surtout après mon interrogatoire. J'ai même fait exprès de venir le jour de repos de mon père.

Mais tout ça n'a apparemment servi à rien. Ils vont cesser leur enquête. Je retiens mes larmes qui menacent de monter à mes yeux, bien que c'est seulement parce que je suis aussi en colère que j'en suis capable.

« Écoute mon grand, on ne peut pas t'en dire plus. Mais continuer l'enquête ne servirait à rien, en plus ce serait une vraie perte de temps. »

Je suis tellement dégoûté de ses paroles.

« Oh mais c'est le fils de Kim », commente une nouvelle personne.

Je tourne la tête, en effet un policier vient de sortir d'un bureau, un collègue proche de mon père. Je le reconnais, ils partent souvent sur le terrain ensemble pour les enquêtes. Donc par respect je m'incline pour le saluer. S'approchant de nous, peut-être qu'il va m'aider.

Le policier qui me remballait le regarde arriver à côté de lui sans piper mot.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu sais que ton père ne travaille pas aujourd'hui ? »

« Il est là pour l'affaire Lee. »

Dans les yeux du premier s'éclairent, comprenant sûrement la situation.

« Qu'est-ce que tu veux savoir ? », il me demande en s'accoudant au bureau, me fixant de ses yeux marrons.

Le policier avec lequel je me suis entretenu depuis maintenant, le pousse avant de prendre également la parole :

« Mais qu'est-ce qu'il te prend ? Tu sais que la procédure — »

« Rooooh, ça va. C'est le petit Taehyung, il a le droit de savoir pourquoi on a arrêté d'enquêter. Il est celui qui a retrouvé le corps de son professeur », s'exclame-t-il.

Petit ? J'ai dix-neuf ans quand même.

L'autre policier roule des yeux, puis se met à partir sûrement vers ce qui se trouve être son bureau. Sans oublier de dire qu'il ne veut pas être complice des dires de son collègue, qui est toujours devant moi.

Ce dernier, rigolant un coup, repose son attention sur moi. Il est clair que lui, il est plus cool que le précédent policier. D'ailleurs celui qui est assis à ce même bureau, se lève, probablement pour aller chercher des photocopies, prenant la parole pour la première fois :

« Ne va pas trop loin dans tes propos non plus Kwon, le règlement », lui rappelle-t-il en prenant une voix suggestive à la fin de sa phrase, comme pour lui remémorer certaines choses.

L'enquêteur Kwon ne répond rien, attendant que son collègue parte récupérer ses feuilles. Quand c'est le cas, il retourne la tête vers moi, me lançant un sourire désolé.

« On a été dans l'obligation d'arrêter l'enquête parce que l'autopsie révèle les morsures d'un vampire. Donc il a été convenu qu'on interrompe définitivement les recherches. »

« Mais... Mais pourquoi ? »

Mes poings se sont aussitôt serrés à l'entente de la raison. À présent j'ai la certitude qu'il s'agit bien d'un vampire. Dans cette ruelle sombre je n'avais pu voir que du sang, du sang et du sang.

« Malheureusement on ne les comptes plus les meurtres causés par des vampires. Ils ne laissent aucune traces d'ADN sur leurs proies. Tout ce que l'on peut c'est transférer les dossiers à la brigade des Chasseurs de Vampires mais on sait qu'ils sont débordés. Et entre nous, un petit meurtre comme ça, ils en ont rien à foutre », crache-t-il dans un soupir.

La brigade des Chasseurs de Vampires.

Les mêmes qui ont une fois tiré dans un groupe d'individus, sans se demander s'il y avait des humains parmi eux ? Qui ont préféré sacrifier des vies humaines pour mieux atteindre quelques vampires ?

Je me sens si mal, si impuissant.

Monsieur Lee ne mérite pas cela.

Le policier Kwon détourne le bureau pour venir jusqu'à moi, il n'hésite pas en posant sa main sur l'une de mes épaules.

Mon regard est fixe bien que je regarde dans le vide, mes mâchoires sont serrées. Je ne bouge pas, pas avant que le policier ne parle.

« Je suis désolé Taehyung, les vampires sont cruels. »

Le monde est cruel.

Je n'ai plus foi en personne à présent.

J'ai bien conscience de la complexité des recherches en ce qui concerne ce genre d'enquête, mais en ne faisant rien les enquêteurs et inspecteurs deviennent tout aussi coupables. D'une certaine façon.

L'injustice est l'une des choses que je déteste le plus. Pour moi il est hors de questions que j'abandonne mon professeur. Il mérite qu'on lui rende justice.

Après avoir remercié l'enquêteur, il m'invite à partir, ce que je vais de toute façon faire, pour ne pas avoir de problèmes. En descendant lentement les marches du centre, je reste pensif. Toute cette situation me submerge, c'est si dur à porter et personne ne veut m'enlever ce poids.

Je me vois encore et encore dans cette ruelle, sans avoir le pouvoir de changer quelque chose, d'arranger quoi que ce soit à la situation qui semble n'être qu'un cauchemar.

Peut-être que je devrais parler à quelqu'un, un psychologue ? Mais ça me fait peur d'en parler à voix haute, de toutes ses pensées m'emprisonnent déjà suffisamment l'esprit. Les faire sortir ne les rendraient qu'encore plus vivantes.

Tout devient ingérable, alors comme à chaque fois, je désactive mes appareils auditifs. Le silence m'enveloppe dans un endroit qui n'a pas changé de décor mais qui est déjà relativement plus calme. Ce qui m'aide à m'apaiser. Il n'y a plus les bruits de la ville dans mes oreilles qui m'angoisse.

Au tout début, ce silence me terrifiait, ne plus pouvoir entendre la voix de mes parents, des aboiements de Polochon, les sons de la vie courantes. Je m'étais senti décalé de tous, puis lorsque l'on m'a posé mes appareils, me permettant de me reconnecter aux bruits du monde, j'ai été soulagé. Durant un moment je n'avais pas osé les retirer.

J'ai une oreille avec laquelle j'entends un peu, mais quasiment rien, seulement les bruits sourds. Si on me crie dessus ce serait comme un chuchotement pour moi, et que d'un côté de mon corps. L'autre n'est plus du tout fonctionnel. Je devrais vivre ainsi jusqu'à ma mort.

Mais depuis que le monde est devenu chaos, pouvoir me déconnecter de toute cette pollution auditive, que ce soit les informations à la télé, les alarmes de préventions en ville, et j'en passe ; c'est un vrai bonheur.

Seulement ça l'est parce que c'est moi qui gère les moments où je peux fuir la réalité.

Alors comme tout de suite, je suis seulement avec mes pensées, aucun autre bruit ne me pollue les oreilles. Bien que ma tête n'est pas le meilleur endroit où s'enfermer, il est déjà mieux qu'en pleine rue à Busan. En plus j'ai besoin de calme pour réfléchir.

Marchant dans une nouvelle rue, plus animée que la précédente, je sens que mon bras est retenu par quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Je le comprends lorsqu'une main s'enroule autour. Ayant un sursaut vu que je ne l'ai bien évidemment pas entendu, ni vu venir, je tourne avec appréhension ma tête vers l'arrière. La panique se lit sur mon visage devenu sûrement pâle.

Sauf que ma peur se transforme rapidement en surprise quand je remarque qu'il s'agit de Jimin. Mon meilleur se trouve juste là, essoufflé, me parlant sauf que je n'entends rien. Je lui demande d'attendre, le temps que je rebranche des appareils auditifs, il comprend rapidement et se sent comme un con d'avoir parlé dans le vide.

Le pauvre.

Je me dois me retenir de rire.

Mais qu'est-ce-que ça fait du bien de le voir.

Il n'y a rien de mieux que son meilleur ami pour nous changer les idées.

« Pardon, je n'ai pas réussi à lire sur tes lèvres après que tu ais dit : mais Tae putain, ça fait dix fois que je t'appelle ! Par contre – Qu'est-ce que tu fais là ? Comment tu as su que j'étais ici ? »

Tout ce que j'ai pour réponse – pour l'instant – c'est un énorme câlin, que je lui rends en retour. Jimin m'a sauté dessus sans prévenir. Et ça fait vraiment du bien que je me laisse aller, des larmes silencieuses coulent sur mes joues. La dernière fois qu'une personne m'a fait un câlin remonte à longtemps, enfin, un câlin comme ça. Jimin a l'habitude de m'en faire mais pas des aussi gros et forts.

Il me tient un peu plus en sentant mon poids lui tomber dessus, je ne suis pas très lourd mais il le sent, parce que ses bras se resserrent sur moi.

« Tu as le droit de pleurer, mais évite de tacher mon pull avec ta morve ! »

Il essaie de me faire rire et ça marche, je suis dans l'obligation de renifler ce qui me vaut le rire de Jimin.

« Tu m'as manqué... », avoué-je vu que Jimin ne reprend pas la parole.

Je sais qu'il connaît la raison de mon absence, mais il n'en parle pas pour ne pas retourner le couteau dans la plaie. Il a compris que si je reviens pas encore à la fac, c'est que je ne suis pas encore prêt à en discuter ni à y faire face.

« C'était dur sans toi aussi les cours, mon chat. »

Il m'embrasse le menton, lorsque je me recule de lui.

« Mais comment tu as su que j'étais là ? »

Jimin me sourit et me montre une application sur son téléphone. La fameuse application, comment j'ai pu l'oublier ? Vu que je suis une personne avec un handicap, sur mon téléphone j'ai dû installer un application qui, même quand mon téléphone est éteint, donne ma localisation. Jimin l'avait installé au cas où il m'arriverait quelque chose. Puisque mon père ne l'a bien évidemment pas, et que ma mère n'est plus là...

« Tu n'as pas envoyé d'appel à l'aide, mais je me suis quand même permis de regarder ta localisation aujourd'hui, j'ai vu que tu te trouvais dehors. Comme on termine tôt le mardi, j'ai pris un bus pour venir et j'ai couru. D'ailleurs tu fais quoi ici ? »

Je le regarde avec un petit sourire, il voit à mon visage que je suis fatigué autant physiquement que mentalement.

Je suis touché qu'il ait fait tout ce chemin pour moi.

« Tu veux qu'on en parle autour d'une boisson ? Ou on peut parler d'autre chose, c'est comme tu veux. Je veux juste passer du temps avec toi, si ça te va bien sûr. »

« Ça me tente bien, il y a un café où tu veux aller ? », proposé-je à mon tour.

Seulement Jimin me ressaute dans les bras, c'est là que je m'en veux de l'avoir laissé sans réelle réponse à ses messages. Il est tout ce qu'il me reste, et pourtant dans les moments où je vais mal, je m'éloigne sans le vouloir. Quand je suis avec lui, mon corps redevient à température ambiante, j'ai de nouveau envie de me reconnecter à la réalité, j'ai envie d'aller bien et d'aimer vivre.

Je suis tellement reconnaissant de l'avoir dans ma vie.

Parce qu'en sa compagnie je ne suis plus sous l'emprise d'aucun de mes démons.

Même si ces derniers me guettent toujours de près ou de loin.

Et surtout, je suis loin de cette prison qui se trouve dans ma tête.

« J'en connais un où ils font de super chocolats chauds, allez viens. »

Jimin est rempli de secret, je connais malgré tout pas mal de choses à propos de lui, bien évidemment. Comme le fait que ses parents sont décédés et qu'il vit dans une sorte de foyer. Il n'a jamais vraiment approfondit le sujet, sinon, il est né à Busan et y a toujours vécu, tout comme moi. Bien qu'on se connait depuis la terminale, soit un peu plus de deux ans maintenant.

En effet, il était arrivé dans le lycée où j'étudiais pour notre dernière année, et dans la même classe. Moi le garçon sans ami, lui le petit nouveau, il n'y avait pas d'autre avenir pour nous que de devenir les meilleurs amis du monde.

L'avenir avait bien fait les choses pour une fois.

Alors oui, bien sûr Jimin, je te suivrais partout où tu iras, tant que c'est en ta compagnie.

***

Je touille à l'aide de ma cuillère mon chocolat chaud, tandis que Jimin a le courage de déjà en boire quelques gorgées du sien. Pourtant ils sont si bouillants.

« Décidément, je ne comprendrais jamais comment tu fais... », dis-je, stupéfait.

« J'ai toujours assez bien supporté le chaud. »

Son petit sourire timide, démontre une autre réponse que je ne sais pas traduire. Son regard vagabonde dans un peu tout le café, c'est un endroit très chaleureux. La décoration est épurée, les murs sont peints d'une belle couleur, vert sapin. C'est la toute première fois que je viens ici, et je compte revenir. Je me dois de goûter toutes les boissons qu'ils proposent.

Puis un petit silence, non pas gênant, s'installe entre nous. Mais plus le temps passe, plus je me dis que je dois prendre la parole. Je dois lui poser la question qui prend toute la place dans ma tête.

« D'ailleurs, mmh... », je me racle la gorge avant de reprendre, tout en baissant la tête, « Comment ça se passe à l'université ? »

C'est au tour de Jimin de baisser sa tête, regardant le liquide fumant dans sa tasse.

« La tension et la méfiance rôdent partout, les professeurs sont choqués, comme pas mal d'étudiants. On a fait une minute de silence la semaine dernière, mais l'ambiance est meilleure depuis hier. »

Je hoche la tête sans ne rien dire.

Je me demandais si j'étais le seul à penser à la possibilité que ce soit un étudiant qui est tué notre professeur. Même si l'endroit où je... Où on l'a retrouvé craint beaucoup. Je ne sais pas, vrai dire j'ai...

... Une sorte d'intuition.

« C'est terrible, depuis que les vampires se sont révélés, le monde part monstrueusement en fumée. C'est devenu presque une habitude les assassinats, les meurtres, qu'on oublie que ça peut arriver à n'importe qui », Jimin joue avec ses mains après avoir pris la parole.

Jimin dit vrai, c'est une vérité au milieu de pleins d'autres.

« Le monde craint », ces mots sont sortis tout seuls d'entre mes lèvres.

J'ose ensuite tremper mes lèvres dans mon chocolat chaud, espérant qu'il ait suffisamment refroidit. Ce qui, pour ma plus grande satisfaction, est le cas. Alors je le bois jusqu'au niveau où il redevient trop chaud pour ma langue.

Ma tasse, toujours dans mes mains, je m'étonne de voir une larme coulée dans celle-ci. Ça n'a pas non plus manqué à Jimin, son visage redevient aussitôt inquiet. Je m'en veux tout de suite.

« Taehyung tu – »

je relève complètement la tête, passant le dos de ma main contre mes yeux pour me débarrasser de l'eau salé de ces derniers. Jimin vient jusqu'à moi, s'installant à côté de moi sur le banc, il passe un bras autour de mes épaules. Je laisse choir ma tête contre le creux de son cou. Puis renifle parce que je n'ai pas de mouchoir avec moi.

Il faut que ça cesse.

Mais il y a trop de fragments qui ne peuvent être recollés.

Seulement je peux en recoller certains. Certains qui ne m'appartiennent pas.

Mon meilleur ami pose ses lèvres sur mes cheveux pour me faire un bisou. Ce doux geste m'aide à me calmer. Lorsque je reprends possession de ma voix qui s'était enrouée, je ne dis qu'une chose : le fin fond de ma pensée.





« Tu sais quoi Jimin ? Je vais le retrouver ce foutu vampire qui a tué monsieur Lee, je m'en fais la promesse. »


—————————


Salut salut !

Et oui, je me remets à l'écriture de cette histoire (en espérant tenir un rythme ahah). En tous cas j'espère que ce deuxième chapitre vous a plu ! Je sais bien qu'il était triste, j'ai même moi eu les larmes aux yeux en l'écrivant mais la suite... Taehyung sera bien trop motivé pour continuer à pleurer. Enfin, vous verrez bien :)

J'essaie de refaire des notes de fin de chapitre, je n'ai plus l'habitude, mais pour cette histoire ce sera important alors me voilà ! 

Passez une bonne soirée.

Regardez des vidéos de chats pour vous remonter le moral après ce chapitre !

~ Vam

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