Je suis descendue de ma chambre en trombe, rejoignant Hermione et Ron, se disputant à propos de Pattenrond, le nouveau chat d'Hermione qui avait envie de se taper un croc dans le rat de Ron.
– Je l'ai ! me suis-je écriée en sautant les deux dernières marches, essoufflée comme jamais. La réponse d'Oxford ! Elle est arrivée !
– Alors ? s'est exclamée Hermione d'une voix plus aiguë, abandonnant totalement sa dispute avec Ron.
– J'ai pas encore regardé... ai-je avoué. Imagine ils sont stupides pour me refuser !
– Arrête un peu ! s'est exclamé Ron.
Harry a surgi et m'a pris la lettre des mains en marmonnant un " finissons-en". Puis il l'a ouvert et l'a lu.
– Alors ? ai-je demandé, les mains jointes pour prier silencieusement tous les dieux du savoir de m'aider.
– C'est bon, a-t-il confirmé.
– Comment ça c'est bon ? ai-je demandé.
– "Nous avons le plaisir de vous informer que votre candidature à l'université d'Oxford été acceptée."
J'ai poussé un hurlement de joie qui s'est répercuté dans toute la salle, me fichant bien de ce que pouvaient en penser les autres pensionnaires bougonnant.
– Non mais t'es sérieuse là ? s'est exclamé Harry en lisant la suite de la lettre. Trois spécialités ? Et c'est quoi ça literae humaniores ?
– C'est le cursus spécialisé en civilisations antiques, l'a informé Hermione avant de se tourner vers moi : Je compte sur toi pour me faire un compte rendu de tous les cours parce que ça a l'air incroyable !
– J'ai tellement hâte ! me suis-je exclamée.
J'ai piqué la lettre qu'Harry avait dans ses mains avant de la relire encore et encore, réfléchissant au meilleur endroit où l'afficher dans le dortoir.
Je crois qu'à ce jour, je n'avais encore jamais été aussi enthousiaste : j'allais étudier à Oxford. J'avais même hâte de terminer Poudlard pour pouvoir y commencer mon doctorat. Et pour celles et ceux qui se poseraient la question, j'avais choisi d'étudier en licence d'histoire, de sociologie et anthropologie (à l'époque, les deux matières s'étudiaient ensemble) et bien évidemment, literae humaniores.
– Il faut que j'envoie une lettre à Cédric ! me suis-je exclamée telle une pile électrique.
C'est là que les jumeaux Weasley sont apparus pour m'entrainer à l'écart des autres.
– Blaky Black, on a besoin de toi.
J'ai croisé les bras, attendant la suite tandis que ma chouette claquait du bec en voyant Ron approcher avec son rat.
– On a besoin de l'esprit malveillant et machiavélique de la reine des serpents.
– Non.
– Mais s'il-te-plait... a insisté George.
– Vous avez passé un an complet à rire de moi parce que je suis la « pote complètement folle de serpentard » de votre frère, vous l'avez oublié ?
– D'accord, on ne te critiquera plus sur ta nature de serpentarde, on te le promet, d'accord ? a proposé Freddie.
Je lui ai lancé un regard septique.
– Bon, pour ta santé mentale, désolé mais on est vraiment inquiets, a ajouté George.
Ravie de voir qu'au moins deux personnes étaient inquiètes pour moi.
J'ai soupiré et j'ai finis par abdiquer, écoutant ce qu'ils voulaient de moi avant de prendre une décision.
– On veut faire une blague à Percy mais on a besoin de quelqu'un pour détourner l'attention et on sait que tu es vraiment très douée pour ça, a expliqué George. On a besoin d'une distraction. D'une jolie distraction brune.
Tiens, en voilà un qui s'entendrait bien avec Drax, il a dit la même chose pour me convaincre de l'aider à voler... Je sais plus quoi, Rocket a volé trop de trucs pour que j'en dresse une liste.
– Tu sais, je trouve que ta petite sieste de trois mois t'a rendu vraiment très jolie, tu as un teint de rêve, a ajouté Freddie.
J'ai piqué le journal des mains d'un homme pour frapper Freddie avec avant de refuser catégoriquement de les aider.
Et puis Percy est apparu...
– Harry, très heureux de te voir, l'a salué Percy d'un air prétentieux.
– Salut, Percy, a répondu Harry, essayant de lui montrer un minimum d'intérêt.
– J'espère que tu vas bien, a ajouté pompeusement Percy en lui serrant la main.
– Très bien, merci., a-t-il assuré.
Percy Weasley n'était clairement pas mon Percy préféré (de toute façon, mon Percy préféré se reconnaitra en lisant ça !).
– Harry ! a lancé Freddie en écartant Percy d'un coup de coude et en s'inclinant profondément. C'est fabuleux de te voir, mon vieux...
– C'est même magnifique, a ajouté Georgie en poussant Fred et en serrant à son tour la main de Harry. Absolument épatant.
J'accepte de l'avouer pour cette fois, mais par pitié, ne leur répéter pas où ils vont être insupportable au prochain repas de noël mais... Ce sont très clairement mes Gryffondors préférés !
– Ça suffit, maintenant, a dit Molly.
– Maman ! s'est exclamé Freddie, comme s'il venait juste de s'apercevoir de sa présence. C'est vraiment renversant de te voir...
– J'ai dit : ça suffit ! a répété Molly en posant ses sacs sur une chaise vide. Bonjour, Harry, mon chéri, j'imagine que tu connais déjà la nouvelle ?
Elle a montré l'insigne en argent flambant neuf sur la poitrine de Percy.
– Le deuxième préfet-en-chef de la famille, dit-elle avec orgueil.
– Et le dernier, a marmonné Fred dans un souffle.
– Ça, je n'en doute pas, a repris Molly en fronçant les sourcils. J'ai remarqué qu'aucun de vous n'a été nommé préfet.
Quelle surprise.
– Et pourquoi est-ce qu'il faudrait être préfet ? s'est indigné George que l'idée semblait révolter, faisant rire Ginny. La vie ne serait plus drôle du tout.
– Tu pourrais donner un meilleur exemple à ta sœur ! a répliqué sèchement Molly.
– Ginny a d'autres frères qui peuvent lui servir d'exemple, Maman, dit Percy d'un ton supérieur. Je vais me changer pour aller dîner.
Il s'est éloigné et Georgie a poussé un profond soupir.
– On a essayé de l'enfermer dans une pyramide, dit-il. Mais Maman nous a vus.
Alors que Loki se posait sur mon épaule, je me suis tournée vers les jumeaux et finit par dire :
– Ok.
Les deux garçons ont poussé une exclamation triomphante.
Quelques heures plus tard, alors que Fred et George Weasley préparaient leur vendetta, j'ai mis mes fausses lunettes et j'ai frappé à la porte de la chambre de Percy.
– Salut Electra, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
– Tu es le seul à avoir eu tes 12 BUSEs ici et je voulais savoir, si au final je trouve que ça fait trop de travail, à ton avis, quelles sont les matières que je devrais garder et celles que je devrais abandonner ?
– Tout dépend de ton choix de carrière je dirais, beaucoup pensent que l'étude des moldus est inutile mais je ne suis pas d'accord, on peut apprendre beaucoup d'eux, mais ça tu dois déjà le savoir. Tu as tes résultats de l'année dernière sinon ? Je peux voir en fonction des appréciations des profs.
– Oh ce serait génial ! Viens, ai-je dit en sortant mon meilleur jeu d'actrice en entraînant le préfet vers ma chambre. Malheureusement je n'ai que ceux du premier trimestre puisque... bah j'ai passé le reste de l'année à faire dodo.
– Montre-moi ça alors, a dit Percy en prenant mon bulletin. Tu sembles vraiment très douée en effet, je ne connais que très peu de personnes qui ont eu des notes pareilles, à part moi bien sûr. Tu as même réussi à avoir un optimal en potions alors que Rogue te déteste, impressionnant. Je te conseille de te renseigner en fonction de tes ambitions, après tu es suffisamment douée pour ne pas avoir à t'inquiéter de la charge de travail, si tout le monde pouvait être comme toi...
Décernez-moi un Oscar.
Ce soir-là, le dîner fut particulièrement agréable, Tom avait disposé trois tables côte à côte dans le petit salon et il servit cinq plats délicieux à notre table. Ron était en train de montrer l'article de journal concernant sa famille (retenez bien cet article, il est très important !) à Harry et Hermione.
– Encore en train d'exhiber l'article du journal Ron ?
– Mais je l'ai montré à personne !
– Non, à personne. A personne à part Tom.
– La femme de chambre.
– La serveuse.
– Le cuisinier.
– Le type qui a réparé les toilettes.
– Ah et le sorcier belge !
A la fin du repas, les conversations allaient de bon train mais Fred et George attendaient le moment où Percy allait récupérer son insigne de préfet-en-chef tandis que je montrais les joies du monde moldu à Arthur qui apprenait à se servir d'une console de jeu.
– Comment on va faire pour aller à la gare, demain ? a demandé Fred à son père.
– Le ministère va nous envoyer deux voitures, a répondu Arthur.
– Comment ça se fait ? s'est étonné Percy.
– C'est à cause de toi, Perce, dit George le plus sérieusement du monde. Ils vont même mettre des petits drapeaux sur le capot avec les lettres P-e-C brodées dessus...
– Ça veut dire Prétentieux-et-Crâneur, a ajouté Fred.
Tout le monde a pouffé de rire, sauf Percy et Molly.
– Pourquoi le ministère nous envoie-t-il des voitures, Papa ? a demandé à nouveau Percy d'une voix cérémonieuse.
A cause de Sirius Black bien sûr !
– Eh bien, étant donné qu'on n'en a plus et que je travaille là-bas, ils ont décidé de me faire une fleur, a répondu Arthur.
Il avait dit ça d'un ton détaché mais j'ai remarqué immédiatement qu'il était mal à l'aise. Les Weasley ne sont pas très doués pour garder des secrets (enfin ça dépend desquels).
– Et heureusement ! est intervenu Molly. Tu te rends compte de tous les bagages que vous avez, à vous tous ? Vous offririez un beau spectacle dans le métro des Moldus... Vos valises sont prêtes, j'espère ?
èè Ron n'a pas encore rangé toutes ses affaires dans la sienne, fit Percy la balance. Il a tout entassé sur mon lit.
– Tu ferais bien de t'en occuper maintenant, Ron, dit Molly. Demain, nous n'aurons pas beaucoup de temps.
Après le repas, j'étais assise dans un coin discret des escaliers à lire mon livre du moment, attendant le moment où Percy allait exploser. Après tout, j'étais une véritable commère. C'est alors que des éclats de voix retentirent dans le couloir :
– Il était là, sur la table de chevet, a hurlé Percy. Je l'avais enlevé pour l'astiquer.
Du moment que c'est pas autre chose qu'il astique en public... Désolée, blague de mauvais goût.
– Je n'y ai pas touché, c'est tout, a répliqué Ron.
– Qu'est-ce qui se passe ? a demandé Harry.
– Mon insigne de préfet-en-chef a disparu, dit Percy en se tournant vers Harry.
– Et le Ratconfortant de Croûtard aussi, a ajouté Ron en fouillant dans sa valise. Je me demande si je ne l'ai pas oublié au bar...
– Pas question de sortir d'ici tant qu'on n'aura pas retrouvé mon insigne ! s'est écrié Percy.
– J'ai fini de faire ma valise, je peux aller chercher le médicament de Croûtard, dit Harry à Ron en sortant de la pièce.
Harry se stoppa en me croisant dans l'escalier, comprenant j'écoutais absolument tout ce qu'il se passait. C'est alors que le nom d'Harry fut prononcé dans la conversation entre Arthur et Molly, attirant immédiatement notre oreille.
– C'est absurde de ne rien lui dire ! s'est exclamé Arthur. Harry a le droit de savoir. J'ai essayé d'en parler à Fudge, mais il n'a rien voulu entendre, il persiste à traiter Harry comme un gamin. Pourtant, à treize ans, il est quand même...
– Arthur ! l'a interrompu Molly d'une voix perçante. Harry serait terrifié s'il apprenait la vérité ! Tu veux vraiment qu'il retourne en classe avec cette menace au-dessus de la tête ? Laisse-le donc tranquille, il est beaucoup plus heureux en ne sachant rien !
– Je ne veux pas le démoraliser, je veux simplement qu'il soit sur ses gardes ! a répliqué Arthur. Tu sais bien comment ils sont, lui et Ron, ils vont toujours se promener tous les deux, ils ont même fini par se retrouver dans la forêt interdite ! Mais cette année, il ne faut surtout pas que Harry recommence ce genre de fantaisie ! Quand je pense à ce qui aurait pu lui arriver le soir où il s'est enfui de chez lui ! Si le Magicobus ne l'avait pas ramassé, je suis sûr qu'il serait mort avant que le ministère le retrouve.
– Justement, il n'est pas mort, il est même en parfaite santé, alors à quoi bon...
– Molly, on dit que Sirius Black est fou et c'est sans doute vrai, mais il a été suffisamment intelligent pour arriver à s'évader d'Azkaban alors qu'en principe, c'est impossible. Il y a maintenant plus de trois semaines qu'il est en fuite et on n'a pas retrouvé la moindre trace de lui. Fudge peut bien dire tout ce qu'il veut à La Gazette du sorcier, on n'est pas plus près d'attraper Black que d'inventer des baguettes magiques automatiques. La seule chose certaine, ce sont les intentions de Black...
Alors, une baguette magique automatique, on appelle ça un tournevis sonique et... ça tombe bien vu qu'on va le créer d'ici deux ans !
– Mais Harry sera parfaitement en sécurité à Poudlard.
Oui bien sûr, parce que Poudlard a toujours été un lieu où nous étions parfaitement en sécurité. Après tout, nous n'avons jamais eu à affronter qu'un troll, un serpent géant, une armée d'araignées (dieux merci, je n'étais pas là !) ou le Hitler version sorcier lui-même !
Visiblement, Molly et moi n'avions pas la même définition du mot "sécurité" que moi.
– On pensait aussi que la prison d'Azkaban offrait toutes les conditions de sécurité. Si Black a réussi à s'en échapper, il peut aussi s'introduire à Poudlard.
– Mais on n'est pas vraiment sûr qu'il en veuille à Harry...
Oui c'est vrai, il pourrait aussi essayer de retrouver son incroyable fille...
– Molly ! Combien de fois faudra-t-il que je te le répète ? Ils n'en ont pas parlé dans la presse parce que Fudge ne veut pas que ça se sache, mais il s'est rendu à Azkaban la nuit où Black s'est évadé. Les gardiens lui ont dit que depuis un certain temps, Black parlait dans son sommeil et qu'il répétait toujours la même chose : « Il est à Poudlard... Il est à Poudlard... » Black a l'esprit dérangé, Molly, et il veut tuer Harry. À mon avis, il doit être persuadé que tuer Harry permettrait de ramener Tu-Sais-Qui au pouvoir. Black a tout perdu le soir où Harry a mis un terme aux agissements de Tu-Sais-Qui et il a eu tout le temps de ruminer ça pendant les douze ans qu'il a passés à Azkaban...
– Et pour Electra ?
Je me suis tendu en entendu le ton glacial de la mère Weasley.
– Quoi Electra ? a demandé Arthur.
– Tu lui fais confiance ? a demandé Molly. Et si Black essayait de se servir d'elle pour atteindre Harry ? Après tout, leur lien...
– Je t'arrête de suite, l'a coupé Arthur. Electra est une ado, au même titre qu'Harry. Elle ignore tout de cette histoire et a largement prouvé qu'elle n'avait rien à voir avec cet homme.
Oui, alors, à ce propos...
– C'est ce que tu crois ? Vraiment ? a insisté Molly. Elle est à Serpentard, et sa baguette est la jumelle de celle de...
– Ça ne veut rien dire ! a répliqué Arthur. Black était à Gryffondor et il a mal tourné, Harry a une baguette jumelle à Tu-Sais-Qui et pourtant ça ne fait pas de lui un mage noir. Elle est à serpentard parce qu'elle représente ses qualités et le simple fait qu'elle soit amie avec Ron, avec Harry et avec Hermione prouve qu'elle n'est pas mauvaise.
J'ai toujours apprécié Arthur, et à ce moment, il devenait l'un de mes humains préférés !
– Et si elle changeait de camp ?
– Molly... C'est une adolescente de 13 ans, si tu commences à la juger ainsi, alors elle va se braquer et là on a un risque que les choses tournent mal, a soupiré Arthur. On ne naît pas mauvais, on le devient.