𝐇𝐎𝐌𝐄𝐂𝐎𝐌𝐈𝐍𝐆 | back...

By bansheesune

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Aibee Stilinski retourne à Beacon Hills. Jonglant entre le lycée et les rites de l'adolescence, elle découvri... More

― 𝐒𝐀𝐈𝐒𝐎𝐍 𝐀.
𝐏𝐀𝐑𝐓𝐈𝐄 𝐔𝐍𝐄.
1x01 | Reunion
1x02 | Sparks
1x03 | Throwback
1x04 | Hunted
1x05 | Circle
1x06 | Full Moon
1x07 | Hidden
𝐏𝐀𝐑𝐓𝐈𝐄 𝐃𝐄𝐔𝐗.
1x08 | Funfair
1x09 | Cyclone
1x10 | Swan Lake
1x11 | Target
1x12 | Silent Truths
1x14 | Paralyzed
― 𝐒𝐀𝐈𝐒𝐎𝐍 𝐁.
𝐏𝐀𝐑𝐓𝐈𝐄 𝐓𝐑𝐎𝐈𝐒.
1x15 | Red Lipstick
1x16 | Main Character
1x17 | Lockdown

1x13 | Bad Blood

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By bansheesune

 ━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— 𝙅𝙚 𝙫𝙖𝙞𝙨 𝙥𝙧𝙚𝙣𝙙𝙧𝙚 𝙖𝙪𝙨𝙨𝙞 𝙘𝙚𝙪𝙭-𝙡à, déclara Aibee en déposant des vêtements supplémentaires dans les bras de Stiles.

— Je croyais que tu voulais qu'on s'arrête au centre commercial pour prendre à emporter à Pizza Hut, dit-il, à deux doigts de s'écrouler sous le poids de la pile qui s'élevait à mesure qu'ils déambulaient à travers les rayons du magasin de prêt-à-porter.

Un bon nombre de clients le fixaient avec curiosité.

— J'ai menti, répliqua l'adolescente en observant une paire de bottes à talons. Et à chaque fois, tu tombes dans le panneau. C'est lamentable.

Elle ajouta un énième lot d'accessoires qui manqua de faire basculer Stiles à la renverse.

— Faudrait que t'apprennes à être plus futé, sinon les gens vont toujours en profiter, ajouta-t-elle en essayant un chapeau.

— J'ai vaguement une idée de qui pourrait être ces gens en question, répondit-t-il en grinçant des dents.

— Mais pour ça, il faudrait que tu apprennes déjà à porter le quart de ta taille, reprit-elle d'un ton moqueur.

Il roula des yeux avec agacement.

— C'est pour ça que tu sors avec Malia ? demanda Aibee en tâtant les sangles d'un sac à main. Parce qu'elle est plus musclée que toi ? Je l'ai vu ouvrir un pot de confiture avec ses omoplates l'autre fois, c'était plutôt impressionnant.

Stiles ressentit un soudain pincement dans sa poitrine en se remémorant leur dernière discussion. Celle qui avait brisé la confiance qu'elle avait pour lui et par la même occasion semé le trouble dans leur relation.

Comme il le redoutait, Malia avait pris ses distances et il n'avait aucun moyen de savoir pour combien de temps cela allait durer. Elle lui manquait et ce sentiment était encore nouveau pour lui, d'autant plus qu'il se sentait toujours en grande partie responsable de l'avoir blessée en la tenant sciemment à l'écart du secret de ses origines.

De plus, un désagréable goût amer lui restait au travers de la gorge en repensant à l'aveu qu'elle lui avait fait et qui l'avait transpercé comme la lame d'un couteau chauffé au fer blanc.

𝘑'𝘢𝘪 𝘤𝘰𝘶𝘤𝘩é 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘐𝘴𝘢𝘢𝘤.

Stiles se demandait si son chagrin était pleinement légitime. Il savait qu'il y avait des épreuves à surmonter au sein d'un couple, mais l'étaient-ils réellement ? Après tout, il n'était pas sûr de la nature de leur relation. Aucun caractère exclusif n'avait été établi entre eux et ils n'avaient d'ailleurs rien rendu officiel. 

Aibee s'arrêta de marcher devant lui, le forçant à sortir de ses pensées. Elle contemplait un mannequin vêtu d'une longue robe en satin d'un bleu si éclatant qu'il était presque impossible d'y faire abstraction. Ses yeux s'illuminèrent.

— C'est...

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire comblé.

— Exactement ce qu'il me faut.

Elle s'approcha du mannequin et tendit la main pour examiner les détails de la robe, lorsque contre toute attente, elle sentit le tissu lui filer entre les doigts.

— Nom d'un canard déplumé ! s'enthousiasma une fille en s'en emparant. La dernière création de Givenchy !

  Elle était rousse et portait une broche en paille dans sa longue chevelure séparée en deux longues nattes.

Son chemisier en toile de coton à carreaux, orné de boutons nacrés, était rentré dans une jupe en jean vieillie par le temps. Une épaisse ceinture marquait sa taille et elle arborait des santiags qui lui montaient jusqu'aux genoux.

— Elle est parfaite !

— Elle est aussi à moi, signala Aibee en la jaugeant d'un air dédaigneux.

La fille se retourna et la toisa en retour.

— Impossible, je l'ai pris en premier, dit-elle.

Sa voix était criarde et désagréable.

— Mais je l'ai vue avant et je la porterai beaucoup mieux, rétorqua Aibee en faisant un pas vers elle.

— Pour qui est-ce que tu te prends ?

— Pour Aibee Stilinski.

La fille fronça les sourcils.

— Et donc ?

L'instant d'après, Aibee bondit sur elle en battant rageusement ses jambes dans le vide.

— C'est MA robe ! s'écria-t-elle en étirant les bras pour la lui prendre.

— T'avais qu'à être plus rapide ! hurla la fille en la maintenant hors de sa portée.

— Comme tu l'as été en décidant d'opter pour ces chaussures ? rétorqua Aibee en dévisageant ses pieds.

Elle parvint à saisir un des pans de la robe.

— Je les aient eues en promotion ! répliqua la fille en agrippant fermement une bretelle.

— Dans la boutique de Shrek ou du Grinch ?

La fille émit un hoquet offusqué et lâcha la robe qui voltigea dans les airs et atterrit sur Stiles en recouvrant entièrement son visage. Aveuglé, il se vautra au sol et disparut sous l'épaisse pile de vêtements.

— Tu vas pas t'en tirer comme ça ! vociféra la fille.

Elle tournoya frénétiquement dans l'intention de la faire tomber de son dos, puis entreprit finalement de foncer à reculons dans une étagère afin de la déstabiliser. Aibee s'y cogna et laissa échapper un grognement furieux en tirant avec davantage de poigne sur ses cheveux. Elle enfonça ensuite ses ongles fraîchement limés dans ses côtes.

Dans l'agitation, elles renversèrent une penderie mobile, un buste de couture et une femme âgée en poussant tour à tour des cris féroces.

— Aibee ! intervint Stiles en se ruant dans leur direction. Relâche-la immédiatement !

Il tenta de s'interposer entre elles, mais ne réussit qu'à se prendre un coup de coude dans le front.

— T'as choisi le mauvais jour pour faire ton shopping, ma vieille ! s'exclama Aibee sur un ton menaçant.

Elle inséra une paire de chaussettes dans la bouche de la fille.

— Arrête ça tout de suite ! ordonna Stiles en leur courant après.

Sur son chemin, il esquiva un cadis et un chien en laisse qui léchait la robe tant convoitée.

— Écoute ce que cet inconnu te dit ! s'égosilla la fille après avoir libéré sa bouche.

— Je suis son frère !

— C'est faux, je le connais pas ! répondit Aibee en pinçant les oreilles de la fille.

— Aïe ! beugla cette dernière. Bon sang, tu es la personne la plus dérangée que j'ai croisée dans cette ville !

— Bienvenue à Beacon Hills, chérie ! lança Aibee en plaquant ses mains sur ses yeux.

La fille laissa échapper un hurlement et s'étala à plat ventre sur un tapis en velours en entraînant Aibee dans sa chute.

— Oh, c'est super confortable ! commenta–t-elle.

— Ah oui, j'aime beaucoup ! approuva Aibee, au-dessus d'elle.

— Et super doux !

— Pas comme tes cheveux !

Elles recommencèrent à se crêper le chignon. Aibee la frappa avec une silhouette en carton.

Stiles enroula son bras autour de sa taille et la souleva pour la détacher de la fille.

— Est-ce que ça va ? lui demanda-t-il, tandis qu'Aibee continuait de gesticuler contre lui.

La fille se releva.

— J'allais bien avant que cette cinglée sorte de sa cage ! répondit-elle en époussetant ses vêtements déchirés.

— On est vraiment désolés.

— Moi je le suis pas ! cracha Aibee.

— Content d'avoir fait ta connaissance, ajouta Stiles, embarrassé.

Il s'éloigna vers la sortie du magasin en emportant Aibee avec lui.

— Déposez-moi, inconnu ! cria-t-elle.

Plusieurs personnes le regardèrent avec méfiance.

— Je suis son frère ! précisa-t-il. Tout va bien !

— SÉCURITÉ ! s'écria-t-elle.

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𝙋𝙡𝙖𝙮𝙡𝙞𝙨𝙩

The Tech Thieves - Be Free

Claire Rosinkranz - Backyard Boy

The Pussycat Dolls - When I Grow Up

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  — Tiens, prends ça dans ta face, vermine ! s'exclama Mason, concentré sur un jeu vidéo.

Assis au bord du lit de Liam, il appuyait sur les touches de sa manette de manière effrénée pour écrabouiller la tête d'un squelette aux bras arachnéens couvert de lambeaux de chair. Vaincue, la créature aux allures d'alien agonisa dans l'étroit couloir d'un vaisseau spatial.

— Dans les dents, sale bestiole ! se réjouit-il en levant les bras.

Son excitation se dissipa cependant lorsqu'il remarqua l'inactivité du personnage contrôlé par Liam.

— Qu'est-ce que tu attends ? lui dit-il en espérant le faire réagir. Il y en a un juste derrière toi ! Pourquoi est-ce que tu le laisses se rapprocher ?

Liam observa le monstre à travers l'écran de l'ordinateur. Dans l'univers de Dead Space, les Nécromorphes étaient des cadavres réanimés dont l'ADN avait été fortement modifié par un virus extraterrestre, créant ainsi des êtres extrêmement agressifs dont le seul but était de répandre la contamination qui les avait transformés en d'ignobles bêtes inhumaines.

Liam ne pouvait s'empêcher de penser aux similitudes qu'ils partagaient avec eux. Il se sentait tout aussi infecté et pourri de l'intérieur, incapable de prédire les inévitables dégats qu'il causerait dans un avenir proche.

Tout comme eux, il était une menace.

Le mutant sauta à la gorge de son personnage qui succomba à l'attaque dans un effroyable bain de sang.

— Qu'est-ce que tu nous a fait là ? demanda Mason, indigné.

— Désolé. On peut refaire la partie.

— T'étais complètement absent ! Comme dans ce film avec le gars qui n'entend plus les gens autour de lui parce qu'il vit dans une autre réalité dans laquelle il est possédé par l'esprit d'un bison maudit.

— Je suis désolé, d'accord ? répondit Liam d'une voix blasée. On pourrait jouer à un autre jeu, tu penses pas ? Sims, c'est bien aussi, non ?

Mason fronça les sourcils.

— Tu veux qu'on s'amuse à faire des mini humains aller au travail et se rendre aux toilettes sur commande ?

— On peut aussi les laisser faire ce qu'ils veulent, dit Liam en haussant les épaules.

— Je suis pour. Ils finiront par mettre le feu, ça attirera la Faucheuse et on pourra l'inviter à un dîner romantique pour débloquer un nouveau niveau.

Liam fronça les sourcils.

— À quelle version de Sims est-ce que tu as joué ?

— Je dis simplement qu'on devrait pas se contenter d'un jeu aussi ordinaire alors qu'on peut vivre des aventures épiques en se plongeant dans la peau de personnages totalement hors du commun, comme des magiciens ou encore des fantômes ! Tu sais ce que je donnerai pour avoir des pouvoirs que la plupart des individus ne possèdent pas ?

— Ce serait surtout un fardeau à porter, répliqua Liam.

— Pas si tu le considères comme un moyen de devenir encore plus exceptionnel que tu ne l'es déjà, soutint Mason. Les pouvoirs, c'est du vent quand on y réfléchit. Ce qui compte, c'est ce qu'on fait avec.

Liam médita sur ses mots. Il n'y avait jamais songé sous cet angle. Toutefois, cette approche des choses ne parvenait pas entièrement à repousser ses oppressantes préoccupations.

— Par exemple, faire disparaître ton prof de chimie pour ne pas avoir d'interro demain, ce n'est pas négligeable, ajouta Mason.

Liam reporta son attention sur lui, ahuri.

— J'ai une interro demain ?

— Ouais, je devais te le rappeler la semaine dernière, mais j'ai oublié.

Liam le fusilla du regard et partit à la recherche de son livre de chimie dans sa chambre en pagaille. Au même instant, le portable de Mason vibra et il le sortit de sa poche pour accepter l'appel vidéo.

— Salut, Aibee ! lança-t-il en lui souriant.

— Tu fais quoi ? demanda-t-elle en appliquant un sérum hydratant sur son visage.

— J'étais au milieu d'une partie de Playstation, mais tu rates rien parce que je n'ai pas battu mon score ce soir. Il me manquait environ cinq p-

— Tu as emménagé dans une porcherie ? grimaça-t-elle. Ce sont des pelures de banane sur ton lit ?

— Je crois que oui, constata-t-il en se retournant.

— C'est écœurant !

— C'est exactement ce que je dis à Liam quand je viens chez lui. Je vomirai sûrement si je n'avais pas perdu mon odorat à force de traîner dans sa chambre. J'ai baptisé cet endroit La Tanière d'Hodor. Comme le personnage de Game of Thrones, t'as pigé ? Odeur ! Hodor !

Mason ricana, amusé par sa blague.

— Je vais raccrocher, dit Aibee, ennuyée.

— Je vais te montrer, déclara-t-il en tournant son téléphone de façon à le faire pivoter afin de permettre une vue d'ensemble.

— Qu'est-ce que tu fabriques ? demanda Liam à quatre pattes.

Il leva la tête et apparut à l'écran avec dans la main son livre de cours qu'il avait retrouvé sous son lit.

— Regarde, il te fait coucou, dit Mason à Aibee.

Liam plissa les yeux en la voyant.

— Je rêve ou tu es en Facetime avec cette-

— Cette fille qui est au courant que tu as dû porter un bavoir jusqu'à l'âge de treize ans ? l'interrompit-elle.

Mason étouffa un rire.

— J'avais douze ans et demi et ma mère n'était pas censée t'en parler !

— Ne te fâche pas, Liamignounet ! lâcha-t-elle pour le narguer. C'est adorable comme surnom.

Il serra la mâchoire et se précipita vers Mason.

— Arrête de lui montrer ma chambre ! s'énerva-t-il en tentant de lui arracher le portable des mains.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 — À plus tard, maman ! lança Scott en enfilant son sac à dos.

Il s'apprêtait à descendre les escaliers menant au rez-de-chaussée.

— Scott, pas si vite ! dit Melissa en passant sa tête dans l'embrasure de la porte.

Il revint sur ses pas et se posta devant l'entrée de la chambre de sa mère. Sa curiosité s'éveilla d'un coup quand il remarqua ses cheveux étrangement ébouriffés et réalisa qu'elle cherchait à garder la porte la moins entrouverte possible.

— J'aimerais que tu penses à prendre du lait après les cours, j'ai pas mal de ménage à terminer et je n'aurais pas le temps d'en acheter avant d'aller à l'hôpital.

   Elle ferma la porte, puis la rouvrit quelques secondes plus tard pour lui tendre un billet qu'elle sortit de son porte-monnaie.

— Avec ça, tu pourras aussi prendre des nouvelles piles pour la pendule du salon. Je voudrais essayer de la faire fonctionner une dernière fois avant de la balancer définitivement aux ordures.

Elle entreprit alors de refermer la porte, mais interrompit son geste.

— D'ailleurs, en parlant d'ordures, tu sais pourquoi le voisin m'a téléphoné ce matin pour me dire qu'il acceptait de sortir notre poubelle cette semaine si ma fille pouvait encore lui donner cent dollars ?

— Non ? mentit Scott en pensant aussitôt à Aibee.

Elle ramena la porte vers elle, peu convaincue, avant de l'ouvrir à nouveau.

— Je t'aime, passe une bonne journée !

— Toi aussi ? répondit-il, intrigué par son comportement.

— Oh et puis, n'oublie pas qu'il y a un couvre-feu, ajouta-t-elle. Je veux que tu le respectes. Je ne veux pas apprendre que tu te balades la nuit avec Stiles et je sais que son père y veillera lui aussi.

— Je te jure qu'on restera sages, assura Scott.

— C'est ce que j'aime entendre. Maintenant, file à l'école pour construire une carrière professionnelle et gagner de l'argent qui servira à payer mes courses dans dix ans.

Il sourit et se pencha pour déposer un baiser sur sa joue et aperçut à travers la fine fente de la porte la veste d'un homme étalée sur la moquette. Mal à l'aise, il s'éclipsa le plus vite possible.

En franchissant le porche, il reconnut la voiture de Gary garée à quelques pâtés de maisons plus loin. Il secoua la tête, embarrassé face à leurs efforts respectifs de rester discrets sur l'évolution manifeste de leur relation.

Il comprenait que sa mère puisse avoir envie d'une compagnie autre que la sienne. Bien qu'il n'appréciait guère Gary, il ne pouvait nier qu'il la rendait heureuse. Grâce à lui, elle était moins plongée dans son travail et elle profitait davantage des instants du quotidien.

Après tout ce qu'elle avait vécu, il comprenait qu'elle puisse avoir envie d'aimer à nouveau.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

  — Vous dites que tous ces meurtres en série seraient causés par une secte ? demanda le shérif en arquant un sourcil.

— Pas juste n'importe laquelle, dit Jordan. Une secte qui cherche à éliminer les créatures surnaturelles. C'est ce vétérinaire qui m'en a parlé. J'ai trouvé des renseignements dans ce livre qu'il m'a prêté.

Il lui tendit le bestiaire.

— Ce livre fait au moins sept cents pages, répliqua Noah, abasourdi.

— Ils se font appeler les Bienfaiteurs parce qu'ils sont convaincus de faire le bien en débarrassant le monde des êtres surnaturels.

— Ce n'est pas un élément concret sur lequel on peut s'appuyer. Il nous faut des preuves tangibles, des données, des statistiques.

— J'ai cherché dans les archives de la ville, répondit Jordan.

Il lut un dossier qu'il tenait.

— En 1836, des centaines d'habitants de Beacon Hills ont été attaqués par un mystérieux tueur. Tous avaient la marque de trois anneaux immortalisés sur leurs peaux. Les trois mêmes anneaux qui apparaissaient sur les corps que nous avons retrouvés. C'est un symbole qui représente un lien solide et immuable. Un lien qui unit chacun des membres de cette secte.

Mr. Stilinski semblait de plus en plus confus.

— Quel genre de lien exactement ? Des vœux de fiançailles ? Écoutez, il ne faut pas que ces informations franchissent les murs de ce bureau et encore moins qu'elles tombent entre les mains de l'agent McCall.

— Qu'en est-il de son fils ?

— Scott est de notre côté. Il a protégé cette ville à de nombreuses reprises. Lui et ses amis.

— Dont votre fils fait partie ?

— Stiles a surtout contribué à ce que Scott se fasse mordre dans les bois par un loup-garou, mais c'est une longue histoire.

Jordan fronça les sourcils d'un air intrigué.

— Si ce que vous avancez est bien vrai, nous devons approcher cette affaire avec une extrême prudence afin d'identifier la ou les menaces potentielles, reprit le shérif. Il y a des choses que nous ne devons pas laisser ébruiter pour éviter de créer encore plus de panique.

— Pour être honnête, j'ai assez de mal à garder mon calme quand je me rappelle que je ne suis plus tout à fait humain depuis quelques jours, ajouta Jordan. Je suis peut-être le prochain sur la liste.

La porte du bureau s'ouvrit et Braeden entra. D'un geste rapide, il s'empressa de dissimuler le dossier.

— Détendez-vous, Parrish, elle est au courant, informa Noah.

— Depuis combien de temps ? s'étonna ce dernier, les yeux exorbités.

— Suffisamment de temps pour écrire un bouquin encore plus gros sur le sujet, lança Braeden en pointant le bestiaire.

Il la dévisagea.

— C'est une mercenaire, déclara Mr. Stilinski.

— Vous êtes un agent secret ? demanda Jordan en jetant un regard impressionné vers elle.

— Elle est chargée de retrouver Kate Argent.

— La femme qui a brûlé cette maison dans la forêt ? Elle est vivante ? Combien d'assassins arpentent les rues de cette ville ?

Il déglutit.

— J'aurais dû m'installer à Chicago, marmonna-t-il.

Braeden se tourna vers le shérif.

— Vous vouliez me voir ?

— Une disparition vient d'être confirmée. Il s'agirait d'une adolescente de seize ans qui aurait fugué selon ses parents.

— Quelles sont les pistes que vous avez ?

— Une secte qui traque et tue les créatures surnaturelles, déclara Jordan.

— Je pense pouvoir me débrouiller avec ça, répliqua-t-elle avant de s'en aller.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

  — Et après, je l'ai entendu rire à voix basse, comme si elle ne voulait pas que j'entende, expliqua Scott en traversant le parking du lycée avec Stiles. Je sais pas pourquoi ils essayent de se voir en cachette, comme si c'était un secret et que je ne savais pas déjà qu'ils se fréquentaient. Ma mère a toujours été discrète sur sa vie amoureuse, mais j'espérais quand même un peu plus de confiance de sa part. Elle agit comme si je n'étais pas en âge de comprendre.

Il remarqua l'air absent de Stiles qui marchait à ses côtés.

— Qu'est-ce qui se passe avec toi ? T'as toujours ton mot à dire d'habitude.

Celui-ci soupira.

— C'est Malia... Je lui ai dit.

— Dit quoi ?

— Elle sait pour Peter, Scott. J'ai tout fait foirer. Elle ne m'adresse plus la parole et je crois qu'elle a bloqué mon numéro, ce qui en plus d'être un signe évident de ressentiment est vexant parce que c'est moi qui lui ai appris à se servir d'un téléphone portable.

— Il faut qu'on aille lui parler. On doit lui expliquer pourquoi c'était mieux qu'elle ne le sache pas.

— C'est vraiment ce que tu penses ? rétorqua Stiles.

Son ton brut surprit Scott.

— Scott, on lui faisait plus de mal en la tenant à l'écart de la vérité. Je pense qu'elle a plus que tout besoin de repères dans sa vie. Elle a besoin d'aller de l'avant, mais elle ne pourra jamais y arriver si elle n'a pas d'abord un point de départ et aussi dur que c'est pour moi de l'admettre, Peter est celui qui peut lui apporter les clés dont elle a besoin.

— Il pourrait la manipuler, ça ne ferait qu'empirer la situation, protesta Scott.

— Pas si on fait en sorte que ça n'arrive pas.

— En faisant quoi exactement ?

— Ça j'en sais rien, dit Stiles. Je disais ça surtout pour m'auto persuader que je contrôle la situation.

Ils traversèrent la rue pour se diriger vers l'entrée principale du lycée, lorsqu'un vieux pick-up vert partiellement rouillé dont le pot d'échappement rejetait une fumée noire, manqua de les renverser. Le véhicule se gara sur le parking en effectuant un créneau raté qui fit crisser les pneus sur le bitume. Sur le pare-brise figurait un autocollant à moitié décollé avec l'inscription "COACH #1."

— Il se plaint que je ne sais pas jouer, mais il ne sait pas conduire, commenta Stiles en secouant la tête.

Le pick-up recula pour refaire le créneau et emboutit la Jeep de Stiles garée dans l'autre file.

— Hey ! hurla-t-il en se précipitant vers sa voiture. 

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

   Aibee déverrouilla son casier et s'admira dans son miroir. Elle aspergea du parfum sur sa nuque.

— Salut, tu sais que t'es grave mon type de fille ? lança un garçon en s'arrêtant à son niveau.

— On se connaît ? répliqua-t-elle en tamponnant les contours de sa bouche à l'aide de son petit doigt pour rectifier son rouge à lèvres.

— Si tu sors avec moi, ça pourrait se faire, répondit-il en se mordant les lèvres tout en la regardant avec insistance.

Aibee se retourna et approcha son visage du sien.

— Ferme les yeux, souffla-t-elle d'une voix mielleuse.

Survolté, il s'exécuta. Elle sortit alors un crayon eyeliner et écrivit sur son front. Il sourit, amusé.

— T'es spéciale comme meuf. J'adore ça.

— Fini, déclara-t-elle un instant plus tard.

Il rouvrit les yeux et se regarda dans le miroir de son casier. Sous ses mèches brunes, il put lire à l'envers la phrase qui barrait son front.

 — Purée, mais t'es une tarée ! s'écria-t-il, tandis que les rires fusaient derrière lui dans le couloir.

— Désolée, tu préférais un autographe ? Tu repasseras quand tes airs de playboy raté auront fait dégonfler ton ego mal dimensionné !

Il détala, mort de honte. Aibee referma son casier à côté duquel se tenaient Andrew et Rachel.

— J'y crois pas, tu as réussi à faire fuir Ryan Robinson ? s'étonna Rachel. Ce mec essaye de séduire toutes les filles qu'il croise depuis qu'il a joué à une partie d'Action ou Vérité.

— Je déteste qu'on me drague, dit Aibee. C'est comme ces gens qui font glisser la craie contre les tableaux, c'est insupportable.

— Des fois, ils sont lourds, c'est vrai, mais certains tentent peut-être leur coup parce que tu leur plais vraiment, tu y as pensé ?

— Bien sûr, moi aussi je me plairais, quelle question !

Aibee fit virevolter ses cheveux fièrement.

— Vous êtes toujours d'accord pour la sortie de ce soir ? demanda-t-elle.

— Tu sais qu'il y a le couvre-feu ? rappela Andrew en haussant les sourcils.

— Et alors ?

— Et alors, je suis pas sûr que ton père approuvera.

— Je suis d'accord avec lui, appuya Rachel. On devrait remettre ça à une autre fois.

— Vous êtes sérieux ? s'offusqua Aibee. Je croyais que vous étiez mes bons amis avec qui je pouvais passer de chouettes moments et être totalement immature et irresponsable à toute heure de la journée ! Vous me décevez énormément, vous le savez ?

— Désolé, on se voit plus tard ? lança Rachel. On te gardera une place à la cafétéria.

Ils s'en allèrent, main dans la main.

— Ça risque pas, je mange pas avec ceux qui me trahissent ! pesta Aibee avec aigreur.

Mason la rejoignit.

— Où t'étais toi ? gronda-t-elle. J'avais plein de potins à te raconter, mais t'as mis tellement de temps pour venir que j'ai décidé que je te les raconterai plutôt dans dix ans.

— Oublie ça, de toute façon, je crois que j'ai un plus gros scoop pour toi, déclara-t-il.

— Kira Yukimura est tombée sur le poil à gratter que j'ai caché dans sa boîte à gants ? demanda-t-elle avec un large sourire.

— Quoi ?

— J'ai vu Hortensia le faire à sa voisine kleptomane dans un épisode La Passion de l'Amour du Danger du Châtiment.

— Il y a une nouvelle première année, confia Mason. Elle s'appelle Peggy et elle vient du Tennessee.

Aibee fronça les sourcils.

— Et en quoi est-ce que cette information peut m'intéresser ?

— Eh bien, tout le monde dit qu'elle te-

— Aibee Stilinski, dit une voix faussement enjouée qui résonna derrière eux.

Aibee reconnut la fille du magasin de prêt-à-porter. Elle portait une robe à fleurs, ainsi que des talons. Sa chevelure rousse ondulée recouvrait ses épaules et un serre-tête décoré de pétales séchés y était posé.

— Connaît, termina Mason.

— C'est donc vrai quand on dit que plus on a le sens de l'observation, plus on remarque des choses qui font tâche, ajouta la fille en s'approchant.

— Peggy, répondit Aibee en prenant soin de prononcer son prénom avec dégoût. Ravie de te revoir. Comment se porte ton cuir chevelu depuis la dernière fois ? La boutique a rappelé, tu peux passer récupérer ta dignité.

La fille perdit son sourire et lui jeta un regard noir. Plusieurs groupes d'élèves se rassemblèrent autour d'elles.

— J'ai cru entendre que tu étais la fille la plus populaire du lycée, renchérit Peggy. J'espère que tu en as bien profité, parce que maintenant cette fille, ce sera moi.

— C'est une grande ambition que tu as là, bien plus grande que l'erreur que tu as faite en oubliant d'estomper ton fond de teint ce matin ?

Affolée, Peggy tira un miroir de son sac à main, mais n'y vit rien. Aibee sourit sournoisement.

— À très bientôt.

Elle marqua une pause.

— Copine.

Elle s'éloigna ensuite avec Mason qui contenait un fou rire. 

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Salut, dit Isaac en abordant Malia dans le couloir.

Le dos tourné à lui, elle resta silencieuse face à son casier.

— Je sais que ce n'est pas le moment le plus approprié pour parler de ça, mais je tenais à te dire que... À propos de ce qui s'est passé la dernière fois...

Il prit une grande inspiration.

— J'ai remarqué que tu as pris tes distances avec moi et je peux tout à fait comprendre. Les choses sont allées vite entre nous et c'est normal que tu prennes du recul, mais... Je voulais que tu saches que ce n'était pas rien pour moi et que si tu te sens prête à en parler, je serai là.

Des larmes coulèrent sur le visage de Malia, mais elle les essuya d'un furtif revers de la main avant de se retourner. Son visage était dur et impassible, mais il parvint tout de même à déceler l'humidité dans ses yeux.

— Je crois que c'est mieux si on ne se voit plus, déclara-t-elle.

Isaac fronça les sourcils. Il s'apprêtait à contester, mais se retint et se contenta simplement d'hocher tristement la tête. Elle partit sous son regard intrigué.

En traversant le hall, elle croisa le chemin de Stiles.

— Malia-

Elle poursuivit sa route sans le laisser terminer. Le cœur lourd, il l'observa disparaître parmi la masse des élèves.

Il allait devoir redoubler de patience.

Il savait qu'elle avait plus que tout besoin d'espace et il était prêt à lui en donner.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 — Je le saisis, mais lui, effrayé de ma violence, il me fit à la main une légère blessure avec les dents, lut Teresa en citant le passage d'un livre à l'ensemble de sa classe. Une fureur de démon s'empara soudainement de moi. Je ne me connus plus. Mon âme originelle sembla tout d'un coup s'envoler de mon corps, et une méchanceté hyperdiabolique, saturée de gin, pénétra chaque fibre de mon être.

Elle reposa l'ouvrage sur son bureau.

— Ce paragraphe est un extrait tiré de la nouvelle d'Edgar Allan Poe intitulée Le Chat Noir. Dans ce conte, l'un des plus célèbres de son œuvre, il dénonce les sentiments négatifs et violents de l'être humain. C'est d'ailleurs un de mes préférés.

Elle sourit, puis réalisa qu'elle était seule à partager cet avis.

— Très bien, maintenant, j'aimerais entendre vos réflexions sur le chapitre que je vous avais recommandé de lire pour aujourd'hui, reprit-elle.

Un silence de plomb lui répondit.

— Personne ne l'a lu, c'est ça ?

Un garçon leva la main.

— Oui ? l'interrogea-t-elle.

— On pourrait ouvrir les fenêtres ?

Des chahutements d'élèves prêts à se porter volontaire s'élevèrent.

— Un peu de calme, je vous prie ! s'exclama Teresa, agacée. Je vous propose d'analyser le poème sur-

Elle fut interrompue par un cognement sur la porte.

— Bonjour à tous, lança Rafael. Navré de vous déranger. Je suis l'agent McCall et je suis ici pour enquêter sur la disparition d'une de vos élèves, Brittany Smith.

— En effet, c'est une de mes élèves, s'inquiéta-t-elle.

— Ses parents nous ont signalé sa disparition hier soir. Elle serait sortie sans leur autorisation et ne serait jamais revenue. Si l'un d'entre vous a des informations qui pourraient nous aider à la retrouver, je vous invite à vous rendre au commissariat dès que possible. Chaque minute compte.

Il quitta la salle, suivit d'Aibee.

— Attendez !

Il se retourna.

— Oui ? demanda-t-il.

— Vous êtes le père de Scott ? Je trouve pas que sa mère lui ressemble, mais chez vous la similitude est épatante. Vous êtes sa copie parfaite.

— Merci ? répondit Rafael, dérouté. Est-ce que tu connaissais Brittany ?

— Non, mais si je la vois, je lui dirai qu'elle est recherchée, ajouta Aibee avant de retourner en classe.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

  Scott et Kira déjeunaient en plein air à l'ombre d'un arbre sur l'une des tables installées sur le gazon près de l'entrée du lycée.

— À cause de toutes ces histoires d'attaques, mes parents ont installé une poignée électrisée qui se déclenche tous les soirs entre dix-huit heures et six heures du matin, dit Kira.

— Merci de m'en avoir informé, je vais éviter de te rendre visite pendant quelque temps, plaisanta Scott.

Ils rirent, puis elle prit un air sérieux.

— On ne va jamais cesser de rester sur nos gardes, pas vrai ?

— Si on ne le fait pas, qui d'autre le fera à notre place ?

Elle soupira.

— J'aimerais beaucoup qu'on se fasse une autre soirée, rien que tous les deux, confia-t-elle.

— Oui, moi aussi. Je trouve que ce serait bien qu'on se voit un peu plus, seul à seul...

L'arrivée de Stiles qui prit place devant eux mit un terme à leur discussion.

— J'ai l'impression que c'est vraiment pas ma journée, se plaint-il en déposant son plateau-repas sur la table. D'abord, le coach ébrèche ma voiture, Malia ne peut plus me saquer, je me prends un D- en Latin et on me sert du pain en dessert, alors que j'avais précisément demandé une salade de fruits.

— Si tu veux, je peux te donner mon yaourt, proposa Scott.

— Ça ne va rien changer, répliqua Stiles, désespéré. Mais laisse-moi voir ?

Il attrapa le pot de yaourt, lorsqu'il sentit une présence à côté de lui. Contre toute attente, il découvrit Isaac assis sur le banc.

— Je peux te parler, Stiles ?

Scott et Kira furent tout aussi surpris.

— Ça dépend, tu viens ici pour me gâcher la journée ?

— J'aimerais qu'on parle de Malia.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Elle t'évite aussi ? demanda Isaac, appuyé contre un mur dans un coin en retrait.

Ses bras étaient croisés contre sa poitrine, tandis qu'il arborait une posture nonchalante.

— Je n'appellerai pas ça éviter, répondit Stiles. Disons qu'elle ne répond juste plus à aucun des signes que j'envoie pour essayer de communiquer avec elle.

Isaac le dévisagea.

— T'es toujours aussi perspicace ou tu le fais exprès ?

Stiles roula des yeux.

— Je te trouve très mal placé pour me critiquer quand on sait tous les deux que tu n'as pas hésité une seule seconde à flirter avec ma petite amie.

— Pour info, c'était mutuel, je ne l'ai forcé à rien, se défendit Isaac. Si vous avez des problèmes de couple, vous devriez régler ça entre vous.

Stiles secoua la tête, irrité.

— Ce qui m'importe maintenant, c'est de savoir ce qu'elle a, déclara Isaac.

— Elle a appris que Peter Hale est son père.

— Quoi ? Depuis quand est-ce que tu le savais ?

— Ce n'est pas ce qui importe, dit Stiles. Je crois qu'elle ne me fera plus jamais confiance.

— Et c'est compréhensible, rétorqua Isaac, révolté.

— Je redoutais le moment où je devais lui annoncer que son père biologique est en fait un psychopathe mythomane qui porte des tee-shirts col V !

— Le mien était un sociopathe tortionnaire et violent, ajouta Isaac. On ne choisit pas sa famille.

— Peter est tout sauf sa famille.

— Ça, ce sera à elle seule d'en décider.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 — J'ai hâte que cette semaine d'examens se termine, dit Rachel en entamant son déjeuner à la cafétéria.

— Notre prof de géographie nous a donné un questionnaire sur un chapitre qu'on a même pas encore commencé à étudier, soupira Andrew, à côté d'elle.

— Je suis convaincue que les devoirs sur table sont des formes de torture moderne, ajouta Aibee, assise face à eux.

— Tu as répondu quoi à la question B ? demanda-t-il.

Elle fronça les sourcils.

— Il y avait des questions ?

Andrew rit en secouant la tête.

— J'espère avoir au moins la moyenne, déclara-t-il.

— Et moi, j'espérais manger du macaroni au fromage et maintenant je me retrouve avec cette espèce de pâte à gomme mal assaisonnée, répliqua Aibee, répugnée.

Elle poussa son plateau-repas sur le côté et sortit un plat de son sac à main.

— Heureusement, je m'y attendais, ce pourquoi je me suis fait ce merveilleux filet de veau sur son lit de crème anglaise, se réjouit-elle en soulevant un couvre-assiette.

Rachel et Andrew la fixèrent avec stupéfaction.

— Tu as fait ça rentrer dans ton sac ? s'étonna Rachel.

— J'ai ça aussi, mais j'ai pas vu de prise où le brancher, dit Aibee en déposant sur la table une mini machine à faire des glaçons.

Mason et Cole se joignirent à eux.

— Hey, c'était pas au menu ça ! s'exclama Mason.

Il tendit une main gourmande vers le plat. Aibee lui tapa les doigts.

— La pause déjeuner a commencé il y a quinze minutes, vous étiez où pendant tout ce temps ? gronda-t-elle.

Ils répondirent en même temps.

— À la bibliothèque, dit Cole.

— Au gymnase, dit Mason.

Ils échangèrent un regard embarrassé.

— Au gymnase, rectifia Cole.

— À la bibliothèque, rectifia Mason.

Aibee ricana.

— Vous êtes mon couple préféré, juste après Sharpay et Troy.

— Ils ne finissent pas ensemble dans les films, précisa Rachel.

— Quels films ? Je parlais de mes Tamagotchis.

Aibee sirota un cocktail de citron jaune dans une coupe de champagne.

— Tiens, tiens, tiens, je constate qu'on laisse entrer n'importe qui ici, lança Peggy en s'approchant de leur table.

— C'est marrant, j'ai pensé la même chose en voyant une blatte ce matin, oh non, attends, c'était toi, rétorqua Aibee en lui adressant un faux sourire.

Mason manqua de s'étouffer avec une gorgée d'eau.

— Alors, comment se déroule ton premier jour de pseudo popularité ? reprit-elle. Laisse-moi deviner, tes amis les lutins imaginaires font tous la queue pour te rencontrer ?

— Bien tenté, mais j'ai pas le temps là, j'ai rendez-vous avec Ryan Robinson, répondit Peggy. Sa mère est une productrice hollywoodienne.

— Ce type ment comme il respire, dit Rachel. Sa mère présente des spectacles de marionnettes aux enfants à la crèche.

Le sourire fier de Peggy se décomposa. Aibee s'esclaffa.

— La vie fait si bien les choses, n'est-ce pas, Miss Piggy ? se moqua-t-elle.

Mason recracha sa bouchée.

— Tu crois que tu m'intimides ? riposta la jeune rousse. J'ai tenu tête à un taureau à mains nues dans un rodéo de mon village.

— C'est donc ça qui explique tes cuticules sèches ? demanda Aibee.

— Quoi ? s'inquiéta Peggy en observant sa main.

— Dis-moi, tu comptes rester nous faire de l'ombre ou tu vas aller partager ton porridge ramolli avec ton copain mythomane ?

Peggy serra les dents, puis marcha en direction de sa table lorsque ses talons se coincèrent subitement dans le câble de la machine à glaçons.

— Nom d'une fourche à trois dents ! hurla-t-elle.

Elle perdit l'équilibre, mais fut rattrapée de justesse par Liam qui avançait entre les rangées. À nouveau droite sur ses pieds, elle se recoiffa avec empressement.

— Un merci, c'est trop demandé ? dit Liam en haussant un sourcil.

— Pour quoi faire ? grommela-t-elle. Tu viens de froisser ma robe, pousse-toi !

Il s'écarta d'elle et lui jeta un regard noir, tandis qu'elle s'éloignait.

— Hey, Liam ! lança Mason en agitant sa main. Viens t'asseoir avec nous !

Les yeux de Liam croisèrent ceux d'Aibee et il préféra s'installer seul à une autre table.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Regardez-vous, tous réunis ici ! s'exclama Finstock à l'intention de ses joueurs dans les vestiaires. De fiers jeunes gens qui tous rassemblés formez un assortiment de bras, de jambes et d'échecs !

Les joueurs échangèrent des regards confus et penauds.

— Approchez ! J'ai une annonce à vous faire ! Allez, plus vite !

Le coach saisit fermement le bras d'un garçon.

— Toi ! s'écria-t-il. Qui t'a laissé intégrer l'équipe ?

— Vous, coach ? répondit Greenberg, apeuré.

— C'est tout bonnement absurde ! Pourquoi est-ce que j'aurais fait une chose pareille ?

Il le poussa vers ses camarades.

— Comme je ne vous trouve pas suffisamment motivés, j'ai pensé qu'il vous faudrait une autre manière de faire, ce pourquoi j'ai fait appel à quelqu'un qui saura vous encadrer comme il se doit ! reprit Finstock. Je vous présente à tous celle qui sera mon bras droit durant tout le reste de l'année, ma très chère nièce, Peggy !

La jeune fille fit irruption dans les vestiaires sous les yeux charmés et ébahis des joueurs qui sifflèrent en l'accueillant. Elles les saluèrent chaleureusement de la main.

— Je suis trop contente de vous rencontrer, les garçons ! lança-t-elle en leur adressant un séduisant sourire.

— Je la connais, s'étonna Stiles.

— Ah ouais ? dit Scott, les sourcils froncés.

— Elle se disputait avec Aibee l'autre jour. La pauvre, ça se voit qu'elle est pas du genre à se créer des ennuis et qu'elle a un tempérament calme et mesuré.

— MAIS MAINTENANT, FINI DE S'AMUSER ! aboya-t-elle avec une surprenante agressivité. VOUS ALLEZ ME FAIRE QUATRE-VINGT-QUINZE ABDOS AVEC RELEVÉS DE JAMBES AU SOL TOP CHRONO ET QUE ÇA SAUTE !

Elle sortit un sifflet de ses cheveux et malmena les tympans des joueurs en y soufflant de manière prolongée. Traumatisés, ils s'exécutèrent sans broncher.

— Heureusement que tu la connais, ça va nous faciliter la vie, ajouta Scott sarcastiquement pendant qu'il se mettait en position.

Il aperçut Liam effectuer l'exercice sans montrer le moindre signe d'effort physique.

— ET APRÈS VOUS ME FEREZ QUATRE VINGT DIX HUITS POMPES SUR UN SEUL BRAS ! hurla Peggy.

— Vous l'avez entendu ? beugla le coach avec satisfaction. Un seul bras !

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 — Bravo les enfants ! félicita Mme. Bloom à la fin du cours de danse. Vous avez été fantastiques aujourd'hui, certains d'entre vous vont finir en tournée avec Britney Spears, c'est moi qui vous le dit !

La salle commençait à se vider au fur et à mesure que les élèves s'en allaient.

— J'ai adoré ta nouvelle improvisation, dit Cat à Aibee une fois qu'elles eurent fini de se changer dans les vestiaires. J'aurais aimé être aussi souple.

— C'est vrai que ça m'a été utile quand je me suis glissée dans la loge de Jennifer Aniston une fois.

Cat écarquilla les yeux.

— Tu n'as pas eu peur des agents de sécurité ?

— L'un d'entre eux sortait avec ma mère à l'époque, ce qui a été très pratique, répondit Aibee.

— On y va, mon petit ours vert ? lança Sheila en éteignant les lumières de la pièce.

Elle remarqua la présence d'Aibee.

— Ma chérie, ton bus n'est pas passé ? Je vais te déposer. Avec ce couvre feu, on n'est jamais trop prudent.

— Non, merci, mais mon père va venir me chercher. C'est le shérif.

— Il se trouve que j'ai travaillé dans la police moi aussi, J'adorerais te déposer au poste pour voir si je peux y rencontrer d'anciens collègues par la même occasion.

— J'ai dit mon père ? répliqua Aibee. Je voulais dire mon frère.

— Tu m'as dit un jour que tu étais fille unique, ajouta Cat.

Aibee grinça des dents.

— Attendez-moi sur le parking, dit Mme. Bloom. Je dois embaumer la salle d'encens pour préparer la prochaine séance.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 — Désolée pour le retard, s'excusa Lydia en entrant dans la clinique de Deaton.

— Tu tombes à point, déclara-t-il. J'avais justement besoin que vous soyez tous là.

— Il manque Malia, fit remarquer Scott.

Stiles lâcha un soupir qui ne passa pas inaperçu aux yeux de Lydia. Deaton guida les adolescents dans son cabinet où il tira sur l'extrémité d'un drap sur la table d'examination afin de dévoiler le corps blême et inerte d'une jeune fille.

— Qui est-ce ? demanda Kira, horrifiée.

— Brittany Smith, réalisa Stiles. Elle porte la même tenue sur la photo de son portrait qui a été donnée à la police.

Kira déglutit.

— Où est-ce que vous l'avez trouvée ? demanda Scott.

— Dans un fossé dans la forêt, répondit Deaton. Elle a été transpercée par ce qui semble être un fil.

Il observa les profondes lacérations visibles sur le cou de la victime.

— Un fil d'argent, précisa-t-il.

Ils levèrent tous les yeux vers lui

— C'était une loup garou ? demanda Lydia.

— Ce sont des chasseurs qui font tout ça ? dit Kira, terrifiée.

Scott regarda longuement le corps.

— Ce ne sont pas des chasseurs qu'on connaît, ajouta-t-il.

Stiles repéra les trois cercles sur la peau de Brittany.

— Ils ne chassent pas seulement les loups-garous, dit-il. Meredith avait aussi ces marques.

Lydia frissonna. Au même moment, Jordan apparut.

— Vous leur avez dit pour la secte anti-surnaturel vieille de plusieurs millénaires ? demanda-t-il.

Les quatre amis se tournèrent vers lui, bouche bée.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 — Je sais que cette déviation de dernière minute n'était pas prévue, mais je dois répondre à cette envie pressante provoquée par la position de Vénus par rapport au schéma cosmique de Jupiter ! s'exclama Sheila en enjambant les escaliers menant à l'étage de sa salle de bain. Je reviens après mes cinq minutes de chant lyrique !

Elle disparut à l'étage.

— Ta mère m'inquiète, dit Aibee à Cat.

— Elle a ses habitudes, répondit cette dernière en haussant les épaules. Par contre, elle reviendra probablement dans une demi-heure, alors, mets-toi à l'aise.

Aibee porta son attention sur la décoration atypique du rez-de-chaussée. Des objets ésotériques étaient posés sur les meubles, tels que des faux crânes, des sabliers, des cristaux ou encore des chandelles.

— Elles sont toujours allumées en votre absence ? demanda-t-elle en les pointant du doigt.

Cat hocha la tête.

— Elles éloignent les présences indésirables.

— J'espère que votre assurance vous couvre bien, répliqua Aibee.

Ses yeux s'égarèrent sur l'imitation d'une antilope empaillée accrochée à un mur.

— Vous fêtez Halloween tôt, dis donc, ajouta-t-elle, tandis qu'un attrape-rêve suspendu au plafond lui chatouillait le front.

— Maman dit que cette pièce est le cœur de la maison, dit Cat. Elle est chargée d'histoires reliant intrinsèquement le futur, le présent et le passé.

Aibee s'immobilisa en fixant un bocal sur une table basse à l'intérieur duquel semblait flotter un cerveau humain dans un étrange liquide jaunâtre.

— Qu'est-ce-que c'est que ce truc ?

— De l'art abstrait avec une expérimentation basée sur l'utilisation d'urine de chameau.

Prise d'un haut-le-cœur, Aibee plaqua une main sur sa bouche.

— Tu veux utiliser les toilettes, chérie ? demanda Mme. Bloom en les rejoignant.

— Non, ça va, mentit-elle. J'étais en train de... visiter.

— J'aurais aimé te faire voir le reste des mes possessions au sous-sol, mais je dois d'abord faire venir l'exterminateur de frelons. Je les apprivoisent entre-temps, mais on ne peut pas dire qu'ils soient aussi sociables que les abeilles.

Aibee se contenta de sourire aimablement pour dissimuler une grimace.

— À la place, je vais te montrer mon salon de voyance, proposa Sheila. J'offre une session gratuite à tous les visiteurs la première fois qu'ils viennent.

— Amusez-vous bien, lança Cat en se dirigeant vers sa chambre.

D'abord réticente, Aibee se décida à jouer le jeu. Aussi bizarre que pouvait être la situation, elle constituait finalement un divertissement suffisamment distrayant pour lui passer l'envie de se précipiter chez elle.

Après s'être affublée d'un turban et d'une longue tunique, Sheila disposa minutieusement ses cartes de tarot sur une table ronde couverte d'une nappe aux motifs occultes avant d'effleurer délicatement sa boule de divination en verre.

— Je vais d'abord procéder à la lecture des lignes de ta main, déclara Mme. Bloom.

Aibee tendit sa paume ouverte.

— Vous pouvez voir ce qui se passera entre moi et Scott McCall ? demanda-t-elle, piquée par la curiosité.

Sheila saisit sa main, puis ferma les yeux. Elle parut se concentrer.

— Je vois un homme... Deux hommes... Beaucoup d'hommes dans ta vie...

— Combien d'entre eux sont Scott McCall ? s'enthousiasma Aibee.

Sheila marqua un moment de silence, les sourcils froncés.

— C'est... Tout à fait étrange, souffla-t-elle.

— Qu'est-ce qui est étrange ?

— Ton aura est... pour le moins singulière. Elle transpire d'une énergie que je n'arrive pas à bien distinguer. C'est comme si elle était entourée d'une sorte de...

Elle lâcha la main d'Aibee qui la dévisagea avec confusion.

— Qu'est-ce que vous avez vu ?

— Je ne sais pas. J'aurais peut-être dû laisser ma boule recharger plus longtemps au soleil.

— Ouais, eh bien, je ne vous payerai pas pour une seconde session si c'est votre stratégie, rétorqua Aibee, déçue.

— Mon rôle n'est pas de t'informer sur ton futur, ma fille. Cela pourrait considérablement troubler le cours existentiel et exponentiel des choses. Il faut faire confiance au processus. Tout ne peut pas être révélé, car tout se produira en temps voulu.

Mme. Bloom rangea ses accessoires de voyance.

— Mais tu veux, je peux sonder ton âme en étudiant les quatre degrés de ton échelle spirituelle ? suggéra-t-elle.

— Je préfère pas.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Donc, si j'ai bien compris, on a affaire à une bande d'individus qui s'amusent à tuer des gens en guise de passe-temps ? demanda Stiles.

— Il ne s'agit pas juste d'un passe-temps, dit Deaton. Tuer est leur devise.

— C'est clair qu'ils la prennent très à la lettre.

— Et ils ne s'en prennent qu'aux créatures surnaturelles ? interrogea Scott.

— Très précisément à elles et à tout ce qui s'y rapproche.

— Au moins, on est sûrs que ce n'est pas Liam, ajouta Stiles.

— Alors, on est tous en danger, dit Kira.

Deaton acquiesça.

— Sauf moi et Stiles.

Lydia fronça les sourcils et se tourna vers Parrish.

— J'ai raté un épisode ? lança-t-elle.

— Je suis un Chien de l'Enfer, répondit-il.

— C'est nouveau, commenta Stiles. Quand est-ce que vous aviez prévu de nous mettre au courant ?

— Et comment est-ce ça se manifeste exactement ? demanda Lydia, intriguée.

Jordan extirpa un briquet de sa poche et rapprocha la mèche au-dessus de son avant-bras. Sa peau noircit, sans qu'il ne tressaille.

— Ça pourrait servir, reconnut Stiles.

— Vous avez parlé d'une secte, dit Scott pour recentrer la conversation.

— C'est le point que je comptais aborder, répliqua Deaton. Beacon Hills a toujours été une ville où régnait la magie et le surnaturel. Aux origines, les druides et les sorciers cohabitaient en se partageant les vertus du Nemeton. Ensemble, ils croyaient préserver son équilibre.

— Une seconde, les sorciers sont vraiment réels ? s'exclama Stiles, effaré. Est-ce qu'ils envoient des sorts avec des baguettes et tout le reste ?

— Bien sûr que non, répondit Deaton. Ce n'étaient pas des magiciens, mais des invocateurs d'enchantements. Ils sont arrivés après les druides.

— Où est-ce qu'on peut les trouver ? demanda Scott.

— Leur lignée s'est éteinte il y a longtemps. Seuls leurs pratiques et leurs savoirs demeurent.

— Ils ont été décimés par les Bienfaiteurs ? demanda Jordan.

— Le cercle des Bienfaiteurs existe depuis des millénaires et est originaire de Beacon Hills. Leur fondement repose sur la peur collective d'humains convaincus qu'il ne peut régner qu'une seule espèce et que tout ce qui aurait attrait à dépasser les propriétés logiques de la science mérite d'être annihilé. Ils ne se mélangent à aucun autre groupe, car ils se considèrent comme les pionniers de cette vision. Ils sont en quelque sorte les chasseurs originels. Ils traquent sans faire d'exceptions et frappent dans l'ombre. Rares sont les membres qui ont été interceptés. Ils ont un code d'honneur pour le moins drastique. Quand un des leurs ne répond plus à ses devoirs, ils s'en débarrassent. Ils savent comment rester discrets, ce qui est probablement leur plus grand atout. Cependant, depuis le sacrifice de Scott, Stiles et Allison, la frontière entre le monde rationnel et surnaturel a été chamboulée, attirant de plus en plus de créatures en ville.

— Ils sont donc devenus de plus en plus actifs, conclut Lydia.

— Ça, c'est une chose, mais ce qui nous intéresse, c'est de savoir comment on les arrête ! dit Stiles.

— Vous ne pourrez pas mettre la main sur eux aussi facilement, déclara Deaton. Le meilleur moyen est de les laisser venir à vous.

— Les laisser nous attaquer ? réalisa Scott.

— Ils auront moins de chances d'y parvenir si vous vous y attendez.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 Les dîners entre Lydia et sa mère se déroulaient généralement dans un silence qui soulignait indubitablement le peu de sujets qu'elle abordaient ensemble. Les moments d'intervalle étaient cependant régulièrement interrompus par les aboiements de Prada qui les observait, la gueule ouverte et la langue pendue sur le côté.

Lydia lui caressa la tête et lui donna discrètement une part de son assiette.

— Je préférais attendre la fin de la semaine pour te l'annoncer, mais j'ai signé l'acte de vente du manoir aujourd'hui, dit Natalie. Les acheteurs sont un couple d'avocats. Ils ont une fille unique et ils sont très respectables.

Lydia continua de manger en silence.

— J'imaginais une autre réaction de ta part, ajouta Mme. Martin.

Lydia haussa les épaules.

— Tu voulais te séparer de ce manoir, pas moi.

— Il ne nous était d'aucune utilité et je préfère qu'il soit placé entre les mains de propriétaires qui sauront le maintenir dans un état décent après la pagaille dans laquelle tes camarades l'ont laissé. On devrait se réjouir que le meurtre de cette adolescente n'ait pas ralenti les visites.

— Elle s'appelait Carrie.

— Je vais aller vider le hangar à bateaux demain, tu veux m'accompagner ?

— Et t'aider à trier les affaires de grand-mère pour les mettre aux enchères ? lâcha Lydia avec agacement. Non, merci.

Elle se leva de table, mais Natalie posa une main sur son bras quand elle passa près de sa chaise.

— Si tu veux garder quelque chose d'elle... Je ne t'en empêcherai pas.

Lydia pensa qu'aucun bien matériel ne pourrait véritablement l'aider à entretenir le souvenir de sa grand-mère. Une part d'elle aimait croire que sa propre mémoire était un vestige plus précieux.

— Je ne veux pas que tu penses que je fais tout ça pour mon propre intérêt. J'ai pour intention de te verser l'entièreté de l'argent une fois que le virement aura été complété.

Lydia rit amèrement, nullement touchée par sa proposition.

— Tu peux tout garder pour toi, ajouta-t-elle.

Elle prit Prada dans ses bras et quitta la cuisine.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Et là, le père de Scott a débarqué dans la classe habillé en tenue de policier, dit Aibee en déposant son assiette dans l'évier de la cuisine.

— Il travaille pour le FBI, précisa Stiles qui terminait son dîner.

— C'est drôle que je ne me souvienne pas de lui.

— Il n'y a rien d'étonnant, tu te rappelles de personne ici, à croire que tu vivais dans ton petit monde où tout devait forcément graviter autour de toi, ajouta Stiles en secouant la tête.

Aibee plissa les yeux en revenant près de lui pour débarrasser la table.

— Tu dis ça comme si c'était une mauvaise chose, répondit-elle.

Il roula des yeux et se leva pour déposer à son tour son plat dans l'évier.

— Tu pourrais au moins te donner la peine de faire semblant d'être attentive à la présence des gens qui t'entourent au quotidien ?

Le regard d'Aibee se perdit dans le vide durant un instant.

— Qu'est-ce que t'as ? demanda Stiles, les sourcils froncés.

— Je repensais à la fois où l'esthéticienne m'a fait un enveloppement aux algues vertes alors que je lui avais demandé un gommage.

Il souffla d'exaspération.

— Autant te dire qu'elle a pas beaucoup apprécié les cactus que j'ai fait livrer sur son paillasson, confia Aibee.

— Tu es une menace pour la société, dit Stiles.

— Pas plus que ta petite amie, répliqua-t-elle en lui tendant une éponge. D'ailleurs, il se passe quoi entre vous ?

— De quoi est–ce que tu parles ? demanda-t-il en astiquant un verre.

— Je l'ai vu prendre le bus dernièrement. Elle s'est rendue compte que tes réverbères étaient sales et qu'elle ne pouvait pas se remaquiller devant ?

Elle lui passa un lot d'ustensiles.

— Malia ne se maquille pas, répondit-il en les nettoyant, puis en les rinçant sous le jet du robinet.

— Comme quoi, tout le monde commet des erreurs, ajouta Aibee en lui donnant un torchon.

— Elle n'est pas obligée d'en porter, rétorqua Stiles en essuyant une casserole.

— Je parlais du fait qu'elle sorte avec toi.

— Très amusant, marmonna-t-il, tandis qu'il rangeait un bol dans un placard.

Il se retourna et constata la propreté de la cuisine, les mains posées sur ses hanches.

— Attends une minute, tu m'as fait faire la vaisselle à ta place ?

Appuyée contre le comptoir, Aibee pouffa de rire.

— C'est tellement facile de te berner qu'en vrai, j'ai même plus besoin d'essayer.

Elle prit une bombe de chantilly et une barquette de fraises dans le réfrigérateur.

— Juste un conseil, vérifie la date de péremption des trucs que tu prends pour grignoter, j'ai vu des biscuits plus périmés que ton style vestimentaire.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

   Peter ouvrit la porte d'entrée de son loft et découvrit Malia, postée devant lui.

— Ça alors, pour une surprise, c'en est une, souffla-t-il.

— Je peux entrer ? dit-elle.

— Bien sûr, fais-toi plaisir.

Il referma la porte une fois qu'elle fut dans le séjour. Elle prit le temps d'observer l'appartement avec plus d'attention que lors de sa première visite. Le mobilier attestait d'un goût prononcé pour les pièces de collection et les peintures d'époque. Une large bibliothèque s'étendait le long d'un mur. En son centre, se trouvait une cheminée.

De toute évidence, Peter n'était pas le plus bienfaisant des hommes, mais c'était un homme distingué et cultivé.

— Qu'est-ce qui t'amène ici... seule ? demanda-t-il.

— Je voulais vous voir.

Il fit quelques pas vers elle.

— Que me vaut cet honneur ?

— Aucun, répondit Malia. Je ne viens pas pour vous, mais pour moi.

— Je ne suis pas sûr de comprendre, répliqua Peter en fronçant les sourcils.

— C'est justement ce que je veux. Comprendre.

— Et sur quoi puis-je possiblement t'éclairer ?

— Quand on s'est rencontrés, vous avez parlé de mes yeux.

Peter se raidit, soudainement conscient de la tournure que s'apprêtait à prendre leur discussion.

— Vous m'avez demandé de qui je les tenais et je vous ai dit que je les tenais de ma mère, continua-t-elle.

— Je crois bien que c'est comme cela que la génétique fonctionne, rétorqua-t-il.

— Je crois que si je suis telle que je suis, c'est à cause de mes parents.

Malia s'interrompit.

— Mes parents biologiques.

Il soutint son regard.

— L'un était un coyote et l'autre, un loup-garou, ajouta-t-elle.

— C'est une combinaison plutôt inhabituelle, je te l'accorde.

— Elle devait vous sembler intéressante à expérimenter il y a dix-sept ans.

Peter esquissa un sourire en coin.

— J'ai croisé cette femme à une fête, très précisément, dit-il.

— Je me passerai des détails, lâcha Malia sèchement. Vous le saviez ?

— Lydia m'en a informé depuis un certain temps. Ça a été un choc pour moi également.

— Toutes ces années... Vous n'avez jamais cherché à vous manifester ?

— Ma sœur, Talia, m'a caché ton existence, expliqua Peter.

— Pourquoi ? demanda Malia sur un ton rempli d'aigreur.

— Je l'ignore. C'était quelqu'un d'énigmatique et d'assez borné. Elle n'aimait pas la plupart de mes opinions et elle détestait le beurre de cacahuète.

— Ça, je m'en contrefiche, cracha la jeune fille, agacée.

— Oui, elle disait ça souvent, elle aussi, ajouta-t-il. Je me doute que toutes ces découvertes ne doivent pas être simples à assimiler d'un coup. Tu souhaites sûrement bénéficier d'un soutien émotionnel, je suppose. Un conseiller familial, peut-être ?

— Je veux découvrir qui est ma mère.

— Je te ferai une rétrospective sur sa vie plus tard, j'ai d'abord quelque chose à te montrer, déclara-t-il.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

   Assise en tailleur sur son lit, Aibee visionnait un épisode de son feuilleton.

— 𝘊𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘢𝘴-𝘵𝘶 𝘱𝘶 𝘢𝘯𝘯𝘶𝘭𝘦𝘳 𝘯𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘮𝘢𝘳𝘪𝘢𝘨𝘦, 𝘞𝘪𝘭𝘭𝘪𝘢𝘮 ? s'écria un personnage en sanglotant.

—  𝘛𝘶 𝘯'𝘢𝘴 𝘫𝘢𝘮𝘢𝘪𝘴 é𝘵é 𝘮𝘰𝘯 â𝘮𝘦 𝘴œ𝘶𝘳, 𝘗é𝘯é𝘭𝘰𝘱𝘦, répondit un second personnage. 𝘔𝘢𝘪𝘯𝘵𝘦𝘯𝘢𝘯𝘵, 𝘥𝘪𝘴-𝘮𝘰𝘪 𝘰ù 𝘵𝘶 𝘤𝘢𝘤𝘩𝘦𝘴 𝘤𝘦 𝘭𝘪𝘯𝘨𝘰𝘵 𝘥'𝘰𝘳.

Aibee avala une fraise sans lâcher des yeux l'écran de son ordinateur portable.

— 𝘑𝘦 𝘯𝘦 𝘵𝘦 𝘭𝘢𝘪𝘴𝘴𝘦𝘳𝘢𝘪 𝘱𝘢𝘴 𝘭𝘦 𝘷𝘰𝘭𝘦𝘳, 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘵𝘶 𝘢𝘴 𝘷𝘰𝘭é 𝘮𝘰𝘯 𝘤œ𝘶𝘳 ! cria la femme avant d'appuyer sur un bouton qui fit exploser le bâtiment dans lequel ils se trouvaient.

Aibee entendit un caillou frapper contre la fenêtre de sa chambre. Elle s'y approcha et remarqua Andrew perché sur le rebord. Elle souleva la vitre pour se retrouver face à lui.

Félicitations, maintenant je ne sais pas si Pénélope a survécu à la bombe qu'elle a programmé pour se venger de son ex-mari, maugréa-t-elle.

Il lui jeta un regard confus.

— Il est minuit passé, qu'est-ce tu fabriques ici ? demanda-t-elle.

— Jusqu'à quel point est-ce que tu te sens irresponsable ce soir ? lança-t-il d'un ton frivole.

Aibee leva un sourcil, pas sûre de deviner ce qu'il sous-entendait.

— Je me disais qu'on pourrait être totalement imprudents et inconscients, qu'on pourrait saisir l'instant et enfreindre le couvre-feu, qu'est-ce que t'en dis ? proposa Andrew.

— J'en dis que tu dois être agrippé à ma fenêtre depuis longtemps et que tu essayes de te la jouer cool en montrant que t'as pas si mal aux bras, répondit-elle.

— En fait, ce sont surtout mes jambes qui me lancent, avoua-t-il en riant.

Elle rit à son tour.

— Alors, t'es partante ?

— Tu as mis ce plan au point au courant de ces seize dernières heures ?

— Tu es une mauvaise influence pour moi, Aibee Stilinski, dit-il.

— Toi, tu sais comment me flatter, allons-y !

Une fois sur la pelouse, Andrew tendit les bras pour sécuriser sa descente, mais elle effectua un saut périlleux arrière et retomba sur ses pieds avec aisance et dextérité.

— On dirait que tu as fait ça toute ta vie, s'étonna-t-il.

— Seulement un week-end sur deux et aussi certains jeudis soirs, répliqua Aibee. Mon père est souvent absent et Stiles n'y voit que du feu.

Il observa sa tenue. Un blazer et une jupe accompagnée d'une paire de collants.

— Comment ça se fait que tu portes pas de pyjama ? demanda-t-il.

— J'ai arrêté d'en mettre depuis que j'ai remarqué que les gens venaient chez moi à l'improviste.

— Pratique, ricana Andrew.

Ils se rendirent vers sa voiture.

— Où est-ce que tu as prévu qu'on aille ? demanda Aibee en attachant sa ceinture.

— Toi et tes fameuses questions

— Elle est vraiment décapotable ou pas ? dit-elle en pointant le toit du véhicule.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 — Qu'est-ce qu'on fait au lycée ? interrogea Malia en suivant Peter dans le hall principal, plongé dans une semi-obscurité. J'ai pas apporté mes devoirs à rendre, je les ai pas encore faits.

— Et qu'est-ce qui t'en empêche ? dit-il en descendant les marches d'un escalier qui menait au sous-sol de l'établissement.

— J'ai pas envie de les faire, répondit-elle en haussant les épaules.

Peter poussa des étagères sur le côté pour dégager un mur sur lequel était gravé un symbole composé de trois spirales. Il sortit ses griffes et les inséra dans les cavités d'une plaque métallique logée dans crevasse circulaire avant de faire pivoter sa main dans le sens des aiguilles d'une montre. Le mécanisme entraîna le glissement du mur qui dévoila la présence d'une pièce souterraine secrète.

Malia pénétra à l'intérieur, tandis que les plafonniers s'allumaient à son passage.

— C'est quoi cet endroit ?

Sur des étagères poussiéreuses étaient posés de vieux bocaux, des coffrets en bois, ainsi que des artéfacts.

— Une crypte, expliqua Peter. Celle de ma famille. Vois-tu, nous préservons nos reliques et ce depuis plusieurs générations. Bien sûr, elles n'ont pas toutes la même valeur.

Malia effleura une corne du bout des doigts.

— Tu ne t'es jamais demandé pourquoi Derek et moi ne travaillions pas ? Nous possédons un vaste héritage. Il nous permet de vivre sans les préoccupations quotidiennes auxquelles font face les individus lambdas.

— Donc, vous êtes riches ?

— Par modestie, je dirai plutôt que nous avons... de bonnes économies.

Malia dévissa le couvercle d'un bocal et respira le contenu en grimaçant.

— On dirait qu'un animal est mort là-dedans, dit-elle.

— Ce sont des feuilles de Morelle noire, indiqua Peter. Aussi appelée Raisin de loup. Elle est fréquemment utilisée pour se transformer en loup-garou.

— Je croyais qu'il fallait se faire mordre pour en devenir un.

— Tes connaissances sont minces et limitées.

— Moi au moins, je ne massacre pas des gens.

— Je n'ai pas un passé des plus glorieux, je l'admets, répondit Peter.

— Vous le faisiez parce que vous aimiez vous sentir puissant, lança Malia.

— La puissance n'est rien sans véritable ambition. À cette époque, je n'avais qu'une seule chose en tête. Être le meilleur. Le meilleur Alpha.

— Mais vous ne l'êtes plus maintenant.

Un sourire narquois apparut sur le visage de Peter.

— Ça ne se tient que si tu fais l'impasse sur la partie théorique, ajouta-t-il avec présomption. Je vois que tu as bien étudié mon cas. Maintenant, j'aimerais savoir si en plus d'avoir quelques bases, tu as également une bonne mémoire.

Il s'approcha de Malia qui s'écarta en restant sur ses gardes. Un caisson en métal se trouvait sur une étagère, à l'emplacement où elle se tenait précédemment.

Peter le déverrouilla et en sortit un vieux disque en bois couvert d'un motif celtique.

— C'est le Triskèle, réalisa-t-elle.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 — J'aurais dû me douter que tu allais me traîner dans les bois encore une fois, dit Aibee pendant qu'elle se frayait un chemin entre les arbres. Je te pensais pas aussi proche de la nature.

— Je venais constamment dans ce coin quand j'étais petit, confia Andrew en marchant devant elle sur un petit sentier terreux.

Le ciel nocturne dépourvu de nuages brillait au-dessus d'eux.

— La plupart des enfants du quartier s'y rendaient. Nos maisons n'étaient qu'à quelques mètres. Il nous suffisait de traverser la route et... on la trouvait toujours là.

Ils s'arrêtèrent près d'une cabane en bois. Elle était abîmée par le temps, mais ses fondations semblaient encore solides.

— Je te présente notre QG. Témoin de nos premiers cœurs brisés et de nos parties de cache-cache sans surveillance.

— J'espère qu'il est pas à louer, parce qu'il y a pas mal de choses qu'il faudrait retaper, commenta Aibee en arpentant la terrasse sur pilotis de la maisonnette. Mais les dimensions me paraissent adéquates pour y installer un sauna.

Après sa brève inspection des lieux, elle retourna sur ses pas et posa les pieds sur les planches qui constituaient l'escalier. L'une d'elles, à moitié pourrie, céda sous son poids. Andrew se précipita pour empêcher sa chute et lui saisit la taille afin qu'elle maintienne son équilibre.

Aibee était penchée vers lui, ses yeux plongés dans les siens, comme lors de leur rencontre dans les couloirs du lycée.

— Tu as toujours d'aussi bons réflexes ? demanda-t-elle.

Il sourit, puis la posa au sol.

— Maintenant, je vais te faire voir la vraie raison pour laquelle je t'ai amenée ici, dit-il.

Aibee le suivit et ils arrivèrent sur un ponton.

— Comme tu peux l'apercevoir, on a un autre angle de vue sur Willow Lake, déclara-t-il.

— Tu trouves ? Je vois juste des litres d'eau non potable qui s'étendent sur plusieurs kilomètres.

— Il y a moins de courant dans cette zone. Tu vois ce pylône électrique là-bas ?

Andrew pointa un poteau implanté sur la rive d'en face.

— Quand la lune se reflète sur le métal et qu'elle l'éclaire complètement, on a l'impression de fixer la tour Eiffel.

Il s'assit au bord du ponton et elle le rejoignit.

— Tu as raison, c'est magnifique, s'émerveilla-t-elle.

Ils admirèrent le paysage en silence.

— Tu venais ici aussi avec Rachel ? Et ne dis pas non, j'ai vu les initiales de vos prénoms taillées dans un tronc d'arbre.

— On ne venait jamais la nuit, répondit Andrew. Rachel n'est pas du genre à observer les étoiles.

— J'aurais pourtant juré que c'était elle la plus romantique d'entre vous deux.

— Il ne faut pas se fier aux apparences, répliqua-t-il avec un léger rire.

— Je crois pas qu'il y ait du mal à ça, répondit Aibee. J'aime l'image que je renvoie. Je veux dire, si tu ne me connaissais pas là tout de suite, quels sont les dix premiers mots qui te viendraient à l'esprit pour me décrire ?

— Dix ? Ça fait beaucoup de mots. Je dois y réfléchir.

Aibee le poussa dans le lac. Il remonta à la surface, tout hébété. Elle rit à gorge déployée. Il l'éclaboussa avec l'eau glacée.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

  Malia observait le Triskèle entre les mains de Peter.

— Derek n'était pas censé l'avoir détruit ? demanda-t-elle, confuse.

— Il a détruit la réplique et non l'original. Quand j'ai été informé du retour de Kate, j'ai tenu à m'assurer qu'elle ne puisse pas l'utiliser.

Elle fronça les sourcils.

— Mais vous avez dit que c'était une arnaque, qu'on ne pouvait pas réellement s'en servir.

— J'ai tendance à me montrer persuasif, ajouta-t-il.

— Pourquoi est-ce que vous me racontez tout ça ? dit-elle avec méfiance.

— Pour que tu saisisses les raisons qui m'ont poussées à agir de la sorte.

— Vous ne vouliez pas que Kate contrôle sa transformation.

— Aussi, mais principalement parce qu'elle et moi ne partageons pas le même sang.

Malia ressentit un malaise causé par l'insistance avec laquelle il la fixait.

— Car après tout, c'est bien vrai, reprit Peter.

Il marqua une pause.

— Je suis ton père.

Ces mots sonnaient de manière tellement peu naturelle dans sa voix qu'elle grimaça.

— Vous vous êtes cru dans Star Wars ?

— Tu semblais vouloir apprendre à te maîtriser lors de notre dernier échange, dit-il. Est-ce toujours le cas ?

— Je vois pas en quoi ça vous regarde, rétorqua Malia.

Elle le défiait du regard.

— C'est plus que flagrant, déclara-t-il en lui tournant autour. Je la sens. Ton impulsivité, ton impatience, ta nervosité...

Elle redressa son menton, comme pour lui prouver le contraire.

— Tu ignores encore comment stabiliser tes battements de cœur.

— Moi au moins j'en ai un, cracha-t-elle.

Un rictus amusé se dessina sur les lèvres de Peter.

— Ne te voile pas ainsi la face. Si tu me pensais si menaçant, tu ne m'aurais pas rendu visite et encore moins suivi jusqu'ici. Tu es venue parce que tu n'as pas pu résister à ta curiosité, tout comme je ne peux renier la mienne. Je crois que nous avons beaucoup en commun.

Malia plissa les yeux.

— Je peux te permettre de mettre l'étendue de tes capacités en pratique. Sans restreindre ton potentiel. Ce qui rend le Triskèle si particulier, c'est qu'il ne se contente pas de le réguler, il peut aussi l'amplifier.

— Je n'aurais pas à rester attachée les soirs de pleine lune ?

— Ce ne sera même plus une option, répondit-il.

Il lui tendit le Triskèle. Malia hésita longuement avant de le prendre.

— Je dois dire que tu me surprends, dit-il. Tes amis n'aimeraient pas savoir que tu prends cette voie.

— Je sais faire mes propres choix, répliqua-t-elle en se dirigeant vers la sortie.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

 — C'est l'heure de vos médicaments, monsieur, annonça une infirmière en poussant un chariot.

Elle pénétra dans la chambre d'un patient, un vieil homme en fauteuil roulant.

— Vous les médecins, les docteurs et les spécialistes, vous pensez que vous avez réponse à tout avec vos misérables potions que vous appelez des avancées médicales, dit-il en toussant et en crachant dans un mouchoir. Ce n'est rien de toutes ces absurdités qui me guérira.

— Même si nous ne pouvons pas vous guérir, nous devons prendre soin de vous, répondit la jeune femme.

— Vous croyez que j'en ai quelque chose à faire de votre lamentable pitié ? pesta-t-il en élevant sa voix éraillée.

L'infirmière écarquilla les yeux, prise au dépourvu par la sévérité de son ton.

— Il vous suffit de voir un vieil homme sur une chaise roulante pour vous presser à son secours, grommela-t-il.

Il toussa, puis cracha à nouveau.

— Si je voyais mon propre ennemi dans un fauteuil roulant, je lui roulerai dessus sans la moindre hésitation.

La jeune femme le dévisagea, légèrement apeurée.

— Je vais vous faire apporter votre dîner, dit-elle avant de quitter la pièce sans tarder.

Assis face à une fenêtre, le vieillard s'essuya la bouche une énième fois et jeta le mouchoir usagé dans une poubelle qui en contenait déjà une bonne vingtaine d'autres.

Un orage éclata et il sentit une présence derrière lui. La porte de la pièce se referma. Il fit pivoter sa chaise et découvrit un plateau-repas posé sur un chariot devant lui. Il leva les yeux vers l'infirmière qui venait d'entrer. Elle abaissa son masque chirurgical et le flash d'un éclair révéla le visage de Kate.

— Bon appétit, papa, lança-t-elle. 

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

  — Haigh, vous êtes réveillé ? demanda Melissa en poussant la porte de sa chambre d'hôpital.

Celui-ci était allongé sur le dos, les yeux tournés vers le plafond.

— J'ai parlé au médecin et il m'a confirmé que vous étiez autorisé à sortir dès demain et que-

Elle s'interrompit en remarquant son regard inanimé. Elle s'approcha du lit et tira sur les bords du draps. Elle constata alors l'état de rigidité cadavérique de son corps. Ses membres étaient raides, les articulations de ses doigts étaient courbés vers l'intérieur et sa bouche était grande ouverte, comme si un cri silencieux s'y échappait.

Horrifiée, Melissa appuya sur le bouton d'urgence.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

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