Vêtue de ma nouvelle cravate aux couleurs vertes et argentées (que j'ai réussi à nouer grâce à l'aide bénie de Daphné), je me suis assise à la table de ma maison pour mon premier petit-déjeuner à Poudlard. J'étais toujours aussi émerveillée par la table remplie de nourriture magiquement (hum hum). Je me moquais bien du regard des autres alors je me suis installée aux côtés de Daphné et Tracy, près de deux garçons de notre promo, Blaise Zabini et Théodore Nott.
– Alors, on commence par quoi ? a demandé Daphné alors que je détaillais mon emploi du temps.
– Métamorphose, j'ai répondu avant de sourire en voyant ma chouette passer la fenêtre : Salut toi...
J'ai donné une caresse à l'animal ainsi que quelques trucs à manger pour la remercier du terrible voyage que je lui infligeais jusqu'à Londres. Franchement, je culpabilisais de lui infliger ça chaque fois, je me demandais même comment se faisait-il que les sorciers utilisaient toujours des hiboux pour transmettre leur courrier, c'est comme si les moldus utilisaient encore des pigeons voyageurs, ce qui, à l'ère numérique, était franchement ridicule.
– C'est quoi les nouvelles du jour ? m'a demandé Tracy.
Sans lever les yeux de mon journal, j'ai répondu :
– L'URSS balise à mort à cause de l'indépendance de la Biélorussie et l'Ukraine.
– Pourquoi prendre des nouvelles du monde moldu ? C'est absolument ridicule ! s'est exclamé Malfoy, un peu plus loin.
– Pourquoi à chaque fois que tu parles, j'ai l'impression d'avoir une pub pour le parti conservateur ? j'ai répliqué en me tournant vers le garçon. Non mais sérieux, même quand tu souris, tu souris mais de droite. Je suis sûre que quand tu dors, tu dors de droite en murmurant « hum, tuer les pauvres... »
Cette remarque eut le don de faire rire les quelques personnes qui avaient connaissance du monde moldu, mais j'ai ajouté :
– Et pour ton information, si un jour l'URSS décide de lâcher une bombe nucléaire sur le reste de l'Europe, sorcier ou moldu, il n'y aura aucune discrimination, elle va tuer tout le monde.
Cette fois, ma remarque a eu le don de faire taire ce très énervant Draco Malfoy, mais également de balancer un froid digne du pôle Nord à notre tablée. J'ai levé les yeux au ciel avant de me lever, de prendre mon sac et un croissant et de quitter la table pour me rapprocher de la salle de classe, préférant largement attendre seule avec mon walkman plutôt que de subir une autre discussion avec certains de mes camarades (Malfoy et sa bande, pour ne viser personne).
On dit qu'il ne faut pas juger les gens sur notre première impression, et pourtant en une journée je m'étais fait un avis très clair sur le blondinet qui me servait de cousin.
Malheureusement pour moi, je fus vite rejoint par certains de mes camarades, dont une certaine Hermione Granger qui s'installa juste devant moi. En réalité, pendant le trajet sur le lac, nous nous sommes plutôt bien entendues pour la simple et bonne raison que nous préférions toutes les deux les livres aux gens. J'étais sincèrement surprise de la voir avec une cravate rouge et dorée.
– Je peux ?
J'ai levé la tête vers le garçon qui demandait s'il pouvait s'installer à côté de moi et j'ai hoché la tête d'un signe positif.
– Tu comptes me faire un petit pitch comme ton pote ? Ou peut-être parler de ma soi-disant famille ?
– Je ne pose pas de questions sur toi si tu n'en pose pas sur moi.
J'ai émis un léger sourire avant de demander :
– C'est Nott toi, c'est ça ?
– Ouais, Théodore Nott, s'est officiellement présenté le garçon.
Théodore Nott était un garçon intelligent mais surtout très solitaire, il aimait son indépendance et ne ressentait pas le besoin de recevoir l'admiration ou le respect d'autrui. S'il avait fait un premier pas moi, c'était pour une seule raison : il avait l'impression que j'étais comme lui. Alors quitte à devoir supporter quelqu'un en cours, autant que ce soit avec une personne avec qui l'on peut s'accorder.
– La métamorphose est une des formes de magie les plus dangereuses et les plus complexes que vous aurez à étudier, nous accueillit Minerva McGonagall quelques minutes plus tard. Quiconque fera du chahut pendant mes cours sera immédiatement renvoyé avec interdiction de revenir, vous êtes prévenus.
C'est alors qu'elle changea son bureau en cochon avant de lui redonner sa forme d'origine. Le professeur McGonagall me plut immédiatement : j'aimais son sérieux, sa détermination, je savais qu'avec elle règnerait l'ordre mais également une justice impartiale. Avec Minerva McGonagall, il n'y avait pas de favoritisme.
Le professeur McGonagall commença donc à expliquer leur premier exercice : changer une allumette en aiguille, exercice qui semblait bien compliqué ! Si compliqué qu'en réalité... Seules deux personnes avaient réussi l'exercice : Hermione Granger bien évidemment, et moi-même. Je crois que c'est durant ce cours que j'ai compris que je préférais la théorie à la pratique.
L'avantage quand on avait une mémoire exceptionnelle, c'est que les nombreux devoirs donnés par les profs dès la première semaine n'étaient pas un problème. J'avais déjà lu la plupart de mes livres de cours durant les semaines qui avaient précédé la rentrée donc je pouvais passer mon temps à travailler la pratique magique sans me fatiguer à la tâche (cela nous rappelle quelqu'un tiens...).
Severus Rogue était connu pour être un véritable tyran en classe, mais cette fois, j'avais un avantage : j'étais à Serpentard et il ne pouvait pas risquer de faire perdre des points à sa maison alors une fois n'est pas coutume, Severus Rogue dû fermer gentiment sa gueule. Mais le bonheur des uns fait le malheur des autres et par conséquent, le professeur de potion se trouva une autre victime à terroriser :
– Ah oui... Harry Potter. Notre nouvelle... célébrité.
Avant même qu'il ne termine l'appel, je savais que je n'allais guère apprécier les sept prochaines années à apprendre l'art des potions, du moins pas avec ce professeur. En plus j'étais particulièrement superficielle (c'est toujours le cas d'ailleurs), je détestais me salir les mains, et quand je voyais les différents ingrédients posés sur les étagères bordant le mur... C'était franchement dégoûtant.
– Vous êtes ici pour apprendre la science subtile et l'art rigoureux de la préparation des potions. Ici, on ne s'amuse pas à agiter des baguettes magiques, je m'attends donc à ce que vous ne compreniez pas grand-chose à la beauté d'un chaudron qui bouillonne doucement en laissant échapper des volutes scintillantes, ni à la délicatesse d'un liquide qui s'insinue dans les veines d'un homme pour ensorceler peu à peu son esprit et lui emprisonner les sens... Je pourrais vous apprendre à mettre la gloire en bouteille, à distiller la grandeur, et même à enfermer la mort dans un flacon si vous étiez autre chose qu'une de ces bandes de cornichons à qui je dispense habituellement mes cours.
Charmant, ai-je pensé.
Malgré moi, je n'ai pas pu retenir un regard hautain envers mon directeur de maison qui semblait avoir oublié le principe même d'enseignant, à savoir : apporter des connaissances à ses élèves.
– Potter ! s'est exclamé Rogue. Qu'est-ce que j'obtiens quand j'ajoute de la racine d'asphodèle en poudre à une infusion d'armoise ?
Bien évidemment, je connaissais la réponse. Mais contrairement à Hermione, je n'avais aucune envie de se faire remarquer par le prof aux cheveux gras.
– Je ne sais pas, monsieur, a répondu Harry.
– Apparemment, la célébrité n'est pas tout dans la vie, s'est moqué Rogue. Essayons encore une fois, Potter. Où iriez-vous si je vous demandais de me rapporter un bézoard ?
Une fois de plus, Harry n'avait pas la réponse, contrairement à Hermione (et moi).
– Vous n'alliez quand même pas vous donner la peine d'ouvrir un de vos livres avant d'arriver ici, n'est-ce pas Potter ?
Au moins, lui a ouvert la porte de la salle de bain.
J'ai regretté de ne pouvoir dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Mais se mettre à dos un professeur que l'on allait techniquement devoir supporter les sept prochaines années n'était pas forcément une bonne idée alors je me suis fait violence et je suis restée parfaitement calme (bon, ça n'a pas duré longtemps).
– Potter, a repris le professeur. Quelle est la différence entre le napel et le tue-loup ?
Cette fois, Hermione se leva, la main toujours tendue au-dessus de sa tête.
– Je ne sais pas, a répondu Harry avec calme. Mais je crois qu'Hermione le sait. Vous aurez peut-être plus de chance avec elle.
Il y eut quelques rires venant des Gryffondor et j'ai esquissé un léger sourire, les yeux rivés sur mon carnet de notes dans lequel je faisais quelques dessins caricaturaux sur ce qu'il se passait en ce moment sous le regard amusé de Tracy.
– Asseyez-vous ! a lancé Rogue à Hermione. Pour votre information, Potter, sachez que l'asphodèle et d'armoise donne un somnifère si puissant qu'on l'appelle la Goutte du Mort vivant. Un bézoard est une pierre qu'on trouve dans l'estomac des chèvres et qui constitue un antidote à la plupart des poisons. Quant au napel et au tue-loup, il s'agit de la même plante que l'on connaît aussi sous le nom d'aconit. Alors ? Qu'est-ce que vous attendez pour prendre note ?
Tout le monde se mit à prendre des notes sauf votre narratrice qui continuait ses dessins.
– Et votre impertinence coûtera un point à Gryffondor, Potter, a ajouté Rogue avant de se tourner de l'autre côté de la salle : Black ! Je peux savoir ce que vous faites ?
– Je dessine des gens en colère, j'ai répondu dans le plus grand des calmes avant de montrer son carnet : Regardez, c'est vous !
Je vous l'avais dit que ça n'allait pas durer.
Le professeur de potions a commencé à changer des couleurs, passant du blanc maladif au rouge de fureur tandis que je lançais un clin d'œil à Harry qui me remerciait silencieusement de détourner l'attention de lui. Bien évidemment, mon intervention avait fait rire bon nombre d'élèves, même de Serpentard.
Comme vous pouvez vous en douter, j'ai fini par récolter une heure de colle, la toute première heure de colle de l'année ! J'ai fait encore mieux que les jumeaux Weasley qui ont attendu leur deuxième semaine de première année. D'après les rumeurs, les seules personnes à avoir réussi un tel exploit étaient deux garçons de Gryffondor ressemblant étrangement à Harry et moi (c'est pas moi qui le dit, c'est Rusard).
Malgré tout, Rogue a fini par passer outre et a réparti les élèves deux par deux pour leur faire préparer une potion destinée à soigner les furoncles. Je me suis retrouvée, à son plus grand bonheur, en groupe avec Tracy qui ne semblait pas craindre de toucher aux ingrédients visqueux et inconnus.
Rogue, lui, passait et repassait parmi les élèves, sa longue cape noire flottant derrière lui, en nous regardant peser des orties séchées et écraser des crochets de serpents. Chacun eut droit à de sévères critiques, sauf Malefoy pour qui il semblait éprouver de la sympathie (et moi, parce que j'étais brillante).
– Attends ! je me suis exclamée en voyant le garçon devant moi s'apprêtant à faire une terrible bêtise. Tu dois retirer le chaudron du feu avant d'ajouter les épines de porc-épic.
Après avoir empêché cet incident dramatique à Neville Londubat, nous avons terminé notre potion sans trop de mal, au grand regret du professeur Rogue qui ne rêvait que d'une chose : trouver une excuse pour s'en prendre à ma personne. Mais lorsque le cours a touché à sa fin, je m'en sortais avec seulement une heure de colle et un visage radieux en sachant que l'horrible Servilus n'obtiendrait pas satisfaction.