Cendrillon (bxb) [terminée]

Par Herrade_Riard

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Après la mort de son père, David, un jeune oméga, est exploité par sa belle-mère et sa belle-sœur qui le trai... Plus

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24 : épilogue

Chapitre 21

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Par Herrade_Riard

David se laissa tomber sur le matelas, désespéré. Sa situation était loin d’être brillante. L’heure tournait. Il était enfermé à double tour dans son ancienne maison. Et il avait toujours les mains attachées derrière le dos. Les liens étaient serrés et lui sciaient les poignets. 

“Réfléchi”, s’ordonna-t-il. “Tu connais cette chambre. Tu trouveras bien une idée pour te sortir de là ! Christophe t’attend !”. 

Le jeune oméga lutta contre la panique. Il ferma les yeux et prit plusieurs grandes inspirations. Bientôt, les battements de son cœur ralentirent. Il se rappela soudain l'existence d'un clou mal planté dans un mur sur lequel il s'était éraflé à plusieurs reprises. Peut-être pourrait-il l'utiliser pour briser la corde qui le maintenait ! 

David se redressa, rempli de détermination. Le clou se trouvait à la hauteur de sa cuisse et il dut se courber en deux, de dos, pour le positionner contre ses liens. Il bougea les bras de haut en bas pour essayer de ronger la corde. Cela fonctionnait-il ? Il n'en avait aucune idée. Il ne pouvait que continuer à redoubler d'effort. 

"Christophe m'attend", se répétait désespérément David en se démenant de plus belle, gêné par la raideur de son beau costume. 

Et, soudain, la corde céda. Il avait les mains libres ! 

Le jeune homme se frotta les poignets. La corde avait laissé des traces rouges et douloureuses. Il n'avait néanmoins pas le temps de s'en préoccuper pour le moment. Il lui restait encore à s'évader de sa propre chambre. 

L'oméga se pencha pour regarder à travers le trou de la serrure. Il était bouché. Ses ravisseurs devaient y avoir laissé la clef. 

Pris d'inspiration (ce soir, il se sentait capable de tout), David fit glisser une longue feuille de papier sous la porte qui était surélevée du sol d'un bon centimètre. Puis il s'empara d'un stylo et poussa à travers la serrure. La clef tomba. Il n'eut plus qu'à faire glisser dans l'autre sens la feuille sur laquelle elle se trouvait ! 

Le jeune oméga déverrouilla la porte, très fier de son ingéniosité (Alice n'en reviendrait pas !). Mais il n'était pas encore tiré d'affaires car il lui restait à traverser toute la maison pour gagner l'entrée. 

David passa la tête en silence et tendit l'oreille. Les lieux semblaient déserts. On n'entendait pas le moindre bruit et toutes les lumières étaient éteintes. Lucille devait être au bal depuis un bon moment, bien sûr, et sa mère avait dû partir la rejoindre en jubilant du mauvais tour qu'elle avait joué à son beau-fils. David espéra que les hommes qui l'avaient enlevé ne se trouvaient également plus là. 

Le jeune homme s'engagea prudemment sur l'escalier. Les marches grincèrent et il s'arrêta en retenant son souffle. Il ne voyait presque rien et n'osait pas allumer l'interrupteur. 

Crac crac crac. 

Comment n'avait-il jamais remarqué à quel point l'escalier était bruyant ? 

Crac crac crac crac. Crac… 

Et puis plus rien. Il avait rejoint le rez-de-chaussée. Il n'avait plus qu'à pousser la porte et… 

Le jeune oméga se stoppa juste à temps. Des voix se faisaient entendre de la rue. Il vit deux hommes fumer devant la porte lorsqu'il regarda discrètement par le judas. Sans doute était-ce ceux qui l'avaient enlevé. Mme Dubois devait les avoir chargés de monter la garde pendant le reste de la soirée. 

David se mordit la lèvre. Il aurait aimé porter son écharpe, pour pouvoir y entortiller les doigts, ce qui le rassurait toujours. Mais Floris avait déclaré qu'elle jurerait avec son  costume bleu. La prochaine fois, il n'écouterait pas sa mère, voilà tout ! 

Son regard tomba sur le téléphone de l'entrée. Et s'il appelait la police à sa rescousse ? Oui, mais pour leur dire quoi ? Que sa belle-mère l'avait enlevé et privé de sortie ? On lui rirait au nez. Quant à Floris ou Alice, il ne connaissait pas par cœur leurs numéros… 

Il gagna le salon sur la pointe des pieds. Les volets de la pièce étaient ouverts. Il lui suffirait d'ouvrir la fenêtre et d'enjamber la barrière pour gagner la rue ni vu ni connu. 

Aussitôt dit, aussitôt fait. La fenêtre pivota sans bruit. David leva une jambe et se hissa. Et voilà, ce n'était pas si compliqué que… 

La vieille rambarde céda souvent sous son poids et David tomba en avant avec un petit cri. Il atterrit lourdement sur le trottoir contre lequel il se cogna le menton. 

— Eh ! s'exclama quelqu'un. C'est pas le gamin que nous devons surveiller ? 

Le jeune homme se releva aussitôt malgré la douleur et se mit à courir plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. 

— Il s'échappe ! 

David regarda tout autour de lui, cherchant désespérément de l'aide. 

— Au secours ! 

Les fenêtres des appartements de la rue étaient noires. Se pouvait-il que la ville entière assiste au bal ? 

— Au secours ! 

Aucun sauveur ne fit mine d'apparaître. David commençait à être torturé par un douloureux point de côté et il ne pouvait pas ralentir car les hommes étaient tout proches. Il était miraculeux qu'ils ne l'aient pas déjà attrapé. Il pivota à droite en espérant tromper ses poursuivants. Il longeait à présent l'une des allées du grand parc qui entourait le château de Versailles. À cette heure, le parc était fermé au public depuis un bon moment. David y vit soudain son salut. Il pourrait s'y cacher et gagner le château en toute discrétion ! 

Il s'agrippa à la grille pour l'escalader en prenant garde à ne pas tomber, cette fois. Elle était haute et glissait entre ses doigts. Mais David n'était plus à une difficulté près, ce soir-là. Il arriva au sommet et se laissa glisser de l'autre côté. 

Le parc était sombre et le jeune oméga frissonna. Il avait toujours eu un peu peur du noir. Mais il valait mieux affronter l'obscurité que de se laisser à nouveau capturer. 

Il avançait depuis moins de cinq minutes lorsqu'il entendit des bruits de voix accompagnés d'une lueur derrière lui. David se remit à courir. La lumière de la lampe torche était braquée droit vers lui. 

— Stop ! Arrêtez-vous ! ordonna une voix masculine. 

Était-ce l'un de ses poursuivants ou un gardien du château ? David n'en avait pas la moindre idée et préférait ne pas prendre le risque de s'arrêter. Il n'avait pas une minute à perdre. Christophe allait annoncer ce soir l'identité de la personne qu'il allait épouser. Il pouvait le faire d'un instant à l'autre ! Peut-être même était-il déjà trop tard… 

L'oméga partit en zigzaguant pour échapper à la lumière et s'accroupit, tapi derrière une allée de buis. Son cœur battait très fort et il était persuadé que ce bruit assourdissant allait le faire repérer. Mais des hommes passèrent juste à côté de lui sans le remarquer. La lueur de leurs lampes torches le frôla et il se recroquevilla encore davantage. 

— Il a dû partir vers la grille du Dragon, dit l'un des hommes tandis qu'ils s'éloignaient. 

David attendit une bonne minute et se remit lentement en route. Il faisait noir comme dans un four et il avançait à tâton, priant pour ne pas tomber sur ses ravisseurs  

L'oméga sentit soudain le sol se dérober sous lui. Terrifié, il battit inutilement des mains et fut soudain immergé dans une eau glaciale qui s'infiltra dans sa bouche grande ouverte par la surprise. David étouffait. Ses bras s'agitèrent comme des déments. Il comprit soudain ce qui lui arrivait. Le grand canal ! Il était tombé dans le grand canal ! Des algues s'entortillaient autour de ses chevilles et il donna de furieux coups de pied pour s'en décrocher. 

Toussant et crachotant, le jeune homme s'extirpa enfin hors de l'eau et tomba à genoux sur la rive. Il était trempé de la tête aux pieds et avait perdu l'une de ses magnifiques chaussures Richelieu. 

David se remit debout en tremblant. Il était pris d'une furieuse envie de fondre en larmes. Comment pourrait-il se présenter chez les Leroy dans cet état ? Ne valait-il pas mieux renoncer à tout et retourner se réfugier chez Floris ? 

Puis le visage de Christophe s'imprima une énième fois dans son esprit. L'alpha l'attendait. Il lui avait remis son dernier billet. Il tenait donc à sa présence et il serait pour le moins impoli de lui faire faux bond. 

David escalada une autre grille pour gagner la partie jardin qui jouxtait immédiatement le château. Son costume se prit dans l'une des piques et l'oméga arracha un pan entier de tissu en voulant le dégager. Tant pis. Au point où il était… 

Il devait y avoir des caméras de sécurité qui le filmaient en ce moment même. Il s'attirerait très certainement de multiples ennuis, quand tout ceci serait fini. 

Le jeune oméga monta en direction du château qui s'élevait au-dessus de sa position. Il voyait la longue bâtisse étinceller de lumière et croyait déjà entendre de la musique sortir des innombrables fenêtres. Il passa sous un porche et trouva enfin l'entrée. Il entra timidement dans l’immense corridor. De la vase dégoulinait sur le dallage à chacun de ses pas. 

Un domestique en livrée s’avança vers lui. 

— Une tenue correcte est exigée, Monsieur, déclara-t-il en plissant le nez. 

Le petit oméga battit des cils, au bord des larmes. Il observa son unique chaussure, jadis si belle et si brillante, à présent gonflée d’eau. 

— Je…, bredouilla-t-il. J’ai eu un petit accident… 

L’homme lui indiqua d’un geste poli mais ferme la porte de sortie. 

— Monsieur, il vous est impossible d’assister au bal dans cet état. 

— Mais, je… je suis invité, protesta faiblement l’oméga. J’ai reçu un billet spécial ! 

David fouilla désespérément dans sa poche, soudain terrifié à l’idée que son précieux billet puisse avoir été réduit en bouillie par l’eau. À son immense soulagement, ses doigts se refermèrent sur un petit morceau de papier qu’il brandit. Le ticket pendait mollement, à moitié illisible. Le domestique l’examina avec une franche incrédulité. Puis il inclina très légèrement le buste avant de s’effacer pour le laisser entrer. 

David se dirigea timidement vers un très large escalier en marbre qu'il gravit en se sentant plus misérable que jamais. Il pénétra timidement dans les anciens appartements royaux qu'il traversa pour gagner la galerie des glaces. Il entendait de la musique et des bruits de voix. Lorsqu'il y pénétra, il vit une foule de personnes habillées avec soin. Les premiers qui le virent ouvrir de grands yeux et il baissa la tête en pressant le pas. Ce n'était pas là l'entrée triomphante dont il avait rêvé. Si les regards se tournaient vers lui, ce n'était pas pour l'admirer et quelques personnes se bouchèrent le nez lorsque l'odeur de vase dont il était imprégné arriva à leurs narines. Christophe se trouvait au milieu de la galerie des glaces, jetant des regards fréquents tout autour de lui comme s'il cherchait quelqu'un. Il finit lui aussi par l'apercevoir David. Ses yeux se braquèrent sur le petit oméga tandis qu’un sourire satisfait étirait ses lèvres, comme s’il n’attendait que lui. Ledit sourire disparut presque aussitôt quand l’alpha examina plus attentivement David et il s’avança à grands pas vers ce dernier. 

— Que t’est-il arrivé ? 

— Je… euh…, marmonna l'oméga, très embarrassé d’être au centre de l’attention générale. Je me suis fait enlever et je suis tombé dans le grand canal… 

Les yeux de Christophe s’arrondirent. 

— Tu quoi ? 

— C’est une longue histoire, soupira David. 

Il ne faisait pas très chaud dans cette immense galerie et le petit oméga était transis de froid avec ses vêtements trempés. Il frissonnait et tremblait de tous ses membres. 

Christophe retira soudain sa veste pour la lui tendre, se retrouvant en simple chemise. Le petit oméga recula d’un pas. 

— Je… je ne peux pas, protesta-t-il. Je vais ruiner ton costume… 

L’alpha lui sourit et son cœur fit un saut périlleux. 

— Je ne voudrais pas que tu attrapes froid. 

Comme David resta paralysé, Christophe le fit tourner sur lui-même et enfila la veste sur ses épaules. Elle était bien trop grande pour le petit oméga mais sentait terriblement bon. Plusieurs filles foudroyèrent David du regard, apparemment furieuses du traitement qui lui était accordé par l’héritier Leroy. Lucille était parmi elles et fixait son beau-frère de ses petits yeux méchants. Sa bouche était tordue de rage. Sans doute était-elle au courant des manigances qu'avait lancé sa mère. 

David décida de l'ignorer. Elles avaient échoué. 

Le jeune homme ne put retenir un petit cri de surprise lorsque la main de Christophe saisit fermement la sienne. 

— Danse avec moi, ordonna l’alpha. 

L'oméga baissa la tête. 

— Impossible. Je... J’ai perdu l’une de mes chaussures… 

L’alpha fit un signe à l’un des domestiques et lui donna un bref ordre. Quelques instants après, l'homme revint avec une boîte en carton qu'il ouvrit précautionneusement. Elle contenait une unique chaussure que Christophe prit. 

— Si je peux me permettre ? demanda l'alpha en s'agenouillant devant David. 

Il souleva délicatement son pied nu pour enfiler la chaussure. 

David rougit jusqu’aux oreilles. Cette scène ressemblait furieusement à une demande en mariage, même s'il savait qu'il n'en était rien. La chaussure était brune au bout pointu. Elle ne ressemblait pas vraiment à l’autre et, pourtant, elle lui allait parfaitement. 

Christophe se releva. 

— Et voilà. 

David se dandina. Il devait être tout bonnement ridicule avec ses chaussures dépareillées, son pantalon de costume couvert de boue et cette veste qui aurait pu lui servir de robe de chambre tant elle était volumineuse. Pourtant, lorsqu’il prit place en face de Christophe, il se sentit soudain parfaitement à sa place. L’alpha posa une main sur sa taille et l’autre sur son épaule. L’orchestre jouait une valse et ils se mirent à évoluer en rythme. David ferma les yeux. Il ne voulait plus voir la foule qu'il devinait hostile et qui ne le quittait pas des yeux. Il dansait avec l’homme de sa vie pour la première et, sans doute, dernière fois et souhaitait en profiter tant qu’il ne pouvait. À la fin de cette soirée, Christophe serait fiancé à l’une de ces ravissantes jeunes filles qui patientaient sur une estrade que l'on avait dressée au milieu de la galerie. 

— Tu es prêt ? lui demanda doucement Christophe. 

David rouvrit les yeux, paniqué. Il était incapable de dire combien de temps s'était passé depuis qu'il avait commencé à valser. 

— Prêt ? glapit-il. Prêt pour quoi ? 

Il ne voulait pas s'arrêter. Il voulait danser avec son amour jusqu'à la fin des temps. 

L'alpha lui pressa le bras en souriant. 

— Il est l'heure pour moi de faire mon choix, expliqua-t-il. Je voudrais que tu montes sur l'estrade avec les autres personnes à qui j'ai remis un billet. 

Christophe aida David à gravir les marches et le jeune oméga prit place parmi les neuf jeunes filles. Certaines observaient ses vêtements trempés avec compassion. D’autres paraissaient mécontentes. La plupart, enfin, semblaient se demander ce qu’il faisait là. 

M. Leroy, le chef de meute, s’avança devant un micro pour s’adresser à la foule. 

— Mon fils et héritier, Christophe, a choisi la personne qu’il souhaite prendre à ses côtés. Il va à présent révéler son nom. 

Les neuf filles à côté de David retinrent leur respiration tandis que Christophe, toujours en chemise, rejoignait son père. Le jeune oméga aurait aimé fermer les yeux et se boucher les oreilles, mais cela lui semblait peu convenable. Il resta donc immobile, tremblant de tous ses membres. 

Et Christophe ouvrit la bouche. 

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