Cœur Obscur [Tome 2]

By NyxMiller_

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~ L'Appel de La Lune ~ Du haut de son ciel étoilé, la Lune s'amuse aux dépens de Jasper. Mettre son âme sœur... More

| Avant-Propos |
| Chapitre 1 |
| Chapitre 2 |
| Chapitre 4 |
| Chapitre 5 |
| Chapitre 6 |
| Chapitre 7 |
| Chapitre 8 |
| Chapitre 9 |
| Chapitre 10 |
| Chapitre 11 |
| Chapitre 12 |
| Chapitre 13 |
| Chapitre 14 |
| Chapitre 15 |
| Chapitre 16 |
| Chapitre 17 |
| Chapitre 18 |
| Chapitre 19 |
| Chapitre 20 |
| Chapitre 21 |

| Chapitre 3 |

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By NyxMiller_

Allongé en travers du lit de cet autre hôtel, ma tête reste en suspens dans le vide. Le silence m'entoure, laissant bien trop de place à diverses pensées de se faufiler au premier plan. Revoir la meute de Red Moon sitôt après mon départ, sans que je n'aie eu le temps d'en faire le deuil, m'oblige à me rendre compte que cette bande d'idiots me manque. Comme je le craignais, j'ai passé bien trop d'années auprès d'eux, vécus bien trop d'événements qui nous ont soudés et rapprochés. Au-delà de la meute fantôme, nous avons mené des guerres sanglantes et impitoyables. Bien plus que celle que nous a offerte Isaac.

Exactement comme avec Carl. Lui qui avait réussi l'impossible avec moi. Avant de partir, il était un pilier de ma vie que je n'aurais jamais pensé quitter un beau jour. Une confiance, brute et sans contour, s'était forgée entre nos deux âmes brisées. Mais le résultat a été le même qu'avec mes anciens camarades : je ne suis plus là aujourd'hui. À travers mes paupières closes, j'arrive encore à entendre les cris, les grognements, de la bataille. Plus que tout, j'arrive encore à voir Kaeden avoir le dessus sur Reyes pendant que moi, au loin, je restais impuissant face aux ours qui me donnaient du fil à retordre. Je n'arrivais pas à le rejoindre pour le sortir de là malgré toute la volonté, le désespoir, que j'y mettais.

Puis je t'ai vu, toi. Je t'ai vu rester au milieu du lac tout en sachant que la glace pouvait se fendre d'une minute à l'autre. Et sous mes yeux, toi aussi, tu as commencé à sombrer sans que je ne puisse accourir vers toi. Sans que je ne puisse t'aider. Toute cette distraction, toute cette peur d'assister au pire, m'a fait subir davantage de coups que ces chiens n'auraient pu m'administrer. Et comme si la Lune me montrait le signe de départ, j'étais aux premières loges de la tragédie de Rebecca et Jace. Impuissant, inutile face à la cruauté de la vie.

En tant qu'électron libre, je savais que mon passage ici n'était que de courte durée. Mais chaque année, je repoussais l'inévitable. Parce que, lorsque je sortais de mon pavillon vide de vie et de chaleur, une fois auprès d'eux, je n'avais plus l'impression d'être seul. Temporairement, la solitude mordante qui me comprime la poitrine était entourée d'un nuage de douceur, de bienveillance et d'amour. Et me voici aujourd'hui, de nouveau seul par choix.

Je refuse, quoi qu'il arrive, d'assister à la fin de Red Moon et de ses membres. Je n'aurais pas la force nécessaire pour me relever et continuer ma route. Pas une seconde fois. Je ne veux garder que d'eux une montagne de bons souvenirs, et non la mort et la désolation.

- Je sais que j'ai fait le bon choix, je chuchote, la gorge nouée.

Mon loup tourne en rond à l'intérieur de moi. Il grogne son mécontentement que nous ressentons comme une seule et même personne. Que nous devrions ressentir d'une seule et même personne, en parfaite collision comme nous l'avons été par le passé. Quand j'arborais un tout autre nom que le mien.

Les cheveux humides de ma récente douche, je me tourne sur le côté et repose ma tête sur le matelas. Ma main se dépose sur ma poitrine, luttant contre les coups de plus en plus rudes de ma bête.

Surtout, je ne les laisserai pas assister à ma propre perte.

La bombe à retardement est lancée.

******

Assis dans ce bar miteux, je fais défiler différentes villes sur mon téléphone à la recherche d'un endroit éloigné de celle dans laquelle je suis afin de mettre un maximum de distance entre Red Moon et moi. Malheureusement, je vais devoir faire une petite escapade dans la prochaine ville juste à côté. C'est un risque conséquent à prendre en sachant que Reyes est dans les parages et passera directement, comme moi, à la prochaine. Néanmoins, j'ai une petite visite à rendre à ma jolie cible pour régler une bonne fois pour toutes mes affaires qui ont bien trop traîné. Il est comme qui dirait ma touche finale. Et après ça, après lui, j'en aurai enfin terminé. Quand bien même, il me manque un nom. L'un des plus importants...

Plusieurs exclamations se mettent à retentir, frappant soudainement les tables de leurs mains et le sol de leurs pieds. Perplexe, je relève le nez de mon écran et oriente mon attention sur la petite scène à l'autre bout du comptoir où une femme, svelte et grande, y monte sous ses bottes à clous. Les cheveux courts, coupés à la garçonne, elle balaye la salle d'un regard dur et confiant. Sa présence imposée, le silence se déclare. Tous semblent lui porter son entière intérêt, prêt à entendre ce qu'elle a à dire.

Intrigué, je verrouille mon téléphone et pivote mon tabouret vers la métamorphe.

- Il est une heure du matin passée. Plus aucun humain ne rôde parmi nous. Il est donc temps d'arrêter de se trifouiller les couilles et de passer aux choses sérieuses.

Quelques sifflements appréciateurs filent parmi la foule.

- Je vois qu'il y a de nouvelles têtes. Alors laissez-moi nous présenter : nous sommes le clan de la révolte Aleksander. Et je suis Cora, la dirigeante avec Aila, proclame-t-elle d'une voix forte.

D'un signe de main, elle montre une autre femme. Les sourcils froncés, je porte mon regard sur la grande blonde à la queue-de-cheval. Aussi imposante que sa compère, elle se tient droite au milieu des autres métamorphes paresseusement installés à leurs tables. Son apparence, son physique, ne laisse aucun doute sur la fine musculature et l'art du combat que doit cacher cette femme au visage d'ange.

Moi qui voulais juste boire un dernier verre dans cette ville merdique, me voilà en train d'être témoin d'une réunion d'une quelconque révolte. Soupirant, je me détache de la scène pour plonger mon regard dans le liquide ambré de mon whisky.

- Oui, le nom de notre clan n'est pas choisi au hasard. Hélas, on a eu beau retourner le pays il y a quelques années, nous n'avons trouvé aucune trace d'Aleksander.

Aussitôt, les muscles de mon corps se raidissent à ce nom, à sa réelle signification pour nos villageois à fourche. Je l'ai déjà entendu par-ci par-là, un bien beau dérivé de l'original.

Détaché en apparence, je garde néanmoins l'oreille tendue.

- Notre guerrier, notre défenseur. Au premier métamorphe qui a porté ses putains de couilles et a commencé à traquer, chasser et tuer les chasseurs qui nous nuisent et en veulent à nos vies. Ce clan a été créé pour lui, reprend-elle, vorace et sûre d'elle, et lui appartient par conséquent comme la majorité d'entre vous le sait. Mais en attendant son retour, Aila et moi-même le gérons et poursuivons ce qu'il a si bien mis en marche. Et comme vous vous en doutez, nous sommes à la recherche de recrues.

Ma mâchoire se contracte. Tout ceci est d'un ridicule monstrueux. À les voir, comme des moutons à écouter leur bergère, ils courent tous vers une mort certaine. À se croire fort, aussi solide qu'un diamant brut, alors qu'ils ne sont rien que du gibier pour les chasseurs.

Tenir ce genre de discours n'a jamais rien amené de bon. Encore moins en utilisant l'excuse « d'Aleksander », lui rajoutant sur le dos plus de morts qu'il n'en porte déjà.

- Aleksander nous a montré la voix de la liberté. C'est bien plus qu'un symbole de courage, c'est un mantra. On ne peut plus vivre dans la peur de voir un jour nos meutes, nos clans, nos troupes, nos volées être réduit à néant par ces sales fils de pute !

En accord avec elle, la foule frappe sur les tables et acquiesce de vive voix. Un mantra, hein... ? Un symbole de liberté ? C'est bien la première fois que j'entends ça.

Si seulement ils savaient les raisons cachées derrière cet homme.

- Les chasseurs lui ont donné le nom « d'Apollyon », le destructeur. Êtes-vous d'accord avec eux ?! gueule Cora.

- Certainement pas ! crie en retour un métamorphe.

- Bien sûr que non ! rugit une autre.

- Quel est son nom ?! Je veux vous entendre le crier !

- Aleksander ! s'exclame un adolescent.

- Aleksander !

Et tant d'autres personnes crient le nom de cet homme mort.

- Nous sommes bien d'accord !

Passant une main dans ses cheveux noirs, Cora affronte le regard de nombreux métamorphes et laisse planer un bref silence. La tête baissée, sensiblement tournée dans sa direction, je l'observe faire.

Portant une main à sa poitrine, elle rehausse le menton et ne s'arrête pas là.

- Nous ne laisserons pas les chasseurs continuer à s'en prendre à nous. En rejoignant le clan, vous vous exposez à un grand danger mais une cause juste pour notre survie à tous, tous autant que nous sommes, fait-elle plus calmement mais non moins ferme. Je ne souhaite pas vous mentir ou camoufler la vérité d'un mignon ruban rose.

Les deux katanas accrochés à son dos, elle en dégaine un dans un bruit de lame caractéristique. Sous les lumières du bar, le fer semble étinceler.

- Notre cible définitive, je suppose que vous vous en doutez tous...

Des murmures s'élèvent et prononcent un nom maudit. Un nom que j'ai de nouveau entendu il n'y a pas si longtemps que ça qui, en dépit de tout ce temps, me colle encore à la peau.

Marquée au fer rouge, je l'ai été.

- Les Hayes.

Les respirations se coupent. Lui, mon loup, rugit violemment en moi et se met à foncer au-devant pour sortir. Toute grimace dehors, je manque d'échapper un râle de douleur et me courbe un peu plus vers l'avant.

Avec force, je combats contre lui afin de le garder museler. Putain de merde.

Il est temps de partir.

- À ce jour, comme depuis des années, ce sont les chasseurs les plus dangereux que le monde de la Nuit est connu. Métamorphes comme sorciers, vampires et bien d'autres. Ils ne laissent personne survivre sur leur passage. Et les survivants qui peuvent témoigner de leur apparition se comptent littéralement sur les doigts d'une main.

- Parfois, il est préférable d'y rester, je marmonne en portant le bord de mon verre à mes lèvres.

D'une traite, j'avale le contenu de ma boisson et repose le récipient sur le bar dans un tintement. Veillant à paraître tout ce qu'il y a de plus naturel, je lutte contre la douleur et quitte mon siège, le dos droit et la démarche nonchalante. Tout le contraire de la tempête que subit mon âme.

Des yeux verts, si perçants qu'ils me transpercent l'échine, se posent sur moi. Je marque un temps d'arrêt et crains d'avoir été entendu par la dénommée Aila. L'air de rien, je poursuis mon cheminement et contourne les tables.

- Sans eux, si on venait à les détruire, que croyez-vous que les autres chasseurs feront ? Que ressentiraient-ils ? ricane Cora.

- Ils auront peur !

- Ce seront eux qui nous fuiront !

- Leur nombre diminuera drastiquement !

- Exactement ! approuve-t-elle. Les rôles seront enfin inversés. Et tous ces branles couilles ne feront pas le poids contre nous.

Les rires comblent les alentours.

- Ce seront eux qui se cacheront de nous, eux qui prieront leur Dieu de les laisser sortir vivant de nos griffes. Nous pouvons reprendre le pouvoir. Et nous le ferons ! Ce ne sont que de simples humains !

Une série d'applaudissements se joignent à ces dernières paroles, jusqu'à ce qu'ils se tarissent.

La lame rangée dans son fourreau, sa voix possède encore une fois l'attention.

- Et toi, le nouveau.

À deux pas de franchir la porte du bar, je me stoppe et pivote vers la scène. Toutefois, ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse mais à un homme au bras levé.

Soulagé, je me reprends.

- Parle donc. Nous t'écoutons.

- Aleksander est de retour !

La porte ouverte, je ne fais pas un pas de plus et sens mon souffle se couper autant que ceux de l'assemblée. C'est tel que même la rage de ma bête se tait et s'envole, me laissant libre, nue, de sa présence. Elle comme moi, nous sommes à l'écoute.

Dans un cliquetis, la porte se referme derrière moi tandis que je me tourne vers l'homme, les sourcils froncés de méfiance. Comme une traînée de poudre, des exclamations de stupeur ont réagis et des conversations se sont mises à démarrer de tous les coins.

Sans mal, Cora frappe dans ses mains et ramène le silence.

- Taisez-vous ! Je veux pouvoir entendre ce qu'il a à dire.

La salle offre toute son attention à ce métamorphe qui, sur le coup, paraît perdre en contenance, intimidé.

- N'avez-vous pas entendu les rumeurs... ? On dit qu'Aleksander serait sorti de son repos pour se remettre en chasse.

- C'est vrai que j'ai entendu dire qu'un groupe de chasseurs avait péri sous ses griffes, débute une femme, non loin.

- J'en ai entendu parler, moi aussi, confirme quelqu'un d'autre. Mais je n'en étais pas sûr.

- Moi aussi ! renchérit une troisième voix.

Bordel de merde, c'est quoi ça ?

Pourquoi, putain, je ne suis pas au courant de ça ?

Sous mes yeux, je vois l'espoir naître avec plus d'intensité parmi les membres du clan de la révolte, parmi ceux qui n'y sont pas encore affiliés. Et je la vois, la noiraude retrousser ses lèvres dans un sourire d'autant plus confiant.

Soit c'est une mise en scène pour obtenir davantage de soldats, soit c'est réel et reviendra au même pour elle.

- Si tel est le cas, croyez-moi, nous sommes d'ores et déjà vainqueurs. Et nous devons tout faire pour que notre voix parvienne jusqu'à lui !

Je m'avance de quelques pas, le regard fixé sur cet imbécile. Ce qu'il est en train de créer par cette fausse rumeur est mauvais. Offrir un espoir inutile qui mourra et deviendra amer dès qu'ils comprendront que leur homme est toujours caché dans l'obscurité est tout ce qu'il y a de plus dangereux. Comme cet espoir naissant.

Et ce, pour toujours. Je m'en suis fait la promesse. Cette quête de vengeance est destructrice, dangereusement mortelle.

- Ne lance pas de rumeurs que tu ne pourras pas maîtriser une fois sortie. Je peux t'assurer qu'elle est tout ce qu'il y a de plus fausse.

Ma voix rauque, sèche et coupante, claque dans le bar. Et je me maudis pour être intervenu devant tous les paires d'yeux dont je suis devenu la nouvelle muse.

Cora croise les bras sur sa poitrine, tirant sur son sous-pull noir.

- Eh. Je peux savoir pourquoi tu as l'air aussi sûr de toi en disant que la rumeur est mensongère ? Tu n'as pas entendu ? Bien plus que le nouveau, d'autres ont confirmé en avoir eu vent.

- Approche, viens davantage dans la lumière qu'on puisse te voir, ajoute Aila.

- Vous savez quoi ? je commence en m'extirpant pleinement de l'obscurité sans hésitation. Ce n'est pas le plus important. La vérité brute est que vous foncez tous droit dans le mur. Tout ce que vous trouverez sera la mort, rien de plus.

Le mécontentement tiré de mes propos se fait comprendre par des murmures désobligeants. Néanmoins, je le suis bien plus qu'eux. Ça en fait un bon paquet d'idiots suicidaires.

Les dirigeantes de la révolte ne me lâchent pas du regard.

- Vous créez de l'espoir inutilement, et c'est bien l'une des choses les plus dangereuses. Oh, je souris amèrement, je ne dis pas que votre secte n'arrivera pas à tuer quelques chasseurs. Mais les Hayes ?

Je ris franchement, désabusé. Je tourne sur moi-même, les bras à moitié levés.

- Mais regardez-vous. Aucun d'entre vous n'a déjà croisé la route d'un Hayes. Tout ce que vous savez d'eux, ce ne sont que des putains de rumeurs. Et les survivants ne délient pas leur langue parce qu'ils en sont restés traumatiser, je crache. Vous ne vous demandez pas pourquoi ? Et croyez-moi, survivre à leur passage est un sort bien plus horrible que de périr sous leurs coups. Vous préparez votre propre suicide.

Un silence de plomb s'ensuit.

Aila dodeline lentement du menton. La tête penchée sur le côté, elle me balaye de ses yeux verts.

- Vas-tu nous jeter la pierre parce que nous voulons un monde meilleur pour nous, les enfants de la Lune ? Et ce n'est pas pour remettre en cause ce que tu racontes mais... certains survivants ont le courage de parler et d'agir. J'en suis la preuve vivante.

Je secoue la tête dans un petit rire. Alors c'est pire que ce que j'imaginais...

- Tu es toi aussi un nouveau, c'est parfaitement normal que tu ne sois pas au courant. Ma meute a été décimée dans son entièreté, j'en ai perdu toute ma famille ce jour-là et j'en ai été brisé pendant des années. J'ai vu ce que les Hayes sont capables de faire. Quand bien même je décide aujourd'hui de me battre contre eux, je n'ai pas moins peur. Au contraire, je reste terrifiée par eux comme n'importe lequel d'entre nous.

Elle s'approche de moi et s'arrête à ma hauteur, plus petite d'une bonne tête.

- Mais crois-moi, je suis déterminée à les faire payer et à protéger la vie d'autrui au péril de la mienne.

La métamorphe me regarde des pieds à la tête et se met à me tourner autour. Comme dans une pièce de théâtre, nous sommes observés.

- Ne l'es-tu pas, toi aussi ?

- Que veux-tu dire ?

- Assoiffé de leur faire payer ce qu'ils t'ont fait.

Je pivote vers elle.

- Ne fais pas cette tête-là, fait-elle simplement. Je le vois à ton regard, à ta façon de parler d'eux : tu es un survivant, exactement comme moi.

Arrêté devant moi, tout autour de nous, les respirations se suspendent une seconde fois.

- Je le vois dans ton regard, jeune inconnu.

- Voir quoi ? je demande, les sourcils froncés.

- Cette flamme dans tes yeux. Étouffée mais pourtant bien présente, encore brûlante juste ici, répond-elle en posant sa main contre ma poitrine.

Je souris d'un air sarcastique et me penche vers elle. J'ai conscience de ce qu'elle cherche à faire, comme la raison de leur réunion au milieu d'autres créatures qui n'ont rien à voir avec eux. Elles cherchent à recruter afin d'agrandir leur clan comme elles l'ont dit, elles en sont plus que déterminées. Et quoi de mieux qu'un second survivant ? Un qui avait eu l'horreur de subir une tragédie, un qui avait eu le malheur d'avoir connu les Hayes en personne.

Malheureusement pour elle, je me suis éloigné de tout ça pour mon propre bien. Toutes ces choses sont finies, après avoir été déniché le dernier chien errant, cette histoire sera loin derrière moi.

- Bien essayé, ma jolie. Mais je ne suis pas encore assez fou pour répartir dans une quête vengeresse.

- Oh... cela veut-il dire que tu as déjà tenté ?

Une lueur calculatrice s'allume dans son regard. Tête la première, je suis tombé dans la faille qu'elle a ouverte pour moi. Comme un idiot.

Je repousse sa main et reporte mon attention sur le nouveau. Vaut mieux l'ignorer, ça ne sert à rien de m'attarder ici.

- Apollyon n'est plus là et ne reviendra pas. Vous êtes seuls dans votre folie.

- Apollyon ?

Je dirige mes iris sur Cora. Celle-ci descend de la scène pour s'approcher.

- C'est étonnant que tu appelles le fils de la Nuit par l'appellation que lui ont donnée les chasseurs. Es-tu jaloux de lui à ce point ?

- Jaloux ? je répète dans un rire.

- À t'entendre, on pourrait le croire. Tu es là à dire qu'il ne reviendra jamais en dépit des témoignages, amorce un homme aux cheveux de feu.

Suite à son entrée dans le bar, l'air frais du soir vient nous effleurer. Tous, nous nous tournons vers lui.

- Akram, tu es enfin de retour, le salue Aila.

Une pochette à la main, le prénommé Akram l'agite sous mon nez.

- Le nouveau, là-bas, a raison. Aleksander est bien de retour. Désolé pour toi, fait-il à mon encontre, un sourire railleur en coin. J'ai ici des preuves de ces rumeurs.

Nullement préoccupé par mon comportement, je lui arrache l'enveloppe des mains et la déchire presque pour avoir les fameuses preuves sous le nez.

Divers témoignages apparaissent sous mes yeux. Sans intérêt, à part un ramassis de conneries. Je les balance à Cora sans prendre la peine de lui jeter un coup d'œil... avant de me figer jusqu'à la moelle.

- Bordel, t'es obligé d'être un connard là ? grogne-t-elle.

La photographie a visiblement été faite à l'arrache. L'auteur de cette image a dû être pressé et a préféré ne pas signaler sa présence. Elle représente un homme à manches courtes, mettant en avant son biceps et surtout son tatouage. Mon tatouage. Néanmoins, cet homme au visage caché, c'est tout sauf moi. C'est une putain d'imposture.

En guise de comparaison, une autre photo est mise avec. Et ce coup-ci, à l'inverse de la première, c'est bel et bien moi il y a des années de ça avec une vue sur mon tatouage. La nuque baissée, on y voit également le début d'un second, dos à mon voyeur.

Intérieurement, je grimace. Les paupières closes, je resserre mes doigts autour des "preuves".

- Eh ! Tu vas les abîmer !

Un coup de poing ferme dans le bras, Cora me pique les photos. Elle les inspecte et les lève afin de les exposer à la foule. Si l'espoir était déjà là, il explose littéralement.

- C'est réel ! s'exclame-t-elle, heureuse. Aleksander est de retour !

Akram et Aile me dévisagent. Finalement, ils se mettent à partager la joie du moment et sifflent avec les autres.

- Pour Aleksander !

- Pour Aleksander ! hurle les adeptes.

La mâchoire crispée, je m'éloigne pour de bon et sors du bar.

- Quel connard celui-là ! râle Cora après coup.

Ce n'est pas bon.

Bordel, qui est ce putain de bâtard qui se fait passer pour moi et nous met tous les deux en danger ?!

******

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