Au coeur du Chaos - Les ailes...

By Maloann

606 98 11

Le Chaos gangrène le Royaume d'Esméria depuis près de seize ans. Après son coup d'État, Ambros a instauré un... More

Le Royaume d'Esméria
Une réalité bien sombre
Un destin tout tracé
Nourrir les Esprits
Fuir pour l'avenir du Royaume
Tisane et effusions
La senteur de la jonquille
Une nuit éternelle
L'âge des responsabilités
La lueur d'espoir
L'esprit plus clair
Le Chat et le Rat
Un allié inattendu
Douces caresses
Renaissance
Mauvaises rencontres

La royauté en danger

54 15 8
By Maloann

Les rebelles infiltrés au sein du château ouvrirent les portes à leurs camarades. Une cinquantaine d'individus entrèrent dans l'enceinte où résidait la famille royale. 

Bien qu'il s'agissait de la demeure de la Reine, elle n'était que peu défendue. Il n'existait aucune armée qui pouvait préserver la vie de la souveraine, seulement une lignée de guerriers qui se passait le flambeau de génération en génération. 

Cela faisait plus d'une dizaine de règnes qu'elle assurait la protection des héritiers au trône. Cependant, ils n'étaient pas plus d'une douzaine de personnes, ce qui les désavantageait face au nombre de rebelles qui venaient de pénétrer l'enceinte du château.

Les hors-la-loi étaient munis d'épées aiguisées et n'hésitèrent pas un instant avant de tuer les habitants du palais, que ce soient les cuisiniers ou bien les domestiques. Tous y passèrent sans pouvoir se défendre. 

Les cris emplirent rapidement les couloirs. Le sang tachait les murs blancs. Les cadavres recouvraient le carrelage. 

À chaque seconde qui s'écoulait, le tableau d'horreur qui était en train de se dérouler au cœur du Royaume s'accentuait un peu plus. 

Un homme laissa tomber une torche sur un tapis ensanglanté qui prit feu instantanément. Les flammes se propagèrent à une vitesse folle. Elles s'infiltraient dans les couloirs, léchaient les murs pour les noircir, brûlaient les corps inanimés qui encombraient le sol. 

Certaines des personnes étendues par terre n'étaient pas mortes, mais étaient trop blessées pour pouvoir se lever et fuir l'incendie. Leurs cris transperçaient le silence de la nuit qui s'étendait à l'extérieur. L'enfer avait pris place au sein du château.

Les volutes de fumée emplissaient les corridors et les salles du palais bien plus rapidement que les flammes. Les rebelles se dépêchèrent de rejoindre les appartements des souverains qui se trouvaient de l'autre côté de l'entrée.

Les possesseurs de la couronne avaient été prévenus de l'intrusion par les cris et les guerriers s'étaient rassemblés pour les protéger. Le Roi et la Reine étaient en train de s'enfuir par des passages souterrains tandis que deux domestiques s'étaient sacrifiés pour jouer leur rôle afin de faire diversion. 

Les rebelles ouvrirent les portes de la chambre si violemment qu'elles faillirent sortir de leurs gonds. Il ne leur fallut pas plus de cinq secondes pour comprendre que c'était un leurre : la souveraine ne serait jamais entourée de seulement trois hommes de combat alors qu'ils étaient douze. 

Avant qu'ils puissent faire demi-tour, les protecteurs de la couronne s'attaquèrent à la dizaine d'intrus et, en quelques secondes à peine, ils furent hors d'état de nuire.

Les guerriers étaient peut-être en plus petit nombre, mais ils étaient surentraînés et avaient ça dans leurs gènes depuis plusieurs générations. Ils pouvaient décimer des centaines d'hommes à eux seuls. Les rebelles étaient au courant de ces informations. 

Un des révolutionnaires au sol sortit une boule de sa poche. Ils ne pouvaient pas vaincre les protecteurs de la couronne au corps à corps ou bien au combat avec des épées, mais ils n'étaient pas immortels. 

Une énorme déflagration se fit entendre et l'ensemble du château trembla. Trois des guerriers venaient de périr dans l'explosion, en même temps que la dizaine d'intrus ainsi que les domestiques utilisés comme appât.

Le Roi et la Reine se retournèrent un instant à l'entente du vacarme de la détonation. Ils étaient pleins de sueur, bien loin de l'image qu'ils renvoyaient d'ordinaire. Les neuf hommes de combat qui se trouvaient autour d'eux les précipitèrent pour qu'ils reprennent leur course effrénée. Ils n'avaient pas le temps de regarder derrière eux. 

Alors que durant les dernières minutes, seul le bruit de leurs pas se répercutait sur les murs de terre du passage souterrain, à présent, des cris s'engouffrèrent à travers le chemin. 

La Reine commença à paniquer, ce qui n'était pas bon pour le bébé qu'elle portait en elle. Elle essayait de suivre le rythme de son époux, mais ses neuf mois de grossesse l'en empêchaient. Elle avait peur de perdre les eaux à cet instant même, et par conséquent, de perdre son enfant. 

C'était l'unique héritier qui pouvait monter sur le trône après eux pour maintenir l'harmonie dans le monde. Si elle perdait le bébé ou si elle mourait à ce moment-là, il n'y aurait plus de descendance à la famille royale et Esméria connaîtrait le Chaos. En effet, seuls les héritiers de la couronne étaient capables de garder l'ordre et la paix dans le Royaume.

La Reine s'accrocha à la pensée qu'elle devait continuer de courir coûte que coûte, pour l'enfant et pour le devenir du peuple. Il était de son devoir de souveraine de donner naissance à un successeur.

— Partez devant ! ordonna un guerrier au reste du groupe. Nous nous occupons des intrus.

Deux des neuf protecteurs de la couronne encore en vie firent demi-tour pour défendre les héritiers au trône face aux rebelles qui commençaient à les rattraper du fait que la Reine avançait lentement. 

Ils entendirent des cris de rage, des hurlements de douleur, des chocs entre les épées, puis une nouvelle explosion. 

La souveraine poussa un cri de frayeur. Ses oreilles bourdonnèrent, victimes d'acouphènes dus à la détonation qui se répercutait en écho sur les murs. 

Le couple royal ne se retourna pas et continua de courir, derrière trois guerriers et devant quatre autres. Le petit groupe vit la porte de sortie qui se trouvait en face d'eux et qui leur permettrait de se retrouver au milieu de la forêt.

Cependant, alors qu'une vague d'espoir les submergeait, le plafond de terre commença à s'écrouler derrière eux, sûrement à cause de l'explosion qu'avait causée ce groupe de terroristes. 

La Reine tenta d'accélérer le pas pour se dépêcher d'atteindre la porte, mais le bébé n'acceptait pas ces chocs si brutaux. Elle sentit sa robe devenir humide et savait ce qui était en train de se passer. 

Le bébé voulait sortir ou la membrane qui protégeait son enfant avait dû se rompre, ce qui entraînait la libération du liquide amniotique. Cela signifiait qu'elle était sur le point de mettre sa descendance en danger. 

Elle était terrifiée à l'idée d'accoucher d'un nourrisson mort-né par sa faute. La Reine se mit à pleurer en même temps qu'elle courait, mais ses sanglots l'empêchaient de respirer correctement. Elle eut un point de côté qui la ralentit un peu plus encore, ainsi que le groupe qui se calait sur son allure.

Les masses de terre qui s'écroulaient sur le sol se rapprochaient dangereusement d'eux. S'ils n'étaient pas remontés à la surface dans les dix secondes qui suivaient, s'en était fini pour eux. 

Le groupe fit les derniers pas qui les séparaient de la porte puis le Roi sortit les clés de sa poche. Cependant, ses mains tremblaient et il mit quelques secondes avant de réussir à la déverrouiller. Il ne leur restait plus beaucoup de temps. 

Un guerrier passa en premier sur l'échelle derrière la porte qui menait à l'air libre, en guise d'éclaireur afin de vérifier qu'il n'y avait aucun danger. 

Le Roi et la Reine se précipitèrent à sa suite sans même attendre qu'il ait fini de monter. Cependant, seuls deux protecteurs de la couronne réussirent à grimper à temps après eux. Les suivants n'eurent pas cette chance et furent écrasés sous le plafond de terre.

La souveraine se fit violence pour ne pas penser à toutes ces morts qui avaient eu lieu durant cette dernière heure. Elle devait avancer et c'était tout ce qui importait à l'heure actuelle. Elle aurait tout le loisir de repenser à cet événement une fois sortie de ce guêpier. 

Le guerrier l'aida à rejoindre la terre ferme. La réalité la frappa brusquement : ils étaient partis à onze et ils n'étaient plus que cinq. Elle était debout juste au-dessus de l'endroit où se trouvaient les défenseurs du trône qui avaient tenté de la protéger et qui n'avaient pas pu s'échapper parce qu'elle courait bien trop lentement. 

Une nausée soudaine la prit et elle n'eut pas le temps de se détourner des personnes qui l'accompagnaient qu'elle vomit tout ce qu'elle avait dans son estomac. Son mari vint lui tenir les cheveux alors qu'elle se vidait. 

Quelques secondes plus tard, elle regarda derrière elle et remarqua l'affaissement du sol tout le long du passage secret. Elle vit avec horreur qu'un groupe de rebelles se dirigeait à toute allure vers eux, leurs armes levées au-dessus de leur tête, prêts à combattre. 

L'explosion n'avait pas pour seul but de tuer les personnes qui leur bloquaient le chemin. Elle avait aussi pour objectif de guider les autres révolutionnaires grâce à l'écroulement du souterrain.

— Ohtar, pars devant avec la Reine Enetari, protège-la, ordonna le Roi. Je vais livrer bataille avec les deux derniers guerriers pour les vaincre. On vous rejoindra dès qu'on aura terminé.

— Non, je refuse de te quitter ! s'exclama la souveraine. Je ne vais pas te laisser !

— J'en ai pour cinq minutes, avec Mardil et Saruman à mes côtés, ils n'ont aucune chance, fais-moi confiance.

Enetari regarda son époux dans les yeux quelques secondes. Il avait l'air sincère, alors elle accepta. Elle se retourna pour courir à nouveau, en dépit de ce qu'il se passait dans son bas ventre. 

L'honnêteté était une des raisons pour lesquelles la Reine aimait profondément le Roi. Elle lui accordait une confiance aveugle. S'il disait qu'il la rejoindrait dans quelques minutes, elle ne remettait pas en question ses paroles. Le monarque ne lui avait jamais menti, il avait toujours tenu ses promesses. 

Enetari s'élança alors pour tenter de prendre de l'avance face aux rebelles qui pourraient la rattraper facilement vu son allure.

— Fais attention au bébé ! Prends soin de lui, il doit vivre !

La souveraine continua de courir sans se retourner. Elle avait bien entendu l'ordre du Roi. Elle allait se battre pour que ce bébé survive. Il le fallait, pour le bien de toute la population. 

Le guerrier Ohtar courait à ses côtés, se calant sur sa cadence. Ils s'enfoncèrent un peu plus dans la forêt. Ils se frayèrent un chemin au milieu des grands chênes qui leur cachaient la lumière de la Lune. 

Alors que la Reine gagnait de la distance par rapport aux rebelles, une énorme explosion retentit et Enetari s'arrêta brusquement. Elle savait ce que cela signifiait. Ce n'était pas la première fois qu'elle l'entendait aujourd'hui. 

Elle se retourna vers l'origine du bruit, avec l'espoir d'apercevoir son époux à travers les troncs d'arbres. Son cœur se brisa au fur et à mesure que les secondes passaient et qu'il n'y avait toujours aucune trace de son mari. 

Elle commença à imaginer le pire, mais elle ne pouvait se résoudre à y croire tant qu'elle ne l'aurait pas vu de ses propres yeux. Elle s'apprêta à faire demi-tour lorsque des bras enlacèrent sa taille. Elle se retrouva portée par Ohtar qui continua sa course comme si elle était aussi légère qu'une plume.

— Lâchez-moi ! s'exclama la Reine. Nous devons y retourner ! Nous devons aider le Roi !

Les larmes d'Enetari se frayèrent un chemin sur ses joues alors qu'elle gesticulait pour tenter de se libérer de l'emprise du guerrier. Elle devait rejoindre son époux, elle ne pouvait pas l'abandonner comme ça. Elle devait le retrouver. Qu'était une Reine sans son Roi ? 

Mais Ohtar ne relâcha pas son étreinte et continua à courir. Il supporta les coups que lui donnait la souveraine pour essayer de l'arrêter, ainsi que ses insultes, qu'il n'avait jamais entendues sortir de la bouche de la jeune femme auparavant. 

Le monarque lui avait ordonné de protéger l'héritière au trône et c'était ce qu'il comptait faire. Bien que la nouvelle était dure à dire, il fallait qu'il le fasse afin que la détentrice de la couronne cesse de bouger et de crier pour ne pas être repérés. Il prit mentalement une inspiration avant d'annoncer :

— Le Roi est mort, ma Reine.

_______________

Et voici le prologue ! J'ai hâte d'avoir vos avis sur l'histoire ! J'espère que vous apprécierez de la lire autant que j'ai apprécié l'écrire !

Bonheur à tous

Maloann

Continue Reading

You'll Also Like

28.8K 3.8K 73
Bizarre. Misanthrope. Asociale. Introvertie. Et toujours accompagnée d'un chat noir qui semble se volatiliser par intermittence. Voilà comment l'on...
23.2K 1.8K 38
Que se passe-t-il lorsqu'on apprend que notre vie entière est basé sur des mensonges ? Et que tu découvres tout de la bouche d'un étranger ? Apprendr...
461K 39.4K 72
A l'ère de la piraterie, où hommes et vagues se déchaînent, où créatures du mondes marins rôdent, vivent Sophia et William. Sirène et pirate, ennemis...
2.1M 157K 109
Ruby est une jeune orpheline elle ne connaît rien de son passé rien de ses parents de sa famille ni de ses origines. Elle n'a pas connue que la joie...