Flashback
Tranquillement affalée sur le canapé à attendre que mon père sorte de la douche et que ma mère revienne pour qu'on puisse aller au restaurant, je regarde une émission sur les jumeaux à la télé. Soudain la sonnerie du portable de mon père résonne dans la cuisine et je me lève pour voir qui l'appelle. Je fronce les sourcils en remarquant que c'est un numéro inconnu. On m'a toujours dit de ne pas répondre aux personnes que je ne connais pas, alors je laisse le téléphone sonner sans décrocher. Mais la personne au bout du fil rappelle mon père et je souffle avant de décrocher. Peut-être est-ce important après tout ?
— Bonjour, Monsieur Hall c'est bien ça ?
— Bonjour, euh, mon père est occupé pour l'instant. Je peux prendre un message ? demandé-je en saisissant un bout de papier et un crayon non loin de moi.
Je cale le téléphone entre mon épaule et mon oreille et attends. L'homme laisse planer un blanc puis dit finalement avec précaution :
— Mademoiselle Hall, je suis infirmier à l'hôpital de Minneapolis. Je vous appelle car votre mère a eu un accident de voiture.
J'hausse les sourcils et laisse tomber mon crayon et mon papier. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
— Hum... d'accord ? Euh... comment va-t-elle ? demandé-je en essayant d'enregistrer ses paroles dans ma tête.
Ce second blanc ne me rassure pas du tout. Un mauvais pressentiment gagne mon corps de seconde en seconde. Un très mauvais pressentiment même. Alors quand l'infirmier lâche un petit soupir à travers le téléphone, je commence à comprendre que l'issue de cette conversation ne sera pas bonne.
— Écoutez, je suis désolé de vous l'annoncer de cette façon mais nous avons fait tout ce que nous avons pu. Malheureusement votre mère est décédée sur le coup de l'accident.
Tout mon corps se fige et ma bouche s'ouvre mais aucun mot n'en sort. Après une dizaine de secondes, je finis par dire :
— Bon... écoutez je ne sais pas qui vous êtes mais votre blague est vraiment de mauvais goût.
Le présumé infirmier lâche un second soupir puis parle à quelqu'un d'autre non loin de lui. J'entends vaguement qu'il donne le téléphone à une autre personne puis quand cette personne prend la parole, la voix tremblante à cause de l'émotion, mon monde s'écroule.
— Alexis ? C'est Pauline, tu te rappelles de moi ? Je suis une amie d'enfance de ta mère. Je travaille à l'hôpital de Minneapolis.
Non. Non. Non. Non. Non.
— Je... elle... mais... elle était là y'a une heure. C'est pas possible.
Pauline renifle au bout du fil.
— Je suis sincèrement désolée...
Mes jambes sont incapables de me tenir debout alors je me laisse tomber au sol et les larmes commencent à dévaler mes joues à toute vitesse. Ça ne peut pas être réel. Je vais forcément me réveiller et tout va rentrer dans l'ordre, c'est sûr. Ma mère sera là à mon réveil et je n'aurai pas vécu le pire anniversaire de toute ma vie.
Fin du flashback
Je ne me suis jamais réveillée de ce cauchemar. Et j'y suis d'ailleurs toujours. Les choses ont évolué et, en l'espace d'une petite année, tout est parti en vrille dans ma vie. Je pensais que la mort de ma mère avait été la pire chose qui puisse m'arriver, pourtant j'étais loin de m'imaginer que sa disparition entraînerait autant d'événements.
Je sors de ma transe et m'écarte enfin de Connor. Son t-shirt est trempé de larmes mais il n'a pas l'air d'en avoir quelque chose à faire.
— Ça va ?
Je hoche distraitement la tête et m'essuie d'un geste rapide les joues.
— Je ne veux plus y penser ! Aujourd'hui c'est mon anniversaire et je veux en profiter.
Caleb est le premier à réagir et à proposer d'aller au cinéma. J'accepte à condition de choisir le film, ce qu'il m'accorde sous prétexte que c'est mon anniversaire. Quand on arrive dans la salle de cinéma, je suis surprise de constater qu'elle est vide de monde. Louis se rue sur la rangée du milieu, son paquet de popcorn à la main. On le suit et je me laisse tomber sur un des sièges rouges. Jeff se met à ma gauche et Connor à ma droite.
— J'espère que tu ne nous as pas choisi un film de merde, souffle Connor en rangeant son téléphone dans sa poche.
Pour surprendre les garçons, j'ai décidé de ne pas leur dire ce que nous allions regarder, car je sais qu'ils seraient partis en courant s'ils avaient vu mon choix de film, enfin sauf Louis. Maintenant ils ne peuvent plus s'échapper puisque j'ai acheté les places.
— Tu vas adorer, dis-je malicieusement en tournant ma tête vers lui.
Ses yeux rencontrent les miens et il plisse les siens.
— Putain, je suis sûr que c'est un film romantique. C'est ton style ça.
Je ne réponds rien et souris innocemment alors que les lumières de la salle s'éteignent. Je dirige mon regard vers l'écran.
À l'instant où le titre du film apparaît, Connor, Caleb et Jeff râlent en me promettant que je vais le regretter. Seul Louis est content et me tend son poing pour que je tape dedans, ce que je fais.
— Très bon choix Alexis, on fera le porté en même temps que Baby et Johnny, m'informe-t-il avec un clin d'œil.
Le film débute et Connor soupire au moins dix fois pendant les cinq premières minutes jusqu'à ce que je lui coule un regard noir lui indiquant d'arrêter. Il ricane mais obtempère. De temps en temps je me surprends à murmurer les répliques des personnages, il faut dire que j'ai vu ce film bien trop de fois pour ne pas connaître une partie du scénario.
— On laisse pas bébé dans un coin, dis-je en même temps que Johnny.
Je tourne la tête quand je reconnais la voix de Louis se mêler à la mienne. Il me regarde en souriant et j'éclate de rire en même temps que lui. Puis quelques minutes après, quand vient le moment du fameux porté du film, je suis tellement obnubilée par la scène que je ne sens même pas Louis qui me prend le bras pour me lever.
— C'est à nous, bébé !
Je lève les yeux au ciel en même temps que Jeff et Connor, Caleb, lui, tape sa paume contre son front, désespéré.
— Y'a personne à part nous dans la salle, autant en profiter ! tente-t-il de me convaincre.
Je finis par céder et il m'entraîne sur l'estrade juste devant l'écran géant où le film touche à sa fin. On se met rapidement en place et je prends mon élan pour que Louis puisse m'attraper et m'élever au-dessus de lui. On n'y arrive pas du premier coup mais au bout du troisième essai, ce qui n'est pas si mal que ça.
Il me repose au sol et les garçons nous applaudissent. Le générique de fin apparaît sur l'écran et je souris, heureuse. Mon ami passe son bras sur mes épaules et m'embrasse la joue avant de me glisser un :
— Joyeux anniversaire, Alexis.
Je le remercie et on retourne à nos places pour récupérer nos affaires avant de sortir du cinéma dans la bonne ambiance.
***
Le reste de la journée passe relativement vite. Mes amis ne m'en ont pas vraiment voulu pour le film et on a passé le reste de l'après-midi à traîner en ville. À 19h30 on rentre à l'appartement et Caleb me demande directement de m'habiller élégamment car ils m'ont préparé une petite surprise. Les surprises, ça n'a jamais été mon truc, mais je leur fais confiance.
Je m'habille donc d'une robe noire à manches longues qui est plutôt simple mais qui reste jolie et élégante, comme Caleb l'a demandé. J'ajoute un peu de mascara, de parfum, de baume à lèvres et j'enfile des bottines noires que j'ai achetées l'année dernière. Elles ne doivent pas avoir un talon supérieur à dix centimètres mais c'est déjà trop haut pour moi.
Je rejoins les autres dans le salon. Jeff me siffle en me regardant de haut en bas pour me taquiner. Il se prend une tape à l'arrière du crâne par Caleb, puis par moi.
— Je rigole, me glisse-t-il avec un clin d'œil, mais t'es quand même magnifique.
J'inspecte sa tenue à mon tour et remarque qu'il a enfilé une chemise blanche et un jean large noir qui lui vont très bien. Les autres se sont contentés d'un polo ou d'une chemise noire pour Caleb.
Je le remercie et on se rend à la voiture de Connor. Il démarre en trombe et on sort du parking de l'immeuble en direction de je ne sais où. Après une dizaine de minutes à essayer de leur soustraire des informations sur l'endroit où on se rend, je finis par capituler et attendre que nous arrivions à destination.
C'est seulement une bonne trentaine de minutes plus tard que Connor gare sa voiture dans un parking souterrain. Quand on sort enfin du parking, le vent percute violemment nos visages et l'odeur si particulière de la mer me rentre dans le nez.
On continue de marcher quelques secondes avant que de la musique nous parvienne en échos dans les oreilles.
Je fronce les sourcils.
Une fête, ici ? C'est étrange puisqu'il n'y a aucune habitation dans le coin. Après quelques instants, je commence à apercevoir la mer au loin. Des jeunes sont en train de danser, rigoler, discuter sur le sable. Je me retourne vivement vers les gars qui me suivent de près.
— Mais... c'est génial ! m'exclamé-je. J'ai toujours voulu aller à une fête sur la plage !
Ils rigolent devant mon enthousiasme.
— C'est parti ! lance Louis en se dirigeant vers la soirée.
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Qu'est-ce que vous avez pensé de ce chapitre ? ;)