— Touchée ? Genre touchée, touchée ? demande Louis avec un air à la fois choqué et agacé sur le visage.
— Oui, touchée, touchée mes fesses quoi. Je vais pas vous faire un dessin non plus, y'en a déjà un sur sa porte !
Un silence s'ensuit pendant lequel les gars prennent petit à petit conscience de ce que je viens de leur avouer.
— Mais t'as fait comment pour le repousser ?
Je tourne la tête vers Connor et fixe mon regard à ses yeux bleus. Je ne réponds rien pendant un court instant, puis je dis :
— Y'a un voisin qui passait dans le couloir à ce moment-là, donc il a mis une droite au mec et m'a aidé.
Après quelques minutes de silence radio, Jeffrey est le premier à complètement réaliser puisqu'il s'impatiente, se lève et lance à ses meilleurs potes :
— Bon, qui vient avec moi lui défoncer sa gueule à l'autre enfoiré ?
Aussitôt dit, aussitôt fait, les autres se lèvent et se dirigent vers la porte dans un même mouvement. Je n'ai pas le temps de bien assimiler les paroles de Jeff que je me lance déjà à leur poursuite en courant.
— Les gars, c'est bon, Luc lui a déjà mis un coup et j'ai moi-même tagué sa porte. Je pense qu'il a compris le message !
Connor est le seul à m'entendre et se retourne vers moi alors que les autres continuent d'avancer dans le couloir, déterminés.
— Luc ? demande-t-il.
— Oui, le voisin qui m'a aidé.
Profitant qu'il n'avance pas, j'attrape son poignet pour l'empêcher d'y aller. Mais je le relâche vivement quand je reçois une décharge électrique, il fronce les sourcils mais ne fait aucun commentaire. Je secoue la tête et rejoins les garçons qui approchent de l'appartement 205. J'attrape les poignets de Louis et Caleb, sans décharge cette fois-ci. Après avoir bataillé de longues minutes, je réussis finalement à les convaincre que ça ne sert à rien d'y aller. Ils capitulent mais Jeffrey me jure que s'il recommence il ira lui-même lui régler son compte. Ça promet.
Après toutes ces révélations, on s'installe finalement dans la salle à manger pour manger un bout, même si on a tous déjà dîné il y a quelques heures.
— T'as déjà regardé Dirty Dancing, Alexis ? me demande subitement Louis en avalant un bout de son Mars.
Mon cœur loupe un battement à la mention de ce film. C'était celui que ma mère et moi adorions regarder en boucle.
Connor soupire longuement, Jeff prend sa tête entre ses mains et Caleb tape son front contre la paume de sa main. Ça, ça veut dire que Louis a une idée derrière la tête, et pas des moindres.
— Hum... oui, je réponds, méfiante.
Un grand sourire s'étire sur ses lèvres et il se lève de sa chaise en déposant son Mars sur la table.
— Est-ce que t'as déjà fait le porté de Dirty Dancing avec un professionnel ?
Comprenant où il souhaite en venir, j'hausse les sourcils, pas très rassurée.
— Euh... non.
— Bien. Viens par-là, me dit-il en me faisant signe de m'approcher.
Je penche la tête sur le côté sans bouger ni rien dire. J'ai déjà vu de nombreuses vidéos qui avaient mal tourné sur ce porté, surtout quand les personnes qui le font sont des amateurs, comme nous.
— Je ne suis pas sûre que ça soit une bonne idée, rétorqué-je en croisant les bras sur ma poitrine.
Il plisse les yeux et Connor intervient :
— Si tu le laisses faire y'a cent pour cent de chance qu'un de vous mouriez.
Ça, je n'en doute pas.
— Allez Alexis ! Ne me force pas à venir te chercher par la peau des fesses ! me menace-t-il.
Avec une lenteur incroyable, je me lève et me dirige vers lui. Son sourire apparaît sur son visage, mais dès que je détale à toute vitesse de la pièce, il le perd aussitôt et se met à ma poursuite sous les rires des autres.
Je cours comme une folle dans l'appartement, Louis à mes trousses. Mais il finit par me coincer dans la cuisine et me choppe par la taille pour me balancer sur son épaule.
Je lui frappe le dos alors qu'il rit.
— Fais-moi confiance, je te jure que je te ferai pas mal.
Même s'il dit ça sur un ton rieur, je sais qu'il est sincère et cherche à me rassurer, et ça marche puisque je le laisse faire.
Il me repose au sol et je jette un regard aux garçons qui nous regardent avec amusement.
— Chacun son tour, rigole Caleb, nous aussi on a dû passer par là !
J'explose de rire alors que Louis m'ordonne de rester concentrée. Je focalise mon attention sur lui pendant qu'il m'explique comment on va procéder.
— Mais on n'arrivera jamais du premier coup, c'est impossible, dis-je, désespérée.
Il chasse ma remarque d'un geste de la main, ce qui me fait lever les yeux au ciel. Ce gars est suicidaire, c'est fou.
Les premiers essais sont effectivement catastrophiques mais heureusement, Louis a une sacrée force dans les bras et me réceptionne correctement à chaque fois, m'empêchant de tomber au sol. Il n'y a pas un moment où il a failli ne pas me rattraper.
— T'as des réflexes de dingues ! avoué-je, impressionnée.
Connor lève les yeux au ciel, toujours assis à la table avec les gars.
— Il avait pas les mêmes réflexes quand c'était nous.
Je rigole en imaginant la scène.
On reprend nos essais et c'est avec étonnement que je suis contrainte d'avouer qu'on s'améliore énormément en si peu de temps.
Je cours une nouvelle fois vers lui et il me saisit par les hanches avant de me soulever du sol pour me mettre au-dessus de sa tête en tendant les bras. J'essaie de rester concentrée, consciente qu'on a enfin réussi. Les garçons sifflent et Caleb filme notre exploit pour en garder une trace.
Louis finit par me reposer au sol avant de me taper dans la main pour célébrer notre réussite.
— En fait le problème c'était eux, dit-il en désignant ses meilleurs amis, ils sont trop lourds pour être voltigeurs !
Il pose son bras sur mes épaules et m'attire vers lui en s'adressant à Caleb qui range son téléphone :
— Attends ! Prends-nous en photo tous les deux !
Il s'exécute et on prend la pose pour quelques photos, comme si nous étions des stars. Malheureusement cette bulle de bonheur qui s'était formée autour de nous explose au moment où Connor reçoit un appel sur son téléphone. Il sort de la pièce mais ce n'est pas à cet instant que notre bonheur s'évapore, c'est quand il revient quelques minutes plus tard et annonce sans aucun filtre :
— Jayden est là.
Le temps se suspend dans les airs. Louis qui me tenait toujours contre lui, s'écarte et écarquille les yeux, tout comme Jeff et Caleb.
— Pardon ? lâche Jeff, mais qu'est-ce qu'il fout en ville ?
Connor s'agite.
— Il est pas en ville, enfin si, mais il est genre, là, devant notre immeuble.
Les visages des trois garçons à mes côtés se décomposent d'un coup, comme s'ils avaient vu un fantôme. Je ne sais pas qui est ce Jayden, mais quelque chose me dit qu'il n'est pas très apprécié de mes amis.
— C'est qui ? osé-je demander pour briser le silence qui s'était installé.
— C'est Jayden, répond Jeff l'air nerveux.
Je soupire en comprenant que je n'aurai pas plus de réponses que ça.
— Il peut pas débarquer ici maintenant, lance Caleb en faisant un signe de tête vers moi aux mecs.
— Vous inquiétez pas pour moi, hein, ça ne me dérange pas le moins du monde. Vous pouvez accueillir n'importe qui, vous êtes chez vous.
Personne ne me répond et le silence est de plus en plus insoutenable. Je décide de faire redescendre la pression avec une petite blague :
— Tant qu'il a tué personne, moi, ça me va.
Quatre paires d'yeux se tournent précipitamment vers moi. Ok...
— Quoi ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?
Aucun d'eux n'a le temps de répondre que la sonnette retentit, les gars restent figés sur place donc je me décide à aller ouvrir. Quand ils comprennent mon intention, Connor est le premier à réagir.
— Non laisse-moi y all... dit-il, mais il n'a pas le temps de finir sa phrase que j'ouvre la porte.
Je tombe nez-à-nez sur un grand blond que je devine comme étant donc Jayden.
— Salut, lance-t-il.
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Qu'est-ce que vous avez pensé de ce chapitre ? ;)