Alive

By weird___

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Angie sort de l'hôpital après six longs mois. Elle est la seule survivante à l'accident de voiture de sa fami... More

UN
TROIS
QUATRE
CINQ
SIX
SEPT
HUIT
NEUF
DIX
ONZE
DOUZE
TREIZE
QUATORZE
QUINZE
Le retour ! Récapitulatif
SEIZE
DIX-SEPT
DIX-HUIT
DIX-NEUF
VINGT
VINGT-ET-UN
VINGT-DEUX
VINGT-TROIS
VINGT-QUATRE
VINGT-CINQ
VINGT-SIX
VINGT-SEPT
VINGT-HUIT
VINGT-NEUF
TRENTE
TRENTE-ET-UN
TRENTE-DEUX
TRENTE-TROIS
TRENTE-QUATRE
TRENTE-CINQ
TRENTE-SIX
TRENTE-SEPT
Épilogue

DEUX

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By weird___

Je marche en traînant ma valise derrière moi en direction de l'arrêt de bus qui est censé m'emmener chez moi. Je regarde autour de moi, observant la ville. Il fait chaud, il y a du soleil, et les gens marchent sans se retourner sur mon chemin, sans me fixer comme une pauvre bête. Je suis enfin libre, et anonyme. Personne ne me connaît, personne ne connaît mon histoire.

Le bus arrive, et je monte en mettant la musique dans mes oreilles. Je regarde dehors durant tout le trajet, sans vraiment m'attarder sur le paysage. Je me demande ce que ça va être au lycée. Je vais faire ma rentrée comme étant la nouvelle, l'inconnue qui ne parle pas, c'est sûr. La rentrée, c'est dans une semaine. Je vais entamer ma dernière année de lycée, sans savoir quoi faire plus tard. Je me sens un peu nulle pour ça, un peu nulle pour la vie. Et paumée. Je n'ai plus de motivation pour rien. En fait... je ne sers pas à grand chose. Je suis là sans être là, juste un humain de plus sur Terre. On m'a déjà dit que les pensée négatives m'étaient néfastes. C'est drôle, je ne vis que de ça, et pourtant je suis encore là.

Je soupire, puis le bus s'arrête. Je descends en vérifiant l'adresse sur mon portable. C'est tout près. Je continue le chemin en marchant. Ce sont plusieurs appartements, et le mien est celui au dernier étage. Il est bien placé ça c'est sûr. La mer en face et le centre ville juste à côté...

Je monte les escaliers en silence, et ouvre la porte. Je reste bouche bée.

Cet appartement est immense. Il est magnifique. Assez moderne et épuré, de grandes baies vitrées s'ouvrent sur une terrasse et un balcon avec une vue directe sur la mer. Tout est incroyablement grand et lumineux. J'en reste sans voix. Mais qu'est ce que je vais bien pouvoir faire seule ici ?

Le soir venu, je me retourne dans mon nouveau lit, et cherche une bonne position pendant environ trente minutes avant de parvenir enfin à m'endormir.

Enfin, si on peut appeler ça dormir. Je me réveille d'un coup en sueur de mon lit, et en respirant difficilement. Je viens encore de faire ce cauchemar. Mon pire cauchemar, que je fais presque toutes les nuits, et qui me hante depuis cette nuit, qui repasse en boucle dans mon esprit, comme une torture incessante.

Je me lève en m'essuyant le front et vais prendre un verre d'eau dans la cuisine. Je reste là quelques minutes, mes mains trempées sur le visage.

Il fait nuit. Bien nuit. Et je peux voir la mer par la vitre qui mène à la terrasse. Je vais donc prendre un paquet de cigarettes sur la table à manger, et sors.

Je sens l'ai frais de la nuit me caresser doucement le visage, et je m'accoude au bord du balcon en sortant une cigarette. Le silence m'enfonce dans une torpeur nocturne à laquelle je suis habituée, mais le son des vagues la rend moins tiraillante. Peut-être qu'à force d'écouter la mer, je me noierai moins dans mon esprit.

J'observe la mer douce et calme, reflétant la lune et les étoiles. Le point de lumière au bout de ma clope illumine le bout de mes doigts frigorifiés, et je me perds par moment dans la contemplation de la fumée qui s'envole. Tout simplement. Et pendant quelques instants, je ne pense à rien.

*  *  *

Une semaine est passée, et aujourd'hui est la date fatidique de la rentrée.

Je me suis préparée en quelques minutes, et quelques minutes plus tard, je descends la rue de mon appartement en fumant pour prendre le bus. En y pénétrant, je bloque instinctivement ma respiration, retrouvant avec brutalité un quotidien de lycéenne que j'avais enterré depuis longtemps. Des dizaines de jeunes de mon âge se bousculent, et ne font pas trop attention à moi. Je suis Malia Fields ici, et je vais devoir m'y habituer.

En descendant du bus, je serre les poings et marche pour me retrouver devant l'entrée du lycée. C'est immense, blanc, impressionnant. Digne de la Floride, en somme. Sans même y être entrée, je vois une grande étendue d'herbe, avec des arbres et même une grande fontaine. Quant au bâtiment, il est haut et incroyablement imposant, arborant sur de grosses lettres le nom de l'établissement. Je baisse la tête, et passe donc le portail avant de traverser rapidement l'allée menant à l'entrée de l'établissement. Une minute est passée, j'ai l'impression que ça en fait dix. Je sens les regards des élèves se poser attentivement sur moi. Ils viennent de remarquer une nouvelle tête. Je les observe du coin de l'œil. Entre montres en or, habits de marques et postures prétentieuses, je peux d'ores et déjà établir l'ambiance qui régnera cette année.

La porte d'entrée est ouverte, je gravis les marches de l'escalier en m'efforçant de ne pas ouvrir la bouche en grand. À New York, les lycées n'avaient pas la place pour être aussi sophistiqué.

Je reste au moins deux minutes sans bouger, en scrutant l'horizon, essayant de trouver le bureau du directeur, qui est en fait juste à ma droite.

La secrétaire m'accueille et me dit de patienter car la directrice est déjà avec quelqu'un. Alors, ce quelqu'un sort en trombe du bureau sous le regard indigné de la directrice qui lui crie de s'arrêter. Mais ce gars n'obéit pas, et part en me jetant un rapide regard qui me fige sur place. Il me donne une impression familière, mais je dois rêver. Je n'ai pas rencontré de garçon depuis mon arrivée.

La directrice me fait signe d'entrer en essuyant ses mains sur son pantalon, puis s'assied. Elle doit être âgée d'une soixantaine d'années, et a assez mal vieilli. Pâle, piquée d'un chignon strict qui n'a aucune forme sur sa petite tête à lunettes, elle colle totalement au cliché de la vieille directrice aigrie.

— Bon, bienvenue, me lance t-elle en soupirant.

— Merci.

— Malia Fields c'est bien ça ? Vous venez de San Francisco, avez dix-sept ans et commencez votre dernière année de lycée dans cet établissement.

— Oui, c'est ça.

Je me racle la gorge, embarrassée. Il va me falloir du temps pour m'habituer à toute cette fausse identité.

— Vous avez une idée de ce que vous voulez faire après avoir obtenu vôtre diplôme ? me demande-t-elle.

— Non, aucune. Vous avez vraiment besoin de savoir ça ?

— C'est pour nos dossiers. Plus on sait de choses, mieux c'est, répond-elle d'un sourire s'approchant plus du rictus.

— Oh...

Si seulement elle savait que tout ce qu'elle croit savoir sur moi est monté de toutes pièces...

Elle commence par m'expliquer le fonctionnement du lycée, et je décroche quasiment tout de suite. Je me contente de hocher la tête pour lui faire croire que je suis attentive. Et au bout de quelques minutes, je suis enfin libérée.

Je me retrouve donc dans le couloir, complètement perdue. Eh merde, j'aurais peut-être dû écouter.

Je reste donc là comme une idiote, avant de sentir la main de quelqu'un me tapoter l'épaule, ce qui me fait sursauter. Je me retourne en fronçant les sourcils.

— Tu veux de l'aide ?

Je mets du temps à répondre, un peu déroutée. Celle qui vient de s'adresser à moi est une fille au regard bleu/vert pétillant et aux cheveux châtains.

— Non merci, lâché-je alors.

— Tu es sûre ? Insiste-t-elle en passant la tête par dessus mon épaule pour observer la feuille que je tiens. On a le premier cours en commun !

Je me contente de hocher la tête, ne sachant pas vraiment comment réagir. Je me demande quand est-ce que je suis devenue aussi asociale. Vraiment, je me suis totalement déconnectée de la réalité, et je ne trouve aucun moyen d'y revenir. Je ne veux plus connaître personne, je n'en vois pas la peine. À quoi bon si je finis par les perdre, après tout.

La fille est interpellée, et je réprime un soupir de soulagement. Libérée.

La sonnerie retentit et je commence à vagabonder dans le large couloir sans savoir où aller. Tout le brouhaha me donne mal à la tête, et beaucoup de gens me bousculent. J'aperçois la fille qui m'a parlé, et je cours vers elle sans me faire remarquer. Elle est avec un groupe de gens, des garçons et des filles, dont le mec de tout à l'heure, qui est sorti comme un fou du bureau de la directrice. Ils attendent devant une salle de classe, avec le reste de nos camarades, eux séparés en petits groupes. Je m'avance lentement, en jetant des coups d'œils furtifs à chacun d'entre eux. Je finis par croiser le regard du fameux garçon et le soutiens en fronçant les sourcils. Il est brun, et semble avoir de magnifiques yeux verts. Il est beau. Je ne peux pas le nier. Mais peu importe. Il pourra peut-être me distraire pendant les cours.

Le professeur arrive et le garçon détourne son regard du mien après m'avoir fait un petit sourire.

Nous entrons donc dans la salle, et chacun va s'asseoir en discutant et rigolant. Je choisis une place sur le côté, et attends patiemment que le professeur de Français ait fini les présentations pour sortir mes affaires, sans regarder autour de moi. Je sais que tous les regards sont dirigés vers moi.

— Malia Fields, articule le professeur en parcourant la liste de noms. Une nouvelle, bienvenue.

Je rentre ma tête dans mes épaules, voulant absolument éviter les ondes affreuses qui s'abattent alors sur moi.

J'apprends ensuite que le garçon que j'ai vu plus tôt s'appelle Tyler, et la fille un peu intrusive Hailey.

Et après ça je n'écoute plus rien. Je passe simplement l'heure à gribouiller des petits dessins tout moches sur mon cahier. À un moment, je reçois une boule de papier sur l'arrière de la tête, et je me retourne brusquement. C'est Tyler qui me l'a envoyé, et il me pointe du doigt le papier qui est tombé par terre. Je le déplie et lis le petit message écrit à l'intérieur.

« Tu viens d'où ? »

Je louche sur son message. Il n'a que ça à faire pendant un cours ? Essayer de faire connaissance de la manière la plus ennuyeuse possible ?

À la fin de l'heure, alors que je sors de la salle, Tyler me prend par le bras. Je me retourne en haussant les sourcils.

— Pourquoi t'as pas répondu à mon message ? me demande-t-il brusquement.

Il ne doit pas avoir l'habitude d'être ignoré, celui là.

— Euh, déjà tu vas te calmer parce qu'on se connaît pas, lancé-je d'un ton cinglant en me libérant. Et je t'ai pas répondu parce que ta question était débile.

Encore une fois, je suis aggressive. Ce n'est pas de la méchanceté, juste une tentative de mise au clair. Au moins, il comprendra que je ne suis pas la nouvelle qui deviendra amie avec tout le monde.

Il ne me faut pas plus de quelques secondes pour m'échapper avant qu'il me répondre, et je pars en direction de la prochaine salle de cours. Avant d'entrer, j'entends une voix m'interpeller, et je me retourne. C'est la fille de tout à l'heure. Décidément, je suis au centre de toutes les convoitises aujourd'hui.

— Re bonjour, sourit-elle.

Je ne réponds pas, me contentant de hocher poliment la tête.

— Tu n'as pas l'air de vouloir trop sympathiser, ricane-t-elle alors. T'es pas très bavarde.

— Ouais, t'as raison, je ne suis pas bavarde. Et je n'ai pas envie de me faire d'amis, désolée.

Elle ne me répond pas, gardant un petit sourire sur le visage.

— Tu verras, on va devenir amies toutes les deux.

Je ris du nez et me retourne pour rentrer dans la salle, Hailey sur les talons.

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