Je poste ce chapitre de Zagreb. Je suis en vacances pour deux semaines. J'espère que ce chapitre vous plaira :)
***
Ce fut Harry qui vint la réveiller. Il était presque 9 heures du soir. Ron n'était pas réapparu de la journée et il ne se montra pas plus pendant que ses deux amis se préparaient à partir. Hermione opta pour une tenue sombre et s'était attaché les cheveux. Harry quant à lui, avait ressorti sa cape d'invisibilité qui dormait rangée dans son armoire depuis quatre ans.
La vieille horloge de la salle à manger allait bientôt sonner la demie. Ils se tenaient tous les deux dans le hall d'entrée face à la porte guettant le crac sonore qui annoncerait l'arrivée d'Harmony.
Hermione se sentait étrangement calme. Sa sieste lui avait remis les idées au clair. Le carillon se fit entendre et presque aussitôt, ils distinguèrent le bruit attendu. Ils échangèrent un regard.
- On reste ensemble ? demanda-t-il.
Elle le serra dans ses bras en guise de réponse. Ils avaient déjà traversé tellement de situations similaires.
Ils sortirent sur le perron et aperçurent la silhouette d'Harmony qui se tenait dans la pénombre de la petite place. Ils la rejoignirent puis sans s'être même concertés, mais dans une synchronisation parfaite, ils pointèrent tous les deux leur baguette sur la nouvelle arrivée.
Elle eut un mouvement de recul, mais resta désarmée.
- En voici une étrange façon de dire bonsoir.
Harry sans esquisser un geste lui adressa :
- Explique-nous le contexte de ton arrivée à Londres et dans quelles circonstances as-tu pu faire analyser une photographie truquée de trois Mangemorts, dont un recherché par la communauté magique internationale ?
- Vous vous rendez compte qu'on n'a pas le temps pour une conversation de plusieurs heures ?
- Alors tu ferais mieux de répondre le plus vite possible.
Elle poussa un long soupir, consulta sa montre et relevant la tête, elle déclara:
- Je travaille pour le MACUSA et je suis en infiltration depuis le mois de septembre. On m'a demandé d'enquêter sur le réseau d'évasion de Mangemorts en Amérique du Sud.
Hermione pensa alors à toutes les informations qu'elle avait pu communiquer à Harmony sans savoir qu'elles étaient transmises directement au ministère de la Magie américain. Harmony continuait :
- Je suis une vraie journaliste et j'ai bien travaillé au Fantôme de New York. C'est entre autres ce qui a motivé ma sélection pour cette mission. La Gazette était une position idéale.
Hermione demanda :
- À quand remontent tes soupçons concernant Barnabas Cuffe ?
- J'ai des doutes sur lui depuis le mois d'octobre. Je cherchais une personne proche du pouvoir et présente pendant la guerre avec des activités suspectes comme des déplacements injustifiés.
Hermione se rappela en effet que leur rédacteur en chef avait été régulièrement absent durant cette période.
Harmony consulta à nouveau sa montre. Harry et Hermione tenaient toujours leur baguette dirigée sur elle.
- Le temps presse. Vous êtes libres de ne pas me suivre, mais je ne laisse pas passer cette occasion.
Elle tendit son bras. Hermione tenta un regard vers Harry. Il fixait encore Harmony. Puis dans un geste brusque, il saisit son poignet.
- Pars du principe que ma baguette reste pointée sur toi.
- Je commence à avoir l'habitude, répondit-elle une pointe d'agacement dans la voix.
Hermione n'eut que quelques secondes pour prendre sa décision. Elle avait promis à Harry de rester avec lui. Elle attrapa le bras d'Harmony tout en prenant soin d'éviter son regard.
Ils transplanèrent aussitôt.
*
L'entrée nord du parc de Greenwich était déserte. D'un commun réflexe, ils empoignèrent tous les trois leur baguette. Ils perçurent alors un bruit de pas qui venait de la rue et quelques secondes plus tard, Drago Malefoy apparut. Il était seul et emmitouflé dans un grand manteau noir qui lui arrivait en dessous du genou.
Comme Harmony quelques minutes auparavant, il eut un moment de recul en les découvrant.
- Des fous de la baguette à ce que je vois.
- Ça, c'est nous qui décidons Malefoy, lança Harry d'une voix autoritaire.
Ce dernier haussa les épaules.
- On est bien d'accord Potter. Je vous permets de mettre la main sur Cuffe, mais j'ai ta parole que rien n'arrivera ni à mes parents ni à moi-même.
- Je ferai tout mon possible pour garantir votre sécurité.
- Drago, êtes-vous sûr de pouvoir les convaincre de ne pas s'enfuir ?
- Ils ne partiront pas sans moi.
Hermione avait côtoyé suffisamment Harmony pour comprendre à l'expression de son visage qu'elle était sceptique sur la réussite de son plan. Il continua :
- Je pense aussi qu'il vaut mieux que mes parents ne vous voient pas dès le début. Le fait qu'ils renoncent à fuir va très probablement déclencher la colère de Barnabas Cuffe. Il ne peut pas se permettre d'avoir trois personnes au courant du réseau. C'est à ce moment-là que vous interviendrez.
Il prit la direction du parc. Harry déplia la cape et Hermione se retrouva au milieu. Elle agrippait les épaules d'Harry. Elle regretta de ne pas pouvoir communiquer avec ses coéquipiers. Elle ne voulait pas courir le risque d'être entendue ni par Malefoy ni par ses parents ou Cuffe s'ils tombaient nez à nez avec eux au détour du chemin.
Ils marchèrent une quinzaine de minutes en silence. Le chemin serpentait entre les arbres et montait petit à petit la colline. Le parc était désert. On pouvait voir Londres scintiller au loin.
Soudain, il esquissa un léger signe, sortit du sentier et se dirigea vers un énorme chêne. Ils étaient encore à bonne distance, mais ils pouvaient distinguer trois silhouettes éclairées faiblement par la lueur de leurs baguettes.
Il leur fallut peu de temps pour atteindre le grand arbre. Le trio s'arrêta à quelques mètres pendant que Drago s'approchait du petit groupe.
Hermione n'avait pas revu Lucius et Narcissa Malefoy depuis la bataille de Poudlard. Ils semblaient avoir pris dix ans et pour le peu qu'elle put discerner, ils paraissaient amaigris et fatigués.
Narcissa Malefoy esquissa un geste bienveillant en apercevant son fils.
- Drago ! Nous t'attendions. Tu n'as pas pris tes affaires ?
Elle désigna deux valises posées juste à côté d'elle.
- Maman, je ne pense pas que nous devrions partir.
- Mais enfin Drago, que t'arrive-t-il ?
La voix de Lucius Malefoy n'avait pas changé. Elle sonnait toujours aussi métallique et froide.
- Qu'est-ce que nous allons faire là-bas ? Quel est notre avenir ? Fuir toute notre vie ? Nous avons purgé notre peine. Nous devrions rester ici et nous reconstruire.
Sa mère s'approcha de lui et lui caressa la joue.
- Est-ce donc cela que tu veux ? Vivre sans argent dans une société qui nous rejette ?
De là où ils étaient postés, ils ne pouvaient pas distinguer Barnabas Cuffe. Sa voix se fit entendre et afin de le voir ils contournèrent doucement le tronc du grand chêne.
- Mr Malefoy, je pensais que vous aviez pris votre décision. Le portoloin s'activera dans dix minutes. C'est un peu tard maintenant pour remettre en question votre transfert.
À ses pieds se trouvait un vieux seau rouillé par le temps.
- Drago, nous en avons déjà parlé. Tu es ridicule. Tu veux avoir à travailler toute ta vie dans une librairie ? Moi qui pensais que tu avais un peu d'ambition.
- Je n'aurais pas besoin de travailler dans une librairie si vous n'aviez pas suivi aveuglément un mage noir déséquilibré.
La gifle que Lucius Malefoy décocha à son fils le fit vaciller. Sa mère poussa un cri et Hermione sentit Harmony lui saisir le bras. S'approchant de son oreille, elle susurra :
- Il faut qu'on intervienne.
Ses mots n'avaient été qu'un murmure, mais Hermione aperçut le tressaillement de Barnabas Cuffe. Il se retourna et son regard se posa là où Harry, Harmony et Hermione se trouvaient.
- Vous n'êtes pas venu seul, Drago ?
À cela, Harmony lança :
- Maintenant.
Elle sortit de dessous la cape suivie immédiatement d'Harry et d'Hermione, baguette au poing.
- Miss Dragonneau. Je vous croyais de retour en Écosse. Finalement, vous préférez peut-être le Brésil ainsi que vos amis. J'imagine que Drago a eu l'extrême générosité de vous y convier.
- Drago qu'as-tu fait ?
Narcissa Malefoy s'était agenouillée près de son fils encore haletant.
- Il peut nous protéger maman. Fais-moi confiance. C'est une erreur de partir.
- Espèce de crétin !
Lucius Malefoy s'avança.
- Potter ! Toujours à se mêler de tout et bien entendu accompagné par cette petite peste de « Sang-de-bourbe ». Gagner une guerre ne vous a pas suffi. Il vous faut encore fourrer votre nez dans les affaires qui ne vous regardent pas.
L'éclair rouge que lança Harry se télescopa avec l'éclair vert lancé simultanément par Lucius Malefoy. Aussitôt, Barnabas Cuffe sortit sa baguette et envoya un sort en direction d'Hermione et d'Harmony qui l'esquivèrent.
Les maléfices fusaient à présent dans tous les sens. Narcissa Malefoy s'était relevée et combattait aux côtés de son mari. Drago, toujours à terre, restait sidéré.
Barnabas Cuffe s'avéra être un excellent duelliste et Hermione et Harmony eurent toutes les peines du monde à le faire s'éloigner, ne serait-ce qu'un peu du portoloin.
- Je savais que j'aurais dû me débarrasser de vous Dragonneau.
- Exactement ! Et je me demande encore pourquoi vous ne l'avez pas fait.
De son côté, Harry esquivait les sorts des deux parents Malefoy et il fut rejoint à la surprise générale par Drago. Puis soudain, le seau se mit à s'illuminer.
- Mr Malefoy ! Le portoloin !
Tout se passa alors très vite. Lucius Malefoy agrippa le bras de sa femme et dans un crac sonore transplana pour réapparaître une fraction de seconde plus tard quelques mètres plus loin, juste à côté du vieux récipient qui éclairait maintenant jusqu'aux branches de l'arbre. Profitant de la diversion, Barnabas Cuffe lança une ultime attaque qui atteignit de plein fouet Hermione et la propulsa à plusieurs dizaines de centimètres du sol. Harmony poussa un cri et dans une parfaite coordination elle jeta en même temps que Harry un sort en direction de Barnabas qui se précipita sur le portoloin. Leurs voix à l'unisson retentirent dans tout le parc :
- Stupéfix !
Les deux éclairs rouges touchèrent le seau qui valdingua et atterrit sur l'herbe dans un bruit métallique. Il était maintenant éteint et les fugitifs venaient de disparaître. Il était 22 h 12.