Il est facile de mentir. Il est facile aussi d'inventer toutes sortes de choses pour faire croire ce que l'on veut a une personne. C'est facile de manipuler une personne pour dissimuler la vérité. Certaines personnes croient aux signes, d'autres non. J'y crois. Je crois à toute sorte de choses. Je crois que le paradis existe. Ainsi que l'enfer. Je ne sais pas pourquoi je suis obsédée par tout cela. Je pense que je suis juste intrigué par ce monde. Sûrement parce que je voulais juste essayer de m'écartait de ma vie un peu banale et sans but.
J'ai toujours voulu croire que les démons existaient, je trouve que c'était un monde fascinant. J'ai lu tout un tas de livres concernant les légendes sur l'enfer. Et je suis sûre que le diable n'est pas un petit bonhomme rouge avec une queue et des cornes sur le haut de sa tête. Pour moi le diable est quelqu'un de très beau. Une personne tout à fait normale. Un être qui peut avoir un charisme à faire chavirer les cœurs.
- Mademoiselle Peters ! Je relève la tête pour voir que mon professeur de philosophie est devant moi. Pouvez-vous m'expliquer ce que j'étais en train de dire à l'instant ?
- Hmmm... Je regarde le professeur d'un air complètement innocent.
- Venez me voir à la fin du cours. Il dit ça avec tellement de venin dans la voix que je redoute déjà d'aller le voir à la fin du cours.
Je l'ai bien cherché aussi, je dois l'avouer. Je passe mon temps à rêvasser. Je suis constamment plongée dans mes pensées, j'essaie de visualiser comment pourrait être l'enfer. J'imagine comment les créatures de ce monde vivent, s'ils peuvent se reproduire ou encore s'ils peuvent venir dans notre monde, sur terre. Je passe la plupart de mon temps à être dans mes pensées, à refaire le monde avec des si, à imaginer des théories encore plus folles que les précédentes.
La cloche retentit dans toute l'université pour avertir que c'est la fin des cours et surtout la fin de la journée. Je rassemble mes affaires et me dirige vers le bureau du professeur. Une fois que tout le monde a quitté la salle, il se retourne vers moi, me regardant droit dans les yeux. Je sais déjà ce qu'il va me dire.
- Charlie... Il retire ses lunettes avant de me regarder à nouveau avec plein de désespoir. Nous avons déjà parlé de ces choses la.
- Je...
- Nous avons un accord, tu te souviens ? Il se tient devant moi. Je te vois dessiner sur tes feuilles de cours, Charlie. Nous avions promis de ne plus en reparler.
- Je sais, dis-je en soufflant. Mais je n'arrive pas à oublier...
- Il le faut pourtant, répond mon professeur en me regardant avec un regard désespéré.
- Je ne peux pas.
- Charlie, ce que nous avons vu cette nuit là n'était rien. Il prend son stylo bleu et commence à jouer nerveusement avec. Tu n'aurais jamais dû être là.
- Mais j'étais là. Et vous non plus, rétorquais-je, durement.
- Ce soir là, c'est moi qui fermais l'université alors si je devais être là. Toi, non.
- Ses yeux, je joue avec la manche de mon pull. Ils étaient noirs. Et... Et ses...
- Charlie ce n'était seulement qu'un autre professeur.
- Non, hurlais-je.
Je ne supporte pas qu'on essaye de me cacher des choses. Je déteste qu'on me prenne pour une de ces écervelés qui n'est incapable de comprendre quoi que ce soit sur le monde qui l'entoure. Je ne suis pas stupide, je sais exactement ce que j'ai vu, je sais pertinemment que c'était en aucun cas un autre professeur.
Les fenêtres s'ouvrent, laissant entrevoir que dehors c'est le déluge. Il y a peine heure, le soleil était là. C'est rare qu'à Oxford le temps change aussi vite. Je suis adossée contre le mur, observant ce temps étrange. Que se passe-t-il ? Une dizaine de minutes plus tard, la pluie se calme ainsi que le vent qui s'était levé. Mais le ciel est encore noir, je trouve cela effrayant. Je me relève et je tourne sur moi même pour voir la salle de cours retournée de font en comble. Je cherche le professeur, et je le vois se relever avec difficulté alors je cours vers lui pour l'aider et il regarde à son tour autour de lui.
- Tu ne devrais pas être là, Harold.
- Quo...
- Qui es-tu pour me dire ce que je dois faire ? Je fronce les sourcils à l'entente de la voix rauque qui m'a coupé la parole.
Je scrute la pièce pour voir d'où vient cette voix. Je n'arrive pas à trouver qui est la personne qui parle, je ne la vois pas. Je commence sérieusement à avoir peur. Je regarde le professeur qui, lui, évite mon regard. Je regarde à nouveau la pièce, essayant d'apercevoir la moindre petite chose bizarre.
- Harold, va t'en.
- Tu n'as pas d'ordres à me donner bordel! S'écrit le prénommé Harold.
Cette voix me procure des frissons qui traversent tout mon corps. Parfois je déteste les réactions de mon corps. Je ne sais pas si c'est de la peur ou de l'excitation. J'aimerai rester neutre à chaque fois que ce Harold parle, mais mon corps en a décidé autrement.
- Dis lui, je cherche à nouveau où cette personne pourrait être dans la pièce. Elle est tellement fascinée par ce monde. Vas-y dis lui ce que tu es.
Je tourne à nouveau la tête vers mon professeur en fronçant les sourcils. Il me regarde, d'un air désolé. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Moi qui me plaignait un peu plus tôt d'avoir une vie trop calme, je suis servie.
- Je... Charlie...
- C'est quoi ce bordel ? Hoquetais-je, frustrée.
- Charlie, c'est, bougonne-t-il en se redressant un peu.
- Mais dites moi ce qu'il se passe, clamais-je en le fixant.
- Tout ce qui t'entoure n'est pas...
- Incapable, entendis-je souffler près de nous.
Des yeux noirs apparaissent devant moi, je recule légèrement, prise de peur. Que se passe-t-il ? Je veux hurler mais rien ne sort de ma bouche. Mon corps tremble et je me sens tout d'un coup plus très bien. Quelques secondes plus tard, c'est le trou noir.
Je me réveille avec un horrible mal de crâne. Mes yeux s'ouvrent lentement, laissant voir que je suis dans ma chambre. Je fronce les sourcils, regardant autour de moi. Mais qu'est ce qu'il s'est passé ? J'essaye de me lever mais je retombe toute suite sur mon lit. Mon mal de crâne est horrible et j'ai envie de m'arracher les cheveux. Ma mère apparaît dans ma chambre avec une tasse à la main. Je la regarde bizarrement. Bordel, je ne me souviens de rien et c'est frustrant.
- Maman, qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Il y a eu une tempête sur tout le pays...Nous ne savons pas ce qui s'est passé, elle me tend la tasse remplie de chocolat chaud.
Je ne la crois pas. Elle ment. Je regarde la tasse, pourquoi tout le monde s'obstine à me cacher des choses ? Elle m'embrasse tendrement le front et quitte ma chambre, me laissant seule. Je pose la tasse sur mon bureau et prends directement mon ordinateur.
Une fois sur la page d'accueil d'internet je tape plusieurs choses à la fois, je veux savoir ce qu'il s'est passé. Une tempête ? Non sérieusement j'appelle ça se foutre de moi. Honnêtement je pense sincèrement que mon professeur et ma mère me cachent des choses. Plusieurs articles s'affichent sur mon écran. J'attache mes cheveux blonds en un chignon et je commence à lire mes recherches.
Internet m'informe donc que le pays a été victime d'une tempête, j'ai l'impression que tout ça est une mauvaise blague et que je ne trouve aucune explication à ce que j'ai pu voir ce fameux soir et y a sûrement quelques heures. Je continue de taper mes recherches. Je fronce les sourcils. Plusieurs théories sur les démons, sur les anges, sur toutes sortent créatures. Je défile quelques photos, tombant avec certains démons qui avaient les yeux noirs.
Ses yeux noirs.
Je ne peux pas me les enlever de la tête. Mais bordel je ne sais pas pourquoi, mais je me souviens seulement de ça. Ses yeux noirs. Rien d'autre. Pourtant j'ai l'impression qu'il s'est passé autre chose. Mais quoi ? Je ne me souviens de rien. Et ça me frustre au plus au point. J'ai l'impression que même mon esprit s'obstine à me cacher des choses. Je ferme mon ordinateur et me laisse tomber sur mon lit complètement découragée.
Peut-être ai-je rêvé ?
Je remarque une feuille noire soigneusement pliée en deux. Elle est posée sur ma table de nuit sous un verre d'eau. Je ne l'ai même pas remarqué. Je prends ce bout de papier noir entre mes mains. Justement elles tremblent. Je le déplie et je remarque que quelque chose est écrit en blanc avec une écriture soignée.
« Tu devrais arrêter de t'intéresser à ce monde. -H »
—
En espérant que ce premier chapitre vous plaît.