I only kiss your Shadow

By UndergroundWall

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Le docteur John H. Watson est connu pour avoir écris, dans les années 60, les histoires de son ami le détecti... More

Prologue
[part 1] #1 Télévision
[part 1] #2 Jeunesse
[part 1] #3 Animal de compagnie
[part 1] #4 Tatouage
[part 1] #5 Cassette audio
[part 1] #6 Douleurs
[part 2] #1 Une lettre inattendue
[part 2] #2 Le lieu
[part 2] #3 Questions dans la nuit
[part 2] #4 Prénoms
[part 2] #5 La plage
[part 2] #6 Jours d'été
[part 2] #7 Journal
[part 2] #8 Champagne
[part 2] #9 A temps
[part 3] #2 Gaudeo
[part 3] #3 Aeternam (épilogue)

[part 3] #1 Memento

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By UndergroundWall

[Note de l'auteure] La partie 3 sera très courtes: deux textes plus long et un épilogue. Mais ce sera sans doute plus difficile, aussi.

TW: Deuil, dépression... Enfin, c'est ma version 60's du Dernier Problème (Pour ceux qui n'ont vu que la série de la BBC, vu que les noms portent confusion: dans les nouvelles originales, c'est l'équivalent des chutes de Reinchenbach)

🐝

Au moment où j'écris ces lignes, l'été 1967 me semble déjà très loin. Nous sommes maintenant en 1973, et je porte doublement le veuvage: Celui de ma chère épouse Mary, que j'avais rencontré en 1969, et celui de mon très cher ami Sherlock Holmes, qui, dans une autre époque, serait peut-être appelé mon époux.

Il me semble nécessaire d'expliquer un peu ce qui s'est passé dans l'intervalle, sans m'attarder inutilement, et comment mon destin a pu se retrouver jalonné de tant de malheurs. Je porte la responsabilité de certains, mais pas de tous. J'espère quoi qu'il en soit que vous poserez des yeux indulgents sur ces quelques lignes.

J'avais expliqué que cet été-là, mon ami s'était sevré de ses drogues. Malheureusement, cela ne dura pas si longtemps, et je le surpris rapidement à revenir à son vice. Pouvais-je le blâmer? Je savais que ce serait difficile, et je savais que les démons et les douleurs qui l'assaillaient l'avaient rendu fragile aux tentations, et je peux même juré qu'il a été l'homme le plus fort que j'ai jamais rencontré pour traverser l'existence malgré tout.

Nous nous aimions alors, mais de manière bien innocente. J'avais probablement vu juste en pensant que Holmes ne souhaiterais jamais porter notre relation au plan physique, et pourtant, j'en souffrais, mais pas comme vous pouvez l'imaginer. Ce n'était pas de la frustration, mais d'observer son chagrin qui me hantait.

Les enquêtes se suivaient toujours, et les lecteurs ont été heureux d'en entendre parler ces dernières années, puisque sa mort ne m'a pas empêché de les écrire. Au contraire, je cherchais cet acte par lequel je rendais mon ami immortel, tout comme Hadrien avait voulu nous faire connaître sa dévotion éternelle à Antinoüs en le divinisant.

Je sais que je n'avais rien d'un homme auguste, mais comment ne pouvais-je pas me sentir lié à l'Empereur sage, dont le chagrin pour son jeune amant noyé dans les eaux du Nil fut si dévastateur que leurs noms sont toujours indissociables près de deux millénaire après eux? Parlera-t-on toujours de mon ami, ce si bon Sherlock Holmes, noyé dans ce gouffre sinistre des montagnes suisses, pour se souvenir que je l'ai aimé?

Ce texte sera le dernier que je lui dédierai, et il ne sera certainement pas publié de mon vivant. Je ne souhaite pas que l'on me rappelle chaque jour à quel point je suis éploré, et que l'on me reproche d'avoir aimé deux personnes en même temps, car je doute que quiconque puisse avoir assez de cœur pour comprendre mes sentiments. Ce sont là des reproches que j'ai suffisamment l'habitude de me faire à moi-même.

Cela faisait presque deux ans que nous étions devenus des amoureux chastes, et bien qu'il me jurait régulièrement bientôt prêt, je savais que cela n'arriverait pas, et je n'attendais plus rien à ce niveau-là. Nous ne serons jamais amants, et j'étais d'accord avec cela. Mais j'avais beau lui dire que cela me convenait, il continuerait à penser que cela me chagrinait.

Combiné à ses tristes humeurs et les douleurs qu'il refusait toujours de me décrire, il essayait de plus en plus de substance, pensant peut-être trouver le courage dans l'une d'elle.

Lors de l'une de ses expérimentations, il avait peut-être trouvé ce qu'il cherchait, vu la manière dont il avait agi sous l'influence de l'un de ses immondes cachet. Vu qu'il n'en gardait aucun souvenir, je me suis béni de ne pas avoir profité de son euphorie.

Il a fini par utiliser quotidiennement des doses infimes de LSD pour combattre son état dépressif constant, et c'était finalement le moindre mal parmi toute ses expérimentations. Il développa un peu plus son goût pour la musique moderne que j'avais tenté de lui instiller, notamment grâce à son désormais beau-frère, Mr. Melas, qui nous prêtait un grand nombre de disques de sa collection. Vu son amour croissant pour les Beatles, je devais m'attendre à tout moment à le voir faire ses valises et partir en Inde pour expérimenter de nouvelles choses, à l'image des quatre de Liverpool, et cette période fut aussi posée qu'inquiétante pour moi, comme le calme avant une tempête qui devait arriver.

Je ne suis qu'un homme. Vous avez pu lire l'aventure du Signe des Quatre, et j'étais visiblement excédé par les excès de drogue de Sherlock, ce qui m'a poussé à développer des affections pour quelqu'un d'autre. J'ai aimé sincèrement Mary, elle m'apportait tout ce que lui ne pouvait m'offrir. (Je ne parle pas que du physique, mais surtout d'une certaine forme de stabilité! Pardonnez-moi tous les deux pour ces pensées...)

Évidemment, il n'a pas pris cela très bien, et après mon mariage, je n'ai eu aucune nouvelle de lui pendant plusieurs mois. Oh, je me renseignais, bien sûr. Mycroft refusait de m'adresser la parole, mais Denis se voulait rassurant.

Sherlock a fini par prendre contact, pour m'entraîner dans d'autres enquêtes. Notre relation semblait revenir à une certaine amitié, fragile mais bien présente. Je n'ai pas su, sincèrement, qu'il s'était attaqué à un si énorme poisson que l'était Moriarty.

Je ne comprenais donc pas son désarroi lorsqu'il est venu me supplier de le suivre dans une sorte de road-trip en Europe, au début du printemps 1970. Je me disais qu'il devait avoir besoin de moi pour louer une voiture, puisqu'il n'avait pas le permis de conduire. Mary était en voyage chez sa tante, et rien ne me retenait à part mon cabinet de consultation. J'ai redirigé mes patients vers un confrère et je l'ai suivi dans le premier train en direction de Folkestone.

Il semblait plus calme que je ne l'avais jamais vu, et complètement sobre. Si j'avais pu comprendre que cette paix intérieure avait pris racine dans sa certitude de mourir bientôt, j'aurais peut-être pu empêcher ce drame. Après avoir loué une voiture à Calais, il me fit remonter vers la Belgique. Le temps était magnifique, et il était beau lorsque nous prenions un verre sur la Grand'place de Mons.

Il m'avait écouté raconter l'histoire que ma mère évoquait souvent, celle de son grand frère, qui s'était battu dans les tranchées durant la Grande Guerre, et avait croisé le chemin des Anges qui avait sauvé sa vie et celle de son unité lors de la Bataille de Mons. Je n'y croyais pas trop, ayant moi-même connu la dureté des combats dans une autre guerre, mais c'était terriblement pittoresque et approprié. Cela plongea Sherlock dans un abîme de perplexité.

"Pourtant, j'aurais tendance à croire aux anges. Après tout, le destin vous a mis sur ma route, et vous êtes un ange." me dit-il après quelques minutes. Je ne pouvais m'empêcher de rougir. Sherlock Holmes pouvait être froid avec vous pendant des semaines puis vous lancez une déclaration d'amour inconditionnel sans transition aucune.

Vous connaissez le reste de notre voyage jusqu'en Suisse, au début du mois de mai. Il avait emporté son violon, et la veille de l'ascension fatale vers les chutes de Reichenbach, il m'avait étonné en acceptant enfin de jouer pour moi. Je m'attendais à de la grande musique classique, comme il en avait l'habitude, mais il préféra jouer un morceau très récent. Je l'entendais souvent à la radio, et vu l'expression émue qu'il arborait lorsqu'il l'entendait à l'occasion, je savais que cela lui tenait à cœur.

C'est une chanson que je ne peux plus écouter. J'ai demandé à Mary d'en cacher l'album, puisque nous l'avions, j'éteins chaque radio lorsqu'elle passe, et je m'éloigne si elle est diffusée dans la rue. Une fois que j'en ai écouté les paroles, quelques jours après sa mort, j'en suis venue à la détester. Cela parlait d'eau trouble et d'amitié éternelle. C'était trop pour moi.

Je ne veux plus revenir sur sa chute fatale. Je parlerais maintenant de Mary, douce Mary, qui a recueilli dans notre maison un homme éploré, un veuf qui ne disait pas son nom. Je n'ai pas vu que son état de santé se dégradait, tout à mon chagrin. C'était étonnant que nous n'ayons pas encore eu d'enfant, et lorsque nous sommes allés voir un gynécologue spécialisé, la double sentence nous brisa. Nous n'en aurons jamais, et le cancer logé dans son ventre me l'arracherait à plus ou moins long terme.

Je suis resté avec elle, l'accompagnant sur ce long chemin de douleur tout comme j'avais conduit Sherlock sur un chemin de montagne jusqu'à son destin.

Me voilà veuf, deux fois, orphelin depuis longtemps, jamais père, et seul. A part écrire et exercer comme médecin, je n'ai pas de but. J'ai quelques amis; Mycroft a fini par me pardonner d'avoir abandonné son frère et il semble veiller sur moi, à sa manière un peu distante, et Denis est bon pour me remonter le moral. J'erre sans but dans ma maison trop grande, et je ne peux que regretter les douces années du 221b Baker Street, que j'idéalise peut-être un peu dans ma mémoire.

J'ai revu Lestrade tout à l'heure, et il m'a demandé de passer vérifier un cadavre. Ce pauvre jeune Adair était déjà à la morgue, et je m'étais fait la réflexion que Sherlock aurait détesté qu'on touche au cadavre avant de pouvoir l'observer.

C'est toujours vers lui que mes pensées reviennent, tout comme mes pas me conduisent à travers Londres. Peut-être qu'un jour mon cœur s'apaisera.

🐝

[note de l'auteure] Mmmm, m'sorry.

Les références:

-Hadrien était un empereur Romain, qui a en effet déifié son jeune amant Antinoüs après son décès tragique.

-La bataille de Mons, durant la Grande Guerre, possède un fait assez peu connu en Belgique, mais extrêmement populaire en Angleterre, comme quoi des anges sont apparu du ciel pour effrayer les troupes allemandes et sauver les anglais en mauvaise posture. C'est suffisamment connu pour être cité dans plusieurs histoires dérivées de Doctor Who (un roman, mais aussi un Comics avec les Anges Pleureurs...), dans Downton Abbey, dans plein de fiction anglaises diverses et variées, mais aussi dans le film "Le mystère des fées: une histoire vraie" qui parle de l'affaire des photos truquées des fées de Cottingley dans lesquelles Sir Arthur Conan Doyle avait cru fermement après la fin de la guerre. (Regardez-le, c'est un film pour enfant mais il y a tant de bons acteurs!)

J'ai moi-même grandit à quelques kilomètres de Mons, et j'y ai même habité deux ans... et personne n'en parle jamais, ici. J'ai du attendre un roman Doctor Who pour entendre parler de cette légende! C'est une légende belge typiquement anglaise.

-Bridge over Troubled Water est resté un temps insensé en tête des classements musicaux au début de l'année 1970, et n'a été détrôné que par Let it Be. Je n'ai jamais réussi à déterminer si c'est une chanson d'amour, d'amitié, de regret ou d'espoir. Ainsi, Watson n'arrive plus à l'entendre, vu que cela lui rappelle d'autres Troubled Water...

-Adair est la victime du meurtre dans La Maison Vide. Quand Watson parle, il l'ignore encore, mais il est sur le point de retrouver son Holmes.

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