Chapitre 3

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Tom Jedusor poussa la grille qui se tenait devant lui, puis il se faufila à l’intérieur du domaine. Il marcha le long de l’allée menant au bâtiment pour enfin parvenir à l’entrée de celui-ci. Il poussa la porte, en vain. Apparemment, il rentrait trop tard. Il décida de prendre son courage à deux mains et appuya sur la petite sonnette.

Aussitôt, une femme d’âge mûr vint lui ouvrir la porte. Elle paraissait inquiète et s’empressa de faire rentrer Tom au chaud. Sans une question, elle l’amena dans une sorte de salle à manger, sûrement celle où les orphelins prenaient leurs repas.

-J’étais folle d’inquiétude… J’ai failli appeler les forces de l’ordre, bégaya la femme. Tu sais très bien que tu n’as pas le droit de partir de cette façon, sans me prévenir, Tom.

-Je suis allé chercher tout ce dont j’ai besoin pour aller à l’école dont m’a parlé l’homme qui est venu il y a quelques jours, répondit Tom comme si c’était une évidence.

On voyait sur visage de la femme la phrase qu’elle n’oserait pas prononcer : « Avec toi, on ne sait jamais ce qui va arriver… ». Elle partit dans la cuisine voisine chercher un bol de soupe encore chaude qu’elle tendit à Tom.

Une fois son maigre repas terminé, Tom monta des escaliers étroits pour arriver dans un couloir avec des portes de chaque côté. Le garçon poussa l’une d’entre elles et pénétra à l’intérieur d’une pièce. Elle était toute petite et ne comportait que trois meubles : une haute étagère en bois, un lit en fer avec un matelas qui paraissait très inconfortable et à côté de lui, près d’une étroite fenêtre sale, un bureau complètement vide, hormis une photographie grise d’un paysage constitué d’une falaise imposante devant une mer agitée.

Comment pouvait-on prendre le moindre plaisir à vivre ici ? Justement, Tom n’avait pas l’air d’en avoir beaucoup dans sa vie.

Il posa les sacs qu’il portait toujours par terre, puis il se coucha sur son lit qui grinçait sans cesse.

Le lendemain, Tom se réveilla par une cloche qui sonnait l’heure de se lever aux orphelins. Mon propriétaire se leva, descendit, puis remonta une vingtaine de minutes plus tard, l’air encore plus renfrogné qu’hier. Je voyais d’autres enfants qui s’amusaient dans le couloir, mais dès qu’ils arrivaient devant la chambre de Tom, ils s’arrêtaient de rire et s’en allaient discrètement. Je me demandais ce qu’il avait fait pour mériter une telle réputation. Le passé de ce garçon paraissait bien mystérieux…

Pendant la matinée, Tom est resta dans sa chambre pour déballer toutes ses nouvelles fournitures. De toute la journée, il ne sortit que pour les repas et lorsque la femme que j’avais vu hier soir venait lui demander de lui rendre des services.

Bien que de nombreux enfants vivaient ici, l’orphelinat était sans aucune chaleur, aucune convivialité. Peut-être à cause du temps gris qui persistait malgré l’été bien avancé. Peut-être pas.

J’avais très envie de découvrir l’histoire de Tom. Pourquoi s’était-il retrouvé dans cet endroit ? Comment ses parents étaient-ils morts ? Pourquoi n’était-il pas dans un orphelinat de sorciers plutôt que dans ce lieu de moldus ? Pourquoi n’avait-il pas d’amis avec qui passer ses journées ?

Je m’ennuyais à mourir, toujours dans mon petit sac depuis mon arrivée ici.

Mon vœu de découvrir ses antécédents s’exauça.

Les jours passèrent, plus longs les uns que les autres, plus tristes les uns que les autres. Tom était toujours seul. Dans tous les cas. Un jour, il m’avait emmené avec lui pour un repas, et je ne l’avais vu parler à personne. Les autres le fuyaient. Mais il n’avait pas l’air de s’en soucier. Quelquefois, il ramenait des objets qu’il avait volés aux autres orphelins et il les cachait dans son étagère. Qui ne comportait que des vêtements et des objet volés.

Un soir, Tom me sortit de mon sac et me posa sur son bureau. Au lieu de sortir un stylo comme les moldus le faisaient, il sortit une plume et un encrier qu’il avait achetés sur le Chemin de Traverse. Il essayait de s’adapter aux modes de vie des sorciers.

Dans la petite étiquette où l’on pouvait graver son nom, il écrivit le sien. « Tom Elvis Jedusor ». Un nom étrange.

Ensuite, il m’ouvrit et laissa tomber une tâche d’encre sur ma première page, pour voir si elle allait disparaitre comme elle se devait de le faire. C’est ce qui se produisit. Et c’est ce qui me provoqua une drôle de sensation. Comme quand un être humain boit un liquide très chaud.

Ravi de la valeur de l’objet que j’étais, Tom commença à écrire, d’une écriture fine et penchée, très jolie.

29 août 1937.

Je m’appelle Tom Elvis Jedusor. Tu es mon journal intime.

De plus en plus réjoui de savoir que tout ce qu’il écrivait disparaissait mais restait gravé en moi, il commença à me parler de lui, confiant. Je pus enfin en apprendre plus sur mon maitre.

Je suis né le 31 décembre 1926. De ce que Mme Cole a pu me dire de mon passé, ma mère s’appelait Merope Gaunt. Gaunt. Un nom qui était puissant, qui évoquait la dominance et le pouvoir. Merope était arrivée un soir de tempête, avec un bébé qui venait à peine de naître dans ses bras. Elle était faible, très faible. Ce qui était normal, elle n’avait pas mangé et dormi depuis des jours, elle venait de mettre au monde un bébé et elle avait dû braver la tempête pour arriver jusqu’ici. Mme Cole était bouleversée quand elle m’a raconté mon histoire, mais j’ai pu comprendre que ma mère est décédée quelques heures plus tard, en demandant à la gérante de l’orphelinat de prendre soin de son bébé et de l’appeler Tom comme son père, Elvis comme son grand-père et de lui donner le nom de famille Jedusor. Trop bouleversée pour ne pas lui obéir, Mme Cole m’a donné ces noms. Jedusor. Un nom moldu, je le sais maintenant.

Quant à mon père, c’était un moldu qui avait donné un bébé à ma mère sous le charme d’un filtre d’amour et qui l’avait quittée une fois les effets du filtre dissipés.

J’ai grandi ici pendant dix ans. Mon existence a été inintéressante. Je passais mes journées seul dans ma chambre. Les autres me craignaient et me haïssaient. Tout ça juste parce que lors d’un des voyages annuels de l’orphelinat, un acte bizarre s’était produit. C’était dans la falaise au bord de la mer où nous allions chaque année. J’avais emmené deux camarades avec moi dans une grotte et ils n’avaient pas aimé cette expérience du tout. Car j’avais fait quelque chose qui ressemblait à de la magie. Par la suite, lors d’une sortie au zoo, j‘avais réussi à communiquer avec des animaux. Un serpent était même sorti de sa cage pour venir me parler en face. Les autres avaient couru loin de moi et depuis, ils avaient peur de moi. Certaines fois, lors des repas par exemple, j’avais amené des objets jusqu’à moi sans les toucher. Mais les autres, au lieu de s’émerveiller de ces exploits, me traitaient comme un monstre. Je me suis vengé en leur volant des objets qui comptaient pour eux.

Mon enfance n’a pas été plus palpitante que cela. Je n’avais qu’une envie : prendre le pouvoir sur tous ces enfants idiots pour leur faire comprendre qui j’étais vraiment. Pour les dompter à ma façon.

Un jour, il y a quelques semaines, le 14 juillet 1937, un homme est venu. Comment connaissait-il mon existence ? Je ne le sais pas, mais cet homme a changé ma vie. Il s’appelait le professeur Dumbledore.

Je suis un sorcier. Un sorcier. Moi, Tom Jedusor, un sorcier.

Au début, je ne l’ai pas cru. Mais il m’a montré qu’il pouvait mettre le feu à mon étagère sans la toucher. Je lui ai expliqué quels dons je possédais. Il a paru très inquiet de savoir que je parlais aux serpents. J’étais un Fourchelang, d’après ce que j’ai lu dans des livres de sorcellerie. J’ai décidé de le croire. Il m’a dit que j’étais admis à l’école de sorcellerie Poudlard et m’a expliqué un peu en quoi cela consistait. Il m’a donné une liste de fournitures à acheter à Londres avant la rentrée en septembre et m’a dit que je le reverrais à la rentrée et qu’il serait même mon professeur.

C’était le plus beau jour de ma vie. Maintenant, j’ai toutes mes fournitures et je sais presque tout du monde duquel je viens. C’est dans deux jours que je m’en vais pour Poudlard. J’ai hâte de quitter ce lieu et tous ces idiots d’orphelins qui ignorent la puissance de mes pouvoirs. Si j’avais le droit d’utiliser ma magie contre eux, il y aurait déjà eu bien plus que les simples accidents qui se sont déjà produits.

L’autre jour, quand je suis allé dans l’Allée des Embrumes, j’ai découvert la magie noire. Je n’y connais pas encore grand-chose, mais ça m’a l’air un domaine très intéressant. Il faut que je pousse mes recherches.

Dès le 14 juillet 1937, une envie de conquérir le monde m’a obsédée. Et m’obsède toujours. J’aimerais pouvoir avoir le pouvoir sur tous ces moldus idiots, pouvoir faire ce que je veux de leur peuple. Je voudrais que les sorciers dominent le monde à leur tour. Que mon nom soit connu par les gens du monde entier. Soit craint par les gens du monde entier.

J’y arriverai. Je vengerai mon enfance.

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