Pepperonis for Christmas [TERMINÉE]

17- All I want for christ

— Tu as l'air encore plus triste que la dernière fois, commencé-je. Alors, je ne vais pas t'embêter en te demandant ce qui te tracasse, mais je vais te raconter ma journée d'hier.

Il risque un regard vers moi et le détourne quand il s'aperçoit que le mien est déjà posé sur lui. Je m'affale dans mon siège et commence à lui conter mes petites boulettes. Hier était un jour où Jaëlle la-pas-douée avait repris le contrôle. Entre glisser dans la douche, brûler mon poulet et casser mon aspirateur, j'avais bien cru que je n'arriverai pas au bout des vingt-quatre heures. Pendant mon récit, j'entends Conan pouffer, tout en restant discret. Je ne lui dis rien et continue à déblatérer mes bêtises les unes après les autres.Après un moment de silence, il prend enfin la parole :

— T'as vraiment deux mains gauches.

— Oh, ça ne fait aucun doute.

Il joue avec ses doigts quelques secondes avant de porter son attention vers moi.

— J'ai cassé la tasse préférée de maman, lâche-t-il, j'ai pas fait exprès. Elle était sur la table, je l'ai cognée et elle a explosé.

— Et maman t'a disputé ?

— Non, elle m'a dit qu'elle ne m'en voulait pas. Mais elle était super triste, c'était une tasse qu'elle avait depuis ses 10 ans, un cadeau de son oncle. Elle y tenait beaucoup.

Une larme roule sur sa joue et il l'essuie. Il murmure un "tu n'as rien vu" et regarde dans le vide. Quelle fierté celui-là.

— Tu t'en veux ?

— Bien sûr, je suis un garçon horrible...

Mon cœur se brise.

— Tu penses être un mauvais garçon parce que, sans le faire exprès, tu as cassé un objet ? Qu'est-ce que je devrais dire moi ?

— C'est pas faux, rit-il, tu pourrais détruire tout ton appartement sans problème.

Nous nous chamaillons quelques minutes et voir Conan rire me fait du bien. Ce n'est qu'un enfant, un enfant vicieux certes, mais un enfant quand même. Il grandit tout simplement.

— Tu feras un gros câlin à maman en rentrant et je suis sûre qu'elle sera contente, dis-je.

— Promis !

— Conan, s'exclame Kylian, tiens !

Il tend à son ami un énorme paquet de pop-corn. Les yeux de Conan s'illuminent et il se jette sur la nourriture. Les enfants rigolent et Elio m'interroge du regard. Je lui souris et il comprend que les tracas de Conan sont derrière lui. Louis-Joseph nous rejoint et nous marchons vers notre salle.

La chaleur ambiante de l'endroit nous accroche tous joyeusement lorsque nous y arrivons, les tickets dans les mains. Le visage encore rougi par le froid, je souffle dans mes paumes pour m'habituer au changement de température. La grande salle du cinéma est spacieuse et colorée. La joie me gonfle la poitrine, cela fait longtemps que je n'avais plus été dans ces salles aux grands écrans. Peut-être un an et demi ? J'ai hâte de m'asseoir et de regarder ce film choisi par Louis-Joseph. Ce devrait être un film pour enfants, de l'animation ou de la comédie musicale.

Surexcités d'être dans cette salle au grand écran, tout comme moi, les enfants courent à la recherche de la meilleure place, dans les rangées centrales. Ils imitent la fusée, avec un semblant de bruit de moteur à l'agonie. Ils montent les escaliers quatre à quatre tandis que Louis-Joseph et Elio discutent du baby-sitting de demain. C'est limite si les cinq petits monstres jettent les bonnets et écharpes pour que je les ramasse derrière. Je souffle dans ma barbe en les suivant à contrecœur. Je suis serveuse moi, pas autre chose.