Chapitre 10 - Belle obsession !

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Suite à cela, l'Hano marmonna, les poings serrés et la tête baissée, pour masquer son indignation :

— Alors, on a vraiment déjà épuisé, toutes, les autres options ?

— Malheureusement, oui ! énonça Dash, avec compassion. Tu sais, j'ai passé près d'une décennie à étudier les matériaux composants la structure interne de chaque planète du système.

À cet instant, Dash, qui jusque-là paraissait admirer les courbures abruptes des montagnes enneigées, se tourna à nouveau vers Aphte et compléta :

— Cette année, j'ai même refait des recherches sur Ordest et Ardout ! Et pour finir, dernièrement, tous les deux on a été à Calmée.

L'Éolis (Génie en géologie) qui partageait la déception de son ami, tendit son bras droit et toucha l'épaule gauche du garçon. En retour, le cadet redressa légèrement son regard. Ensuite, sans son miggimi, Dashmad Ice conclut amèrement :

— On a été partout, Ayk ! Sauf, là-bas.

En premier lieu, le cerveau du mounia ne perçut pas le sens de ces paroles ; il resta sans voix. Certes, pour son interlocuteur, ce geste semblait indiquer son adhésion au verdict qui venait d'être prononcé. Donc, Dédé trouva surprenante la protestation d'Ayk qui suivit :

— Dashmad, t'es bien placé pour savoir que... si tu y vas, il y a de fortes chances que tu n'y survives pas, toi aussi !

L'appellation peu usuelle du jeune Cowe par son prénom, fit, intérieurement, sursauter Dash. Il comprenait maintenant que les péripéties de Tora avaient, tôt faits, de mûrir le garçon. En conséquence, l'aîné se devait de rappeler à l'Énia Hano, une autre vérité incontournable :

— Que je meure à Ngatnom ou ici, ne change rien, Ayk ! Puisque de toute façon, il me reste moins d'une année à vivre.

— Ça ! On en reparlera plus tard, OK ? rejeta, énergiquement, l'adolescent.

Aux yeux du mécanicien Toraïte, l'abord de ce sujet ne seyait pas, à l'instant. En plus, il y avait plus urgent.

— En attendant...

— En attendant, quoi ? L'Isorok, lui, évolue très rapidement !

— À ce point-là ?

L'Hano en était sidéré. Quoi qu'il en soit, son étonnement ne faisait que commencer. L'Expert en géologie s'apprêtait à lui faire un exposé assez effrayant :

— Eh bien, cette maladie ressemble plus à une sorte de peste dévoreuse de terres.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Je dis juste que... j'ai l'impression que cette chose qui empoisonne nos terres, est une intelligence organique capable de mutations, tellement ses ravages sont fulgurants !

— Et on dit que c'est moi qui traine avec les mauvaises personnes. T'exagère pas, un peu, par hasard ?

— Tu sais, je finirai par prouver cette théorie ! Mais sache que Javân te confirmera, qu'aujourd'hui même, Exion n'existe plus !

Aussitôt, l'Éolis enleva son bras droit de l'épaule d'Aphte. En même temps, il tendit le membre et le balaya d'un trait sur le décor qui leur faisait front. Par cette action, l'aîné illustra, ainsi, le contexte actuel de la célèbre ville calméenne.

— Quoi ?

— Tu t'en souviens, lors de notre dernier voyage à Calmée, j'avais identifié une contamination de la nappe phréatique, par l'Isorok ?

— Oui.

— Eh bien, aujourd'hui, je t'informe que cette gangrène est l'élément inflammable qui est responsable des embrasements des oasis Xellis, Exion et d'autres villes calméennes !

— Comment ça ? Je pensais...

— Et ce n'est pas tout ! Les trois quarts d'Ardout, aussi, ont déjà disparu.

— Mais, mais... comment un tel carnage est-il possible ?

— Pour l'instant, j'en sais trop rien ! Et c'est ça qui m'effraie le plus !

— J'en suis vraiment désolé, naali !

Ayk prononça ces mots, remplis d'amertume, d'une voix tremblotante. Puis, il les avala, avec dégoût. Les lettres avaient une saveur aigre quand il les ingéra. Douloureuses, les vocables formèrent une boule qui se coinça temporairement dans sa gorge. Par contre, le mécanicien s'évertua à absorber, symboliquement, le poison qui témoignait de la triste réalité des terres toraïtes.

Ce combat mental, l'Hano le fit discrètement. Depuis quelques minutes, il s'était efforcé de masquer ses traits faciaux, à son ami. Le visage rivé sur les brins verdoyants du toit, Aphte faisait mine d'observer leurs déhanchements, au gré de la brise.

Cependant, Dashmad ressentait également les mêmes meurtrissures. Alors, par un geste fraternel plein de commisération, il effleura les cheveux bleutés du mounia. Et d'emblée, il le rassura posément :

— Oh, t'as pas à être désolé pour moi ! J'y peux rien de toute façon.

Peu après, Dédé soupira et, la voix imprégnée d'une sonorité morose, il poursuivit :

— Mais, le plus étrange dans cette histoire, c'est que dans tout le système Ox', To est la seule qui souffre de ce mal incurable.

— Ouais.

Mollement, l'adolescent releva la tête. Le précédent témoignage emphatique de son naali lui avait fait retrouver une modeste énergie.

— Je trouve vraiment étrange que le sol de Tora soit le seul contaminé et contaminable de toute une galaxie. Pas toi ? reprit le géologue, les bras croisés sur son buste.

— Moi, j'essaie de me concentrer sur le point positif de cette étrangeté. Enfin, si on peut dire ça comme ça !

— Et quel est ce point positif ?

— Naali, l'avantage dans tout ça. C'est que si To est la seule contaminée, ça signifie forcément que notre solution se trouve, ici ! expliqua Aphte, confiant.

— Sur ce point, on est tous les deux d'accord !

D'ailleurs, Dashmad manifesta son assentiment, par un tapotement de l'épaule gauche du garçon. De cette manière, il confirmait également, à son petit-frère, l'estime qu'il avait pour lui.

Fier de leur cohésion, sur ce sujet crucial, l'Éolis Ice termina :

— Et c'est là que tu interviens !

— Ah oui ?

Les habitants de ToraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant