Chapitre 8 - Allons à Calmée !

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Les premières pluies d'astéroïdes des années 7 006 tombaient drues sur Ordest. Le cinquante-quatrième jour, après leur quotidienne marche vers Ilweg et à la seconde où l'Hano (Génie en mécanique) s'apprêtait à franchir les gigantesques portes métalliques du Centre de Maintenance, Dashmad posa à son acolyte l'éternelle question :

— T'es de garde, aujourd'hui ?

Ayk se retourna. Puis, il plissa légèrement les yeux, comme gêné par ce mauvais timing. Il prit une expression rieuse et dit posément :

— Tu sais naali, il n'y a pas que la nourriture dans la vie !

Dash consterné par cette remarque qu'il jugea infondée, fronça les sourcils en guise de mécontentement. Ensuite, il se défendit, voire protesta, les épaules levées et les paumes des mains ouvertes vers le ciel :

— Mais où est le rapport ?

Avant de se justifier, Aphte sourit à nouveau. Après cela, il le pria simplement :

— S'il te plaît, pourquoi voudrais-tu savoir si je suis de garde, ce soir ?

— Pour savoir si tu seras à la maison ce soir, voyons !

— Et pourquoi t'intéresses-tu au fait que je sois à la maison, ce soir ?

— OK, j'avoue ! C'est pour manger à l'œil chez toi.

Le grand D. Ice, qui mesurait maintenant 190 centimètres, se courba pratiquement en deux lorsqu'il soupira et admit ses envies de dégustation. À cette vision, Ayk éclata de rire. En d'autres lieux, il se serait roulé au sol, tellement il trouvait exagéré l'état d'abattement de son aîné pour si peu.

À ce moment-là, Aphte Cowe saisit l'occasion pour lui rappeler, à voix basse :

— Je t'ai répété, plusieurs fois, que tu pouvais toujours venir manger à la maison, même quand je ne suis pas là !

Tandis que l'Hano prononçait ces mots, il se rapprocha progressivement du géant. Celui-ci craignait de rendre la situation plus embarrassante qu'elle ne l'était déjà, si ces propos venaient à être ouïs par un passant.

Toutefois, le pique-assiette n'était pas satisfait pour autant. Le boudeur lui murmura donc :

— Tu sais très bien que Shéya ne me laisse jamais manger, gratuitement, quand tu n'es pas là !

Bien qu'il fût dans l'obligation de s'exprimer lui aussi par des chuchotements, Dash était vraiment contrarié !

Subséquemment, dans le but de discuter plus tranquillement, le duo revint sur leurs pas dans un jardin public, pas loin. À la vue d'un banc à leur disposition, Aphte proposa à son naali de s'asseoir. En revanche, suite à la petite déception qui l'avait envahie à cause des précédentes paroles de Cowe junior, Dédé préféra rester sur ses jambes, par fierté. Dans ces circonstances, Ayk argumenta :

— Admet que tu as au moins l'avantage de connaître, à l'avance, le prix de l'approbation de Shéya.

— Tu trouves que 25 centigrammes de poussières d'Amétis est un prix raisonnable, ça ?

— Oui ! Si on considère qu'un plat chez nous équivaut à deux déjeuners ! Sans oublier les petits bonus liés aux repas emportés qui te sont régulièrement offerts ! précisa l'enquiquineur, avec gaieté.

— Ouais je sais, mais quand même ! Rien que pour ça, il me faudrait au moins deux jours de route vers Ardout, à dos de brèzes, pour aller en chercher !

— Et alors ?

— Ben... je ne me vois pas dépenser autant pour de la nourriture, voyons !

Les habitants de ToraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant