5. Imoucha ~ Alexandra (version éditée)

Depuis le début
                                    

Au bout d'une heure de marche environ, la végétation change. Elle se fait plus basse, plus espacée. Les chênes verts et blancs cèdent la place aux chênes kermès aux feuilles piquantes. Nous cheminons dans la garrigue. Les plantes aromatiques et les plantes de rocailles s'étalent sur le sol entre les roches calcaires. Quelques fleurs font leur apparition ici et là et enchantent Clémence, mais je dois réfréner son envie de les cueillir pour faire un bouquet, car c'est une réserve naturelle. L'ombre est peu présente, mais le vent, bien que de faible intensité, ne se laisse pas oublier.

Le sentier court sur la crête des Costes Chaudes et nous offre une magnifique vue sur les versants nord et sud du massif. Nous nous arrêtons pour boire et faire une petite pause. Nathaniel profite de ce que Clémence est occupée à observer des insectes pour m'enlacer et m'embrasser. Il est de plus en plus tactile avec moi et je dois reconnaître que j'adore ça. J'aime quand il me tient la main pendant notre balade ou lorsqu'il me prend par la taille pour m'aider à franchir un passage un peu plus difficile. Plus les jours passent et plus mes sentiments s'intensifient. Au point que je dois me faire violence pour m'empêcher de prononcer trois petits mots très évocateurs. J'ai peur de le faire fuir si je lui avoue que je suis tombée amoureuse de lui. D'autant plus que je sais que Rébecca va bientôt sortir du centre de rééducation. Même si mon pilote m'a déclaré vouloir essayer de se poser avec moi, l'avenir de notre relation me paraît plus que jamais incertain. J'appréhende le moment où il n'aura plus besoin de moi pour garder Clémence. Je ne peux m'empêcher de craindre qu'il ne se ravise en se rendant compte qu'il s'est leurré en pensant avoir des sentiments pour moi.

— Ça suffit les bisous, on n'arrivera jamais en haut si vous vous arrêtez tout le temps !

La voix mi-indignée, mi-grondeuse de Clémence vient perturber notre câlin. La chipie n'a pas tort, et nous rions de nous faire morigéner de la sorte. Main dans la main, nous reprenons notre ascension. Nous traversons la crête des Costes Chaudes sur toute sa longueur puis cheminons jusqu'au Pas du Moine signalé par un cairn, en passant par le Pas de l'Escalette. En chemin, nous nous arrêtons à deux reprises pour admirer la vue. Ce parcours sur la crête est un véritable belvédère aérien. La couleur émeraude du Lac de Bimont en contrebas attire immanquablement l'œil d'un côté, tandis que de l'autre on peut voir jusqu'à la Méditerranée.

Après un peu moins de trois heures d'ascension, nous arrivons enfin devant l'entrée du prieuré de Sainte-Victoire. Le porche, très bien restauré avec les pierres des carrières de Pont du Gard, est composé d'une arche en plein cintre encadrée par deux niches accueillant deux statues blanches comme de la craie. Il s'ouvre sur une belle esplanade pavée de pierres. Cette cour intérieure est abritée d'un côté par l'éperon rocheux contre lequel est construit le prieuré et par la chapelle de l'autre côté. L'endroit est tranquille, c'est un havre de paix qui incite au repos et à la rêverie. Le regard est immanquablement attiré vers la trouée au Sud. Cette immense ouverture en forme de créneau, percée dans la roche pour éclairer le prieuré, porte le nom de Brèche-des-Moines.

Clémence s'élance aussitôt pour contempler la vue et Nathaniel s'empresse de la rattraper. Même si un mur de béton protège du vide, le lieu est impressionnant. L'à-pic des falaises imposantes qui encadrent cette brèche, capte le regard et donne le vertige, surtout lorsque l'esprit est soudainement envahi par l'étendue du paysage qui s'étale au pied du massif. C'est une sensation à la fois oppressante et magique. Nous flânons à la découverte des constructions, visitant la chapelle Notre-Dame-de-Victoire puis l'ancien monastère qui sert aujourd'hui de refuge aux randonneurs.

Mach 2 L'amour dans le viseur T3 (Edité chez Amazon)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant