Funambule

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Sur le long et mince fil
Voilà que le funambule défile.

Il fait glisser sa silhouette gracile
Sur le cordage si fragile.

En bonne maîtrise son équilibre,
Sous ses pieds nus la corde vibre.

Empli d'apaisement, presque ivre,
Le funambule est le plus libre

De tous les hommes. Ceux qui l'entourent
Admirent son joli tour.

Mais d'un coup le funambule
Un peu trop plongé dans sa bulle

Chancelle, vacille, bascule
Et se trouve tourné en ridicule.

Grossièrement étalé dans la poussière,
Le funambule n'est pas fier.

Des rires s'élèvent dans l'assistance,
Mais les autres acteurs du cirque gardent le silence.

Soudain, une jeune fille se lève et s'avance
Jusqu'au centre du chapiteau immense.

Elle se jette sur la piste, relève le funambule
Le replace sur sa corde, tandis qu'il gesticule,

Et bientôt le revoilà en position,
Défilant avec légèreté et passion.

Bientôt son numéro se termine
Et la jeune fille aux allures divines

Le réceptionne sur la piste éclairée
De projecteurs puissants et colorés.

Le funambule est béat devant son sourire
Devant lequel même les étoiles devraient rougir.

Les spectateurs se tassent, se serrent,
Pressés de retrouver la fraîcheur de l'air.

La foule entraine la jolie demoiselle,
Le funambule la perd de vue, l'appelle,

Il se lance dans la houle,
Affronte la foule,

Mais le cirque s'est vidé
Et la jolie fille s'est effacée.

Les larmes tourmentent le funambule,
Il repense à cette déesse noctambule,

À son sourire, à son regard,
À sa bienveillance à son égard.

Il remonte sur sa corde et se met à danser
En l'honneur de toutes celles qui l'ont laissé,

Et en espérant que quelqu'un aura assez de recul
Pour voir un jour un homme au delà du funambule.

Maux Croisés (recueil de poèmes)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant