A couteaux tirés

8h13. Troisième intrusion

Deux jolis garçons pénètrent dans mon bureau et m'interrompent dans la lecture de mon millier de mails rageurs. Je me redresse sur mon fauteuil. Ils n'ont pas l'air en colère ceux-là. Ils tremblent comme des feuilles. Le petit blond n'a pas la voix stable :

- Morte, elle est putain de morte.

J'hausse les sourcils. Enfin quelque chose d'intéressant. Je me lève et les suis jusqu'à leur chambre.

Je tente de me remémorer où ce que j'ai vu ces deux hommes pour la première fois. Sûrement sur le trombinoscope de l'université.

Je suis responsable administratif au sein d'une résidence universitaire, c'est un titre pompeux pour dire que je gère que des merdes. Septembre est bien évidemment le pire mois. Le reste de l'année, c'est un job plutôt sympa. Je n'ai qu'une poignée d'années de plus que la plupart des étudiants, ce qui me permet de m'incruster régulièrement à leurs fêtes.

Dans la chambre 203, une fille brune dort tranquillement. Les traits de son visage sont apaisés. Je me penche sur elle. Un petit sachet translucide rempli de poudre blanche est serré dans son poing, je m'en saisis et le glisse dans ma poche. Le second garçon, basané, a un haut le cœur. Je m'approche davantage de la dormeuse, son cou est violet.

Ellene respire plus.