Chapitre 25 : Père

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PEARL :

Après notre discussion sur la terrasse, Nolan m'a embrassé. Plus de jeu, plus d'ambiguïté, juste lui et moi qui tentons de nous donner une chance. J'ai été immédiatement soulagée d'arrêter notre défi, et je crois que lui aussi. Les choses commençaient à nous échapper des mains, nos sentiments se mêlaient à la peur et à l'incertitude : il était temps de reprendre de zéro.

Je dois avouer que j'ai eu peur, les jours suivants. Peur qu'il change d'avis, de visage. Mais Nolan n'a rien fait de tout cela. Il est resté sincère et respectueux. En voyant cela, j'aurais pu me mettre officiellement avec lui. Mais j'ai décidé d'attendre. Nous avions vécu beaucoup de choses, mais toujours sans savoir ce qui était vrai ou non. Mais désormais, les choses étaient claires, et je voulais apprendre à le connaître pour de vrai avant de me mettre avec lui. Du moins, c'est ce que je me disais pour ne pas faire face à ma peur.

Pour Nolan, un couple officiel voulait simplement dire que nous l'annoncions à ses amis. Sa mère partie, il n'avait plus personne à tenir au courant de sa vie sentimentale. Mais pour moi, c'était aussi l'annoncer à mon père. C'est toujours l'annoncer à mon père. Mon père a aimé Nolan depuis le début – ou presque – mais cela n'empêchait pas le fait que je voulais être sûre de moi avant de lui présenter quelqu'un. Je ne voulais pas me tromper, je voulais lui présenter le bon. Alors j'attendais, et Nolan acceptait de me donner du temps.

Je me rappelle encore de mon excitation à l'aube de ce nouveau chapitre dans notre relation. Je ne savais pas comment les choses allaient évoluer : nous mettrions naturellement ensemble ? Devrions-nous nous demander d'être l'amoureux et l'amoureuse l'un de l'autre comme à l'école élémentaire ? Mais cette voie inconnue, cette confusion me plaisait. C'était excitant, nouveau, le début de quelque chose que je savais bon.

A l'époque j'étais persuadée que Nolan et moi ne pouvions être que bons l'un pour l'autre.

Nous revînmes sur New-York la veille de la rentrée. Le retour en cours fut difficile : après des vacances aussi paradisiaques, se concentrer sur les modèles statistiques présentés par Madame Rockser n'avait rien de facile. Mais au fil des semaines, nous nous y habituâmes.

Janvier s'écoula en un claquement de doigt. Ce soir-là, un nouveau festival se tenait à Central Park et Nolan chercha à m'y inviter. Malheureusement, j'avais déjà des plans avec Steve et je ne pouvais pas les annuler pour un rencart avec mon blond, aussi tentant cela soit-il. Je déclinai donc son invitation.

De Moi : J'ai un truc prévu. Désolé ! 18h37

De Nolan : ... 18h37

De Nolan : Tu vas me manquer. 18h38

De Moi : On se voit dans deux jours tu sais ? 18h39

De Nolan : Tu rigoles ! On se voit demain, je vais pas attendre jusqu'à lundi ! 18h39

Je ne pus m'empêcher de sourire. Officiellement, nous n'étions pas un couple, mais officieusement, c'était une autre histoire. Nous nous comportions comme tel, je ne voulais juste pas encore d'étiquette. Peut-être devrais-je après tout.

De Nolan : T'as le choix : piscine, cinéma, restaurant, peinture murale... Comme tu veux ! 18h40

De Moi : Et si je venais chez toi ? 18h41

De Nolan : Pas possible, mon immeuble traite l'amiante dans les murs, je dois vivre chez mon père pendant un mois. 18h41

Une fois de plus, Nolan ne s'étendit pas sur ses relations avec son père. J'avais fini par déduire qu'elle n'était pas bonne mais il ne me l'avait jamais clairement dit.

De Moi : Je pourrais venir te voir là-bas ? 18h44

De Moi : Voir ta chambre d'enfant et tout ça. 18h46

Nolan mit toute la soirée à me répondre. J'y pensai longtemps, profitant à peine de mon temps avec Steve. Avais-je été trop loin ? Je ne savais exactement pourquoi j'avais proposé d'aller chez son père. Après tout, ce n'était pas vraiment dans l'ordre des choses.

Je reçus finalement un message bref dans la nuit, avec une adresse et une heure. Je sentis immédiatement qu'il faisait des efforts, et j'étais à la fois gênée de lui en demander et heureuse qu'il accepte d'en faire. Le lendemain, je n'eus aucun retard. J'étais... stressée de rencontrer la seule famille de Nolan ? Impatiente de voir où il avait grandi ? Les émotions se mélangeaient dans mon esprit. Je réunis mon courage pour toquer trois distincts sur la porte. Un voisin m'avait permise d'entrer dans les communs, je n'avais pas eu à sonner à l'interphone.

Un homme dans la quarantaine, blond, m'ouvrit quelques secondes plus tard. Le père de Nolan.

- Bonjour, je suis Pearl, me présentai-je. Je suis venue voir Nolan ?

Monsieur Brown me toisa du regard.

- Nolan n'est pas là.

Je regardai l'heure sur mon téléphone. J'avais cinq minutes d'avance, pas plus.

- Il va bientôt revenir, reprit le père de Nolan sur un ton plus doux. Vous êtes une amie ?

Je sentis qu'il avait regretté son manque de courtoisie.

- Oui, répondis-je sans réellement savoir si c'était la bonne réponse.

- Vous voulez rentrer ?

J'hésitai puis hochai lentement la tête. J'avais du mal à regarder Monsieur Brown dans les yeux. Ils avaient beaucoup de grandes ressemblances avec ceux de Nolan, mais ils me paraissaient plus intimidants.

Le père de Nolan me fit pénétrer dans l'appartement et m'invita à m'assoir dans le salon. Une chose que son fils avait oublié de me dire ? Il était riche. Vraiment riche. Son appartement n'était pas juste un appartement, il était immense et décoré de moulures, entièrement vitré et pourtant sans vis-à-vis étant donné sa grande hauteur. Le mobilier était aussi majestueux que les choix vestimentaires de Monsieur Brown que je ne remarquai que maintenant. Je me sentis immédiatement intimidée devant tant de luxe.

- Comment vous appelez-vous ?

- Pearl, répétai-je. Pearl Davis.

Je sus à son regard que Nolan ne lui avait jamais parlé de moi.

- Ne vous méprenez pas, Nolan me parle peu depuis la mort de ma femme, expliqua-t-il en lisant la déception sur mon visage. Mon ex-femme... se reprit-il dans sa barbe.

Je ne sus quoi répondre alors j'acquiesçai une fois de plus.

- Je suis désolé pour votre perte, finis-je par dire. Ça a dû être dur de ne pas savoir ce qui l'a rendue si malade.

Je vis un instant d'hésitation sur son visage. Je fronçai les sourcils, et ne pus m'empêcher de demander :

- C'était bien le cas non ? Les médecins ne savaient pas ce que la mère de Nolan avait ?

Mais je n'eus qu'à regarder Monsieur Brown dans les yeux pour comprendre qu'il cachait la vérité à son fils.

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