5| réalité dérisoire

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Breathe - Fleurie

❝ Dans une contestation ne te laisse pas gagner par la colère, elle t'enlève une partie de ta force, et te livre désarmé à ton ennemi. ❞
proverbe algérien

Ce samedi matin, Clara est tirée de son sommeil par un bruit assourdissant provenant de la porte d'entrée. Elle se lève en grommelant, et enfile rapidement un jogging gris en dessous du long tee-shirt avec lequel elle dort. Les yeux encore mi-clos, elle s'avance dans l'appartement puis ouvre la porte.

— Mmm bonjour.

L'homme qui lui fait face sur le perron semble compter une trentaine d'années à son actif. Vêtu d'un élégant costume gris chiné, il tient dans sa main gauche une sacoche en cuir élimé et sa barbe même rasée laisse entrevoir une pilosité toutefois abondante.

— Mademoiselle Moreno, bien le bonjour. Je souhaiterais parler à votre mère, est-elle là ?

L'adolescente se frotte les yeux. Elle a très bien reconnu son interlocuteur et espère intérieurement qu'il repartira sans poser de questions.

— Je suis désolée mais non, elle est partie tôt ce matin, elle avait un rendez-vous.

L'adolescente s'apprête à refermer la porte mais l'homme la retient, un sourire agacé aux lèvres.

— Vous lui direz que je suis passé, s'il vous plaît. Je pense qu'elle comprendra immédiatement la raison de ma venue.

— Oui bien sûr, je lui dirai dès qu'elle sera de retour.

— Et j'aimerais bien que vous lui donniez ceci également, dit-il ouvrant sa mallette et en extrayant une enveloppe parmi les pochettes et les documents agrafés.

— Pas de soucis.

Clara prend le courrier que le monsieur lui tend, tout en essayant d'afficher un sourire poli.

— Bonne journée mademoiselle Moreno !

— Bonne journée à vous aussi.

La rage au ventre, les larmes aux yeux, la blonde referme la porte d'un coup sec une fois que l'homme a quitté son champ de vision. Sans même ouvrir l'enveloppe blanche qu'elle tient en main, elle sait pertinemment ce qu'elle contient. Cela fait plusieurs mois déjà que l'adolescente se retrouve en possession de ce genre de courrier, tous identiques. Un rappel inutile parmi tant d'autres dans cette réalité dérisoire.

Clara sursaute soudainement en entendant un bruit dans le couloir, et se retourne. Sa mère, les cheveux lâchés, les yeux rougis et titubant, entre finalement dans son champ de vision.

— Ça va pas de faire du bruit à huit heures du matin ? Un samedi en plus ! J'aimerais bien dormir, je te signale.

— Ah, parce que tu crois que ça m'amuse de devoir me lever pour ouvrir quand quelqu'un toque à la porte.

— Tu ferais mieux de me parler sur un autre ton, jeune fille, ce n'est pas ainsi que je t'ai éduqué !

— Putain maman, c'était le proprio !

— Et alors, qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ? Je m'en tape, il vit sa vie le proprio.

Le comportement de sa mère agace vite l'adolescente, mais elle essaie de rester calme pour ne pas exploser.

— Il souhaitait te parler, j'ai prétexté que tu n'étais pas à l'appartement pour le moment. Tu devrais me remercier plutôt que me crier dessus, je t'ai évité des soucis. Surtout dans l'état que tu es actuellement, tu n'aurais pas été capable d'aligner une conversation sérieuse.

T'aimer En VersWhere stories live. Discover now