À la suite d'une rupture compliquée, Lexie décide de quitter Portland pour quelques temps. C'est vers sa meilleure amie Ace qu'elle se tourne et s'envole en direction de San Francisco. Seulement le temps de digérer. Seulement le temps de se reconstr...
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Il est plus d'une heure du matin lorsque je gare le pickup devant l'immeuble de Lexie. Durant tout le trajet, seule a osée briser le silence à travers les enceintes de la bagnole. Aucun de nous n'a osé parler depuis la sortie du parking du Owen's. Coupant le contact de la caisse, je me tourne vers elle. Immobile et toujours silencieuse, elle se contente de regarder droit devant elle, comme si c'était bien trop dur pour elle de me regarder. Et bordel, ça me tue, qu'elle ne dise rien. — À quoi tu penses ? l'interrogé-je en baissant le volume de la musique. — À toi.
Elle baisse le regard puis hausse les épaules, comme si c'était tout à fait normal. Lexie se retourne pour jeter un oeil sur la banquette arrière où repose une de mes guitares électriques. J'écoute, attendant qu'elle poursuive, attendant le moment où elle dira que nous ne sommes plus rien. J'en ai mal à en crever rien qu'à l'idée de penser au fait que c'est peut-être la dernière fois que je la vois, et mon pouls s'emballe déjà comme un fou. Je ferme les yeux, incapable d'accepter le choc qui va m'arriver en pleine gueule. Je retiens ma respiration quelques secondes, juste le temps qu'il me faut pour encaisser ce qu'elle s'apprête à me dire.
— À nous, Kyle. Tu sais que t'es vraiment un énorme connard, pas vrai ? lâche-t-elle en osant enfin relever la tête pour me regarder en face.
Des larmes perlent au coin de ses yeux, et je me prends bien ce putain de choc dans la gueule. J'ai le coeur lourd, à l'inverse du coeur léger, et je n'arrive pas à réagir autrement qu'en bégayant comme un ado qui n'est même pas capable d'aligner deux mots.
— Ta musique, je...
Avant qu'elle n'aille plus loin, je tente le tout pour le tout une dernière fois. Quand elle se tourne vers moi, je pose mes paumes sur ses joues pour prendre son visage en coupe, et avant de lui laisser le temps de comprendre ce que je m'apprête à faire, je scelle mes lèvres aux siennes dans un geste brusque et désespéré pour l'empêcher de continuer sa phrase. Sa bouche chaude a le goût salé de son chagrin, mais je sens qu'elle a toujours la force d'être en parfaite harmonie avec la mienne. Quand je sens enfin ses lèvres bouger en rythme avec les miennes, je souris comme un con. Une de ses mains vient se poser derrière ma nuque, tandis que l'autre vient foutre le bordel dans mes cheveux en tirant dessus, ce qui m'arrache un grognement.
Je ne lui avouerais jamais à quel point j'aime quand elle fait ça. Un petit gémissement s'échappe de ses lèvres, et j'en profite pour lier à nouveau ma langue avec la sienne dans une danse enflammée. Lorsque je sens une larme mouiller mon visage, je pousse doucement Lexie pour la contempler. À bout de souffle, nous tentons de reprendre notre respiration. La lumière d'un lampadaire juste au dessus de nous me permet de me perdre dans son regard océan. Je sens sa peau douce sous la caresse de mon pouce sur sa joue. Haletant, je tente tout de même d'aligner quelques mots.
