Partie 12 : Aalborg !

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Aalborg, big village où le palais royal se dresse dans le fond de la place du site pittoresque Danois. Contrairement aux autres constructions de la périphérie, qui sont en paille et en bois, lui est fait de briques et de brocs, c'est-à-dire qu'on n'a pas lésiné sur les matériaux, si tu vois ce que je veux dire.

C'est une immense bâtisse qui serait presque rectangulaire si elle n'était parfaitement ovale, surplombant majestueusement d'autres bâtiments attenants, donnant l'impression d'un Mont Saint - Michel nordique se dressant perdu dans les plaines faites de débris laissés par une glaciation récente et largement étalés. Couverts de toits de chaume descendant au plus bas, les habitations adjacentes ne comportent aucune fenêtre, afin que le froid ne puisse pas pénétrer à l'intérieur, mais laissent toutes échapper un filet de fumée via une cheminée pratiquée dans leur toit, pareil aux bulles de Co² s'échappant d'une flûte de champagne... Une farandole de boucliers colorés et de cranes chevelus ceinturent le bâtiment royal, semblable au cordon en cuir qui tient ton pantalon d'affreux ! Des cornes de rennes ornent le tout, à la manière d'épines de poisson globe (Fugu) Enfin, de longs pieux de bois massifs et affutés bordurent le périmètre ainsi que l'entrée principale. Là, d'immenses portes jumelées y condamnent l'accès et portent une inscription gravée en vieux Norrois (ancienne langue germanique) : « Hann blótađi ekki, hann trúđi á mátt sinn eiginn ok megin ! »

-       Kékidi  skonla ? s'essaye à brailler mon chevalier Rond (d'un accent faussement guttural) en reluquant l'épitaphe sculptée par un anonyme viking talentueux.

-       « Nous autres camarades n'avons pas d'autre croyance qu'en nous-mêmes et en notre force et capacité de victoire, et cela nous suffit amplement ! » Répondit avec  dévotion  notre Thraell  (1) d'accompagnement.

Oleu' Gröpaff est un serviteur gracieusement octroyé par la bande de blondes obsédées qui nous a drakkulés (2) jusqu'à bon port (3). Et comme tous les marins il est barbu, aime les pipes (qui ne les aime pas ?) et pue le poisson ! Par contre, il parle le Norrois, l'Italien, l'Espagnol et le Français : et ça nous arrange...

(à suivre)

(1). Au pluriel : Thraellar, étaient des « captures de guerre » lors des strandhogg (raids) que les Vikings vendaient ou ramenaient dans leurs clans. Ce ne sont pas réellement des esclaves taillables et corvéables à merci tels que nos sociétés se les représentent. On ne pouvait pas les maltraiter, les tuer ou les mutiler impunément. Ils bénéficiaient du respect de leur dignité humaine. Ils n'étaient pas vraiment libres,  mais avaient une très grande facilité à s'émanciper, à recouvrer la liberté en l'achetant, en se mariant avec un(e) Scandinave, ou en ayant rendu un grand service à leur maître. Ils devenaient des leysingi ou frjalsgjafi (à qui l'on a donné la liberté)

(2). Du verbe drakkuler : véhiculer en drakkar !

(3). Même si le commerce maritime ces temps-ci est progressivement en baisse, Skagen (que j'te tâte !) reste le port de pêche nordique de référence. Les multiples raids vikings n'ayant point entaché l'essor des échanges commerciaux de ce côté-ci de la Baltique et de la mer du Nord... Bon, Ok, pour le « baisse ta gaine que j'te tâte »  je sors !  

Rififi chez les VikingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant