Rififi chez les Vikings

Partie 18 : Le Roi, la rencontre.

Mon estimable chevalier se croit alors obligé de placer son grain de sel :

-       Je peux certifier à Votre Majesté qu'elle en aura que des compliments. Frère Emile, ci-devant vous, a personnellement expérimenté Mercedes Jouidupo dé Lintrodouctionne, et je vous certifie que, question Zim-bam-boum elle a droit aux félicitations du jury !

-       Nous verrons, assure la colonne de bidoche. Nous verrons. Le Danemark est en plein développement et l'amour fait partie des réformes entreprises !

-       Pourquoi t'est-ce que, Ma Majesté ? s'exclame Lanceleau. Vous voudriez dire que vos nanas sont pas des frivoles ?

-       Alléïïï, Alléïïï Alléïïï ! Clame la voix pénétrante de Son Obésité. Les femmes de chez nous sont frigides une fois, et il s'ensuit une désaffection du viking pour sa  húsfreyja (1). Contrairement  aux autres peuples qui croissent une fois, le nôtre (2) est en voie de disparition et je veux remédier coûte que coûte à cet état de chose. L'éducation sexuelle de nos jeunes filles est nécessaire, une fois. C'est le pourquoi de la présence de toutes ces Bombasses autour de moi, soutirées  à leurs peuples, une fois.

La « Poutre de Kinshasa » semble alors retirer une certaine fierté de son cheptel et de la mission qu'elle s'est octroyée.

Sur ces mots, le petit vieux barbu qui tient le sceptre du « Ronm Vyé » gravit rapidos les marches du trône et dit quelque chose de pas gentil sur nous au Roi. Bien qu'il s'exprime en vieux norois et qu'Oleu' Gröpaff  soit resté avec Mercedes, je devine à la vivacité, à l'âpreté de son ton qu'il ne partage pas notre point de vue et qu'il rappelle son souverain à l'ordre. Il l'apaise alors d'un geste de ses petits bras jambonnesques.

-       Le Devin d'Origine Contrôlée (on est Devin de paires en fils chez les vikings !) Raidwaïne (3) souhaite que nous changions de sujet et nous approuvons son objection, déclare Harald 1er  

Je virgule un regard maussade au vieux barbu. D'instinct, je flaire l'ennemi chez cet homme. Il est ce qui existe de pire dans un pays : le représentant des vieilles traditions.  Faire évoluer une région inhospitalière avec un zigoto  pareil dans ses espadrilles, relève de  l'impossible... Le Roi ajoute quelque chose, et tous les assistants se retirent, à l'exception du vieillard.

-       Messieurs les envoyés spéciaux, dit alors le vieux croquant, sa Gracieuse Majesté vous propose le programme suivant : discussion préalable en privé, à propos de votre venue. ensuite inauguration de la première ligne de Métro d'Aalborg, puis banquet officiel suivi de la Cour d'Amour. Il espère que ce déroulement des entretiens et festivités vous agrée ?

-       Qu'il soit fait selon le désir de sa Gracieuse Majesté, lancé-je d'un organe vibrant.

Le Roi nous consent un sourire. De quoi filer le vertige à un poseur de ligne électrique (dès qu'on aura inventé les lignes très hautes tension) Ses dents jaunes de Fée Carabosse née d'un ogre sont redoutables.

-       Approchez, une fois ! Ordonne le terrible.

Nous nous hasardons sur les marches de son trône. Chacune de ses mains nous désigne les Orques-accoudoirs.

-       Alléïïï, alléïïï, prenez place, une fois !

-       C'est-à-dire, ma Chère Jesté ? demande Lance'.

Le barbu explique :

-       Pour les entretiens privés, les interlocuteurs de sa Très Gracieuse Majestée ont le droit de s'asseoir sur les accoudoirs du trône, face à Elle.

Nous obtempérons et nous califourchonnons  nos orques respectifs tels des cornacs indiens. Le vieux au sceptre de Rhum se tient debout sur la dernière marche du trône. Il est plus sévère que jamais...

(à suivre)

(1). La femme viking : La société viking est « viriliste » et patriarcale mais comme le viking s'en allait plusieurs mois, la ferme était sous la responsabilité de la femme, la húsfreyja, qui veillait à la bonne marche de tout. Elle était souveraine au domicile « innan stokks hýbýli » (« enceinte sacrée du domicile ») tandis que l'homme « útan stokks » (« à l'extérieur ») l'était à en dehors. La femme viking contrairement à ses « cousines » européennes, jouissait d'un prestige évident. Elle assurait la pérennité des usages, des institutions, et l'instruction des enfants. Elle était la gardienne des traditions familiales, et finissait par être l'incarnation et l'honneur de son clan. Elle était plus souvent que l'homme, sorcière ou magicienne. Il arrivait même parfois que la femme participe aux expéditions vikings, avec ou sans ses enfants.

(2). Je confirme : Gaston Lenôtre, le célèbre pâtissier français, a bien disparu le 08 janvier 2009 !

 (3). Prononcez « Red wine » comme les anglais, en anglais !