Prologue

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L'heure était grave. Malgré cela, Dame Gayleri discutait calmement  avec deux autres personnes, peu dérangée par l'obscurité absolue les entourant.

— Avez-vous continué de parler à la princesse Lucie ?

Ses mots résonnèrent curieusement, troublant un silence parfait. À une telle profondeur sous terre, aucun élément extérieur ne risquait de rompre le paisible flot de ses paroles.

— Seulement moi, répondit le Fondateur d'Aléslowet. Nous ne tenions pas à la perturber plus que cela.

Chacun médita brièvement cette révélation. Parfois, se perdre dans ses pensées était plus bénéfique que parler. Mais ces trois esprits ne faisaient pas que rêvasser. Ils détenaient tous la capacité de voir l'avenir et ce qu'ils y lisaient ne leur plaisait pas... vraiment pas.

— C'est une énorme trahison, souffla alors l'épouse du Fondateur.

— Je n'ose même pas imaginer sa peine.

Elle ne pouvait pas leur demander de lui raconter ce qui se passerait après le moment où la princesse Lucie, sa jeune protégée, apprendrait l'identité du plus jeune prince Scriruslèmien. L'immortel couple était soumis à la même règle que les esprits des défunts : ils ne pouvaient pas parler du futur sous peine de disparaître sept siècles alors qu'ils avaient encore à faire sur Gayleri – ou plutôt Aléslowet, comme ils continuaient de l'appeler pour éviter les quiproquos avec la dénommée.

— Je crois que le plus frustrant dans tout cela est de savoir que nous ne pouvons pas changer la manière dont les choses se dérouleront, soupira-t-il doucement. Mais je suis curieux, petite lumière. Jusque où peux-tu Voir ?

Un mince sourire étira ses lèvres quand elle réalisa qu'il l'appelait toujours par son vieux surnom, comme lorsqu'elle n'était qu'une enfant gâtée semant le trouble dans le château de ses parents. Elle finit tout de même par répondre.

— Jusqu'au moment où je ramènerai Dylan et Alan. Néanmoins, je connais l'identité du troisième ex-infiltré et sais également ce qu'il essaie de faire depuis des mois.

— Je regrette fortement de ne pouvoir dire ce qui adviendra de notre petite Lucie, mais... les règles sont les règles.

— Nous ne pouvons modifier le futur, rien que le subir, soupira sa femme. Or, nous pouvons au moins faire notre maximum pour que tout se passe bien et la protéger le plus longtemps possible. Je redoute simplement le moment où il nous retrouvera.

Un frisson l'agita à cette idée.

— Pouvez-vous simplement me dire si tout se finira bien ? demanda Gayleri d'une voix fatiguée – fatiguée de devoir continuellement protéger ses proches d'un être dont ils ignoraient l'existence.

— "Bien" ? répéta le Fondateur, amusé. La question est encore de savoir pour qui. Je peux tout de même t'assurer qu'heureusement, cette histoire ne finira pas mal pour tout le monde.

Gayleri : les prisonniers des Ailés - 2 [SOUS CONTRAT D'ÉDITION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant