Même les monstres rêvent d'amour

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J'ai longtemps cru que tu n'étais qu'un incompris de ce monde. Les autres me répétaient sans cesse de me méfier, que tu n'étais qu'un "connard". Ce mot semblait te représenter, c'était ces sept lettres qui revenaient le plus souvent lorsqu'on parlait de toi. Mais j'ai longtemps cru que tu n'étais qu'un incompris de ce monde. Un peu comme moi. J'ai longtemps cru qu'on était fait l'un pour l'autre, même si tout nous séparait. Après tout, nous n'avions qu'en commun cette attirance puérile, animale et timide. Tu me désirais tellement sous la chaleur précoce de début juin. Je te désirais tellement. Inconsciemment, nous savions peut-être ce qui était sur le point de commencer. Inconsciemment, je voyais déjà l'échec, je connaissais déjà le piège. Mais comme tes yeux perçants m'ont rendus aveugle, j'ai foncé dans le vide. Un grand saut, sans élan. Un grand saut dans le vide, sourd et violent. 

J'étais obsédée par ton regard. Ton regard azur, doux mais d'une violence pure. La clarté de ce regard, tu devrais avoir honte d'infliger ça aux autres. Tu manipules avec tes yeux. Le bleu m'a rendue fragile, tes yeux m'ont rendus imbécile. 

J'ai pas tout de suite compris le jeu, je dois te l'avouer. J'ai pas tout de suite compris que tu t'amusais. Tu es très doué tu sais. Doucement, j'en ai voulu plus de toi, j'en ai trop voulu. Mais comprends moi, chaque personne sur terre aimerait posséder ce regard. Je voulais que tu ne regardes que moi. C'est bête. Des yeux si bleus ne peuvent pas rester bloqué sur une seule personne. 

Je me suis faite engueulée à cause de toi. On m'as traitée de conne. "T'es trop conne ou quoi ?". C'était toi. On me répétait ça à longueur de journée. "Tu sais, c'est lui, un connard." Mais faut croire que j'aime être l'esprit contradictoire. Mais non. Je pensais juste que j'étais spéciale pour toi. 
Je continue à croire que tu n'es qu'un incompris de la vie. C'est une idée que tu as légèrement mentionné, assez vaguement, te faisant plus passé pour un pauvre mafieux qu'une personne aux maux profonds. Mais je pense que tu aimes ça, entretenir du mystère sur toi. 

Je ne te connais pas. Aujourd'hui, je pense à toi, à l'image que j'ai de toi. Mais je ne sais rien de toi. Je connais quelques bribes de ta vie. Tu ne parles pas beaucoup de toi. Parfois de ta famille, de ces origines italiennes dont tu respire la fierté. Tu aimes paraître invincible, ce qui me pousse à croire que tu es bien plus fragile que nous tous. Que caches-tu ? Pourquoi le caches tu. Je sais que tu n'es pas aussi bête que les gens aiment le murmurer. Je sais que tu n'es pas aussi méchant que tu aimes le revendiquer. C'est fou d'avoir encore foi en toi. Mais quand j'aime, je n'aime pas pour rien. Et toi. Je crois que je t'ai aimé.

J'ai longtemps cru que le timing n'était simplement pas au rendez vous. Pourtant, on finissait toujours l'un avec l'autre. J'ai commencé à croire que le destin voulait de nous, mais que nous ne faisions que le dégager. Ou plutôt que tu refusais cela. Tu m'as reproché de partir, comme si c'était cette décision qui mettait fin à cette nouvelle sensation. Tu m'as reproché d'être qui je suis, j'ai accepté en silence, sans jamais rien regretté. Je sais que je t'ai aimé parce que je te voulais encore alors que j'avais quelqu'un d'autre. Je sais que je t'ai aimé puisque c'est toi que je voulais croiser quand je me baladais main dans la main avec l'autre. Et pourtant, c'est l'autre qui m'as eu, et toi, tu n'as jamais réellement voulu m'avoir. 

On me dit que tu aurais pu m'aimer. Après tout, on m'a répété trop de fois qu'avec moi, c'était spécial. Erreur. Horreur. Tu m'as fait me sentir spéciale, et je t'en voudrais toute ma vie pour ça. 

Tu n'as jamais réellement voulu m'avoir, pourtant tu me cherchais sans arrêt. On a jamais cessé de se parler. Même si ce n'était pas tous les jours. On savait. On savait que rien n'était terminé. J'avais ton regard encore en moi, j'avais encore besoin de le sentir une nouvelle fois. Que te restait-il de moi au juste ? C'est toujours toi qui envoie le premier message. C'est toi qui ouvre le bal, qui mène la danse, qui me dit au revoir. Ton nom s'affiche. Tout s'arrête. Et tu reviens toujours quand j'ai décidé de ne plus penser à toi. Parfois je me demande si tu savais au fond. 

Je suis venue à minuit devant chez toi. J'ai attendu dans le froid de décembre devant ta maison pleine de personnes ivres. J'hésitais à rentrer. Je me décidais à partir, puis je revenais sur mes pas, je devais te voir, j'avais besoin de rentrer. Tu m'as invitée, tu m'as ignoré, tu embrassais une autre devant mes yeux, en sachant pertinemment pourquoi j'étais là. Et je suis restée. Je ne sais toujours pas pourquoi d'ailleurs, ou peut-être si. Je suis restée pour te mettre mal à l'aise. Pour te montrer que j'étais là, que cette fois, je ne partirais pas, je ne me cacherais pas. J'étais là et je resterais, tu ne m'éviteras pas encore une fois. Tu étais déstabilisé au fond. Tu ne t'attendais pas à me voir débarquer avec ton meilleur ami. Tu ne t'attendais pas à me voir rester jusqu'au petit matin. Et tu ne t'attendais pas à ne pas me voir au réveil. Je suis partie quand tu es rentré avec cette fille dans ta chambre. Je me suis sentie bête. Je suis rentrée à pied, à six heures du matin, mais je n'ai pas pleuré. Au fond, j'avais même passé une bonne soirée. Je dois être un peu maso. Je dois aimer souffrir. Tu m'as encore plus intrigué après cette nuit. Toutes ces personnes n'étaient pas tes amis. Tu es seul au fond. Et je voulais être ta personne. 

Tu m'as envoyé un message directement après. Tu m'en voulais d'être partie si vite. Je t'en voulais pour avoir autant joué. Je disais que c'était terminé, mais je souhaitais que ça ne commence seulement. Je ne pensais qu'à toi. Et quand je t'ai vu entrer plus tard dans la boite, j'ai vrillé. Le destin me semblait inévitable. Et c'est toi qui est venu vers moi. C'est toi qui m'as cherché. C'est toi qui m'as appelé. C'est toi qui m'as embrassé. Et c'était mieux que toutes les autres fois. C'était mieux, peut-être parce que nous étions ivre, que nous dansions, en transe. C'était mieux parce que tu étais jaloux ? Parce que j'étais jalouse ? Je t'attendais. Mais toi non. 

Ce soir là, tu m'as dit que tu étais amoureux de moi depuis deux ans. Depuis cette nuit, je ne supportes plus d'entendre ces mots. Tu n'avais pas le droit de le dire. Tu n'avais pas le droit de revendiquer ton amour pour moi. Quel amour ? Tu mens, tu joues encore. 

Et nous avons reparlé une seule fois de ce baiser. Cette fois, c'est moi qui t'ai menti en prétendant ne pas me rappeler. C'est sûrement mieux ainsi, tu sais. Prétendre ne plus savoir. Prétendre ne plus me rappeler de toi, de tes lèvres, de ta langue. Et de ton regard vide. Plus je pense à toi, plus je te trouves vide. Tu es une coquille vide. Ils avaient sûrement raison. Tu n'es pas un incompris de la vie, tu joues. Tu es un acteur, tu ressembles à cet acteur, tu le sais, tu en joues encore. 

Je sais qu'une part de toi pense encore à moi. Mais ce n'est plus pareil. Je pense qu'on sera toujours lié par une relation qui n'as jamais véritablement existé. 

Ai ajuns la finalul capitolelor publicate.

⏰ Ultima actualizare: Jun 27, 2020 ⏰

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