Le monde des ombres

Chapitre 1 -(pour ne pas être originale..)

    Il poussa de faibles grognements montrant doucement son mécontentement. Son maître était allongé par terre, immobile. Il approcha son museau humide de la jambe du garçon. Elle était tordue dans un angle possible. Il glapit quand il flaira l'odeur du sang. Quelques instants plus tôt, il batifolait joyeusement à travers les lits de fleurs quand il vit son jeune maître tomber brusquement de la branche sur laquelle il était perché. Le petit chien hirsute, inquiet, gémit faiblement. Ces presque murmures se muèrent en sons longs et gutturaux qui sortirent en une cohue infernale de sa gueule tremblante. Ses cris rebondissaient sur ses crocs dégoulinants de bave tandis qu'il tournait furieuse autour du corps avachi de son maître.

Son appel résonna à la cime des hauts pins attirant l'attention d'un jeune adolescent qui traversait la forêt dans une course effrénée. A vrai dire, il cherchait seulement à fuir ses poursuivants. Et il ne s'attendait pas du tout à ce qui allait suivre. Il trébucha presque sur le corps étendu. Les traits doux de son visage brillant de jeunesse se figèrent d'horreur. Il remarqua la flaque de sang et commença brusquement à paniquer. Il gesticulait bruyamment de sachant que faire à part se lamenter de sa découverte. Il voulait partir, s'enfuir d'ici ce qu'il s'apprêta à faire quand il remarqua enfin la présence du chiot qui lui mordait durement les mollets pour entraver sa fuite . Cela lui suffit. Il se reprit. Le jeune homme frotta vivement son visage avec ses grandes mains aux doigts effilés et lâcha un long soupir. Il se pencha sur le corps qui semblait gisait sans vie sur le sol pour vérifier si le cœur battait toujours. Il sourit soulagé quand il sentit les faibles battements percer sous l'épais pull de laine du garçon. Il se leva et observa la scène. Accident bête pensa-t-il. Le garçon était tombé de l'arbre. Une branche s'était brisée sous son poids. Il voyait les morceaux de bois autour et sous lui. Il entreprit de le déplacer pour le mettre dans une position plus confortable. Seule sa jambe semblait avoir subi des dégâts du violent impacte de la chute. Elle était toute tordue et une entaille pourpre s'étendait du genou jusqu'à la cheville. Il le déplaça précautionneusement. Le garçon remua lentement et entrouvrit légèrement ses paupières avant des les fermer aussitôt. « Qui es-tu ? » grogna-t-il faiblement. « Ton sauveur » lui répondit le jeune homme souriant. Le petit chien comme s'il comprenait ses propos lui lança un sombre regard pour lui rappeler la lâcheté dont il a failli faire preuve. Le concerné frissonna face à ce chien trop expressif à son goût. C'était son imagination se reprit-il, la culpabilité sans doute. Il se racla la gorge. « Euh.. sinon tu habites près d'ici ?

-Tu crois vraiment que c'est le moment pour discuter et faire connaissance ? » murmura le blessé faiblement.

« Comment ?! Euh non bien-sûr, je veux juste chercher de l'aide-

-Demande à mon chien de te guider jusqu'à mon oncle. » le coupa-t-il.

Le jeune homme regarda son interlocuteur étrangement se demandant si le choc n'avait pas endommagé son cerveau d'une quelconque façon. Mais devant le regard insistant de l'adolescent, il s'approcha à contre-cœur du chien. Il pouvait jurer que celui-ci le regardait triomphalement. Il se maudit intérieurement pour ce qu'il s'apprêtait à faire. Il s'accroupit près du chiot et entreprit de caresser l'animal. Celui-ci grogna et le jeune homme recula vivement la main.

« S'il te plaît petit chien, indique-moi la maison de ton maître. » Il prononça ces paroles difficilement. Un dégoût profond marquait son visage. Il détestait déjà ce chien sale et odorant. Il n'en fit aucun commentaire . Il crut entendre un ricanement provenant de derrière lui et se retourna les joues en feu.

« Un problème !? rugit-il

-Non rien, je te trouve juste très poli et respectueux envers cet animal. » lui répondit le jeune garçon un sourire narquois barrant son visage poussiéreux qui disparut aussitôt remplacé par une grimace de douleur. Il s'exclama avec un peu plus de vigueur, son visage reprenait des couleurs :

« ça te dirait de te dépêcher un peu ? Je souffre.

-Et bien tu m'en vois désolé mais ce cabot n'en a rien à faire !» rétorqua le jeune homme.

Le chien se sentant visé grogna avant de s'élancer vers les bois. Il s'apprêta à le suivre mais se raidit. Il fit volte-face et se pencha à nouveau au-dessus du garçon.

« Je peux pas te laisser comme ça » murmura-t-il tout en saisissant délicatement les poignets du garçon.

« Attends ! Tu fais quoi ?!? Lâche-moi ! Cria l'adolescent blessé.

-Y'a des types qui me poursuivent. Ils ne sont pas du genre à s'attendrir à la vue d'un blessé. Je vais te cacher dans ce fourré. J'espère juste que la mousse n'est pas trop humide, il a plu cette nuit. » Lui répondit-il calmement même si dans son regard brillait une lueur dangereuse.

« Tu ne vas jamais me retrouver. Soupira le garçon

-Tu oublies ton stupide chien. Réfuta-il.

-Peut-être... Mais t'es une sorte de criminel qui a trahi son gang et qui est poursuivi par ses anciens comparses ? Y'a des trucs pas très légaux dans ton affaire ? » lui demanda le garçon, la curiosité illuminant ses yeux noisettes.

Le jeune homme renifla bruyamment avant de répondre.

« A part si tu considères que tartiner de crème fouettée le fond d'un sac de couchage est puni par la loi, oui. Marmonna-t-il

-Wouh ! Un farceur dit donc. Et pourquoi as-tu si peur de ces gens ? » le questionna le garçon, une lueur de défi dans les yeux. Il avait remarqué qu'il semblait avoir drôlement peur de ces personnes.

L'intéressé laissa tomber durement les bras de sa nouvelle connaissance sur le sol. Et il fit semblant de l'abonner à son triste sort. Le garçon gémit s'agitant mollement par terre comme un poisson sorti de l'eau.

« Non, non, non ! S'il te plaît plus de question promis ! le supplia-t-il .

-Ton chien ne va pas m'attendre plus longtemps je me dépêche alors . » se contenta de répondre l'adolescent, heureux de sa victoire sur ce qu'il espérait, sa chance de fuir jusqu'à la rentrée prochaine ses poursuivants.